(dépêche)
Le pilote de l'avion de tourisme évité par le Falcon de Fillon devant la justice
26.11.2008 - il y a 1 heure 59 min
Katell PRIGENT
La 7e chambre du tribunal correctionnel de Versailles juge mercredi le pilote d'avion de tourisme que le Falcon transportant François Fillon avait évité de justesse le 28 septembre.
Le dimanche 28 septembre, le Falcon 900 du Premier ministre, en provenance d'Angers, avait évité de justesse un avion de tourisme au dessus de la commune de Toussus-le-Noble (Yvelines) alors qu'il effectuait sa phase d'approche de l'aéroport de Villacoublay.
L'avion de tourisme, un monomoteur de type Cessna 172, piloté par Xavier Thiry, qui transportait trois autres personnes, avait croisé le Falcon à seulement une distance de soixante mètres. Le pilote du Falcon avait mis en oeuvre une procédure d'évitement d'urgence pour éviter la collision.
L'incident avait donné lieu à une déclaration de type Airprox (pour Air proximity) auprès de la DGAC (Direction générale de l'aviation civile). Deux enquêtes - une de la gendarmerie des transports aériens (GTA) et une de la gendarmerie de l'air - avaient aussi été diligentées pour connaître les circonstances de l'incident.
Un avion commercial avait également eu sa "trajectoire de descente retardée", selon une source judiciaire.
Le pilote du Cessna, membre de l'aéroclub de Pontoise, avait été placé en garde à vue quelques jours plus tard. Il doit être jugé pour "mise en danger de la vie d'autrui en ne respectant pas les règles du code de l'aviation civile relatives au maintien de la vigilance visuelle en vol" et pour "survol d'une zone interdite, l'espace aérien de contrôle classe A".
Prévu le 15 octobre, le procès avait été renvoyé à la demande de l'avocat du pilote, Me Gilles Khaiat, qui avait notamment évoqué le fait de "ne pas avoir eu de copie papier de ce dossier très technique".
Xavier Thiry, titulaire d'une licence de pilote depuis 2001, a été placé sous contrôle judiciaire avec interdiction de se rendre dans un aérodrome, excepté Orly et Roissy. Il a expliqué ne "s'être rendu compte de rien durant le vol".
"J'ai effectivement vu l'avion, j'en ai vu plusieurs, ce qui est normal dans cette zone", avait-il dit à l'époque, avant d'ajouter: "à aucun moment, je n'ai eu l'impression d'une mise en danger d'autrui ou de mes trois passagers".
En octobre, le Figaro avait affirmé que "l'avion de M. Fillon volait trop vite". Une version contestée par Matignon, selon le journal.
Sur ces faits, le pilote amateur n'a pas souhaité se prononcer, rappelant, comme son avocat, qu'il "n'avait pas eu accès à toutes les pièces du dossier".
Xavier Thiry a déclaré risquer "de la prison et une amende".
Le Falcon 900 fait partie de l'Escadron de transport, d'entraînement et de calibration (Etec), une unité de l'armée de l'air implantée à Villacoublay, qui a succédé au Groupe de liaisons aériennes ministérielles (Glam) en 1995.