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12 décembre 2008 5 12 /12 /décembre /2008 01:46

(dépêches)


Mais que sait donc Rachida Dati ?

HAUTS-DE-SEINE
NOUVELOBS.COM | 12.12.2008 | 15:18
134 réactions

C'est l'article qui fait jaser tout Paris : l'hebdomadaire Le Point laisse entendre que Rachida Dati connaîtrait "les histoires de famille du département des Hauts-de-Seine (...) et saura, le cas échéant, se rappeler aux bons soins de son protecteur".

C'est l'article qui fait parler le tout Paris journalistique.

Dans Le Point de cette semaine, Denis Demonpion conclut une longue enquête, intitulée "L'extravagante Mme Dati", sur ces deux paragraphes : "Elle confie volontiers qu'après son accouchement une nouvelle vie s'offrira à elle. Elle afficherait, dit-elle, le père de son enfant avec qui elle pourrait partir vivre à l'étranger. (...) Des âmes charitables affirment qu'à l'heure de la curée, Rachida Dati, qui connaît les histoires de famille du département des Hauts-de-Seine pour s'être occupée pendant quelque temps, en 2005, du secteur sensible des marchés publics, saura, le cas échéant, se rappeler aux bons soins de son protecteur".

Sarkozy furieux

Rachida Dati a effectivement été directrice générale adjointe en charge des marchés publics, des affaires juridiques et des affaires foncières et immobilières au conseil général des Hauts-de-Seine, de 2004 à 2005, à l'époque où Nicolas Sarkozy en était président, et elle travaille aux côtés de celui-ci depuis 2002.

Quant à savoir qui est ce père qui vivrait à l'étranger et quels sont les secrets qui pourraient embarrasser le chef de l'Etat, Le Point n'en dit pas plus.

Joint par nouvelobs.com, Denis Demonpion ne "retire pas une ligne" à ses écrits et ajoute : "Rachida Dati n'a pas démenti et ne démentira pas".

Nouvelobs.com a tenté, en vain jusqu'ici, de joindre le porte-parole du ministère de la Justice.
Enfin, selon plusieurs sources, Nicolas Sarkozy serait furieux de la "chute" (la fin ndlr) de l'article.



L'extravagante Mme Dati

Publié le 11/12/2008 - Modifié le 12/12/2008 N°1891 Le Point
Denis Demonpion

A force de fantaisies, de maladresses et de désinvolture, la garde des Sceaux est plus que jamais contestée. Coulisses d’un parcours aussi spectaculaire que chaotique.

Rachida Dati n’en fait qu’à sa tête. Et Nicolas Sarkozy en a soupé. Leurs relations, qui, ces derniers temps déjà, n’étaient pas fameuses, se sont brusquement gâtées le 20 octobre. Ce lundi-là, la ministre, qui avait invité les représentants des trois syndicats de surveillants de prison (Ufap, FO, CGT) à la rencontrer au ministère pour discuter doléances et conditions de travail, leur a fait faux bond. Prétextant d’un « agenda chargé » , Mme la ministre s’est fait excuser par son directeur de cabinet, préposé à la corvée. Il avait pourtant essayé de la convaincre de venir leur parler, ne serait-ce que quelques minutes. Faisant fi des risques d’une éventuelle épreuve de force, elle n’a rien voulu savoir, car, à côté, dans un autre salon lambrissé de la chancellerie, un petit déjeuner l’attendait avec le prince Albert de Monaco. Coutumière de ce type de rencontre au sommet avec les people du show-biz et de la télévision, la ministre avait elle-même organisé l’entrevue princière. La discrétion, jusque-là, a été totale.

