(dépêches)
Sarkozy se voit en maître du monde
Politiques 16/04/2009 à 06h51
Le Président déjeunait hier avec des parlementaires de toutes tendances.
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MATTHIEU ÉCOIFFIER et FRANÇOIS WENZ-DUMAS
Nicolas Sarkozy lors de son discours de clôture du G20 à Londres le 2 avril.
Festival de «moi je» hier à l’Elysée. De l’entrée au dessert, des tomates mozzarella à la mousse aux éclats de fruits et de chocolat, la vingtaine de parlementaires de tous bords conviés à déjeuner par le chef de l’Etat pour discuter régulation du capitalisme et paradis fiscaux ont eu droit, selon un convive, à «du Nicolas Sarkozy à 200 %, c’est-à-dire étrangement proche de sa propre caricature. On était en petit comité mais il parlait comme à la télé ou à un meeting de l’UMP !»
Ces députés et sénateurs que recevait le président de la République font partie d’un groupe de travail original constitué en novembre pour réfléchir sur la crise financière internationale. Ce club composé de 12 députés et 12 sénateurs, a donc décidé à l’issue du déjeuner de se baptiser «G24». «Le G24 est bicaméral et multipartis», résume Hervé Mariton (UMP), qui est avec Jean-Pierre Brard (apparenté communiste), Jean-Pierre Chevènement (MRC), Henri Emmanuelli (PS) ou Nicolas Perruchot (Nouveau Centre) un des piliers de cet aréopage placé sous la double responsabilité des deux présidents des commissions des finances de l’Assemblée nationale et du Sénat, le socialiste Didier Migaud et le centriste Jean Arthuis.
Obama. Arrivé un peu en retard dans la petite salle à manger, le Président «a tenu sa promesse de nous informer du contenu du G20. Il nous reverra avant le prochain conseil européen de juin», raconte un participant. Et s’il «a été plus bavard que d’habitude», il a mené son débriefing tambour battant, tutoyant les uns, charriant les autres, tout en tapotant ses SMS, ravi de se mirer dans la vitrine de cette mini-union sacrée face à la crise.
En plat de résistance, les premiers pas de Barack Obama sur la scène internationale. «Obama est un esprit subtil, très intelligent et très charismatique. Mais il est élu depuis deux mois et n’a jamais géré un ministère de sa vie. Il y a un certain nombre de choses sur lesquelles il n’a pas de position», assure Nicolas Sarkozy. Et il «n’est pas toujours au niveau de décision et d’efficience», dont lui-même ferait preuve. Exemple : la taxe carbone. Compte rendu, version Sarkozy, de son échange avec Obama sur le sujet : «Je lui ai dit : "Je crois que tu n’as pas bien compris ce qu’on a fait sur le CO2. Tu as fait un discours, il va falloir des actes." Le pack énergie-climat que j’ai fait adopter sous la présidence française [de l’Union européenne, ndlr] prévoit en 2020 une baisse de 20 % des rejets de 1990. Nous, en Europe, il y a des sanctions contre les Etats et les entreprises. Lui, il s’engage seulement à revenir au niveau de 1990 et il n’y a pas de sanction.»
Nicolas Sarkozy tape aussi sur José Manuel Barroso, le président de la commission européenne, «totalement absent du G20». Angela Merkel ? «Quand elle s’est rendu compte de l’état de ses banques et de son industrie automobile, elle n’a pas eu d’autre choix que de se rallier à ma position», s’autocongratule le Président.
Après ce compte rendu très personnel du G20, on passe aux choses sérieuses : la régulation du système bancaire et les paradis fiscaux. Nicolas Sarkozy propose de «créer un véhicule pour mutualiser les actifs pourris des établissements bancaires», afin de ne pas refaire comme naguère avec le Crédit lyonnais une bad bank chargée d’écouler les actifs douteux. En même temps, il fait l’éloge de la titrisation, pourtant à l’origine de la crise américaine. «Il y a eu des excès, mais il faut la faire repartir», lâche Sarkozy. Henri Emmanuelli objecte un «ça se discute». «Henri, toi qui as été banquier, tu le sais très bien. La titrisation a permis le développement du monde depuis vingt ans», réplique le chef de l’Etat. «Je vais exiger de la Commission européenne que les banques aidées ou nationalisées cèdent des actifs, comme j’ai été obligé de le faire quand j’ai acheté 22 % du capital d’Alstom», poursuit-il, évoquant l’opération qu’il avait réalisée en 2004 lors de son passage au ministère de l’Economie.
