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7 mai 2009 4 07 /05 /mai /2009 10:42

(dépêche)

 
À propos d’alliances

par François VAN DE VILLE (son site)
jeudi 7 mai 2009
1 réaction
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Quelles alliances pour demain ?
 
François Bayrou va-t-il se retrouver au cœur du jeu politique ? Est-ce que la tentation centriste s’empare à nouveau des socialistes après les appels du pied de François Hollande ? (voir numéro spécial de L’Express).

En fait, je crois que cette tentation n’a jamais complètement quitté les esprits de ceux qui, au Parti Socialiste, songent à la présidentielle.

LA GAUCHE EST MINORITAIRE EN FRANCE

Il y a deux données que nul ne peut ignorer :

 * la première est que la droite est actuellement unie autour de Nicolas Sarkozy. Les concurrents internes au parti sarkozyen ont pratiquement été tous engloutis. La gauche, par contre, est divisée comme elle ne l’a jamais été depuis fort longtemps. Même l’extrême-gauche a éclaté en 4 ou 5 courants. Ce fait est fondamental pour envisager toutes les élections à venir.

 * l’autre donnée est, elle, très ancienne : structurellement et depuis très longtemps (déjà Mitterrand le soulignait en son temps), la gauche est minoritaire en France. Ce qui ne veut pas dire pour autant que la droite est toujours majoritaire : car il y a toujours la présence d’un centre charnière entre les deux camps. Et il a d’ailleurs fallu le poids personnel d’un Mitterrand pour inverser exceptionnellement cette réalité-là pendant seulement quelques années. Depuis....

Devant ces deux données fondamentales, tous ceux, à droite comme à gauche, qui pensent aux futures élections, pensent aussitôt aux alliances possibles et nécessaires pour l’emporter. Or ces alliances ne sont pas si nombreuses que çà.

L’extrême-gauche, on sait qu’elle ne veut pas collaborer : mais on peut seulement considérer que son électorat, dans un second tour où figurerait un candidat de gauche, sera beaucoup plus unitaire qu’elle-même et portera ses voix majoritairement sur celui-ci. Un facteur bien ténu cependant.

Il reste donc le centre. Et là, il faut admettre que François Bayrou occupe pleinement le terrain avec un parti derrière lui qui a sa dynamique propre en terme d’adhérents, même s’il n’a actuellement que peu d’élus. Il est omniprésent sur la scène politique malgré tous les efforts désespérés de l’Élysée pour étouffer sa voix.

François Hollande découvre donc aujourd’hui ce qu’il reprochait hier à son ancienne compagne : il replace indirectement, par son appel, le débat sur le fond.

Où SE SITUE LE P.S. ?

Où se situe aujourd’hui le P.S. ? Est-il sur une ligne résolument de gauche avec ce qui reste de son traditionnel allié communiste et le risque permanent de courir derrière la surenchère Besancenot ? Ou est-il sur une ligne ouverte au centre, débarrassée des vieux oripeaux idéologiques ?

Cette dernière posture, assimilée par beaucoup de militants socialistes à une compromission avec “l’ennemi héréditaire”, est évidemment la moins populaire. Rejet qui tient aussi à la personnalité même de François Bayrou dont nul n’ignore l’ambition.

Mais, parallèlement, un constat commence à être partagé par quelques-uns au P.S. (dont François Hollande) ; "l’antisarkozysme forcené" actuel du P.S. a un double effet pervers : il traduit d’abord l’absence d’idées fortes et neuves au sein du P.S. ; ensuite, et comme le soulignait Manuel Valls, cet antisarkozysme primaire “affaiblit la crédibilité de la gauche en l’obligeant à l’outrance : elle devient celle qui craint tout”.

Donc le P.S. se meurt, asphyxié d’un côté par l’hyperactivité de Sarkozy, handicapé d’un autre par la popularité de Besancenot, mais aussi gêné par la présence d’un François Bayrou. Et, enfin aussi, par le trop-plein de présidentiables qui, tous, n’ont pas l’étoffe d’un chef incontestable. C’est là tout le problème actuel du P.S..

À cet appel du pied de Hollande, on peut observer que Bayrou, en fin politique qu’il est, n’y a répondu que très froidement : il n’est pas là pour voler au secours d’un P.S. agonisant.

LES PRÉSIDENTIABLES

Si la gauche est donc divisée, non seulement au sein de la gauche démocratique - qui empêchera une Ségolène Royal de se présenter aux présidentielles avec, ou même sans, investiture officielle du P.S. ? - mais aussi au sein de l’extrême-gauche, il devient évident que François Bayrou, au second tour, a les plus grandes chances de l’emporter face à un Sarkozy se représentant face aux suffrages des français.