Pas un mot n’a filtré sur ce tête-à-tête « privé », ni sur la teneur des propos échangés. Afin de recevoir son altesse sérénissime avec les honneurs dus à son rang, Rachida Dati avait exigé qu’il soit fait place nette dans la cour du ministère. Les voitures qui y sont habituellement garées avaient été retirées et les gendarmes priés de revêtir exceptionnellement le grand uniforme avec fourragère. Aucune trace du rendez-vous ne figurait sur l’agenda prévisionnel de la ministre diffusé juste avant le week-end à la presse. C’est pourquoi les représentants des surveillants de prison n’en ont rien su. Arrivés à pied avec leur plate-forme revendicative, ils l’ont eu mauvaise et sont ressortis furieux du ministère. Faute d’avoir obtenu le moindre engagement de la part de la ministre, un appel a été lancé aux personnels afin qu’ils « déposent les clés » . Le blocage, pour le coup, était assuré. Le mot d’ordre devait prendre effet le 13 novembre. « Madame Dati, en lieu et place de ne communiquer qu’avec le grand public, les hauts fonctionnaires, le show-biz et compagnie, écoutez ceux qui tiennent les prisons françaises, ingérables de par votre politique spectacle ! » ont tonné les syndicats dans une unité pas vue depuis plus de quinze ans.

« Elle ne regarde pas à la dépense. »

C’est ainsi que Rachida Dati, embarquée dans un autre conflit à Metz, cette fois avec les magistrats, s’est retrouvée, débordée, sur deux fronts à la fois. Devant la gravité de la situation, l’Elysée a, une fois de plus, pris les choses en main. Coups de téléphone comminatoires, branle-bas de combat, réunions de crise se sont enchaînés. « C’est là qu’entre Sarkozy et elle tout a basculé » , témoigne un conseiller de cette folle journée. Sommée de faire retomber la tension, la ministre a, le jour même, écrit aux responsables syndicaux pour leur dire qu’elle s’engageait à « créer un bureau d’aide sociale » au sein de la pénitentiaire et à réaliser un audit dans chacun des établissements sur « les postes de travail » . Rendez-vous leur était donné pour le 7 novembre. Mais, devant la colère de la base et le risque de mouvements de protestation incontrôlés, Rachida Dati, mise au pied du mur, a été contrainte de presser le pas. L’alerte était chaude. « Je n’ai que faire des robes, des bagues et des magazines, ce qui m’intéresse, c’est la souffrance des personnels » , a grondé Jean-François Forget, de l’Union fédérale autonome pénitentiaire (Ufap, majoritaire). Le jour suivant, sur le coup de 23 heures, la ministre décrochait son téléphone pour convier personnellement « en urgence » les trois secrétaires généraux des organisations pénitentiaires à des discussions. La réunion a eu lieu le lendemain matin à 8 h 30. « Elle était stressée » , rapporte Christophe Marques, de FO Pénitentiaire. Ordre lui avait été donné de désamorcer la crise, et ce avant le conseil des ministres.

Les surveillants n’ont rien contre la personne de Rachida Dati. Ils la trouvent même mieux que son prédécesseur, Pascal Clément. Elle n’ignore pas le climat délétère qui règne dans les prisons. Dès le lendemain de sa nomination, son premier déplacement fut pour le Centre des jeunes détenus de Fleury-Mérogis (Essonne). Les surveillants lui en savent encore gré, même s’ils notent qu’elle avait pris soin de s’y rendre aux environs de 22 heures, afin de montrer qu’en cette heure tardive elle était capable d’être sur le pont et qu’elle s’était assurée de la présence des caméras de télévision.