Le centriste Jean Arthuis s’inquiète du coût pour le contribuable ? «S’il y avait une solution plus simple, je pense qu’on me l’aurait dite», appuie Sarkozy. Quand Jean-Pierre Brard tente une percée sur le terrain du pouvoir d’achat, il se fait aussitôt rembarrer : «On ne va pas parler de ça. On ne va pas retomber dans la politique politicienne !»
Au moment du dessert, Nicolas Sarkozy se fait servir «une compote de pomme comme un enfant», s’étonne le député (Verts) François de Rugy. En guise de douceur, le président de la République ne résiste pas à informer ses convives que «le gouvernement espagnol vient d’annoncer la suppression de la publicité sur les chaînes publiques. Et vous savez qui ils ont cité en exemple ?» «On peut dire beaucoup de choses sur Zapatero», remarque Emmanuelli. «Il n’est peut-être pas très intelligent. Moi j’en connais qui étaient très intelligents et qui n’ont pas été au second tour de la présidentielle», s’amuse Sarkozy en allusion à Lionel Jospin. Avant de revenir à son sujet de prédilection : «D’ailleurs, dans ma carrière politique, j’ai souvent battu des gens dont on disait qu’ils étaient plus intelligents et avaient fait plus d’études que moi.»«On a pensé à Villepin», lâche un convive. Conclusion du Président : «L’important dans la démocratie, c’est d’être réélu. Regardez Berlusconi, il a été réélu trois fois.»
«Bolchevik».Avant de se séparer, le locataire de l’Elysée a promis aux élus du «G24» de les inviter pour un quatrième déjeuner en juin. Les deux premiers ont eu lieu début novembre 2008 et le 30 mars dernier. Incorrigible provocateur, Jean-Pierre Brard n’a pas pu s’empêcher de faire remarquer au rapporteur (UMP) du budget au Sénat, Philippe Marini, qui prônait la régulation qu’il allait «lui aussi devenir bolchevik». «J’ai toujours été antibolchevik !» s’est défendu le sénateur de l’Oise. «Et cette cravate rouge ?» lui a répliqué le député de Seine-Saint-Denis.
Le «sniper» Sarkozy irrite la presse anglophone
Politiques 17/04/2009 à 16h04
REVUE DE PRESSELes médias étrillent le Président, suite aux propos – révélés par «Libération» – qu'il a tenus à l'encontre de plusieurs leaders étrangers, Obama en tête.
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NICOLAS CHAPUIS et LAURE EQUY
Barack Obama, Angela Merkel, Nicolas Sarkozy et Silvio Berlusconi à Prague le 5 avril 2009.
Rapportées par Libération, les petites phrases prononcées mercredi par Nicolas Sarkozy, lors d’un déjeuner avec des parlementaires, continuent de rebondir dans la presse étrangère. Les médias espagnols ne sont pas les seuls à relayer les propos du chef de l’Etat – évoquant le manque d'intelligence de José Luis Zapatero. Les commentaires présidentiels sur Angela Merkel et les débuts de Barack Obama sur la scène internationale ont aussi fait tilter la presse anglophone.
Selon les convives, Sarkozy avait jugé que le président américain «est un esprit subtil, très intelligent et très charismatique. Mais il est élu depuis deux mois et n’a jamais géré un ministère de sa vie. Il y a un certain nombre de choses sur lesquelles il n’a pas de position».
Une déclaration reprise par The Guardian, qui a interviewé le député (apparenté PCF) Jean-Pierre Brard, invité au fameux déjeuner. Le quotidien britannique rappelle au passage les habituelles «vantardises» du chef de l’Etat, son «hyperactivité». Pour le coup, celui-ci s’est «surpassé», estime le quotidien : «Saisissant sa chance de se dépeindre en héros» anti-récession, «il s’est enfoncé par ses commentaires».
Un «humour peu amène» avant même d’attaquer les petits fours qui, conclut The Guardian, ne va «pas faire remonter sa cote» auprès de Merkel, peu cliente du style sarkozyste. «Quand elle s’est rendu compte de l’état de ses banques et de son industrie automobile, elle n’a pas eu d’autre choix que de se rallier à ma position», avait fait remarquer Sarkozy à propos de la chancelière allemande, lors de la réception.
Pour le New York Times, qui moque la vision du «monde selon Sarko», ce dernier, connu pour «son amour de l’action», aime aussi «rabaisser» ses homologues «dans des réunions pas si privées que ça».
