(dépêches-blog)
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par Alain Michel Robert
mardi 21 avril 2009
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Seulement 10000 artistes sur les 140 000 inscrits à la SACEM ont signé la pétition !
Bon ! je ne vais pas tirer sur l’ambulance en dénonçant une fois de plus la fumisterie de cette liste. On a tous compris qu’environ 8000 « Gilles GABRIEL » (ce serait d’ailleurs le pompon qu’il soit vraiment dans la liste !) se sont fait enfumés en répondant au mailing que la SACEM a envoyé à tous ses sociétaires. Pour une fois qu’elle s’occupe de ses petits « sans-grade » qui ne touchent plus un rond d’elle depuis des années, ils ont dû sentir passer sur eux le frisson d’une reconnaissance qui, le temps fulgurant d’un éternuement, les a propulsés artificiellement en haut de l’affiche. Peut-on leur en vouloir !?
Reste les 2000 autres « Maxime Leforestier » qui, l’âge aidant, laissent au vestiaire leurs idées soixante-huitardes et repeignent leur maison bleue couleur or massif.
Pour ne pas trop enfoncer cette « vieille dame » de 140 ans qui a bien du mal à s’adapter au paradigme de la nouvelle économie numérique, nous fermerons les yeux, par respect pour elle, sur les DJ Mosey (Pierre Sarkozy) et autres Carla Bruni (elle chante ?... excusez-moi, je croyais que c’était la femme du Président de la République Française), ainsi que sur tous les « gens maison » presque contraints (positivement et sans aucune pression bien sûr !) de signer sous peine de se retrouver dans d’obscurs placards "sacemesques".
Mais, cessons là ces sarcasmes faciles et penchons-nous plutôt sur l’avenir. Que va-t-il se passer si la loi Hadopi est adoptée ?
Dans un premier temps il est inévitable que le nombre de téléchargements illégaux vont baisser… peut-être même de 50 % ! « Cocorico » fera notre hyper-président !... en même temps que nous verrons s’écrouler, par représailles de la part des consommateurs, la vente de CD. De toute façon, dans le milieu artistique, tout le monde le sait déjà : le CD c’est fini. Aux États-Unis, l’affaire est classée : les artistes ne comptent plus sur la vente de CD pour vivre ou même se faire connaître, ils misent tout sur la création de sites Internet pour proposer gratuitement ou vendre leur musique et ils investissent à fond dans le référencement de leur site sur Google.
Passé ce temps d’adaptation (entre deux et trois mois) une nouvelle mode va voir le jour : l’échange massif de clé USB. Aujourd’hui, pour 15 € on trouve des clés USB de 8,10,20… voir 32 gigas (si si, j’en ai trouvé une toute neuve sur E.bay pour 14 euros !) Nous allons donc voir fleurir autour des machines à café, dans les cours du Lycée, dans les bistros, pendant les week-ends entre amis ou en famille, non plus l’échange d’une ou deux chansons par téléchargement, mais, pourquoi s’en priver, de la totalité de « Dossiers musique » ou « Dossiers films » dans lesquels chacun fera le tri de ce qui lui convient.
La lutte contre le tabagisme aidant, une nouvelle phrase de convivialité va voir le jour qui va remplacer la rituelle « T’aurais par une clope ? » par celle, beaucoup plus chic et rebelle : « T’aurais pas une clé ? » Dans l’avenir proche, pour vous faire des amis, ne sortez plus sans elle !
Mais, l’échange massif de clé USB, n’est que la partie émergée et « gentillette » de l’iceberg de ce que va générer, comme effets pervers, la loi Hadopi si elle est votée. Ce boomerang législatif risque d’être d’une violence financière énorme… pour les contribuables, bien sûr, mais aussi pour les artistes eux-mêmes. Nous allons entrer dans un cercle vicieux où il faudra de plus en plus d’argent pour pouvoir lutter contre des pirates de plus en plus ingénieux et motivés. Pour s’en convaincre, il suffit de lire l’excellent article de Paul Guermonprez du 23 février 2009. Ici, à télécharger en PDF.
Maintenant, loin du « panier de crabes où chacun veut jouer les homards » prenons la calculette de Max… qui lui, comme chacun sait, est tellement libre qu’on se demande s’il n’est pas plus raisonnable dans son délire de vouloir voler que nos députés et autres ministres à s’acharner à vouloir faire passer, par orgueil ou incompétence, une loi complètement déconnectée du réel et qui est le pire de ce qu’on peut pondre dans le genre « usine à gaz » ? Une fois branchée, tout explose !
Pour la Sacem, zip-zap : je sors ma calculette. C’est con, une calculette… mais il semblerait que dans cette affaire, la connerie « d’en bas » soit plus intelligente que les cogitations « d’en haut ».
24 millions d’abonnés à Internet. Une Licence globale à 25 euros par mois tout compris : chansons, films, docus… illimités. La moitié des abonnés à Internet prennent cette Licence globale. 300 millions d’euros par mois x 12 mois = 3 milliards 600 millions d’euros pas an.
Pour ma part, entre regarder un film en Streaming au format carte postale, tout pourri, qui coupe au milieu parce que le Buffering se bloque, avec les carrés des pixels à la place de la tronche des acteurs, sous-titrés en russe ou en chinois avec un son en mono à peine audible… et un film en DivX haute définition, « Y-a pas photo ! » je préfère payer. Faut-il encore que celui qui me vend son film où sa chanson ne me prenne pas pour une vache à lait !
Ici, la question que doit se poser la Sacem, au lieu d’user son énergie dans une lutte d’arrière-garde, est celle-ci : Comment répartir la manne de la Licence globale de manière à ce qu’elle favorise la naissance de nouveaux talents et redonne à la chanson française la diversité qui lui fait aujourd’hui tant défaut ? La Sacem est née aussi pour ça : aider les talents naissants avant qu’ils ne génèrent des droits.
Mais, si, effectivement, comme le pensent certains, la loi Hadopi, n’est que la première étape d’une prise de contrôle à la chinoise de notre Internet français, alors, Mmes et Messieurs les artistes qui ont signé la pétition, c’est pour vous le début de la fin. Votre talent ne vaut plus un clou… vous n’êtes plus que les fonctionnaires d’un art d’état… ou d’un art vendu. C’est-à-dire, plus rien. Et chez ces gens-là, monsieur, on ne se roule plus de l’herbe dans une maison bleue : on compte en faisant des grands « shrulpppp »…
Hadopi : le scénario catastrophe mais plausible de l'Isoc France - Actualité
TomsGuide.com : 800 000 inscrits répondent à toutes vos questions high-tech et informatique.
kleuck 26-02-2009 à 19:33:15
Il n’y a pas que les « anarchistes du Net » et les « hacktivistes libristes » qui sont contre le projet de loi Internet et Création. Il y a aussi des « gens très sérieux » qui réfléchissent depuis longtemps à toutes ces questions.
Fondée en mars 1996 par une poignée de pionniers, l’Isoc France est le Chapitre Français de l’Isoc. Association internationale. Sa mission prioritaire est d’être l’un des « interlocuteurs privilégiés des pouvoirs publics et des entreprises sur l’ensemble des questions de gouvernance d’Internet, tant sur le plan technique que sociétal ».
Or l’Isoc France vient de nous pondre, sous la plume de Paul Guermonprez, un « article de prospective » de poids à verser au dossier : Loi Création et Internet « Le boomerang législatif » Janvier 2009 – Avril 2010, article qui tente d’anticiper les conséquences du projet de loi.
De la pure science-fiction ? Rien n’est moins sûr malheureusement !
http://isoc.fr/lci_boomerang.pdf