(dépêche)
MoDem : Jean Arthuis veut raisonner François Bayrou
Publié le 16/11/2007 à 10:51 - Modifié le 16/11/2007 à 10:52 Le Point.fr
Propos recueillis par Charlotte Chaffanjon - Rubrique coordonnée par Valérie Peiffer
Jean Arthuis, sénateur UDF-Mouvement démocrate, appelle à un rassemblement de tous les centristes. Il s'explique au Point.fr.
Le Point.fr : Pensez-vous qu'il soit possible de rassembler les centristes sous une même bannière ?
Jean Arthuis : Je suis très attaché au rassemblement de ma famille politique. La dispersion des centristes, qui s'est manifestée en 2002 et en 2007, doit cesser. Aujourd'hui, nous en payons le prix. Le MoDem a quatre députés à l'Assemblée, et il est complètement absent du débat. François Bayrou doit jeter ses rancoeurs à la rivière et tendre la main à tous les centristes. Quand je pense au Nouveau Centre, je ne vois pas bien ce qui nous différencie d'eux, et je les invite à rejoindre l'UDF-Mouvement démocrate.
L. P. : Que reprochez-vous exactement à François Bayrou ?
J. A. : Il a présidentialisé à outrance la gouvernance du parti, parce qu'il ne pense qu'à 2012. Tout le reste est devenu accessoire à ses yeux. Il a laissé partir bon nombre d'élus, pour fonder le Nouveau Centre, juste parce que ces derniers s'étaient rapprochés de Nicolas Sarkozy. C'est affligeant. Il semble oublier que, s'il a pu se présenter à la présidentielle, c'est grâce aux membres de l'UDF. Je pense que ceux qui négligent leur passé raccourcissent leur avenir. La preuve ? François Bayrou est aujourd'hui à la tête d'un parti sans élu. C'est tout de même singulier.
L. P. : Envisagez-vous de quitter le MoDem pour le Nouveau Centre ?
J. A. : Ce n'est pas à l'ordre du jour. Je ne vois pas pourquoi je quitterais ma famille politique, et je n'entends surtout pas en laisser les clefs à François Bayrou. Je reste à l'UDF-MoDem pour en dénoncer la présidentialisation et l'absence de vie démocratique. Par ailleurs, je pense que les petites chapelles ne peuvent pas nous aider à nous reconstruire. Je le répète, ce qu'il faut, c'est le rassemblement. Cela peut sembler utopique, mais il faut bien un peu d'utopie en politique.
L. P. : Quels sont les enjeux du congrès extraordinaire de l'UDF et du congrès fondateur du MoDem, qui se tiendront les 29 novembre, 1 et 2 décembre à Villepinte ?
J. A. : Il faut définir une ligne politique et établir un projet pour la France. Mais avant tout, il faut clarifier le mode de fonctionnement du parti. Aujourd'hui, au bureau politique de l'UDF, le vote se fait par acclamation, et non par délibération ! C'est insensé. En outre, il est anormal que François Bayrou ait le droit de nommer et de révoquer comme bon lui semble les membres du comité exécutif du parti. Ce qu'il nous faut, c'est une direction générale, des services, une organisation administrative, des réunions avec des ordres du jour et des comptes rendus... En somme, tout ce qui fait le fonctionnement d'un parti démocratique !