The Times voit, de son côté, dans les tacles du «sniper» Sarkozy, la «fin soudaine de l’éphémère lune de miel entre la France et les Etats-Unis». Ironisant sur les propos flatteurs du chef de l’Etat pour Silvio Berlusconi – «L’important dans la démocratie, c’est d’être réélu. Regardez Berlusconi, il a été réélu trois fois» –, le journal britannique ajoute: «Il semble avoir adopté le tact» de l’Italien, «son homologue préféré». Idem pour le quotidien anglais The Daily Telegraph qui titre «Sarkozy insulte les chefs d’Etat lors d’un déjeuner» et rappelle que celui-ci est «peu connu pour sa délicatesse».
Malgré sa réputation, visiblement sans frontières, quelle mouche a donc piqué le président de la République ? Certains titres croient avoir un début de réponse, qui se souviennent du courrier adressé par Obama à Jacques Chirac, le mois dernier. «Comme cela a dû être irritant pour Nicolas Sarkozy...» fait mine de compatir l’hebdomadaire américain Time.
Le repas élyséen agite l’Espagne
Politiques 17/04/2009 à 06h51
Indigestion . Vives réactions après les propos peu amènes de Sarkozy sur Zapatero.
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MATTHIEU ÉCOIFFIER et FRANÇOIS MUSSEAU (à Madrid)
A la une d'El Mundo: «Sarkozy dit qu'il “est possible que Zapatero ne soit pas très intelligent”, mais il gagne les élections».
Les propos de Nicolas Sarkozy sur José Luis Zapatero, le Premier ministre espagnol rapportés hier dans Libération, ne sont pas passés inaperçus de l’autre côté des Pyrénées. Mardi, à la fin d’un déjeuner à l’Elysée avec une vingtaine de parlementaires de tous bords le chef de l’Etat se félicite que le gouvernement espagnol prenne exemple sur la France pour réduire la publicité sur les chaînes publiques. A un député de gauche qui met en doute le pedigree de Zapatero, Sarkozy réplique : «Zapatero n’est peut être pas très intelligent. Moi, j’en connais qui étaient très intelligents et n’ont pas été au second tour de la présidentielle.»
L’Elysée assailli. Hier, les sites Internet des grands quotidiens espagnols titraient sur «Sarkozy : Zapatero peut-être pas très intelligent…»obligeant l’Elysée à jouer les pompiers pour éteindre la polémique avant la visite d’Etat de Nicolas Sarkozy en Espagne les 27 et 28 avril. Assailli de coups de fil des correspondants ibériques, le palais présidentiel a démenti de façon officieuse ces propos, hier encore confirmés à Libération par plusieurs convives (voir, par exemple le blog du député vert François de Rugysur Liberation.fr). Trop tard.
«Indocumentado». Ainsi, El Mundo, qui déteste cordialement Zapatero, s’en est-il donné à cœur joie en faisant ses gros titres. Un chroniqueur y souligne avec malice le parallélisme entre la formule de Sarkozy sur «Zétapé» et le fait que ce dernier est qualifié par les conservateurs de «indocumentado», ce qui veut dire qu’il n’est pas cultivé, pas documenté et pas très intelligent. ABC, le quotidien conservateur s’est appuyé sur les propos du président français pour se livrer à un réquisitoire contre Zapatero, «stupide, borné, sectaire, têtu, n’en faisant qu’à sa tête et divisant l’Espagne».
Quant au Parti populaire (droite), il a eu une réaction en deux temps. «Sarkozy pourrait bien avoir raison», a lancé son leader, Mariano Rajoy. Puis, Gonzalez-Pons numéro 3 du parti, a quelque peu rectifié : «Dans le fond, je ne me réjouis pas que Sarkozy dise cela. Il n’a pas complètement tort, mais Zapatero est notre Président et, quoi qu’il arrive, s’il est attaqué de l’étranger, nous serons amené à le défendre.»
Propos de Sarkozy: Royal présente des «excuses» à Zapatero
Politiques 18/04/2009 à 17h29
Elle a adressé une lettre au président du gouvernement espagnol après que Sarkozy a dit mercredi que Zapatero «n'était peut-être pas intelligent» mais avait «gagné deux fois les élections». L'UMP dénonce son attitude.