François Bayrou, hors son intelligence et sa grande capacité tactique, a, au moins, trois atouts pour lui : c’est le meilleur et le plus dur opposant à Sarkozy. C’est un opposant “de l’intérieur” qui a siégé longuement aux côtés de Sarkozy dans des responsabilités ministérielles. Bayrou est, enfin, le meilleur candidat de second tour pour battre Sarkozy.

Il faut par ailleurs constater qu’en France il y a peu de présidentiables crédibles. Outre Sarkozy qui occupe déjà la fonction, il y a la “star” médiatique Royal et..... Peut-être Strauss-Kahn (s’il sait se débarrasser de quelques casseroles qui traînent derrière lui). Et il y a enfin.... Bayrou. Aubry n’en a pas la stature, Hollande, pas davantage.

Donc, face à ce constat, nous retombons inévitablement dans le problème des alliances. L’hypothèse centriste est incontournable : l’hypothèse d’un Bayrou élu Président de la République n’a rien d’absurde.

Ce qui ne veut pas dire que sa candidature n’est pas fragile pour autant. Historiquement, les candidats du “centre (droit ou gauche)" ont, jusqu’ici, toujours été battus par des candidats situés plus à droite : Poher, présenté comme vainqueur, a finalement été battu par Pompidou, Chaban-Delmas par un Giscard situé plus à droite, Barre par un Chirac, Balladur, pareil. Ceci veut dire que le candidat du “centre” n’est pas choisi prioritairement par la droite qui préfère finalement un candidat à elle.

BAYROU EST-IL DE GAUCHE ?

L’élément nouveau apporté par Bayrou est qu’il est, ou donne l’impression qu’il est, en train de changer de camp. Car, longtemps, il a été aggloméré à la droite. Sa critique soutenue aujourd’hui contre la nouvelle société prônée et soutenue par Sarkozy donne le sentiment qu’il est maintenant de gauche. Ce conflit de deux conceptions de la société est-il suffisant pour le considérer être de gauche ? J’en doute fort.

Bayrou a-t-il un programme écrit qui permettrait de trancher cette question ? Non. Car Bayrou a toujours affirmé qu’il se moquait éperdument des programmes. Pour ma part, je considère qu’il a raison.

LA POLITIQUE EST QUESTION DE POSITIONNEMENT

La politique n’est pas une question de programme. Pas davantage une question d’homme. C’est une question de positionnement.

L’habileté de Bayrou - et il démontre combien il est fin stratège - est de dire qu’il y a aujourd’hui en France une droite qui "s’américanise" (discrimination positive, notarisme, “bling-bling”, culte de l’argent, Otan, etc....). Sarkozy l’y aide beaucoup en cela : Sarkozy, c’est les U.S.A., ce n’est plus la France. Et quant au socialisme français ? Il peine, lui, à se débarrasser des vestiges de l’Union Soviétique : ils en sont sortis pour aller nulle part. C’est le triomphe de l’archaïsme. Et, face à cette droite américaine d’une part, face à cette gauche aux scories soviétiques d’autre part, Bayrou se situe, lui, comme un français républicain pur jus, défendant les valeurs républicaines, notamment celles de solidarité. "Liberté, Égalité, Fraternité"

LA "VRAIE FRANCE"

La vraie France - dixit Bayrou - ce n’est pas Sarkozy. “Moi, Bayrou”, je suis républicain, je suis anti discrimination positive, je suis anti-commutariste, je suis chrétien mais ultra-attaché aux valeurs laïques, etc...."

À remarquer d’ailleurs que le Président du Mouvement Démocrate est, et a toujours été, plus républicain que démocrate. Ce n’est pas là le moindre paradoxe du personnage Bayrou.

Bayrou se positionne donc comme un républicain français, face a un libéral américain (Sarkozy) et face aussi à un socialisme teinté de soviétisme à la Aubry.

Ce positionnement-là, avec les nations qui sont derrière, avec les modèles politiques qui sont derrière, c’est évidemment très puissant. C’est là que réside la vraie force politique de Bayrou.

Le seul problème ? Est-ce que Bayrou sera suivi dans ce positionnement franco-républicain par un électorat suffisant, notamment par celui d’un centre traditionnellement atlantiste, libéral et plus démocrate que républicain ?

Seul l’avenir nous le dira.

Mots-clés François Bayrou 


Réactions à cet article

2 votes  Par Voltaire (xxx.xxx.xxx.14) 7 mai 11:54 
Une excellente analyse politique.