Les visites, ensuite, se sont multipliées, au point de donner le tournis, à se demander aussi quand la ministre trouve le temps d’étudier les dossiers. Un jour, elle va à l’Ecole nationale des greffes à Dijon, un autre à l’inauguration du centre pénitentiaire de Mont-de-Marsan, un troisième à un débat sur « l’accompagnement judiciaire des entreprises en difficulté » à Avignon. Rachida Dati a la bougeotte. Effectuer trois déplacements dans une même journée ne lui fait pas peur. Mais, là où le bât blesse, c’est lorsque, mue par une sorte de mouvement perpétuel, elle exige, pour un oui, pour un non, d’emprunter les avions de l’Escadron de transport, d’entraînement et de calibration (Etec), l’unité de l’armée de l’air réservée au transport du chef de l’Etat et des membres du gouvernement. Les appareils aux couleurs de la République française ont de 8 à 12 places, mais voyagent pratiquement à vide, la ministre ne tolérant auprès d’elle que son chef de cabinet, qui tient l’agenda, et un chargé de communication. Or un vol de Villacoublay, la base aérienne de la flotte, revient en moyenne de 15 000 à 20 000 euros. « Rachida Dati ne regarde pas à la dépense » , fait-on remarquer dans les préfectures. D’autant que, chaque fois, tenus d’arriver avant elle pour préparer le déplacement, conseillers, directeurs de l’administration centrale, membres de l’équipe vidéo qui la suit en permanence, et sa photographe sont obligés de prendre un avion de ligne ou le TGV, à l’aube de préférence. Tant pis si, sur place, les préfets doivent organiser aux frais de la princesse deux convois sous escorte. Ce déploiement logistique n’empêche pas Rachida Dati de se plaindre dans les gazettes d’être « régulièrement victime » de manquements au protocole républicain, laissant entendre que préfets et chefs de cour renâcleraient à s’acquitter de leur mission. Se poser en victime est devenu un mode de gestion politique de Rachida Dati, qui, à la moindre critique, oppose à la fois ses origines arabes et le fait d’être une femme.

Racisme

Qu’on exprime un désaccord sur ses options ou remette en question ses déclarations, on est aussitôt taxé de racisme ou de machisme. Ce fut le cas des représentants de l’Union syndicale des magistrats (USM), mis en cause par voie de presse pour lui avoir reproché d’avoir lancé une réforme de la carte judiciaire sans y mettre les moyens financiers. « Nous lui avons demandé de la manière la plus ferme de démentir ses propos. Elle a refusé. La réunion a été extrêmement tendue », rapporte Bruno Thouzellier, ancien président de l’USM devenu associé du cabinet d’avocats international Sarrau Thomas Couderc.

Persuadée qu’elle a l’opinion pour elle, Rachida Dati n’hésite pas à malmener les magistrats, qui n’ont pas apprécié qu’à la suite du suicide d’un mineur à la maison de Metz-Queuleu elle diligente en pleine nuit une enquête de l’Inspection des services judiciaires. Devant le tollé provoqué par son initiative, la ministre a tenté dans un premier temps de faire porter le chapeau à son directeur de cabinet. Puis ce fut au tour du directeur de l’Inspection, André Ride, un ancien procureur général, d’en être réduit, à 58 ans, à avaler son hermine. Cherchant à s’assurer que l’indépendance des magistrats de Metz n’avait pas été bafouée, le Conseil supérieur de la magistrature, l’autorité suprême du corps, a voulu entendre André Ride. La ministre s’y est opposée. Les magistrats ont manifesté sur les marches du palais. Le malaise grandissait. C’est alors que Nicolas Sarkozy a joué les pompiers de service. Les représentants de l’USM ont été invités à le rencontrer. L’entretien s’est déroulé en deux temps, en l’absence de la ministre d’abord, puis en sa présence, selon le bon vouloir du chef de l’Etat, signe patent d’un désaveu pour Rachida Dati, condamnée à faire antichambre. « Quand elle est entrée, elle n’en menait pas large » , relève Christophe Régnard, le président en exercice de l’USM. Afin de ne pas perdre la face, elle s’est arrangée pour confier que, retenue par son homologue serbe, elle aussi enceinte, les deux femmes avaient papoté. D’où un retard prétendu. Fariboles. La ministre était en avance. Plusieurs témoins, dont les journalistes accrédités au palais présidentiel, l’ont vue grimper le perron de l’Elysée bien avant l’heure. « Son truc, c’est de forcer les portes » , relève un conseiller.

