(dépêches)
Madagascar: l'opposition nomme ses "ministres" et appelle à une ville morte
10 février 2009 - il y a 12 min - Grégoire POURTIER
Le camp du maire destitué de la capitale malgache Andry Rajoelina, engagé dans un bras de fer avec le président Marc Ravalomanana, a désigné mardi quatre "ministres" et appelé à une opération ville morte mercredi, lors d'un rassemblement public à Antananarivo.
Ces nominations, qui s'incrivent dans une logique de mise en place par M. Rajoelina d'institutions de transition à Madagascar, interviennent au lendemain d'une rencontre avec un envoyé spécial de l'ONU, au cours de laquelle l'ex-maire s'est dit prêt à un dialogue sous conditions avec M. Ravalomanana.
Mardi matin, sous la pluie et devant environ 5.000 personnes, le "Premier ministre" de M. Rajoelina, Monja Roindefo, homme politique de Toliara (ex-Tuléar, sud-ouest), a proclamé les noms de quatre "ministres" censés à ses yeux remplacer les ministres en poste.
Il a ainsi nommé ses "ministres" de la Sécurité intérieure, de la Décentralisation et de l'Aménagement du territoire, de l'Intérieur et des Finances et du Budget.
"D'ici la fin de la semaine, j'aurai nommé tous les ministres", a affirmé à la tribune M. Roindefo, en précisant que son "gouvernement" devait se mettre au travail à partir de lundi.
Le rassemblement était une nouvelle fois organisé sur la place du 13-Mai, lieu historique de la contestation politique malgache.
La foule s'est ensuite dispersée dans le calme, au soulagement de nombreux Tananariviens qui craignaient que M. Roindefo n'appelle les manifestants à aller installer les nouveaux ministres dans les ministères, laissant présager un nouveau face-à-face entre partisans de M. Rajoelina et forces de l'ordre.
De fait, mardi matin, plusieurs ministères - Intérieur, Education, Affaires étrangères - tournaient au ralenti: un employé du ministère des Affaires étrangères a expliqué à l'AFP, sous couvert d'anonymat, que le personnel avait reçu pour consigne de quitter les lieux à midi et d'emporter avec lui les dossiers les plus importants.
De son côté, Andry Rajoelina a appelé la population à rester chez elle mercredi. "Demain, personne ne sortira de chez soi. Les travailleurs n'iront pas travailler et les élèves n'iront pas à l'école", a affirmé M. Rajoelina à la tribune.
Il a également indiqué qu'un rassemblement prévu mercredi par le parti présidentiel TIM au stade municipal serait autorisé par son équipe à la mairie d'Antananarivo.
Samedi, M. Rajoelina avait pris la tête, devant plus de 20.000 partisans, d'une Haute Autorité de transition, défiant encore un peu plus le pouvoir.
Quelques heures plus tard, la garde présidentielle avait tiré sans sommation sur la foule de ses partisans massés devant le palais abritant le bureau du président dans le centre de la capitale, faisant au moins 28 morts et 212 blessés.
En coulisses, la communauté internationale multiplie ses efforts pour amener les deux hommes à une table de négociations.
Lundi, l'émissaire dépêché à Madagascar par le secrétaire général de l'ONU a réclamé "une solution pacifique et démocratique" à la crise lors d'un entretien avec le chef de l'Etat qui n'a pas écarté le principe d'un dialogue.
De son côté, le maire a déclaré à l'émissaire de l'ONU, Haïlé Menkerios, qu'il acceptait également le principe d'un dialogue "mais à condition que ce dialogue aboutisse soit à une élection présidentielle soit à un régime de transition".
M. Menkerios, qui doit quitter Madagascar mercredi, a une nouvelle fois rencontré le chef de l'Etat mardi matin, a-t-on appris auprès de la présidence.
Madagascar: rassemblement sans incident de l'opposition à Antananarivo
10 févr 2009 - il y a 10 min
Le chef de l'opposition malgache Andry Rajoelina a tenu mardi une réunion qui s'est déroulée dans le calme à Antananarivo, trois jours après que les forces de l'ordre eurent tiré sur ses partisans faisant 25 morts.
Quelque 10.000 personnes se sont rassemblées sur la place centrale de la capitale malgache où M. Rajoelina, le chef de la contestation contre le président Marc Ravalomanana, réunit régulièrement ses sympathisants.
M. Rajoelina accuse le président Ravalomanana de gaspiller les fonds publics et de mettre en danger la démocratie. L'ex-maire d'Antananarivo, récemment limogé par le gouvernement, s'est autoproclamé président et a même annoncé son gouvernement mardi, mais ces déclarations apparaissaient avant tout symboliques et comme relevant d'un exercice de rhétorique.
Le président malgache a appelé au rassemblement de ses supporters mercredi dans un stade d'Antananarivo.
Madagascar: démission de la ministre de la Défense, hommage aux victimes
9 février 2009 à 19h34 - François AUSSEILL
La ministre de la Défense de Madagascar a démissionné pour dénoncer la mort de 28 personnes lors d'une manifestation d'opposants à Antananarivo, où plus de 5.000 personnes ont rendu lundi hommage dans le recueillement aux victimes à l'appel du maire destitué Andry Rajoelina.