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(REUTERS)
Ségolène Royal a annoncé ce samedi avoir, par lettre, présenté des «excuses» à Jose Luis Zapatero, président du gouvernement espagnol, pour ce qu'elle qualifie de «propos injurieux» le concernant, imputés à Nicolas Sarkozy et démentis par l'Elysée.
Libération avait rapporté les propos tenus par Nicolas Sarkozy lors d'un déjeuner mercredi avec des parlementaires. Ce dernier avait déclaré que Zapatero «n'était peut-être pas intelligent» mais avait «gagné deux fois les élections».
Dans sa missive, l'ancienne candidate PS à la présidentielle, «a assuré que ces propos n'engageaient ni la France, ni les Français».
Elle a également assuré Jose Luis Zapatero, un socialiste qui était venu lui apporter son soutien pendant sa campagne élyséenne en avril 2007 à Toulouse, «de toute sa considération, en partie pour les réformes courageuses conduites en Espagne et surtout pour son attachement à réaliser ses promesses de campagne électorale, avec un comportement éthique qui devrait servir de modèle».
Ségolène Royal estime «qu'exercer le mandat de Président de la République impose un devoir de maîtrise de son langage et de son comportement afin de ne pas porter aux intérêts de la France».
A Dakar le 6 avril, Royal avait déjà demandé «pardon» pour le discours controversé prononcé en 2007 au Sénégal par Sarkozy, assurant que «ces paroles humiliantes et qui n'auraient jamais dû être prononcées» n'engageaient «ni la France, ni les Français». Ses déclarations avaient été soutenues par le PS, notamment sa première secrétaire Martine Aubry, mais elles avaient suscité de vives critiques à droite.
A peine rendue publique la lettre de la présidente de Poitou-Charentes, la machine UMP s'est mise en mouvement : numéro un du parti majoritaire, Xavier Bertrand l'a qualifiée de "spécialiste de la manipulation" ne cherchant qu'à "faire parler d'elle". "Elle se ridiculise et déshonore notre pays", a tonné Yves Jégo. "Elle révèle sa vraie nature: une femme dévorée d'ambition qui n'admet pas le choix populaire de 2007", selon le porte-parole adjoint Dominique Paillé. Elle a besoin "d'une aide psychologique", a réaffirmé le porte-parole Frédéric Lefebvre.
(Source AFP)
Propos de Sarkozy: «Libération» répond aux attaques de Lefebvre
Politiques 18/04/2009 à 23h05 (mise à jour à 23h21)
Le porte-parole de l'UMP accuse notre journal de «ressembler de plus en plus à un tract» qui contribue à «abîmer l'image de notre pays». Laurent Joffrin, directeur du quotidien, estime qu'«il occupe un poste de roquet à l'UMP».
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Liberation.fr
Frédéric Lefebvre, porte-parole de l'UMP, s'exprime lors d'une conférence de presse, le 5 décembre 2008.
L'UMP, par la voix de Frédéric Lefebvre, son porte-parole, accuse ce samedi Libération de «ressembler de plus en plus à un tract» qui contribue à «abîmer l'image de notre pays», à la suite de la publication de propos de Nicolas Sarkozy mercredi et démentis par l'Elysée.
«Ce quotidien, après avoir perdu ses lecteurs, perd sa crédibilité», affirme dans un communiqué Frédéric Lefebvre.
Selon le porte-parole de l'UMP, notre journal «se vante d'avoir suscité des réactions de la presse européenne sur la soi-disant remarque du président de la République française sur M. Zapatero. Cette attitude est tout simplement scandaleuse de la part d'un quotidien français qui, en colportant une fausse information, contribue à abîmer l'image de notre pays».
«Roquet»
Notre quotidien, citant des participants, avait rapporté des propos du chef de l'Etat notamment sur le président du gouvernement espagnol, qui ont été tenus lors d'un déjeuner avec des parlementaires: «Zapatero n'est peut-être pas très intelligent, mais il a été réélu.»
«M. Lefebvre, qui occupe un poste de roquet à l'UMP, a du mal à accepter l'existence d'une presse indépendante en France, a réagi le directeur de Libération, Laurent Joffrin, interrogé par l'AFP. «Il se contente d'aboyer un démenti de commande et d'insulter le principal journal d'opposition en France ainsi que ses 800.000 lecteurs.»
«Propos présidentiels confirmés»
Laurent Joffrin indique que le journal maintient «l'intégralité de ses informations», soulignant que Frédéric Lefebvre «n'était pas au déjeuner où les propos incriminés ont été prononcés».
