(dépêches)
PS: au lendemain de sa victoire, Ségolène Royal se pose en rassembleuse
il y a 2 heures 35 min
Stéphane ORJOLLET
Quelques heures après sa victoire surprise lors du vote des militants socialistes pour le congrès de Reims, Ségolène Royal s'est posée vendredi en rassembleuse du parti, tout en demandant que le vote des militants soit respecté par une direction qui a minimisé son succès.
"Il va falloir que le vote soit respecté", a lancé l'ex-candidate à la présidentielle sur France Inter, après que les militants ont voté à 29% pour sa motion, reléguant à distance Bertrand Delanoë, favori des sondages et de la direction sortante, et Martine Aubry, tous deux autour de 25%, et Benoît Hamon, représentant l'aile gauche du parti, crédité d'un bon score de 19%.
Mme Royal a indiqué qu'elle téléphonerait dès vendredi à ses rivaux, pour entamer des discussions "avec tout le monde, sans exclusive".
Elle a estimé que son résultat lui "donnait une légitimité" pour diriger le Parti socialiste, mais a souligné qu'elle ne faisait pas "acte de candidature" pour l'instant.
La présidente de Poitou-Charentes avait pendant la campagne mis sa candidature au poste de premier secrétaire "au Frigidaire", ce qui lui avait permis de nouer des alliances. Elle a réitéré vendredi qu'elle "n'en faisait pas un préalable".
Le congrès de Reims se tiendra du 14 au 16 novembre, et le prochain premier secrétaire sera élu par un vote des militants le 20 novembre.
En invoquant le respect du choix des quelque 130.000 militants ayant voté (55% de participation), Mme Royal répliquait à François Hollande, qui avait estimé peu avant sur RTL que le score de son ex-compagne "ne lui permettait pas d'être majoritaire dans le Parti socialiste".
"Le problème ce n'est pas cet ordre d'arrivée, c'est comment on donne au parti (...) une majorité stable capable de le conduire", a souligné M. Hollande, qui avait soutenu le maire de Paris. Il a appelé les quatre principales motions à "chercher ensemble les voies d'un rassemblement", après un résultat qui sonne comme un désaveu pour la direction du parti.
Mme Royal, reconnaissant que sa majorité était "relative", s'est fixé comme objectif de "mettre en mouvement la cohésion et l'unité des socialistes" pour "rassembler tous les talents".
La tâche ne sera pas aisée, son avance n'étant pas décisive. Dès sa défaite connue, M. Delanoë, qui n'a pas réagi de vive voix, a souligné dans un communiqué qu'il n'était pas question pour lui de rejoindre un bloc qui, comme Mme Royal, s'accomoderait d'une alliance avec un parti "qui ne s'assumerait pas clairement de gauche", sous-entendu le MoDem de François Bayrou.
"Nous ne voulons pas de contrat de gouvernement avec le MoDem", a renchéri M. Hamon sur i-Télé. Et de maintenir sa candidature à la succession de M. Hollande, pour "réancrer le Parti socialiste à gauche".
Mme Royal s'est quoi qu'il en soit dite vendredi prête à poursuivre cette stratégie controversée, qu'elle avait déjà tentée entre les deux tours de la présidentielle.
La maire de Lille n'a pas réagi elle-même, mais ses partisans avaient dans la nuit indiqué qu'ils ne renonçaient pas à constituer un rassemblement majoritaire "sur une ligne de changement et d'ancrage à gauche".
Interrogée sur la possibilité d'une alliance "tout sauf Ségolène", Mme Royal a en tout cas répondu: "Je n'ai peur de rien". Et en a appelé chacun au "sens des responsabilités".
Première conséquence choc de sa victoire, deux parlementaires de l'aile gauche du parti, le sénateur Jean-Luc Mélenchon et Marc Dolez, député du Nord, ont claqué vendredi matin la porte du PS pour créer un nouveau mouvement "sans concession face à la droite".
Pour Henri Emmanuelli, Ségolène Royal a subi un "retrait massif" des voix des militants
il y a 1 heure 27 min
Le député socialiste des Landes Henri Emmanuelli a tenu vendredi à "relativiser" le résultat de la motion de Ségolène Royal lors du vote des militants du PS jeudi, estimant que "c'est un plutôt un retrait massif" subi par l'ancienne candidate à la présidentielle.
"On peut faire deux lectures, on peut dire 'elle est en tête', ou bien on peut dire 'elle a perdu plus de la moitié des voix depuis la désignation à la présidentielle'", a noté Henri Emmanuelli. "Moi qui ai un certain recul, je n'ai jamais vu un candidat à la présidence de la République faire moins de 30% au congrès suivant".
Pour lui, il faut "relativiser cette poussée": "c'est plutôt un retrait massif", a-t-il expliqué, jugeant que "c'est pas un bon résultat" non plus pour Bertrand Delanoë.
M. Emmanuelli qui soutenait la motion de Benoît Hamon a jugé que son candidat avait fait "une belle percée". "Les anciennes combinaisons ne fonctionnent plus. Les militants en ont assez, (...) cette fois-ci il faut oser le changement", a-t-il conclu. "Il faut remettre une équipe jeune au travail".
PS: le grand marchandage commence
il y a 51 min
Emmanuel Georges Picot
Objectif: constituer une majorité. Les grandes manoeuvres ont commencé vendredi pour le congrès du Parti socialiste, au lendemain du vote des militants qui a placé en tête la motion de Ségolène Royal avec une majorité relative de 29%.
Forte de ses quatre points d'avance sur Bertrand Delanoë et Martine Aubry, la finaliste de l'élection présidentielle de 2007 a estimé que le scrutin lui donne une "légitimité" pour le poste de Premier secrétaire. Elle a annoncé son intention de contacter rapidement les responsables des cinq autres motions afin de former une majorité pour gouverner le parti.
