(dépêches)
Sarkozy candidat unique aux élections européennes
Du Conseil national de l'UMP en janvier où ont été nommées les têtes de liste au tract de campagne dont il fait la couverture, le président de la République envahit les élections européennes. Et personnalise, une fois de plus, un scrutin qui ne le concerne pas !
Première page du tract officiel de campagne de l'UMP. Il aurait pu au moins laisser Michel Barnier faire son tract tranquille. Las : «je ne veux pas de cette merde !», aurait lancé, selon le Canard enchaîné, Nicolas Sarkozy en découvrant le papier jaune et vert proposé par le ministre-candidat aux européennes. Ce sera donc le tract de l'Elysée qui sera distribué à 3 millions d'exemplaires : un feuillet bleu et blanc où apparaît le président de la République et une citation «Quand l'Europe veut, l'Europe peut.» Le tract de Sarkozy, les mots de Sarkozy, l'image de Sarkozy. Mais la campagne des autres...
L'Europe : il l'a, il veut la garder !
Depuis la présentation des têtes de liste au Conseil national de l'UMP le 24 janvier, le Président intervient sur chaque point de la campagne européenne son parti, depuis la date de départ de ses ministres de leur poste jusqu'à la place des partis de la majorité dans les listes en passant par les couleurs des tracts. Et que répond Michel Barnier quand on lui demande comment l'Europe peut lutter contre le crise ? «Nicolas Sarkozy a mené la voie au G20», se contente de répéter la tête de liste Île-de-France.
Tract officiel de l'UMP (double page intérieure)
Résultat, l'opposition ne trouve à se situer politiquement que contre Nicolas Sarkozy, comme le montrait la campagne de buzz du Parti socialiste mettant en avant le «personnage» maniéré et bling bling du Président comme homme-orchestre du scrutin. Une méthode qui donne un argument de choix pour les candidats UMP face à leurs adversaires : «s'opposer au président de la République, ça ne fait pas un programme pour les élections européennes», soufflait le ministre de l'Agriculture. Or c'est pourtant sur cette base que l'UMP fait campagne.
Le PS lance sa campagne... en attaquant frontalement Nicolas Sarkozy, comme si les candidats et les enjeux n'existaient pas !
Pendant quelques jours durant la présidence française du Conseil européen, la rumeur avait couru que Nicolas Sarkozy voulait faire sauter la présidence tchèque pour conserver le poste six mois de plus. Une idée grotesque pour qui connaît le B.A.BA des institutions mais qui avait séduit les journalistes voyant un attribut de plus de la superpuissance sarkozyenne. Le Président français n'a-t-il pas tout fait pour s'arroger la paternité de toutes les initiatives européennes et de tous les plans de lutte contre la crise du Continent ces derniers mois ? «Le 7 juin, votez», annonce le tract. Manque de chance pour les électeurs, Sarkozy a déjà pris le scrutin en otage.
Jeudi 23 Avril 2009 - 08:04
Sylvain Lapoix
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Tags : barnier, européennes 2009, ump
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Dati sombre en meeting pour l'Europe : « Je l'ai bien fait là ? »
Par Julien Martin | Rue89 | 23/04/2009 | 12H24
A la une
Sur l'énergie ou l'ingérence de l'Europe dans les affaires nationales, la candidate UMP s'est totalement embrouillée mercredi soir.
« Dati pour l'image, Barnier pour le sérieux. » Un cadre de l'UMP résumait en off le choix du tandem pour mener la campagne des européennes, lors de la proclamation des têtes de liste le 24 janvier dernier. Trois mois plus tard, l'analyse semble plus que jamais se confirmer.
Alors que le ministre de l'Agriculture multiplie les interviews avec une sobriété qui vire parfois à l'ennui, mais en démontrant une profonde connaissance des enjeux européens, sa colistière a fait une démonstration patente, mercredi soir, de sa méconnaissance de sujets pourtant primordiaux.
Invitée à une convention sur l'Europe organisée par les jeunes militants UMP à l'Assemblée nationale, la Garde des Sceaux est arrivée une heure après le début du meeting. Passé son accueil sous les applaudissements, elle s'est livrée à un jeu de questions/réponses.