«Les propos présidentiels sont confirmés de plusieurs sources, la presse étrangère a jugé bon de s'en faire l'écho», insiste le directeur de Libération.
Pour Laurent Joffrin, «ce qui porte atteinte à l'image de la France c'est l'irresponsabilité des propos tenus par le président de la République à l'égard de ses homologues».
Sarkozy et les glands de ce monde
Politiques 18/04/2009 à 06h51
Elysée. La presse étrangère critique les dires peu confraternels du Président, révélés par «Libé».
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MATTHIEU ÉCOIFFIER et ANTOINE GUIRAL
L’étoile de Nicolas Sarkozy a singulièrement pali vendredi dans la presse européenne et américaine. «Stupide, immature, hors de propos : le jugement de Sarkozy sur ses homologues», titre, par exemple, en une le quotidien britannique The Guardian, à propos de ses commentaires, révélés jeudi par Libération, sur le chef du gouvernement espagnol, José Luis Zapatero, «peut-être pas très intelligent», la chancelière allemande, Angela Merkel, «ralliée à [sa] position», le président du Conseil italien, Silvio Berlusconi, «réélu trois fois» ou le président américain, Barack Obama, «esprit subtil […] qui n’a jamais géré un ministère de sa vie».
Aux Etats-Unis, où les chaînes d’information en continu ont largement relayé les frasques du président français lors du déjeuner de mercredi à l’Elysée avec des parlementaires, le New York Times consacre lui aussi un article à l’affaire titré «Un repas avec Sarkozy : brochettes de dirigeants au menu». «Le président Nicolas Sarkozy est connu pour son amour de l’action, écrit le quotidien. Mais il aime également se vanter et se moquer de ses collègues dirigeants du monde.» Et toute la presse ibérique se déchaîne, même le quotidien de droite ABC fulmine contre «le complexe de supériorité» du président français.
Harcelé de coups de fil de journalistes et de correspondants étrangers, l’Elysée a bien entendu démenti les propos «totalement faux» du chef de l’Etat (que Libération maintient mot pour mot). Un démenti qui n’a guère impressionné la presse étrangère, ni ne l’a empêchée de faire son travail en recoupant auprès de plusieurs convives les paroles rapportées par notre journal (lire par exemple sur leur site l’article parfaitement sourcé du Guardian).
Représailles. Soumis à de perpétuelles pressions de l’Elysée, nombre de médias français s’en sont en revanche tenus à la version officielle. Certains hésitent parfois à pousser trop loin les recherches, pratiquent l’autocensure partielle - quand ils ne préfèrent pas carrément faire l’impasse - sur les sujets qui vont déclencher les foudres du Château. Un exemple parmi d’autres : la direction de l’AFP a «retenu» plusieurs heures, par crainte de représailles, une dépêche pourtant rédigée depuis Mexico sur le séjour offert par un homme d’affaires mexicain au couple présidentiel, lors de son voyage au Mexique début mars.
Plusieurs parlementaires de gauche comme de droite présents à ce déjeuner sont, eux aussi, soucieux d’entretenir de bonnes relations avec le chef de l’Etat ou de garder leurs entrées à l’Elysée. Ils ont donc hésité à confirmer (et même démenti, toute honte bue, pour certains auprès de l’AFP) ce qu’ils avaient entendu mercredi midi. Mais d’autres, qui ne sont d’ailleurs pas forcément hostiles au Président, avaient pris scrupuleusement des notes au cours du déjeuner.
Gimmicks. Parmi les convives, certains comme Henri Emmanuelli (PS, Landes) tutoient le chef de l’Etat, d’autres jouent la connivence avec lui. Ils ont parfois le souci de le protéger malgré lui, car ils connaissent par cœur son style qui consiste à dévaloriser les autres, voire à s’autodévaloriser pour le besoin de ses démonstrations et apparaître toujours comme le meilleur à la fin. D’estrades en tables rondes, Nicolas Sarkozy utilise en permanence ces figures rhétoriques où il déclare, par exemple, «je ne suis peut-être pas malin mais ça, je l’ai compris»… Ou encore, «il y a des gens très intelligents qui ont toujours tout bon sur tout et pourtant, c’est pas eux qui ont été élus».
C’est là tout le paradoxe de ce déjeuner où Nicolas Sarkozy, tel qu’en lui-même, a jaugé ses homologues étrangers pour mieux tirer la couverture à lui sans forcément vouloir les dénigrer.
