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4 juin 2008 3 04 /06 /juin /2008 20:06
Deux articles de Courrier International.


ÉLECTIONS AMÉRICAINES •  La victoire épique de Barack Obama

En remportant, mardi 3 juin, la course à l'investiture démocrate, le sénateur de l'Illinois est entré dans l'Histoire. Parce qu'il est le premier Noir à devenir le candidat d'un grand parti et parce qu'il a su, en partant de rien, se hisser au sommet.

 

Il ne manquait que les canons à confettis, les lâchers de ballons et les écrans affichant 2 118, le nombre magique de délégués à atteindre pour être sûr de l'investiture du Parti démocrate. Mardi 3 juin, Barack Obama a proclamé sa victoire de façon singulière, en tenant un discours électoral sur le site qui accueillera la convention républicaine du mois de septembre. Le sénateur de l'Illinois a finalement été propulsé vers l'investiture démocrate par un afflux soudain de superdélégués, ces membres du Congrès et personnalités du parti que l'on soupçonnait jadis de fomenter une cabale pour sauver Hillary Clinton.

Si la victoire d'Obama est historique, ce n'est pas seulement parce qu'il est noir. C'est aussi la première fois depuis William Jennings Bryan, en 1896, et Woodrow Wilson, en 1912, que les démocrates choisissent un candidat aussi nouveau sur la scène nationale. Il y a cinq ans, Obama était un membre du Sénat de l'Illinois pratiquement inconnu qui se lançait à la conquête d'une place au Sénat des Etats-Unis. Songez à tous les démocrates ambitieux qui ont lorgné sur la Maison-Blanche au cours de la dernière décennie – John Kerry, John Edwards, Howard Dean et tous les autres – et voyez comment Obama leur est passé devant, sans même donner l'impression de verser une goutte de sueur. Voilà un candidat parti de rien et qui ridiculise tous les hommes politiques modernes. Même si son charisme tranquille rappelle celui de John Fitzgerald Kennedy, JFK, lui, a passé quatorze ans au Congrès de Washington avant de briguer la présidence, en 1960.

Si l'on envisage les choses d'une manière conventionnelle, Hillary Clinton avait tout pour être la candidate démocrate. Après avoir trébuché dans l'Iowa le 3 janvier, elle a fait un retour miraculeux cinq jours plus tard dans le New Hampshire. Dans les cordes après les triomphes d'Obama en février, elle est revenue en force au mois de mars en remportant les primaires de l'Ohio et du Texas. L'héritage politique de son mari, son avantage financier initial et le fait qu'elle soit parvenue à presque faire oublier son vote indéfendable en faveur de la guerre en Irak, tout cela aurait dû lui valoir la victoire.

Au lieu de cela, Hillary Clinton s'est retrouvée, mardi 3 juin, dans le gymnase d'une petite université de New York à essayer de donner l'illusion de sa victoire après une défaite bien réelle. Au début de son discours, elle a certes félicité "le sénateur Obama et ses partisans pour la campagne extraordinaire qu'ils ont menée", mais le ton employé n'était pas celui d'une candidate reconnaissant sa défaite, mais plutôt celui d'une femme triomphante accordant quelques mots aimables à un ennemi vaincu.

Hillary Clinton a pourtant fini par aborder la question que tout le monde se pose en disant "je crois savoir que beaucoup de gens se demandent : 'que veut Hillary ?'"
Elle a commencé à répondre en énumérant une série de positions politiques qu'Obama et pratiquement tous les démocrates ne renieraient pas. "Je veux mettre fin à la guerre en Irak. Je veux faire repartir l'économie. Je veux que chaque Américain ait la possibilité de se faire soigner", a-t-elle déclaré avant de lancer la phrase la plus révélatrice de toute la soirée : "Et je veux que les près de 18 millions de personnes qui ont voté pour moi soient respectées, entendues, ne soient plus invisibles."

Peu importe l'expérience politique, l'impénétrabilité, peu importe les applaudissements, au bout du compte tout s'est résumé à Aretha Franklin et à son fameux R-E-S-P-E-C-T [titre de la plus célèbre chanson de la crooneuse africaine-américaine]. Hillary Clinton semble aujourd'hui déterminée à suivre son propre calendrier pour sortir de la course, mais l'impatience de la direction du Parti démocrate est telle que son désistement pourrait n'être qu'une question d'heures.

La seule véritable question qui demeure est : qui se tiendra à côté d'Obama les bras levés sous les confettis et les ballons lors de la convention nationale démocrate de Denver ? On peut avancer, sans trop de risques de se tromper, que ce que Hillary Clinton considérerait aujourd'hui comme une marque de R-E-S-P-E-C-T serait de figurer sur le ticket présidentiel au poste de vice-présidente.

 

Walter Shapiro
Salon

 
 




ÉLECTIONS AMÉRICAINES •  Quel rôle pour Hillary Clinton ?

Victorieux, Barack Obama doit encore régler plusieurs problèmes. Il doit notamment réussir à se concilier sa rivale démocrate.

 
   
   
 
 
 

 

Barack Obama dispose aujourd'hui d'atouts évidents : le candidat démocrate se lance dans la bataille finale dans un climat défavorable pour les républicains, avec un électorat avide de changements et après une première phase de campagne au cours de laquelle il a rempli stade après stade.

Mais, alors qu'il aimerait pouvoir concentrer toute son attention sur les attaques lancées par John McCain et par les républicains, M. Obama doit faire face, au sein de son propre parti, à deux problèmes qui pourraient éclipser tous les autres tant qu'ils ne seront pas réglés : comment rétablir de bonnes relations avec Hillary Clinton et ses partisans, et faut-il ou non offrir la vice-présidence à cette dernière ?

D'autres questions se posent également. Obama saura-t-il survivre à l'assaut de l'appareil républicain, qui, ces vingt dernières années, s'est montré maître dans l'art de discréditer les candidats démocrates, en particulier ceux qui avaient une expérience limitée sur la scène nationale ? M. McCain n'a d'ailleurs pas hésité, dès le 3 juin au soir, à attaquer le sénateur de l'Illinois en le présentant comme un homme coupé des réalités de son pays dans des domaines tels que la fiscalité, la conduite des affaires publiques et les menaces pour la sécurité américaine.

Si l'équipe de M. Obama fait preuve d'un optimisme prudent, c'est parce que tout le monde s'attend qu'une page soit tournée avec cette élection et que la profonde colère suscitée par le président Bush, conjuguée au mécontentement lié à la guerre en Irak et à la mauvaise conjoncture économique, débouche sur une victoire démocrate en novembre prochain.

Mais nul ne sait encore si ces questions de fond l'emporteront sur des questions plus culturelles et sociétales comme la race, le patriotisme et les classes, ou sur la question de savoir si les électeurs jugeront que M. Obama, qui n'a que quelques années de Sénat derrière lui, a une expérience suffisante pour occuper le Bureau ovale.

 

Adam Nagourney
The New York Times



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