« C'est ça ? On m'avait dit énergie… »
Un jeu qui va se révéler bien cruel pour Rachida Dati. Fiches en mains et assurant que « pourtant on avait révisé un peu », elle n'a pu répondre que par des rires et des approximations à une question sur l'énergie, comme le rapporte Europe1 :
« Alors, je récite, 77% de notre énergie provient du nucléaire, c'est ça ? Ah électricité ? On m'avait dit énergie… » (Voir la vidéo)
Rebelote quelques minutes plus tard à la question de savoir si l'Europe s'occupe trop des affaires nationales :
« Elle s'occupe de ce qu'on lui donne à s'occuper, et puis elle s'occupe de ce qu'on lui donne à s'occuper avec les personnes qui peuvent porter ses affaires à s'occuper. Je l'ai bien fait là ? » (Ecouter le son)
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« C'était un truc de jeunes »
Contacté par Rue89, l'entourage de Michel Barnier dit ne pas comprendre la polémique qui commence à enfler et qu'il faut « replacer ce meeting dans le contexte », sans toutefois aborder le manque de fond de Rachida Dati :
« C'était un truc de jeunes. Il y avait des parodies, c'était plutôt décontracté comme ambiance. D'ailleurs, ça s'entend très bien. »
Même tonalité et même mots du côté de l'équipe de campagne de la ministre de la Justice, qui explique aussi à Rue89 que « c'était un truc de jeunes » :
« La séquence s'appelait “sur le grill” et se déroulait sur un ton humoristique. Elle fait des réunions tous les soirs et connaît très bien les sujets.
« C'est comme de dire qu'elle est arrivée une heure en retard, alors qu'en fait il a toujours été prévu sur son agenda qu'elle arrive une heure après le début de la convention… »
Et encore plus tard, ce jeudi depuis Bruxelles, Michel Barnier lui-même a répondu aux questions des journalistes avec des arguments identiques :
« Il faut vous remettre dans l'ambiance. Prenez ses réponses de cette manière-là, sans dramatiser. Vraiment, remettez-vous dans cette ambiance qui était celle de jeunes UMP qui organisaient une rencontre extrêmement décontractée et amicale. »
Sarkozy et Royal avaient commis la même erreur
De quoi donner de l'eau au moulin à ses détracteurs qui assurent qu'elle prend à la légère cette campagne des européennes, elle qui avait toujours assuré vouloir rester place Vendôme. A l'image de François Bayrou, qui a estimé, ce jeudi en marge d'une conférence de presse au siège du MoDem, que « ce spectacle apparaissait comme gênant, étrange » :
« Il y avait quelque chose de troublant et de confondant dans le peu d'intérêt qui a été montré pour les questions européennes et le caractère un peu désinvolte dans la manière dont les réponses étaient faites.
« J'y ai vu comme un symptôme de quelque chose d'un peu désespéré. J'ai l'impression que Mme Dati n'est pas très heureuse du sort qui lui est fait. Je n'ai pas l'impression que son engagement soit très enthousiaste. »
Des détracteurs qui font également courir le bruit de nouvelles ambitions d'ores et déjà connues : de la tête de l'Institut du monde arabe à la mairie de Paris, via la direction d'une grande entreprise publique ou privée.
A la décharge, toutefois, de la Garde des Sceaux, Nicolas Sarkozy et Ségolène Royal avaient commis la même erreur sur l'énergie, en mai 2007, à l'occasion du débat de l'entre-deux-tours de la présidentielle.
« La moitié de notre électricité est d'origine nucléaire », avait avancé le candidat UMP. « Non, 17% seulement », avait corrigé la candidate PS. Mais ni l'un ni l'autre n'avait donné le bon chiffre : la part du nucléaire dans la consommation d'électricité en France s'élèvait à 78%.
► Mis à jour le 23/02/2009 à 16h42, avec les réactions de Michel Barnier et François Bayrou.
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Dati européennes ump
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