(dépêche)
Les députés UMP face à "une opinion publique inquiète et parfois hostile"
LE MONDE | 11.02.09 | 15h44 • Mis à jour le 11.02.09 | 15h44
Ambiance des mauvais jours, mardi 10 février, chez les députés de l'UMP. Les remontées du week-end, après l'intervention télévisée de Nicolas Sarkozy, ne sont pas bonnes. "Le Sarkozy libéral, ça ne marchait pas. Le Sarkozy social, ça ne prend pas plus, résume Marie-Anne Montchamp (Val-de-Marne). Le groupe mesure à quel point il va falloir s'habituer à vivre avec une opinion publique inquiète, et parfois hostile." Avant de partir en tournée dans le Golfe, le chef de l'Etat a fait passer le message aux dirigeants de la majorité : "Il va falloir se serrer les coudes."
11 h 30, salle Colbert, où se réunit le groupe UMP. Par quoi commencer ?, les sujets de crispation sont tellement nombreux... Jean-François Copé, le président du groupe, prend les devants : il annonce que la question de l'OTAN et de la défense européenne, qui divise fortement l'UMP, fera l'objet d'une réunion spéciale, mardi prochain.
Roselyne Bachelot intervient sur l'hôpital et la santé. Le projet du gouvernement suscite beaucoup d'interrogations. "Nous avons besoin de continuer à discuter", convient M. Copé. L'examen du texte commence dans l'après-midi.
Place aux universités et au statut des enseignants-chercheurs. Les élus s'interrogent sur l'objet de la mission de médiation annoncée la veille par la ministre, Valérie Pécresse. "Chez moi, tout le monde est contre la réforme, s'insurge Daniel Fasquelle (Pas-de-Calais), doyen de la faculté de droit de l'université du Littoral-Côte-d'Opale. Elle n'a aucune chance de réussir si elle n'est pas portée par le monde universitaire."
Pas question de lâcher, répliquent Claude Goasguen (Paris) et Benoist Apparu (Marne), pour qui "un recul serait pire que tout". Le "patron" des députés UMP annonce qu'"un groupe de travail va travailler au côté de la ministre". En attendant, la consigne est donnée : "soutien total à Valérie Pécresse". Interpellée à deux reprises, l'après-midi, lors de la séance des questions au gouvernement, celle-ci va recevoir une ovation debout de la part des députés de la majorité.
Sujet suivant, la Guadeloupe. Pas le temps d'en débattre. Le premier ministre, François Fillon, et le secrétaire d'Etat à l'outre-mer, Yves Jégo, doivent filer à Matignon pour une réunion interministérielle. M. Copé, qui s'est entretenu la veille avec le secrétaire d'Etat, tient à lui manifester son soutien. "C'est quand on est dans la difficulté qu'on doit pouvoir compter sur ses amis", glisse-t-il. Il n'ignore pas que M. Jégo a été rappelé à Paris contre son gré, et qu'il se plaint amèrement de n'avoir reçu, tout au long de ces quinze derniers jours, aucun signe de M. Sarkozy.
Mais le sujet qui mécontente tout le monde ou presque, ce sont les annonces sur la fiscalité faites par M. Sarkozy. Le chef de l'Etat veut supprimer la taxe professionnelle dès 2010, et a mis en discussion avec les partenaires sociaux la suppression de la première tranche de l'impôt sur le revenu (IR).
Les élus de la majorité sont vent debout. "Il dit qu'il supprime, mais il ne dit pas par quoi il remplace", regrette M. Apparu. Beaucoup estiment par ailleurs qu'il n'est pas opportun de toucher à l'impôt sur le revenu alors qu'un contribuable sur deux en est déjà exonéré. "Nous n'avons pas été associés au préalable", déplore M. Copé.
Patrick Roger
Article paru dans l'édition du 12.02.09