(dépêches)
Cotisations: Royal lance un pavé dans la mare avant le vote des adhérents
il y a 3 heures 49 min
Elahe MEREL et Christine POUGET
Ségolène Royal a replacé in extremis la question des cotisations dans le débat, s'attirant des critiques parmi ses rivaux, alors que les militants PS votent pour le Congrès de Reims.
L'ex-candidate à la présidentielle, qui défend l'une des six motions en lice en vue du Congrès, a promis mercredi aux adhérents désargentés qui veulent voter, mais n'ont pas les moyens de payer leur cotisation, de faire en sorte de les "rembourser, en tout cas de trouver une solution".
Un "brûlot" qui resurgit régulièrement depuis le congrès de Rennes en 1990, selon un cadre socialiste.
Parti de gauche, le PS a choisi un système progressif pour fixer le niveau des cotisations, variant en fonction du revenu, chaque fédération décidant in fine du montant.
Chaque adhérent du PS verse, en moyenne, entre 50 et 60 euros par an à sa fédération, dont 16 -part nationale unique- sont obligatoirement reversés Rue de Solférino.
Les primo-adhérents bénéficient d'un tarif unique de 20 euros, formule instituée début 2006 pour permettre une large participation à la primaire présidentielle de 2007.
Arguant d'un parti qui "doit se reconnecter au peuple", Mme Royal veut abaisser la cotisation des militants à un tarif unique "très modique", de 10 à 20 euros. Si 70.000 militants ont été perdus en deux ans, c'est, à ses yeux, en raison du coût de l'adhésion. Le PS reçoit 20 millions d'euros de financements publics, ajoute-t-elle.
"La cotisation ne doit pas être un frein à l'adhésion, surtout dans les milieux populaires", souligne le numéro deux du parti François Rebsamen, soutien de Mme Royal.
Il rappelle toutefois que déjà, les chômeurs ne versent qu'une participation symbolique.
Kader Arif, secrétaire national aux Fédérations, souligne aussi "les mécanismes de solidarité" existant au sein des Fédérations en faveur des moins nantis.
La proposition de la présidente de Poitou-Charentes a suscité des critiques du côté des partisans du maire de Paris, favorables à un "parti de militants". "Il y a un mécanisme de progressivité et il ne faut pas prendre le risque d'entacher l'image de ce vote et de la démocratie interne au parti", a affirmé à l'AFP l'eurodéputé Harlem Désir, qui défend la motion de Bertrand Delanoë.
"Les adhérents paient leurs cotisations selon des règles qui sont les mêmes pour tous et indépendamment du vote qu'ils font!", s'exclame M. Désir. "C'est comme si un candidat proposait de rembourser leurs impôts aux électeurs qui votent pour lui".
La droite a aussitôt ironisé: Ségolène Royal a inventé "la prime au vote Ségolène", a persiflé Roger Karoutchi, secrétaire d'Etat aux Relations avec le Parlement.
Dans les partis de droite et du centre, les cotisations tournent autour de 20 euros.
A l'UMP, le tarif plein est de 25 euros, 35 pour un couple, 10 pour les demandeurs d'emplois. Au MoDem, les moins de 21 ans paient 10 ou 20 euros, les autres 20 euros, les étudiants et demandeurs d'emploi 5. Au Nouveau Centre, le tarif plein est 20 euros, pour les jeunes 10 et les couples 30.
Les socialistes aux urnes
il y a 2 heures 30 min
Emmanuel Georges Picot
Les militants socialistes ont commencé à voter jeudi en fin d'après-midi pour départager les six motions en lice pour le congrès du 14 au 16 novembre à Reims.
Le scrutin, qui déterminera les rapports de force entre courants, s'annonce serré entre les trois principales motions, celles de Bertrand Delanoë, Ségolène Royal et Martine Aubry, avec Benoît Hamon en embuscade. Le successeur de François Hollande, à la tête du PS depuis 11 ans, sera élu le 20 novembre par les militants.
Environ 233.000 militants, dont 167.953 à jour de cotisation, peuvent voter en se rendant dans les 3.200 sections, selon la direction du PS. Les militants qui ont adhéré depuis 2006 sans reprendre leur carte devront régler leurs arriérés de cotisation pour pouvoir participer.
Ouvert à 17h, le scrutin sera clos à 22h. Les résultats ne sont pas attendus avant 1h du matin. Ils remonteront des 102 fédérations vers le siège de la rue de Solférino, où six ordinateurs ont été installés pour les scrutateurs des différentes motions.