Les Français ont fini par s’habituer aux gimmicks, dont Sarkozy use et abuse pour se célébrer. Pas les Européens et les Américains, qui y voient une forme d’arrogance détestable et n’ont pas digéré les coups de mentons du chef de l’Etat français lors du G20 de Londres. De quoi pimenter la visite d’Etat de Carla et Nicolas Sarkozy en Espagne, les 27 et 28 avril.
"Affaire" Zapatero-Royal-Sarkozy: la querelle du PS et de l'UMP s'envenime
à la une
PARIS (AFP) - 19/04/09 23:37
L'onde de choc provoquée par Ségolène Royal en présentant des "excuses" à l'Espagnol Jose Luis Zapatero s'est prolongée dimanche, les socialistes déplaçant la querelle vers une dénonciation du style Sarkozy, tandis que l'UMP accusait Mme Royal de "trouble de la parole".
Photographe : Pascal Pavani AFP/Archives :: Ségolène Royal et le Premier ministre espagnol José-Luis Zapatero le 19 avril 2007 à Toulouseagrandirphoto 1/2photo : Pascal Pavani , AFP
Photographe : Boris Horvat AFP/Archives :: Le ministre des Affaires étrangères Bernard Kouchner à Paris le 30 mars 2009agrandirphoto 2/2photo : Boris Horvat , AFP
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Brice Hortefeux, ministre du travail et vice-président du conseil national de l'UMP, a déclaré que Mme Royal devrait demander "pardon" pour toutes ses "bêtises", dans une interview au Figaro daté de lundi.
"Ségolène Royal est atteinte de palilalie, trouble de la parole dont souffrent les personnes répétant systématiquement le même mot. Nous venons donc de découvrir la +royalalie+, nouvelle forme de palilalie, qui consiste à demander pardon à tout le monde et à tout bout de champ", a-t-il affirmé.
Le PS était resté silencieux samedi - hormis l'eurodéputé Vincent Peillon - face à la charge de responsables du parti présidentiel, Xavier Bertrand en tête, courant sabre au clair défendre Nicolas Sarkozy et pourfendre son ex-rivale Ségolène Royal.
Sollicitée, la première secrétaire Martine Aubry n'avait pas commenté l'épisode.
Dimanche toutefois, Jean-Marc Ayrault, président des députés socialistes, a reconnu que "ce n'est pas le président du gouvernement espagnol qui a été mis en cause" par M. Sarkozy et que "c'était plutôt", de la part de ce dernier, "une prise à revers pour tacler les socialistes français".
Plusieurs autres socialistes sont venus à la rescousse de la présidente de Poitou-Charentes, un temps surnommée "la zapatera".
Elle avait soulevé la colère de l'UMP pour avoir écrit à M. Zapatero que des propos "injurieux" de Nicolas Sarkozy - rapportés par Libération citant des parlementaires présents, démentis par l'Elysée et d'autres parlementaires notamment socialistes - n'engageaient "ni la France, ni les Français".
Les avocats de Mme Royal n'ont cependant pas insisté sur ces "excuses", survenues après sa demande de "pardon" à l'Afrique présentée à Dakar.
Ils se sont concentrés sur la réaction de l'UMP, jugée "disproportionnée".
"On a des commentaires machistes, extrêmement désobligeants", s'est insurgé le porte-parole du PS Benoît Hamon, faisant allusion au porte-parole de l'UMP Frédéric Lefebvre, qui avait conseillé une "aide psychologique" à Mme Royal.
"Le PS insulte le président de la République, colporte des mensonges et, au prétexte que c'est une femme qui le fait dans un nouveau délire, nous devrions rester sans réagir! Ce qui est machiste, c'est la réaction de Benoît Hamon", a répliqué M. Lefebvre.
Autre angle de contre-attaque au PS: le style Sarkozy.
Il se comporte "de manière parfois grossière" et "très vantarde dans les sommets internationaux", a accusé M. Hamon.
Le président "doit avoir un comportement exemplaire", l'UMP devrait "lui demander de maîtriser son langage", a renchéri le sénateur-maire PS de Dijon François Rebsamen.
Un style élyséen défendu avec fougue par Bernard Kouchner: "il est vivant, il est jeune et vivant !", a-t-il lancé sur Canal +.
Pour le ministre (ex-PS) des Affaires étrangères, M. Sarkozy s'entend "merveilleusement" avec M. Zapatero et la polémique ne devrait pas entacher la visite du président français à Madrid les 27 et 28 avril.