Vainqueur-surprise du scrutin de jeudi soir, Ségolène Royal n'a pas tardé à lancer l'offensive, en posant en rassembleuse. "Ce que les militants ont voulu traduire dans ce vote, c'est une volonté profonde de changement. (...) Il va falloir que cette volonté soit respectée", a-t-elle dit vendredi matin sur France-Inter.
La présidente de la région Poitou-Charentes a entrouvert le "frigidaire" dans lequel elle avait mis en septembre sa candidature au poste de Premier secrétaire. "Ce résultat me donne une légitimité", a-t-elle convenu.
Mme Royal avance cependant avec prudence. Elle a précisé qu'elle ne ferait pas acte de candidature avant d'avoir appelé les responsables des autres motions. Elle comptait joindre dès vendredi matin Bertrand Delanoë et Martine Aubry, arrivés ex-aequo avec 25% du vote des militants, Benoît Hamon, autre surprise avec 19%, sans oublier les deux "petits", Utopia et le Pôle écologique, 1,5% à 2% chacun selon les résultats, encore provisoires vendredi matin. La participation était de 55,38% des 233.000 militants susceptibles de voter.
Jouant collectif, la présidente de Poitou-Charentes a affiché sa volonté de "rassembler tous les talents", dans un esprit d'"unité" et "sans exclusive". "On n'est pas dans une revanche", a confié Julien Dray.
Mais la tâche de Mme Royal s'annonce ardue, tant la situation est complexe au PS. S'il lui a donné une majorité relative, le vote de jeudi consacre aussi la balkanisation d'un parti en crise, éclaté en quatre grands courants et une multitude de sous-courants. En outre, le "TSR" (tout sauf Royal) est encore vivace au sein du parti 18 mois après la présidentielle, perdue en partie du fait des tensions entre le parti et sa candidate.
Dès vendredi matin, François Hollande, Premier secrétaire sortant et soutien de Bertrand Delanoë, n'a pas caché ses réticences à voir son ex-compagne lui succéder. Les idées de Ségolène Royal "sont premières dans l'ordre des motions mais elles ne sont pas majoritaires", a-t-il minimisé sur RTL.
Soucieux de ne pas donner aux Français l'image d'un congrès de Rennes-bis, le député de Corrèze n'en a pas moins affiché lui aussi son souhait d'un "rassemblement" des quatre principales motions avant le congrès du 14 au 16 novembre "ou au plus tard au soir du congrès". Sinon, "le PS aura des jours difficiles", a-t-il prédit.
Les autres courants faisaient monter les enchères vendredi matin. Un accord semble d'ores et déjà difficile avec Bertrand Delanoë, dont la conception du parti est aux antipodes de celle de Mme Royal. Dans son unique réaction après sa défaite, le maire de Paris a exclu "toute perspective d'alliance avec un parti qui ne s'assumerait pas clairement de gauche", en clair, avec le MoDem de François Bayrou.
Candidat déclaré au poste de Premier secrétaire, Benoît Hamon souhaite lui aussi que Mme Royal clarifie la question d'une alliance avec le centre et réclame un changement de ligne politique et d'équipe.
Une alliance entre Mme Royal et le leader de l'aile gauche du PS pourrait paradoxalement être facilitée par la décision de Jean-Luc Mélenchon et Marc Dolez, signataires de la motion Hamon, de quitter le PS. Les deux parlementaires, qui incarnaient l'extrême gauche du parti, ont annoncé vendredi matin leur départ, en voyant dans les résultats du scrutin la victoire de la "social-démocratie européenne".
Si elle renonce à être candidate, Mme Royal pourrait se retrancher derrière un Premier secrétaire plus consensuel issu de sa motion. Les noms de Vincent Peillon, François Rebsamen et Julien Dray sont avancés. Ce dernier a confirmé à l'Associated Press qu'il serait candidat si Mme Royal ne l'est pas. Le successeur de François Hollande sera élu le 20 novembre par un nouveau vote des militants.
PS: Delanoë exclut toute alliance avec un parti "pas clairement de gauche"
il y a 4 heures 11 min
Bertrand Delanoë, candidat au poste de Premier secrétaire du PS, battu lors du vote des militants jeudi soir, a immédiatement exclu "toute perspective d'alliance avec un parti qui ne s'assumerait pas clairement de gauche".
Le maire de Paris, dans un communiqué distribué dans la nuit de jeudi à vendredi, après l'annonce des résultats qui le placent en deuxième position "autour de 25%", affirme : "Le PS doit être un vrai parti de militants, fidèle à son histoire, ouvert sur la société et suffisamment fort pour s'imposer comme le pôle central d'un rassemblement de toutes les forces progressistes".
"Cela exclut toute perspective d'alliance avec un parti qui ne s'assumerait pas clairement de gauche", poursuit-il. Ségolène Royal, arrivée en tête de la compétition, est favorable à un élargissement au MoDem de François Bayrou, auquel elle avait proposé une alliance entre les deux tours de la présidentielle de 2007.
M. Delanoë croit "plus que jamais indispensable de servir l'ambition d'un grand parti socialiste, authentiquement de gauche, doté d'un projet crédible pour construire enfin une alternative politique gagnante dans notre pays".
Pour lui, "face à la politique brutale et inconséquente de la droite, notre pays a besoin d'un PS déterminé à proposer un autre chemin à nos concitoyens".
Il salue également "tous les militants qui se sont exprimés, quelle que soit la motion qu'ils ont choisie" et remercie "tout particulièrement" ceux qui ont soutenu la sienne.