Un peu plus tôt, le Conseil des ministres avait avalisé la démission de la ministre de la Défense, en nommant son successeur, le vice-amiral Mamy Ranaivoniarivo, jusqu'à présent directeur de cabinet militaire auprès de la présidence.
"Selon ce qui avait été convenu au niveau du gouvernement, les forces de l'ordre étaient censées protéger la population et ses biens", a écrit la ministre de la Défense Cécile Manorohanta, dans un texte daté de dimanche ajoutant: "Après tout ce qui s'est passé, je décide de ne plus faire partie de ce gouvernement à partir de ce moment".
Au moins 28 personnes ont été tuées et 212 blessées samedi à Antananarivo par la garde présidentielle qui a tiré sans sommation sur les partisans du maire destitué de la capitale, engagé dans une épreuve de force avec le régime.
La garde présidentielle a tiré sur la foule qui marchait sur le palais abritant le bureau du président dans le centre d'Antananarivo.
Lundi, la presse malgache, étalait en une une indignation quasi-unanime: "Bain de sang", "carnage", "boucherie".
En tout, une centaine de personnes ont été tuées à Madagascar dans les violences qui ont émaillé depuis le 26 janvier le bras de fer entre M. Rajoelina - démis de ses fonctions de maire par le gouvernement - et le président Marc Ravalomanana.
Dans le même temps, la communauté internationale, peu écoutée jusqu'à présent, poursuivait ses efforts pour éviter que la situation ne dégénère encore plus et tenter d'organiser un dialogue entre MM. Rajoelina et Ravalomanana.
L'émissaire dépêché à Madagascar par le secrétaire général de l'ONU a réclamé lundi "une solution pacifique et démocratique" à la crise lors d'un entretien avec le chef de l'Etat, a indiqué un communiqué de la présidence malgache.
L'émissaire de l'ONU, Haïlé Menkerios, a ensuite rencontré M. Rajoelina à son domicile.
Selon un communiqué des Nations unies diffusé à Antananarivo, le maire a déclaré qu'il acceptait le principe d'un dialogue "mais à condition que ce dialogue aboutisse soit à une élection présidentielle soit à un régime de transition".
L'Union africaine a de son côté annoncé l'envoi imminent d'un émissaire, l'ancien ministre ivoirien des Affaires étrangères Amara Essy, pour essayer d'instaurer un dialogue, en appelant une nouvelle fois les "parties malgaches (...) à la plus grande retenue".
Quant au secrétaire d'Etat français à la Coopération Alain Joyandet, il a annoncé qu'il se rendrait mercredi à Madagascar avec une délégation de la Commission de l'océan Indien (Comores, France, Madagascar, Maurice, Seychelles) afin de plaider pour une issue pacifique à la crise.
La fusillade de samedi a profondément choqué les Tananariviens: plus de 5.000 d'entre eux se sont recueillis lundi sur la place du 13-Mai, où étaient exposés les cercueils de quatre des victimes, avant de se disperser dans le calme.
A cette occasion, M. Rajoelina a appelé ses partisans à se rassembler mardi matin sur la place.
La foule avait auparavant accompagné les cercueils dans une procession partie d'un gymnase jouxtant le stade municipal.
"J'étais toujours resté neutre avant samedi, mais plus maintenant", a expliqué Thaina Randrianalison, un étudiant de 26 ans rencontré dans le cortège.
M. Rajoelina, qui s'est autoproclamé en charge de la gestion des affaires du pays, s'est fait le porte-voix du ressentiment d'une partie de la population touchée par des difficultés économiques et attachée au respect des libertés publiques.
Madagascar : Rajoelina persiste à défier le pouvoir
Publié le 10/02/2009 à 16:04 Le Point.fr
lepoint.fr (avec agence)
Lors d'un rassemblement à Antananarivo le 10 février, le camp d'Andry Rajoelina (quatrième en partant de la droite) a nommé quatre "ministres" de transition. © WALTER ASTRADA/AFP
Le bras de fer continue à Madagascar entre le maire destitué de la capitale Andry Rajoelina et le président Marc Ravalomanana. C'est sous la pluie et devant quelque 5.000 personnes que Monja Roindefo, le "Premier ministre" nommé par Rajoelina, a proclamé les noms des quatre "ministres" - de la Sécurité intérieure, de la Décentralisation et de l'Aménagement du territoire, de l'Intérieur et des Finances et du Budget - censés, à ses yeux, remplacer ceux en poste. "D'ici la fin de la semaine, j'aurai nommé tous les ministres", a-t-il annoncé à la tribune, précisant que son "gouvernement" devait se mettre au travail à partir de lundi.