Pour le politologue Gérard Grumberg, l'initiative contribue à installer Mme Royal comme "l'opposante la plus déterminée à Sarkozy" mais en s'appuyant "sur des on-dit", elle "affaiblit son image de présidentiable".
Chercheur au CNRS, Dominique Wolton salue un "acte courageux" de la socialiste et estime que "Sarkozy ne s'interdit rien. Et Royal, consciemment ou inconsciemment, en fait autant".
Faut-il avoir honte de Sarkozy ?
17.04.2009 - par Jean-Michel Bouchereau
Panique hier à l'Elysée. C'est que Nicolas Sarkozy faisait les manchettes d'une bonne partie de la presse internationale ou de leurs sites internet : le New York Times, le Times, The Economist jusqu'à l'Indian Express et le Sidney Morning Herald et surtout de plusieurs quotidiens espagnols, El Païs et la Vanguardia où toute l'affaire a commencé après que Libération ait rapporté les propos insultants tenus par notre Président sur le Premier ministre Zapatero. Ne mettait-il pas en doute son intelligence. Et cela devant une vingtaine de parlementaires de tous bords, dont plusieurs ont confirmé ces propos. Sur Zapatero, il aurait répondu à une remarque: "il se peut qu'il ne soit pas très intelligent. Moi j'en connais qui étaient très intelligents et qui n'ont pas été au second tour de la présidentielle", en référence à l'échec de Lionel Jospin en 2002.
El Pais reste sceptique quant aux démentis de l'Elysée
Côté espagnol, la polémique a rapidement pris de l'ampleur. El Pais reste sceptique quant aux démentis de l'Elysée et cite la réaction de responsables politiques nationaux qui prennent la défense de leur premier ministre. Même Esteban González Pons, vice-secrétaire de la communication du Parti populaire (opposition), a exprimé sa "gêne". "Je ne me réjouis pas de ces déclarations, même s'il a parfois raison. Zapatero est notre chef d'Etat, c'est comme ça, s'il est attaqué, nous devons le défendre" a-t-il déclaré. Le Diario de Noticias titre que "Sarkozy ridiculise les autres leaders". Et ABC (de droite) insiste sur "le complexe de supériorité" du dirigeant français.
Barroso, « totalement absent du G20 », Merkel obligée de suivre Sarko
Mais l'Espagnol n'était pas seul à la fête. Barroso, « totalement absent du G20 », Angela Merkel (« qui n'a pas eu d'autre choix que de se rallier à ma position», s'auto congratule le Président) et, évidemment, Obama, certes loué pour son "esprit subtil" mais critiqué pour « son manque d'expérience » ! Pour le Times de Londres (conservateur), "M. Sarkozy est irrité par l'adulation dont jouit un dirigeant américain sans expérience, dont la popularité a éclipsé (sa) réputation de sauveur du monde". Alors que la presse allemande abordait l'épisode de manière factuelle, celle d'Italie s'amusait de la "gaffe de Sarkozy" (La Republicca).
Le New York Times ironise sur Sarkozy
De son côté le New York Times titrait : "Un repas avec Sarkozy : brochettes de dirigeants au menu", avec ce commentaire ironique : "Le président Nicolas Sarkozy est connu pour son amour de l'action (...) mais il aime également se vanter et se moquer de ses collègues dirigeants du monde", observant que le démenti de l'Elysée ne semblait pas concerner les propos qui auraient été tenus sur M. Obama.
«Du Nicolas Sarkozy à 200 %, c'est-à-dire étrangement proche de sa propre caricature »
D'autres sources, jamais démenties, et publiées dans le JDD, généralement bien informé sur Sarkozy indiquent que « quand on lui parle de Barack Obama, de son impact auprès des jeunes Européens, de sa capacité à toucher directement les opinions publiques, Sarkozy ironise: ce beau moment de communication comptera moins que la réalité des faits. Par exemple, ce que fera l'Amérique concrètement, en matière de lutte contre le réchauffement climatique: "Tes objectifs sont inférieurs à ceux de l'Europe, et tu n'as même pas prévu de sanction financières contre les émission de gaz à effet de serre", aurait dit Sarkozy à Obama. Selon un convive, c'était «du Nicolas Sarkozy à 200 %, c'est-à-dire étrangement proche de sa propre caricature ».A tel point qu'on peut se demander si la caricature ne se confond pas avec la vérité du personnage.