La gauche est minoritaire en France. C’est un élément qui peut paraitre surprenant, quand on considère les scrutins locaux, où la gauche domine l’essentiel des collectivités. Mais à l’échelon national, c’est une tendance lourde, qui est renforcée par le vieillissement progrssif de la population (les personnes de plus de 65 ans votent aux deux-tiers à droite, et ne s’abstiennent pas...). Bien sûr, la conjonction d’une situation économique et sociale difficile et d’un bon candidat peut renverser cette tendance, mais de façon temporaire.

Le PS n’a toujours pas réussi sa transformation idéologique. La faute sans doute à une absence de leader fort qui ait pu imprimer sa marque (comme Bayrou ou Sarkozy sur leur parti). La faute aussi à une tradition de gauche contestataire vivace en France, qui continue d’écarteler le PS entre gauche de protestation, étatiste, et gauche de gouvernement, sociale-démocrate. Cette synthèse impossible pénalise ce parti de façon aigüe.

Les présidentiables ? A trois ans des élections, il semble difficile de se prononcer, même si Sarkozy et Bayrou seront incontournables. On pourrait prendre l’exemple américain pour suggérer qu’un(e) Obama français puisse sauver le PS, mais l’histoire politique française suggère que les électeurs de ce pays sont peu sensibles aux sirènes des nouveaux venus, et préfèrent des politiques ayant « faits leurs preuves ». Au PS, le seul choix tactique gagnant serait DSK, mais en raison de la branche contestataire de ce parti, sa nomination demeure hautement improbable. Faute de leader évident, le risque est grand de voir les prétendants s’épuiser mutuellement en 2011 : le tout sauf Royal sera toujours là, et les Aubry, Hollande et consors auront du mal à percer.

A droite, de Villepin adorerait se présenter contre son némésis, mais y renoncera faute de troupes, Dupont Aignant demeure confidentiel, Borloo sera peut-être lancé dans les pattes de Bayrou mais le voudra t-il ? et le Nouveau Centre est moribond.

Bayrou est il de gauche ? Non, au sens de la gauche française. Bien sûr, il y a accord sur les valeurs éthiques, mais jamais le PS n’accepterait de pousser le rééquilibrage des pouvoirs comme Bayrou le souhaite (l’appareil du parti socialiste est trop puissant), et les divergences sur le rôle de l’Etat et sur le modèle économique sont nombreuses. En cela, B. Hammon a raison, Bayrou est un concurent du PS, et il propose bien une vision sociétale différente.

Une alliance est-elle possible ? Idéologiquement, oui. Il n’y a pas plus de différences entre le projet de Bayrou et celui du PS, qu’au sein même du PS entre son aile gauche et son aile droite (pour ne rien dire d’alliés communistes). Seul problème : le PS, parti puissant, peut-il accepter de ne pas être leader... La réponse est non, jusqu’au second tour. Ensuite, le PS négociera le soutient de Bayrou en cas de présence au second tour, si son ou sa candidat(e) est crédible, ou soutiendra Bayrou en échange d’une présence importante au gouvernement (et d’un premier ministre) en cas de présence de Bayrou au seocnd tour. Car cette fois, le PS ne peut pas se permettre de ne pas être au gouvernement, d’une manière ou d’une autre : ce serait sacrifier toute une génération de responsables qui aspirent au pouvoir, et peuvent prétendre à prendre la suite de Bayrou s’il est élu.

Je ne partage pas la vision « archaïque » du PS de l’auteur : il me semble que toute velléité communiste a bien disparue de ce parti, mais il reste attaché à un rôle centralisateur de l’Etat, très présent dans tous les rouages de la société, tandis que Bayrou lui substitue celui d’Etat garant, d’Etat contrôle, et donc de dépenses publiques moins élevées tout en refusant une loi du marché hégémonique.

Ce que votre article n’aborde pas en revanche, et qui est intéressant, c’est la vision de la fonction présidentielle, fondamentalement différente entre Sarkozy, Bayrou, et un candidat PS (ils ont tous une vision à peu près identique sur ce point), et qui pourra jouer un rôle important dans le choix des électeurs. 2012 sera intéressant à ce niveau :
en cas de confirmation de Nicaols Sarkozy, la France sera pour longtemps passée dans un modèle « présidentialiste ». En cas d’élection de François Bayrou, qui ne dispose pas d’un parti très fort, on retrouvera un président arbitre, impulsant une direction générale au pays, à la de Gaulle (sans le contrôle strict de l’information...). En cas d’élection d’un(e) candidat(e) socialiste, on retrouvera sans doute le modèle Chiraquien (domaine réservé, influence modérée sur la majorité parlementaire, plus forte sur le gouvernement ). Trois visions de notre système politique...

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