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L'assaut du palais d'Ambohitsorohitra
Tous les média francophones ont blâmé les tirs «sans sommation» des forces de l'ordre lors de la tentative de prise d'assaut du palais présidentiel d'Ambohitsorohitra par les partisans d'Andry Rajoelina, le samedi 7 février 2009.
Déroulement des événements
Les média francophones se sont contentés du schéma « classique » : le Président tire sur ses opposants donc il aurait tort.
Cette vision par trop réductrice cache la réalité des événements. Voici comment ils se sont exactement succédé, minute par minute.
10:30 D’après un témoin oculaire, il y aurait 5000 personnes environ sur la Place du 13 mai.
11:30 Andry « TGV » Rajoelina est sur la place du 13 Mai. Absence de Rossy (la star musicale qu'il avait appelée pour appâter la population sur radio et TV Viva toute la semaine en disant qu'il animerait la manifestation)
12:30 Andry Rajoelina annonce la composition de son gouvernement de transition : Monja Roindefo, fils de feu Monja Jaona (président du parti Monima Ka), est désigné « Premier Ministre de son gouvernement de transition »
12:45 Andry Rajoelina s'est déclaré « président de la Haute Autorité pour la Transition ».
13:25 Il a exhorté ses partisans à se diriger vers Ambohitsorohitra, le Palais d'État Présidentiel, dont il sait pertinemment être en « zone rouge ».
13:45 Présence imposante des forces de l’ordre à Antaninarenina.
13:50 Les premiers manifestants sont maintenant sur le Jardin d’Antaninarenina. Les forces de l’Ordre à l’extérieur du Palais semblent avoir reçu instruction de ne pas tirer. Des gardes présidentiels, à l’intérieur du Palais, seraient en train de prendre position. Monja est en tête du cortège, dans une voiture. Andry Rajoelina s'est éclipsé en faisant bifurquer sa voiture au niveau d'Ambatonakanga (intersection menant vers le palais présidentiel).
13:55 Un barrage de l'Emmo (Etat Major Mixte Opérationnel, forces de l'ordre) stoppe la foule au niveau de l'Hôtel du Louvre, à environ 150m du Palais d'Etat Présidentiel d'Ambohitsorohitra. Andry Rajoelina n'est pas présent. Le Général à la retraite Dolin Rasolosoa s'adresse à la foule depuis une voiture, et déclare : « Les militaires sont nos amis ».
14:00 Grosse tension devant le palais. Des soldats casqués et avec des boucliers mais sans mitraillettes, sont présents à chaque artère menant au palais.
14:10 Contrairement à 2002, aucun représentant des églises ni de « mpiandry » ne sont présents.
14:15 Dolin descend de sa voiture, s'approche du cordon des forces de l'ordre, et demande à parler à un de leurs supérieurs. Un gradé de l'Emmo s'avance. Dolin et d'autres représentants de Andry Rajoelina demandent à entrer dans le Palais d'Etat et à parler avec le Premier Ministre, ainsi que d'autres Ministres. Le responsable de l'Emmo déclare que « C'est impossible», mais qu'il va en référer aux gradés du Palais. Accord des responsables de la sécurité du Palais pour des émissaires de franchir le 1er barrage. Le responsable de l'Emmo les fait passer au travers du cordon, vers le Palais.
14:18 Avertissement des militaires : les manifestants ne doivent pas entrer dans la zone rouge. Les militaires dans le palais eux sont armés et prêts à tirer.
14:35 Monja et sa délégation entrent dans le palais : onze personnes, dont Dolin, s'avancent vers le portail du Palais. Elles s'entretiennent avec les responsables de la sécurité. Les représentants de Andry Rajoelina écartent tous les journalistes.
Dolin formule sa requête : « La foule veut rentrer dans le Palais . »
L'officier de sécurité est parti se référer à son supérieur.
Quelques minutes plus tard : L'officier responsable de la sécurité répond : « Négatif ». Il explique qu'ils se trouvent dans une « zone rouge », qui doit être protégée. Il prévient que les Forces de l'Ordre ne peuvent en aucun cas laisser entrer la foule dans le Palais d'Etat Présidentiel de force ou en souplesse.
Dolin répond qu'il ne peut pas arrêter la foule, et demande à nouveau à ce qu'ils laissent la foule entrer.
L'officier responsable répond que la foule a été entraînée jusqu'au Palais par les organisateurs, et que c'est à eux de leur demander de partir et à ne pas les inciter à avancer. Il les avertit à nouveau qu'ils savent ce qui va se passer s'ils continuent à avancer.
