(dépêche)
Après Radio France, ce que Sarkozy prépare pour France Télévisions
Aujourd'hui, 11h51
Bruno Roger-Petit - LePost Imprimer Maintenant que le sort de Radio France/Inter est scellé avec la future probable nomination du tandem Hees-Val, penchons nous un instant sur la stratégie présidentielle relative à France Télévisions. Lire la suite l'article
(photo: Carolis-Duhamel: les forces de la joie en pleine création)
Résumé des épisodes précédents
Depuis deux ans, tout a été fait pour pourrir la vie de Patrick de Carolis et Patrice Duhamel. En vain. Tout a échoué. Ils ne sont pas partis, et ils continuent de s'accrocher, envers et contre tout. A tel point que l'on peut se demander parfois si, dans ce pays où tous les contre-pouvoirs ont été détruits en quelques mois, la présidence de France Télévisions n'est pas l'incarnation de la dernière opposition vivante aux caprices présidentiels.
Il y quelques semaines, la stratégie présidentielle a changé. Puisque l'on ne peut obtenir le départ du tandem, obtenons des départs successifs. Et de tout faire pour inciter Carolis à dégager son ami de quarante ans Patrice Duhamel. Le président n'hésite même plus à dire du bien de Carolis devant des interlocuteurs ciblés de façon ce que cela lui soit répété tout en disant le plus grand mal de Duhamel. Habile... Carolis se dit que s'il sacrifie Duhamel, il aura une fin de mandat tranquille, il nomme à la place du banni celui ou celle que l'Elysée veut voir nommer, il négocie son petit poste d'après France Télévisions et roule Bouboule, le président est parvenu à ses fins... Mais pour cela, il faut que Carolis comprenne bien qu'il doit exécuter Duhamel.
Ce même Duhamel a donc été "paillassonné" il y a quelques jours, lors d'une convocation élyséenne. Il est rentré à France Télévisions sonné tel Foreman à Kinshasa en 1974, confessant son envie de jeter l'éponge, mais il s'est repris très vite. Le beau bureau, la voiture avec chauffeur, Cannes et Roland Garros qui approchent... Non, surtout ne pas partir maintenant.
Du coup, le président a décrété qu'il ne s'en occuperait plus, ce qui veut dire qu'il ne pense plus qu'à ça. Duhamel qui ne part pas, le nom du successeur que l'Elysée veut imposer à Carolis demeure inconnu. Dommage, cela aurait permis de tout changer à France Télévisions avant le terme du mandat de Carolis. Une belle opération inaboutie...
Et puis, Le chef de l'Etat en veut aussi à Arlette Chabot, dont il souhaite le départ. Beaucoup (et j'en étais) s'interrogeaient sur les raisons profondes de cette disgrâce... Un fin connaisseur de ces affaires a fini par m'expliquer que le président en avait toujours voulu à tatie Arlette de son revirement chiraquien de 1995, revirement survenu après avoir passé deux ans à choisir les cravates de Balladur. Naïvement, il avait pensé que c'est par conviction que tatie Arlette avait choisi le balladurisme... Il aurait dû me demander à l'époque, je lui aurais dit moi. J'avais déjà vu tatie quasiment en larmes dans le bureau d'un présentateur du 20 heures de France 2, en 1992, parce que Bérégovoy, alors Premier ministre était reparti un peu fâché à l'issue d'une interview. Entre deux hoquets elle disait: "qu'à peine arrivée, (elle) serait déjà virée", c'est vous dire la force de ses convictions. (Et des anecdotes comme ça sur Tatie Arlette, j'en ai un paquet)
Bref, on s'égare. Tout ça pour vous dire que si Carolis persiste à maintenir Duhamel, ça va chauffer. Mais très franchement, depuis la suppression de la pub et l'arrivée de l'inévitable masse de licenciements, je ne vois pas ce que l'on peut inventer de pire pour faire dégager le tandem Carolis/Duhamel. C'est bien ce que je disais, la présidence Carolis est le dernier bastion de résistance française au sarkozysme... Quel drôle de monde...