Avant le vote, les pointages prédisaient toujours un résultat dans un mouchoir de poche entre Bertrand Delanoë, Ségolène Royal et Martine Aubry, et la tension est montée d'un cran.
Considéré jusque-là comme le favori, Bertrand Delanoë a joué la carte de la dramatisation dans les derniers jours de campagne, multipliant les appels à la mobilisation afin de sortir nettement en tête du scrutin et pouvoir ensuite rassembler "dans la clarté". "Si tout le monde est dans un mouchoir de poche, ce sera la 'combinazione', la magouille au congrès", a averti jeudi matin un de ses soutiens, le président du groupe PS à l'Assemblée Jean-Marc Ayrault.
Mais Ségolène Royal, qui a marqué des points à la faveur de la crise financière, pense elle aussi pouvoir arriver en tête. La finaliste de l'élection présidentielle de 2007 a abattu une dernière carte mercredi soir lors de son dernier meeting en proposant de rembourser les militants que des difficultés financières empêcheraient de régulariser leur cotisation, et donc de participer au vote. Ses proches n'hésitaient pas à mettre en garde sur les risques de fraude dans des fédérations tenues par leurs adversaires.
Troisième protagoniste, Martine Aubry espère elle aussi créer la surprise. La maire de Lille bénéficie du soutien des amis de Laurent Fabius et d'Arnaud Montebourg et d'une partie des strauss-kahniens, ainsi que des grosses fédérations du Nord et du Pas-de-Calais.
Si les trois "gros" semblaient dans un mouchoir de poche, Benoît Hamon pourrait jouer les arbitres. Le jeune député européen (41 ans), dont la motion fédère la gauche du parti, pourrait profiter de la crise, qui valide selon lui son discours "pour une gauche décomplexée".
La participation s'annonce comme la clé du scrutin. La campagne, éclipsée par la crise et l'élection de Barack Obama, n'a pas passionné. Selon la direction, entre 135.000 et 140.000 militants devraient voter, soit environ 60% du corps électoral potentiel.
"Les Français s'étonnent sans doute de ce vote. Ils se disent que c'est un petit vote par rapport au grand vote qui vient d'avoir lieu aux Etats-Unis d'Amérique, mais je crois que les grands changements commencent par les petits changements", a souhaité Ségolène Royal, venue voter vers 18h30 à Melle (Deux-Sèvres), avant de partager un casse-croute et un verre de vin rouge avec les militants.
Une chose est sûre: aucune motion n'atteindra la majorité absolue, pour la première fois depuis le fameux congrès de Rennes de 1990. Tout se jouera donc dans les négociations entre les différents courants pour rechercher une synthèse susceptible de réunir la majorité des voix à Reims.
Avant le scrutin, beaucoup de dirigeants socialistes souhaitaient un accord avant le début du congrès, afin d'éviter un marchandage qui serait désastreux pour l'image d'un parti déjà déconsidéré par ses trois défaites successives à l'élection présidentielle. Martine Aubry a proposé mercredi une réunion "le plus tôt possible" des responsables des motions si aucun vainqueur ne se dégage du vote des militants. Ce "camp du drap d'or socialiste" est écarté pour l'instant par M. Hollande.
Congrès du PS: les militants socialistes ont commencé à voter
il y a 4 heures 40 min
Christine POUGET
L'"obamania" légèrement retombée, d'autres élections, hexagonales, mobilisent le PS et au-delà: 233.000 militants socialistes ont commencé à voterà 17H00 jeudi dans leurs sections pour départager six motions en lice en vue du congrès de Reims à la mi-novembre.
Mis le nom du successeur de François Hollande - patron du PS pendant 11 ans - ne sera pas connu dans la foulée: ce scrutin déterminera les rapports de force entre courants socialistes, tandis que le premier secrétaire sera élu directement le 20 novembre par la base militante, après le 75ème Congrès (14 au 16 novembre).
Tous les états-majors prévoient un résultat "très" ou "plutôt" serré entre la maire de Lille, le maire de Paris et la présidente de Poitou-Charentes. Tous peuvent prétendre à 26-30% des suffrages.
Ce sera dans un "mouchoir de poche", jugent les "pointeurs" du PS.
Pour ce vote prévu de 17H00 à 22H00 dans plus de 3.000 sections, les responsables socialistes s'attendent à une participation de 130.000 à 140.000 votants. 233.000 personnes, qui ont fait partie du PS ces deux dernières années, sont inscrits sur les listes électorales. Seuls celles qui se seront mises à jour, avant le vote, de leur arriéré de cotisation pourront participer au scrutin.