Rachida Dati aime plaire et supporte si peu la contradiction que de crainte d’affronter les sifflets elle a, cette année, renoncé au dernier moment à se rendre au congrès annuel de l’USM. Elle a également boudé la rentrée solennelle des avocats du barreau de Paris, qui s’annonçait houleuse, leur préférant les assises plus tranquilles des commissaires aux comptes. Mais, pour redorer son image auprès de professionnels malmenés, la ministre a entrepris de les cajoler, une opération séduction qui s’apparente à un sauve-qui-peut. Depuis une quinzaine de jours, régulièrement, des tablées de trente-cinq couverts sont dressées pour les magistrats, sous le plafond en stuc de la galerie Peyronnet, la plus vaste du ministère. Tantôt pour des petits déjeuners, tantôt pour des déjeuners aux allures de banquet. Traités par fournée de vingt-de préférence le vendredi soir-, procureurs et chefs de cour sont priés de battre le rappel de « gens raisonnables » . Les magistrats qui viennent de province ont l’assurance que leur billet de train sera remboursé. Chaque fois, la ministre discourt. « Elle refait l’Histoire » , souligne un participant. Un jour, en fin de repas, Rachida Dati a tellement mobilisé la parole que, de peur de l’interrompre d’un cliquetis de petites cuillères, les convives sous hypnose ont préféré boire leur café froid. Avocats de renom et bâtonniers ont eux aussi été reçus pour un petit déjeuner, la veille de la rentrée solennelle du barreau, pour l’entendre leur annoncer qu’elle n’en serait pas. Ce que la ministre apprécie, en revanche, c’est se produire devant un public qui lui est acquis sur le mode « vu à la télé ». Pour remplir les salles, un chargé de mission ministériel en appelle aux associations. C’est le cas le 1er décembre à Montpellier, où Dati vient signer une convention sur les mariages forcés. Des femmes, dont plusieurs voilées, ont été réquisitionnées. « Elle se croit encore porte-parole de la campagne de Sarkozy. Le principe, c’est de ratisser large » , observe un acteur de l’opération.

Dans l’entourage du président de la République, les foucades de Rachida Dati lassent les personnes les mieux disposées à son égard. A l’exception de Catherine Pégard, la conseillère spéciale en « calinothérapie », et Claude Guéant, l’imperturbable secrétaire général de l’Elysée, missionné pour faire tourner la maison coûte que coûte. Le conseiller diplomatique, Jean-David Levitte, quant à lui, en a assez des récriminations des ambassades et du Quai d’Orsay, qui se plaignent des extravagances de la ministre. Lors de ses déplacements à l’étranger, y compris privés, comme ce fut le cas au Qatar-un endroit où, pour de mystérieuses raisons, Rachida Dati se rend régulièrement-, elle exige que l’ambassadeur l’accueille à sa descente d’avion, même à 2 heures du matin. Et puis, il y eut cet incident avec la ministre de la Justice de Suède, qu’elle n’avait tout simplement pas envie de rencontrer.

« Blaireau. »

C’était un mercredi matin, jour de conseil des ministres. « Vous direz que je suis retenue à l’Elysée par le président de la République » , avait-elle commandé à son cabinet. Aussi, quelle ne fut pas la désagréable surprise de la délégation suédoise de voir Rachida Dati regagner son ministère sans daigner venir à sa rencontre. Au lendemain de l’élection de Barack Obama, la ministre a remué ciel et terre pour obtenir le numéro de portable du nouveau président des Etats-Unis. Le ministère des Affaires étrangères et l’ambassade de France à Washington ont été sollicités, jusqu’à l’Elysée, qui l’a sommée de se calmer. « Elle estime que son rang, ce sont les chefs d’Etat et les Premiers ministres » , déplore un diplomate, légèrement agacé.

