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17 février 2009 2 17 /02 /février /2009 00:38

(dépêche)




Antananarivo en proie à de nouvelles violences

Monde 17/02/2009 à 06h51
Madagascar. Environ 10 000 personnes ont manifesté hier dans la capitale.
THOMAS HOFNUNG avec RÉMI CARAYOL (à Madagascar)

Après une brève accalmie, la tension est à nouveau très vive sur la Grande Ile. Hier, le centre-ville de la capitale Antananarivo a été le théâtre de heurts violents entre les partisans de l’opposant malgache et maire de «Tana», Andry Rajoelina - qui réclame la démission du président Marc Ravalomanana - et les forces de l’ordre. Des manifestants ont jeté des pierres sur les forces de sécurité, qui ont répliqué par des tirs de sommation en l’air pour disperser la foule, à proximité de la place du 13-Mai, haut lieu de la contestation malgache. Néanmoins le scénario sanglant du 7 février ne s’est pas reproduit : la garde présidentielle avait alors tiré sur la foule qui voulait prendre le contrôle des bureaux de la présidence, faisant 28 morts et près de 200 blessés. Hier soir, aucune victime n’était à déplorer.

«Encerclée». Les partisans de l’opposition, au nombre de 10 000 environ, avaient prévu, hier matin, d’accompagner jusqu’à leurs bureaux une délégation de «ministres» nommés par Andry Rajoelina, par défi envers un pouvoir qu’il veut ouvertement renverser. Mais l’opération a tourné court, et la délégation a quitté les lieux, laissant les manifestants en colère face aux forces de sécurité. Le maire de Tana, élu en décembre 2007, a demandé à la foule de rebrousser chemin. Cependant, les manifestants en ont décidé autrement. Rajoelina, surnommé «TGV» pour son côté fonceur, semble perdre le contrôle de la situation.

Erman, un manifestant, témoigne : «On s’est dirigés vers le ministère de la Jeunesse et des Sports, mais devant le camp militaire qui se trouve à proximité de la place du 13-Mai, il y avait un cordon militaire. Andry Rajoelina et Monja Roindefo [son «Premier ministre», ndlr] sont allés négocier avec les militaires, sans succès. C’est là que tout a basculé : alors qu’ils ont demandé à la foule de faire demi-tour, les manifestants ont refusé et ont dit qu’ils allaient prendre les ministères.» Un autre manifestant, Daniel, ajoute : «TGV est rentré dans sa voiture, mais elle n’a pas pu partir car la foule l’a encerclée ! C’était incroyable de voir qu’il n’avait plus le pouvoir sur ses propres partisans. Finalement, ils ont dû sortir de la voiture et partir à pieds.»

De passage à Madagascar la semaine dernière, le secrétaire d’Etat français à la Coopération, Alain Joyandet, avait fait état de négociations engagées entre les deux camps sous l’égide des églises chrétiennes, très influentes sur la Grande Ile. Cet espoir ténu semble mort-né. Car le jeune TGV (34 ans) ne veut plus négocier : «Les discussions sont terminées, car une de nos conditions est la démission du Président, mais il ne veut pas partir», a déclaré au Monde Rajoelina, ajoutant qu’il refusait de négocier avec quelqu’un qui a «du sang sur les mains».

Bras de fer. Samedi, Ravalomanana avait lancé : «Je suis président de la République et je tiens à le rester jusqu’à la fin de mon mandat [fin 2011], tout problème à Madagascar peut se régler par la discussion, nous allons tout faire pour rétablir la paix dans le pays et œuvrer au redressement économique.»

Un moment désarçonné, le président Ravalomanana, arrivé au pouvoir en 2002 à l’issue d’un long bras de fer avec son prédécesseur, Didier Ratsiraka, semble revigoré. Ses partisans ont multiplié, ces derniers jours, les rassemblements massifs dans la capitale comme autant de démonstrations de force. Le chef de l’Etat profite aussi de l’inexpérience de son rival qui, malgré la présence dans son entourage de vieux routiers de la politique locale, notamment des anciens de l’époque Ratsiraka, dit tout et son contraire et paraît hésiter sur la ligne à suivre.

TGV assure toutefois bénéficier du soutien de la majeure partie de l’armée. «L’armée n’a plus confiance, 80 % est avec moi, je ne parle pas des généraux, pour eux, il y a aussi l’appel de l’argent», affirme-t-il. Mais par le passé, notamment lors du conflit de 2001-2002, l’institution a veillé à rester neutre. Sur le plan diplomatique, Rajoelina est isolé. Après les putschs récents en Mauritanie ou en Guinée, l’Union africaine redoute plus que tout la multiplication des coups de force sur le continent. Tout comme Paris.



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