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8 mars 2008 6 08 /03 /mars /2008 12:50

(dépêche)


L'UMP et le Parti socialiste disputent au MoDem les suffrages centristes du Grand Ouest

LE MONDE | 05.03.08 | 12h43  •  Mis à jour le 05.03.08 | 17h06

Où va l'électorat centriste de ce Grand Ouest qui, du Finistère à la Mayenne, des Côtes-d'Armor à la Loire-Atlantique, en passant par le Morbihan et l'Ille-et-Vilaine, a donné entre 21 % et 24 % des voix à François Bayrou au premier tour de l'élection présidentielle en 2007 ? L'UMP ne cesse de s'interroger sur les résultats des élections législatives qui ont suivi.

L'Ille-et-Vilaine constitue un cas d'école. Ses principales figures centristes, à l'image de Pierre Méhaignerie, ont rejoint l'UMP en 2002. Elle compte alors cinq députés, le PS deux. Au premier tour des élections législatives de juin 2007, l'UMP obtient près de 170 000 voix sur les sept circonscriptions du département, le PS un peu plus de 130 000 et le MoDem 52 000. Résultat, à l'issue du second tour : deux élus pour l'UMP, quatre pour le PS et un pour le MoDem. La perte est sèche. Et les élections municipales à venir ont toutes les chances de confirmer la tendance : l'UMP ne parvient pas à gagner le coeur de cet électorat.

"L'Ouest est plus adapté à ce centrisme qui va de Jacques Delors à Raymond Barre, analyse M. Méhaignerie. Si j'ai été élu au premier tour des législatives, ce n'est pas seulement sur les thèmes de Sarkozy : c'est sur ses thèmes, plus le centrisme." "Il reste ici un fond démocrate-chrétien important, poursuit le président de la commission des affaires sociales de l'Assemblée. La façon d'aborder la question de l'immigration, par exemple, avec ces objectifs chiffrés de reconduite à la frontière, passe très mal. Cela ne cadre pas avec les traditions d'humanisme de ce courant de pensée."

Problème : le parti présidentiel peut-il durablement passer par pertes et profits une partie de son électorat ? La tenue, en novembre 2007, d'un conseil national de l'UMP à Pornic (Loire-Atlantique), a marqué l'amorce d'une réflexion destinée à "redonner à sa composante "centre" toute sa place". Tout récemment, autour de M. Méhaignerie, le premier vice-président de l'UMP, Jean-Pierre Raffarin, et Ambroise Guellec, député européen et conseiller régional de Bretagne, s'est tenue une "réunion stratégique". "Il y a une UMP centriste de l'Ouest à créer, confie M. Méhaignerie. Nous réfléchissons pour le Grand Ouest à une sorte de CSU (la branche bavaroise de l'Union chrétienne-démocrate allemande). Cet électorat centriste peut revenir vers l'UMP si elle montre qu'elle est capable d'héberger en son sein une véritable aile centriste." L'ambition du député d'Ille-et-Vilaine est de parvenir à fédérer les forces centristes "libres" et celles de l'intérieur de l'UMP.

"Méhaignerie est toujours orphelin de l'Union en mouvement. Il s'imaginait alors que l'union de la droite et du centre serait un mariage entre égaux. Il pense maintenant que, en raison de la désillusion sarkozyenne, il va réussir à rétablir l'équilibre", constate Philippe Nogrix, sénateur (Union centriste-UDF) d'Ille-et-Vilaine, qui organise dans ce département les premiers pas du MoDem.

S'il ne croit guère dans les chances de voir aboutir une "fédération centriste" de l'Ouest, M. Nogrix n'en mesure pas moins le chemin à parcourir pour que cet électorat, dont il concède qu'il a été "déstabilisé", puisse s'identifier au MoDem. "Avant, la tendance dominante de l'UDF était l'alliance avec la droite, analyse-t-il. Les nouveaux arrivants, ceux qui se sont enthousiasmés pour la campagne de François Bayrou, porteurs d'une sensibilité différente, sont aujourd'hui devenus majoritaires. La difficulté consiste à marier ces deux cultures." Toutefois, tient-il à préciser, "ici, on est attaché aux racines de l'UDF, sa disparition trop rapide serait néfaste".

"Ce qui se passe à Rennes peut préfigurer ce qui se passera au niveau national", se félicite Caroline Ollivro, tête de liste du MoDem dans la capitale bretonne, persuadée de pouvoir "créer la surprise". Le MoDem est cependant loin de présenter dans chaque département, de manière uniforme, des listes aux élections municipales, préférant ailleurs ménager des alliances avec l'UMP, comme en Mayenne, département présidé par le sénateur (UC-UDF) Jean Arthuis.

Patrick Roger
Article paru dans l'édition du 06.03.08

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