Dolin revient vers la foule pour leur annoncer le refus des forces de sécurité. Il leur dit « C'est un refus ! C'est un refus ! Ils vont tirer, mais la population ne va pas reculer ! » . Il leur fait signe de la main d'avancer et de forcer le cordon des forces de l'ordre (plusieurs vidéos le montrent clairement) . La foule se rue vers le Palais.
14:50 Les forces de l'ordre à l'extérieur du Palais lancent une grenade fumigène. La foule continue à courir vers le Palais. Suivent des tirs de sommation en l'air.
14:55 Coups de feu à Ambohitsorohitra, pas d’informations confirmées s’il y a des blessés. Avis contradictoires: d’après la radio Antsiva les tirs viendraient de l’extérieur, près de l’hôtel Colbert, plus exactement d'une partie même de la foule. Selon la radio Viva (appartenant à Andry Rajoelina) en revanche les tirs viendraient du palais.
15:00 Confirmation : Des manifestants sont blessés.
15:40 300 blessés (estimation provisoire) d’après les secouristes de l'hôpital HJRA (Hôpital Joseph Ravoahangy Andrianavalona) . Des ambulances sont à Antaninarenina. Il y aurait près de 15 morts. Un journaliste de la RTA serait touché. Des renforts de l’Emmo devraient arriver sur les lieux.
15:45 Des témoins auraient vu des individus en civils ouvrir le feu sur la foule. Personne ne connaît leur identité mais des proches de Andry « TGV »Rajoelina affirment que ce sont “des mercenaires au service de l’Etat”. Des témoins affirment au contraire qu'ils faisaient partie de la sécurité de TGV. 2 journalistes auraient été touchés.
16:00 De nouveaux coups de feu ont retenti à Ambohitsorohitra. Incertitudes sur les auteurs et les cibles.
16:05 L’Emmo quadrille Antaninarenina. Des manifestants sont toujours présents.
16:10 Confirmation : Le journaliste de la RTA est mort.
16:25 Bilan provisoire d’HJRA, 15 morts (25 morts selon Antsiva).
16:25 Des gendarmes blessés par balle sont pris en charge par les secouristes.
16:40 D’après les images diffusées par MaTV et TV Plus, Andry Rajoelina n’était pas à Antaninarenina.
Seuls Dolin et Monja étaient présents ; ceux-ci font l’objet d’un mandat d’arrêt des forces de sécurité. Les forces de sécurité ont repris le contrôle d’Antaninarenina.
16:45 HJRA lance un appel aux élèves paramédicaux pour les aider à soigner les blessés.
17:40 Le président de la République, Marc Ravalomanana, a fait une déclaration sur TVM. Il appelle la population à rester calme. Il se dit très touché et affecté par les pertes humaines, et dénonce l’irresponsabilité de ceux qui se permettent de lancer la foule sur un palais présidentiel. “Ceux-ci sont allés trop loin”.
17:45 Des groupes de casseurs et de pilleurs se sont formés.
18:00 L’hôtel du Louvre dément la présence de mercenaires, la prise d’otages, et la présence de militaires sur leur toit comme annoncées préalablement par la radio VIVA.
18:40 L’Ambassade de France a appelé tous ses ressortissants, et leur a fortement conseillé de ne pas quitter leur domicile. La situation est considérée comme “extrêmement préoccupante”, et des mesures vont êtes prises pour garantir la sécurité des expatriés.
18:50 L’hôpital HJRA appelle aux dons de sang.
23:00 Interrogé par CNN, Rodney Ford, un porte-parole de l’Ambassade des Etats-Unis à Madagascar, a déclaré que son pays a oeuvré jusqu’au bout pour le dialogue et pense que “personne ne voulait la violence”. Il a aussi ajouté avoir reçu des rapports selon lesquels la garde présidentielle a jeté des gaz lacrymogènes et tiré des coups de sommation pour disperser la foule.
Responsabilité de Rajoelina et consorts
Il ressort de ces événements que :
• Andry Rajoelina a amorcé la marche vers le palais puis s'est discrètement éclipsé à mi-chemin, laissant la foule « aller au charbon » et se mettant lui-même à l'abri.
• Malgré les avertissements des forces de l'ordre, les tirs de sommation en l'air et les gaz lacrymogènes, les meneurs Dolin et Monja ont fait signe à la foule d'avancer (prouvé par plusieurs vidéos). Il est donc clair que la foule a été manipulée par Andry Rajoelina et ses lieutenants Monja Roindefo et le général à la retraite Dolin Rasolosoa.
Ces trois-là savaient ce qui allait arriver. En effet, aucun pays au monde ne serait resté impassible devant une foule lancée à l'assaut d'un de ses palais présidentiels. Rajoelina et ses lieutenants portent donc SEULS l'entière responsabilité de la mort de leurs partisans.
Source :
Tiako i Madagasikara (parti du Président Ravalomanana), 14 février 2009.