(dépêche)
Un Président par défauts
Monde 05/08/2009 à 06h51
Par AFP
C’est une investiture sous pression, dans une capitale iranienne quadrillée par les milices du régime afin d’éviter des manifestations de l’opposition protestant contre les massives fraudes électorales. Le très contesté président ultra-conservateur Mahmoud Ahmadinedjad va être investi pour un nouveau mandat de quatre ans par le parlement deux jours après son adoubement par le Guide suprême Ali Khamenei dans une cérémonie boudée, contrairement aux usages, par ses prédécesseurs Ali Hachemi Rafsanjani et Mohammad Khatami, ainsi que par les candidats de l’opposition. Et ces derniers devraient aussi boycotter la nouvelle cérémonie. Ils réclament toujours l’annulation du scrutin du 12 juin. Selon les résultats officiels, Mahmoud Ahmadinedjad aurait été réélu dès le premier tour avec 63 % des suffrages.
Dans une interview au quotidien espagnol El Pais, le plus libéral des candidats défaits, Mehdi Karoubi, a affirmé que ni lui ni Mir Hossein Moussavi (ancien premier ministre et autre candidat malheureux à l’élection devenu le symbole de l’opposition) «ne reculeraient ou collaboreraient avec ce gouvernement». «Nous n’allons pas l’agresser mais nous critiquerons ce qu’il fait», a expliqué Karoubi.
«Illégitime». Le journal d’opposition Etemad Melli dénonce ce gouvernement comme «illégitime» et assure que le groupe des réformateurs - minoritaires au parlement - pourrait ne pas participer à la prestation de serment, ce qui a mis en colère les conservateurs. «J’espère que tous les responsables officiels ont compris la situation et resteront unis», a menacé l’ayatollah Mahmoud Hachémi Chahroudi, chef du pouvoir judiciaire et important membre du clergé, cité mardi par l’agence Isna.
Mais l’ex-président Rafsanjani qui dirige deux institutions clés du régime - le Conseil de discernement et l’assemblée des experts - devrait rester ferme sur cette ligne de boycott qui selon le quotidien réformateur Aftab e Yazdi sonne comme «un clair message».
Nombre de diplomates vont aussi éviter d’assister aux festivités et les principales capitales occidentales affichent très clairement leur désaveu. «Compte tenu des circonstances de cette réélection controversée, la Chancelière ne va pas, contrairement aux habitudes, écrire la normale lettre de congratulations», a ainsi précisé dès hier le porte-parole d’Angela Merkel. Barack Obama, Nicolas Sarkozy et le premier ministre britannique Gordon Brown sont sur la même position.
«Légitimité divine». Le nouveau président a toutefois reçu hier le soutien de l’important journal quotidien conservateur Kayan, jusque-là réservé, voire plutôt critique à son égard, qui salue «la légitimité divine» de Mahmoud Ahmadinedjad après son intronisation, lundi à Téhéran, par le Guide suprême dans «une procédure déterminante et sacrée».