Andry Rajoelina a appelé la population à rester chez elle mercredi : "Demain, personne ne sortira de chez soi. Les travailleurs n'iront pas travailler et les élèves n'iront pas à l'école." Il a également indiqué qu'un rassemblement prévu mercredi par le parti présidentiel TIM au stade municipal serait autorisé par son équipe à la mairie d'Antananarivo. Samedi, le maire destitué avait pris la tête, devant plus de 20.000 partisans, d'une Haute Autorité de transition, défiant encore un peu plus le pouvoir. Quelques heures plus tard, la garde présidentielle avait tiré sans sommation sur la foule de ses partisans massés devant le palais abritant le bureau du président dans le centre de la capitale, faisant au moins 28 morts et 212 blessés.
Joyandet attendu mercredi
En coulisses, la communauté internationale multiplie ses efforts pour amener les deux hommes à une table de négociations. Lundi, l'émissaire dépêché à Madagascar par l'ONU a réclamé "une solution pacifique et démocratique" à la crise lors d'un entretien avec le chef de l'État, qui n'a pas écarté le principe d'un dialogue. De son côté, le maire avait déclaré à l'envoyé spécial de Ban Ki-moon qu'il acceptait également le principe d'un dialogue, "mais à condition que ce dialogue aboutisse soit à une élection présidentielle soit à un régime de transition".
L'Union africaine a dépêché mardi sur place son propre émissaire, l'ex-ministre des Affaires étrangères ivoirien Amara Essy. Dans le cadre d'une délégation de la Commission de l'océan Indien avec les Comores, Maurice et les Seychelles, la France va envoyer à Antananarivo mercredi son secrétaire d'État à la Coopération Alain Joyandet.
Madagascar : statu quo entre le président et le maire
Publié le 31/01/2009 à 11:45 - Modifié le 01/02/2009 à 18:56 Le Point.fr
AFP
Le maire d'Antananarivo Andry Rajoelina s'est "proclamé" samedi en charge de la gestion de Madagascar devant ses partisans rassemblés dans la capitale © RICHARD BOUHET / AFP
Le maire de la capitale malgache Andry Rajoelina s'est proclamé, samedi devant quelques dizaines de milliers de partisans, en charge des affaires du pays, mais le président Marc Ravalomanana a réaffirmé dans la soirée être "le président de ce pays". "Puisque le président et le gouvernement n'ont pas pris leurs responsabilités, je proclame que je vais gérer toutes les affaires nationales à partir d'aujourd'hui", a assuré M. Rajoelina, 34 ans, depuis la place du 13 Mai, lieu historique de la contestation malgache au coeur d'Antananarivo.
S'adressant à la presse, entouré de son gouvernement dans la salle du conseil des ministres, le président a dédaigné ces déclarations. "Je reste président de ce pays et je fais le nécessaire pour développer ce pays", a affirmé M. Ravalomanana. La situation était calme en province, a-t-il ajouté après s'y être rendu vendredi et samedi. Interrogé sur d'éventuelles poursuites judicaires contre le maire, le président a répondu: "nous avons un ministère de la Justice et aussi une Haute cour constitutionnelle et je crois qu'ils vont prendre leurs responsabilités". Le président a précisé qu'une délégation dirigée par le Premier ministre se rendrait dimanche au sommet de l'Union africaine d'Addis Abeba. Dans la capitale éthiopienne d'ailleurs, le président de la Commission de l'UA Jean Ping a averti samedi soir que "tout changement anticonstitutionnel à Madagascar sera condamné". Ce sont "des principes très clairs".
"A présent, je vais donner les ordres" (Andry Rajoelina)
Devant ses partisans, le maire a franchi une nouvelle étape dans son bras de fer avec le chef de l'Etat, annonçant son intention d'engager une procédure de destitution. "La demande du départ immédiat du président Ravalomanana sera déposée au Parlement pour suivre la procédure légale", a-t-il ajouté, quasi-invisible derrière des gardes du corps. "Nous sommes en train de mettre en place le gouvernement de transition et c'est moi qui vais gérer le gouvernement", a-t-il ajouté, avant de lancer un appel solennel à différents organismes publics. "Je fais appel à la banque centrale pour qu'elle ne délivre plus d'argent au gouvernement. Je demande à tous les ministères de fermer à partir de lundi. J'appelle les forces de l'ordre à nous rejoindre. A présent, je vais donner les ordres", a-t-il dit sous les acclamations.
Ces déclarations interviennent après plusieurs rassemblements de masse à Antananarivo, des pillages et la mort depuis lundi d'au moins 68 personnes, selon la gendarmerie. A peine connu lorsqu'il s'est lancé à la conquête de la mairie d'Antananarivo il y un peu plus d'un an, celui que l'on appelle "Andry TGV" pour son caractère fonceur s'est imposé depuis son élection le 12 décembre 2007 comme le principal opposant à M. Ravalomanana, au pouvoir depuis 2002. Il a su capitaliser sur son nom les frustrations des Malgaches durement touchés par la hausse mondiale des prix alimentaires, leur ressentiment face à ce qu'ils considèrent comme des privations de la liberté d'expression. La fermeture mi-décembre de la télévision du maire, "Viva", a servi de déclencheur au mouvement d'Andry TGV. Samedi, la foule s'est dispersée rapidement et dans le calme. Les forces de l'ordre étaient absentes de la place du 13 mai et de ses environs.