Grisée par les attraits du pouvoir, Rachida Dati, qui a le fâcheux travers de confondre autorité et autoritarisme, aurait-elle soudain pris la grosse tête ? Sa nomination Place Vendôme avait pourtant été accueillie avec bienveillance. Avocats, magistrats, surveillants, jugeant plutôt astucieux de la part de Sarkozy, d’avoir promu sa protégée à un poste régalien, lui ont fait crédit. La presse n’était pas en reste. Même après le premier couac occasionné, six semaines après son entrée en fonctions, par la démission fracassante de son directeur de cabinet, Michel Dobkine, un juriste éminent, aujourd’hui secrétaire général d’Havas, chez Vincent Bolloré. Il avait été choisi par l’Elysée pour pallier l’inexpérience de la jeune ministre. Mais c’était compter sans le caractère éruptif de Rachida Dati, une femme nature, qui n’hésite pas à user, sous les ors des palais de la République, d’un langage qui n’est pas sans rappeler celui de la racaille des banlieues. « Blaireau », « connard », « j’vais te casser » font partie du vocabulaire ordinaire de la ministre, qui, quand elle est en colère, n’hésite pas à menacer un conseiller. « J’ai le président avec moi » , se targue-t-elle souvent dans un claquement de doigts. « Elle parle directement aux gens, oui, bien sûr. On n’est pas là pour parler un langage de duchesse » , admet son directeur de cabinet démissionnaire, Patrick Gérard. La ministre sait aussi se montrer vindicative. L’ancien Premier ministre Edouard Balladur ayant jugé qu’elle n’était pas « à la hauteur » pour défendre la réforme des institutions, elle s’est abstenue de prononcer son nom lors d’un discours à la Sorbonne sur ce thème.

Départs en série

En dix-huit mois, à l’exception de deux conseillers, tous les autres ont été renouvelés, et certains parfois plusieurs fois. Soit ils ont jeté l’éponge, soit ils ont craqué, soit ils ont été congédiés. « Elle a une façon de pourrir les gens qui n’est humainement pas tenable » , rapporte une de ses victimes.

Même l’Elysée n’en peut mais. Eminence grise du président de la République pour tout ce qui touche aux questions de justice-nominations et dossiers sensibles-, Patrick Ouart, le « ministre de l’ombre », a renoncé à la « gérer ». Il n’a pas digéré qu’elle réussisse l’exploit, début novembre, de mettre son directeur de cabinet, Patrick Gérard, sur le flanc. L’homme, qui fut président des Jeunes giscardiens et maire centriste de Vincennes, avait de la rondeur et de l’endurance. A force de tout prendre sur lui, les nerfs ont lâché. « Ce sont des choses qui arrivent à tous les directeurs de cabinet » , commente, philosophe, Patrick Gérard, en convalescence en Normandie, dans l’attente de ses nouvelles fonctions comme recteur de l’Académie de Paris, le 15 décembre. Il fallait lui trouver un successeur. Le secrétaire général de l’Elysée a fini par convaincre François Seners, un conseiller d’Etat réputé pour son calme, de reprendre le flambeau. Surnommé le « mandataire liquidateur » , il lui aurait été promis une belle promotion à la sortie. Signe des temps, le chef de l’Etat a demandé à Ouart, en vacance de LVMH, où il était conseiller juridique du groupe, de rester sinon un an de plus, du moins jusqu’en septembre 2009. Dans l’attente, le poste a été gelé.

L’Elysée a dressé une sorte de cordon sanitaire autour de Rachida Dati. De méchantes langues parlent de garrot. Interdite de médias par le président lui-même, la ministre a été flanquée d’un nouveau chargé de communication, Pierre-Yves Bournazel, qu’elle appelle « l’espion » , parce que c’est un protégé de Pierre Charon, le conseiller ès divertissements du chef de l’Etat et le factotum de Carla Bruni-Sarkozy. Telle une assiégée, Rachida Dati s’est alors tournée vers les créatifs d’Euro RSCG, la multinationale de publicité et communication, pour glaner des conseils en stratégie. Comme si son destin-sa survie ?-en dépendait. « Il est normal qu’elle s’ouvre à d’autres gens, qu’elle ne s’enferme pas dans son cabinet » , souligne Pierre-Yves Bournazel, son chargé de communication.

Partir à l’étranger

Convaincue que jamais le président de la République ne la laissera tomber, la ministre rebelle tient tête, quitte à enfreindre les interdits. Le temps de donner une interview au Figaro ou de juger, avant même d’en avoir référé à Matignon ou à l’Elysée, que le projet visant à permettre l’emprisonnement des enfants de 12 ans relevait du « bon sens ». Une déclaration qui lui a valu de se faire sèchement rappeler à l’ordre par le Premier ministre, François Fillon.