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Commentaires
Je n'ai pas honte puisque c'est faux
Ecrit par : Marie | 17.04.2009
Je n'ai pas honte puisque c'est faux - je reprends la formule.
Pourquoi ne dites vous pas que les participants ont démenti ces propos. Dont Monsieur Migaud, socialiste, président de la commission des finances.
Avec votre haine de Monsieur Sarkozy, vous ne faites pas honneur à la presse Monsieur Bouguereau. Ne soyez pas étonnés que bon nombre de Français n'ont plus confiance dans la presse.
Ecrit par : Caroline | 17.04.2009
ce qu'il dit d'Obama d'après le NOBS est vrai
ce qu'il dit de Merkel est vrai
ce qu'il dit de Barroso est vrai
tout le monde l'a dit bien avant lui,en France,en Allemagne,aux Usa.
Ce qu'il dit de Zapatero maintenant ?
Sa réponse à Emmanuelli est une antiphrase.En fait,il dit,Zapatero et moi que vous prenez pour des couillons gagnons les élections alors que les INTELLIGENTS genre Jospin les perdent.
ll n'a donc pas dit que Zapatero n'était pas intelligent.
Notre Président a tort de trop parler par antiphrases qu'il veut humoristiques,les adversaires malhonnêtes genre LIBE et socialistes en profitent.Parlez sans humour,Monsieur le Président sinon des Français ne peuvent pas suivre faute de bases en français.
..
Donc Marie a raison.
..
Comme elle je n'ai pas honte.Votre bêtise haineuse,Monsieur Bouguereau me montre qu'il va falloir que je me bouge oralement autour de moi pour les prochaines élections en faveur de l'UMP bien que venant du vote Jospin en 2002 et jusque là réticent à parler pour le parti de droite ,quand même.Car cette haine ,votre haine,cette obsession quotidienne,je finis par la trouver dangereuse pour mon pays.S'appuyer comme vous le faites aujourd'hui sur la presse étrangère pour dénigrer notre Président est une mauvaise chose pour la France.Il devient temps de vous rabattre le caquet dans les urnes.Je vais donc parler patriotisme à ma famille.
Sarkozy est notre chef d'Etat, c'est comme ça, s'il est attaqué, nous devons le défendre" ai-je déclaré.
Ugh,j'ai dit !
Ecrit par : bernard | 17.04.2009
bravo bouguereau !! on va bientôt accuser les journalites d'avoir inventer les propos deshonorants de notre grand chef d'état !! quoique !! petit par la taille , mais quelle classe !! quelle intélligence ! par rapport à tous les autres , grands par la taille , et très peu intélligents,dernière nouvelle , à cap canavéral , obama a préparé un vaisseau spatial ,pour envoyer son grand ami sarko sur mars !! rire objectif ,,,, suprviser tous les chefs d"état ! pas beau ca !!
Ecrit par : artine | 17.04.2009
Article 68 : Le Président de la République ne peut être destitué qu'en cas de manquement à ses devoirs manifestement incompatible avec l'exercice de son mandat. La destitution est prononcée par le Parlement constitué en Haute Cour.
La proposition de réunion de la Haute Cour adoptée par une des assemblées du Parlement est aussitôt transmise à l'autre qui se prononce dans les quinze jours.
La Haute Cour est présidée par le président de l'Assemblée nationale. Elle statue dans un délai d'un mois, à bulletins secrets, sur la destitution. Sa décision est d'effet immédiat.
Ecrit par : dortmunder | 17.04.2009
Marie , Caroline et Bernard , les encartés de l'UMP en vadrouille sont de service ce soir pour soutenir leur président qui raconte des blagues de potache au détriment de ses homologues et la presse étrangère en parle ce dont nous fait part Mr Bouguereau , il me semble que ce n'est pas lui qui a sorti ces infos de son chapeau puisqu'il ne fait que retranscrire les faits en bon journaliste qu'il est , mais je peux comprendre que ça fasse mal à ceux qui ont porte cet homme jusqu'au pouvoir , pour ma part , je ne suis pas surprise , mon cousin m'avait prévenu avant les élections : si il est élu on n'a pas fini d'avoir honte
Ecrit par : kulturam | 17.04.2009
d'accord avec Caroline ^^
ce qu'il dit et vrai et sur Zapatero c'est de lironie contre les socialistes français . y'en a qui ont du mal à déchiffrerle français apparemment . et pas quà l'étranger.
Ecrit par : tony | 17.04.2009