Lors d'un dernier meeting mercredi soir à Paris, Ségolène Royal a lancé un pavé dans la mare, promettant aux adhérents qui veulent voter mais n'ont pas les moyens de payer leur cotisation, de faire en sorte de les "rembourser, en tout cas de trouver une solution".
Selon les statuts, seuls peuvent voter les adhérents à jour de cotisation.
Demandant aux militants d'être "les ouvriers de la profonde transformation" du PS, elle a lancé: "Nous, nous ne voulons pas que le PS disparaisse". Alors, "osons, pour que nos idées l'emportent !".
A Strasbourg mercredi, Bertrand Delanoë avait exhorté à donner une majorité forte à l'une des motions, pour éviter "combinaisons" et "alliances tactiques".
Dans son camp, Jean-Marc Ayrault, député-maire de Nantes, a prévenu: "si tout le monde arrive dans un mouchoir de poche, ce sera la +combinazione+, la magouille au Congrès".
Martine Aubry dédramatise et juge que si aucune des motions n'arrive clairement en tête, les responsables de chaque camp devraient se réunir "le plus tôt possible" pour tenter de dégager une ligne majoritaire. Un "camp du drap rose", a ironisé sur son blog François Hollande, qui milite pour un choix net.
Pour la première fois depuis une quinzaine d'années, aucune motion ne devrait obtenir la majorité absolue, la majorité sortante de M. Hollande s'étant brisée en trois (Aubry, Delanoë, Royal).
Le maire de Paris fait figure de favori, mais les partisans d'Aubry et de Royal assurent que leurs championnes peuvent arriver en tête.
Les six motions tiennent en 162 pages serrées dans une brochure frappée de la rose et du poing: outre les trois "grandes", est en course l'eurodéputé Benoît Hamon qui fédère l'aile gauche du parti et pourrait, avec la crise, faire un joli score. Il y a encore deux "petites" motions: le pôle écologiste et Utopia (écolo-altermondialiste).
233.000 adhérents sont inscrits sur les listes électorales, dont 65.000 ne pourront voter qu'en sortant leur carnet de chèque pour se mettre à jour de cotisation.
Au siège du PS, rue de Solferino, on se prépare à une longue soirée -les résultats sont attendus après minuit.
A l'entresol, six ordinateurs sont disposés, un par motion. Trois scrutateurs par camp recenseront les remontées des 102 fédérations, qui doivent transmettre les résultats "au plus tard à 01H00 du matin".
En 2005, pour le vote préalable au Congrès du Mans, il y avait eu contestations, notamment des fabiusiens et des résultats provisoires n'avaient été publiés que le lendemain du vote... dans l'après-midi.
Congrès PS: Aubry et Royal parlent aux militants avant leur vote
il y a 3 heures 57 min
Martine Aubry et Ségolène Royal se sont adressées jeudi aux militants PS qui devaient voter dans la soirée sur les motions en lice pour le 75e congrès du PS en appelant de leurs voeux, la première "un parti qui retrouve la joie d'être à gauche", la seconde "un parti imaginatif".
Dans une vidéo postée sur le site internet de la motion qu'elle conduit ("Changer à gauche pour changer la France"), Mme Aubry plaide pour "un parti qui débat du haut en bas, un parti qui retrouve la joie d'être à gauche, qui porte avec fierté les valeurs qui sont les siennes. Voilà ce dont je rêve aujourd'hui".
Selon Martine Aubry, parce qu'ils "souffrent du libéralisme et de la crise qu'a apportée la politique de Sarkozy (...), les Français ont besoin du Parti socialiste (...)" et "d'un Parti socialiste à gauche, à gauche".
"Nous nous battons pour (...) un parti qui change, parce qu'il n'y a pas un Français qui ne nous le dise pas". "Nous voulons un parti avec la génération du changement, de nouvelles têtes, mixte bien sûr, aux couleurs de la France mais surtout qui rouvre les portes et les fenêtres", assure-t-elle encore.
Dans un message plus bref, sur le site de sa motion ("Fier(e)s d'être socialistes), Ségolène Royal fait valoir que "dans un contexte de crise économique et sociale très profonde, les Français ont besoin d'une gauche audible et d'un Parti socialiste fort et renouvelé".
"C'est ce Parti socialiste que nous voulons construire, énergique, imaginatif, fraternel", ajoute la présidente de la région Poitou-Charentes, qui demande aux militants "de venir voter très nombreux, pour faire vraiment le choix de l'avenir et de la transformation très profonde".
Mme Royal affirme encore qu'elle fera "tout pour rassembler" les socialistes.