De tout cela, Nicolas Sarkozy en a pris son parti. Quand, après une bourde ou un dérapage, invitée à venir s’expliquer, elle se défausse sur un conseiller, le président de la République fait la sourde oreille. Il préfère, dans un air de résignation, lever les yeux au ciel et passer à autre chose. Alors, les jours de la ministre à la chancellerie sont-ils comptés ? Pas si simple. Elle confie volontiers à des proches qu’après son accouchement, une nouvelle vie s’offrira à elle. Elle afficherait, dit-elle, le père de son enfant avec qui elle pourrait partir vivre à l’étranger. Peut-on la croire ? Des âmes charitables affirment qu’à l’heure de la curée Rachida Dati, qui connaît les histoires de famille et du département des Hauts-de-Seine pour s’être occupée pendant quelque temps, en 2005, du secteur sensible des marchés publics, saura, le cas échéant, se rappeler aux bons soins de son protecteur

Ceux qui la soutiennent

Jean-Pierre Raffarin Ancien Premier ministre et sénateur.

Sur Europe 1 : « C’est une fille exceptionnelle. On l’a envoyée au feu pour mener des réformes très importantes. On s’attaque plus à sa personne qu’à sa politique. »

Roger Karoutchi Secrétaire d’Etat aux Relations avec le Parlement.

« Il n’y a pas à sauver ou à ne pas sauver » Rachida Dati. « Il y a à reconnaître le boulot qui a été fait. Et, a-t-il ajouté sur France Inter, elle fait un boulot formidable. »

Nathalie Kosciusko-Morizet Secrétaire d’Etat à l’Ecologie.

Avec Dati, elle a effectué un tour de France des quartiers populaires. « C’est notre G2 » a ironisé la secrétaire d’Etat à Royan, dans un clin d’oeil au G7 de Sarkozy, ce cénacle de sept ministres choisis pour relayer sa politique auprès de l’opinion.

Ceux qui la dénigrent

Rama Yade Secrétaire d’Etat aux Droits de l’homme.

Elle ne rate pas une occasion d’asticoter sa collègue. A une réception à la Maison-Blanche, en novembre 2007, Rachida Dati se faufile par l’entrée principale, juste derrière le président. « On prétend à l’Elysée qu’elle a fait exprès d’être en retard pour ne pas arriver avec les autres ministres », lâche-t-elle, venimeuse.

Edouard Balladur Ancien Premier ministre.

Chargé de présider la commission sur la réforme des institutions, présentée comme le projet phare du quinquennat, le mentor de Sarkozy n’a pas souhaité que la ministre de la Justice défende le texte de loi devant les parlementaires. Il ne la jugeait pas « à la hauteur ».

Brice Hortefeux Ministre de l’Immigration, de l’Intégration, de l’Identité nationale.

Trop habile pour avoir jamais prononcé en public un mot contre elle, ce fidèle de Sarkozy n’a jamais apprécié la montée au firmament de Rachida Dati auprès de son ami Nicolas. Cette ascension, appuyée par Cécilia, s’est faite à son détriment pendant la campagne.

Quand Dati met le feu

Les petites phrases de Rachida Dati qui ont soulevé tollés et désaveux, y compris dans la majorité.

« Dire qu’un mineur d’aujourd’hui peut justifier une sanction pénale à partir de 12 ans me semble correspondre au bon sens. » « Les juges pour mineurs doivent pouvoir disposer d’une palette de réponses adaptées qui vont jusqu’à l’incarcération. »

Le 3 décembre, lors de la remise du rapport de la commission Varinard sur la réforme de la justice des mineurs.

« Le juge d’instruction prend son mandat d’amener dans le cadre d’une procédure tout à fait régulière avec des outils juridiques tout à fait autorisés par la loi. »

Le 1er décembre, au Sénat, à propos de l’interpellation de l’ancien directeur de « Libération », Vittorio de Filippis.

