(dépêche)
Le retour des banques, par Isabelle Ehrhart
13 déc. 2008 - 21h01 - LeMonde.fr
Décidément, à quelques jours de la fermeture de fin d'année, l'espoir renaît sur le marché primaire obligataire de l'euro. Certes, les entreprises non financières se sont faites plus discrètes ces derniers jours ; mais une agréable surprise est venue des banques.
Depuis la rentrée de septembre et la faillite de l'américaine Lehman Brothers, pas une n'avait osé se présenter aux investisseurs pour leur emprunter de l'argent, tant l'accueil risquait d'être glacial. L'Etat français, comme tant d'autres, a débloqué la situation en offrant sa garantie et les plans de sauvetage européens ont achevé de convaincre les investisseurs que les banques de première qualité bénéficiaient d'une garantie d'Etat implicite.
Sur ces bases, il fallait tout de même que les banques émettrices et les investisseurs se mettent d'accord sur le prix de cette confiance retrouvée. La Société générale a été la première à le trouver, d'abord sous forme d'une émission d'obligations placées hors marché, "un placement privé" selon le langage des professionnels, puis d'un classique emprunt obligataire de 500 millions d'euros remboursables dans cinq ans.
Trois autres banques ont saisi l'occasion : BNP Paribas, avec 1,5 milliard d'euros empruntés, l'italienne Intesa Sanpaolo, avec 1,25 milliard, puis Credit suisse, avec 1 milliard. Toutes ont choisi la même maturité, et les quelque 4,2 milliards d'euros ont trouvé preneur rapidement. Il est vrai que, si les obligations de ces banques sont considérées comme implicitement garanties par les Etats, les primes de risque sont encore plus séduisantes : entre 160 et 195 points de base (1,60 % à 1,95 %), soit des coupons supérieurs ou égaux à 5 %.
Et les investisseurs sont à la recherche de titres pour boucler leur année : avec un dernier trimestre dense en remboursements, ils ont de nombreuses liquidités à réinvestir. L'Etat français, par exemple, a remboursé une petite trentaine de milliards d'euros en octobre.
Une autre banque européenne devrait suivre dans les jours qui viennent, pour emprunter sous la forme la plus classique qu'il soit. C'est aussi un moyen simple de compléter les financements garantis par les Etats et de compenser le long sommeil des obligations dites sécurisées, dont personne n'attend rien avant 2009.