Un des derniers grands héros de la France libre vient de mourir dans la plus grande indifférence de l’été. Hommage.
L’Ordre de la Libération a annoncé ce mardi 19 août 2008 dans la torpeur estivale la disparition d’un des leurs, Compagnon de la Libération, le 7 août 2008 à Jouarre (Seine-et-Marne) : le lieutenant-colonel Raymond Sabot, à 88 ans et demi.
Ce militaire de métier a connu une carrière exceptionnelle.
Militaire dans l’âme
Né le 10 décembre 1919 à Bagneux (Meurthe-et-Moselle), Raymond Sabot s’engagea à dix-huit ans dans l’infanterie. Il fut nommé caporal en avril 1939 puis sergent en avril 1940.
Incorporé au 24e Régiment d’infanterie coloniale à Tripoli (au Liban), il rejoignit les troupes britanniques le 27 juin 1940 en Palestine après être passé dans la clandestinité (car il refusait l’armistice).
Un mois plus tard, presque 500 hommes se regroupèrent comme lui en Égypte sous le commandement du capitaine Raphaël Folliot et s’appelèrent 1er Bataillon d’infanterie de marine, considéré par les Britanniques comme le premier bataillon de la France libre.
En septembre 1940, le sergent Sabot partit en campagne à Tobrouk (en Libye) pour combattre les troupes italiennes, où il eut une « très belle conduite ».
Bir-Hakeim
Il participa ensuite à la campagne de Syrie puis à la bataille de Bir-Hakeim contre les troupes allemandes et italiennes du général Erwin Rommel du 26 mai au 11 juin 1942 avec la 1e Brigade française commandée par le général Pierre Kœnig.
174 Compagnons de la Libération participèrent à Bir-Hakeim (dont 17 y périrent) parmi lesquels le futur Premier Ministre Pierre Messmer, le futur Ministre de la Défense Pierre Kœnig (le dernier Maréchal de France), ainsi que le futur ministre Hubert Germain (toujours vivant à 88 ans, parmi les premiers engagés dans les Forces françaises libres).
De février à mai 1943, Raymond Sabot combattit en Tunisie et fut promu sergent-chef, puis débarqua en Italie en avril 1944 avec la 1e Division française libre.
Blessé de guerre
C’est au cours de cette campagne d’Italie qu’il fut blessé le 13 mai 1944 à Girofano d’éclats de mortier et fut évacué en Tunisie.
Continuant sa carrière militaire après la fin de la guerre, il fut nommé adjudant en août 1945, puis lieutenant en 1950, capitaine en 1957, commandant en 1966 et lieutenant-colonel en octobre 1973 (à sa retraite).
Officier et aide de camp
Parmi les postes qu’il occupa, il fut aide de camp adjoint du général Charles De Gaulle, puis aide de camp de plusieurs ministres.
De santé fragile, il disparut le 7 août 2008 et fut enterré à Gerbécourt-et-Haplemont (Meurthe-et-Moselle) dans la plus grande intimité.
Discrétion du héros
Raymond Sabot a donc quitté discrètement ces lieux (comme il l’avait souhaité) pour rejoindre son épouse Marcelle.
Selon Jocelyn Trouslard, Raymond Sabot participait souvent aux manifestations patriotiques de Nancy et n’hésitait pas à rencontrer les nouveaux officiers qui arrivaient en Meurthe-et-Moselle pour les accueillir.
Parmi les nombreuses décorations qu’il reçut (beaucoup de médailles), Raymond Sabot fut Commandeur de la Légion d’Honneur.
Il était aussi parmi les cinquante-huit derniers Compagnons de la Libération encore vivants et le seul qui résidait dans le Grand Est.
Au Mont Valérien, la crypte numéro neuf attend le dernier Compagnon qui s’en ira.
Honneur à Raymond Sabot et à la France libre qu’il a vaillamment représentée.
Aussi sur le blog.
Sylvain Rakotoarison (21 août 2008)
Pour aller plus loin :
Biographie de l’Ordre de la Libération.
(Photo : Ordre de la Libération)
http://www.agoravox.fr/article.php3?id_article=43470
http://fr.news.yahoo.com/agoravox/20080821/tot-raymond-sabot-combattant-exceptionne-89f340e.html
http://www.lepost.fr/article/2008/08/22/1248823_raymond-sabot-combattant-exceptionnel-de-la-france-libre.html
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