« Un malaise ? Quel malaise ? »

Le 22 octobre, à Metz, où les magistrats, ulcérés que la ministre ait demandé des comptes après le suicide d’un mineur, boycottent sa visite. « On avait pourtant dit : pas la presse ! » ajoute-t-elle.

« Le fait d’annuler un mariage est aussi un moyen de protéger la personne qui souhaite peut-être se défaire du mariage, parce que je pense que cette jeune fille a souhaité également se séparer assez rapidement. »

Le 31 mai, à la suite de l’annulation d’un mariage à Lille au motif que l’épouse avait menti sur sa virginité.

A Paris, Rachida Dati « s'implique »

N’en déplaise aux mauvaises langues, Rachida Dati, élue maire du 7e arrondissement aux dernières municipales, « s’implique ». C’est ce que martèle Pierre-Yves Bournazel, l’envoyé spécial de l’Elysée mandaté pour cadrer sa communication. Malgré ses activités de ministre qui l’accaparent, la garde des Sceaux consacre une partie de ses vendredis à sa mairie, ainsi que les week-ends. Transports, sécurité, vie de quartier, Grand Paris, elle aurait l’oeil à tout. Elle rencontre aussi des élus, le b.a.-ba de la fonction, et il lui arrive de célébrer des mariages, elle qui avait pourtant délégué cette mission à un adjoint le jour des noces de la fille de son (ex) grande amie Cécilia. Le couple Sarkozy venait, il est vrai, de divorcer et il lui fallait choisir.

L’ayant rencontrée pour discuter du budget de l’arrondissement, Anne Hidalgo, l’adjointe de Bertrand Delanoë à la mairie de Paris, l’avait trouvée sinon amateur, du moins un peu besogneuse dans ses explications.

Au lendemain de son élection, remportée au second tour avec 57,69 % des suffrages, Rachida Dati, alors étoile montante de la sarkozie, s’était imaginé un destin Capitale. Philippe Goujon ayant fait part de son intention de quitter la présidence de la fédération UMP de Paris, elle s’était portée candidate. Face à l’appétit de Christine Lagarde, ministre de l’Economie, pour le poste, et devant le risque de division au sein de la droite, elles ont finalement toutes deux été priées de revoir leurs ambitions.

Interview Jean-François Copé, président du groupe UMP à l'assemblée

Le Point : Rachida Dati est-elle une bonne ministre ?

Jean-François Copé : C’est une ministre courageuse. Les chantiers difficiles, elle les a ouverts et menés avec ténacité : carte judiciaire, mineurs délinquants, multirécidivistes... Elle applique à la lettre le programme sur lequel nous avons été élus et qui nous engage tous.

Comprenez-vous les reproches qui lui sont faits ?

C’est inhérent à la fonction. Garde des Sceaux, c’est un métier très difficile et très exposé.

Ses relations exécrables avec les magistrats sont-elles compatibles avec son maintien au gouvernement ?

Il faut remettre les choses dans l’ordre. Qui choisit les ministres ? Le président de la République ! Sinon, ce serait le monde à l’envers ! Que dire de Xavier Darcos avec les syndicats d’enseignants et de Xavier Bertrand avec les partenaires sociaux ?

Quelle est, selon vous, sa principale qualité ? Son plus gros défaut ?

Sa principale qualité : je ne l’ai jamais vue avoir froid aux yeux. Son principal défaut : quand elle n’aime pas quelqu’un, cela se voit tout de suite sur son visage. Je vous avoue avoir le même défaut qu’elle !

Vous êtes un des rares ténors de la majorité à accepter encore de la défendre. Comment votre relation amicale s’est-elle nouée ?

Pendant la campagne présidentielle, j’avais proposé à Nicolas Sarkozy de tenir un meeting dans un quartier sensible de Meaux. L’ensem-ble de son équipe d’alors me pilonnait. Elle a été la seule à penser que le défi méritait d’être relevé. Je ne l’ai jamais oublié.

Quoi qu’il arrive, restera-t-elle votre amie ?

Drôle de question ! Heureusement que l’amitié dépasse les modes !




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