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10 février 2007 6 10 /02 /février /2007 16:14
Le 27 mars prochain, l’Europe fêtera le cinquantenaire du Traité de Rome, fondant la Communauté Économique Européenne.

Le 24 janvier 2007 au matin à Paris, le rédacteur du préambule de ce traité, le seul qui comporte le mot "idéal" dans un accord international, vient de mourir à 78 ans.

Jean-François Deniau était malade du coeur et du cancer depuis une quinzaine d’années. Il était un homme multiple, à la fois homme politique, navigateur, écrivain et baroudeur.

Aucune de ces facettes ne m’avait vraiment attiré en lui, mais toutes ces facettes prises dans leur ensemble brossent le portrait d’un homme courageux, non étiquetable et profondément humaniste.

D’abord, il était un haut fonctionnaire de l’État, passé par les fourches de l’ENA et de l’Inspection des Finances. Sa foi en la construction européenne le fit empiéter dans les fonctions politiques : commissaire européen, ministre sous Pompidou et Giscard d’Estaing, ambassadeur auprès de son ami Juan Carlos en 1976, au moment où ce dernier devint roi d’Espagne, puis, se prenant de passion aux batailles électorales, a été élu député, président du conseil général du Cher, battant le maire de Bourges, puis battu par lui. Il a même failli être désigné comme tête de liste européenne de la majorité balladurienne, en juin 1994, mais son état de santé très affaibli avait été utilisé par ses détracteurs pour le remplacer par Dominique Baudis, ancien maire de Toulouse qui vient de quitter la présidence du CSA. En 1982, il a créé le Prix Sakharov à Strasbourg.

Mais cette seule vie, qui pouvait être remplie de façon classique comme pour bien d’autres hommes politiques, l’ennuyait assez.

Alors, son côté baroudeur l’impliqua dans de nombreuses missions internationales où la démocratie était en émoi : Cambodge, Liban, ex-Yougoslavie, Érythrée, Kurdistan, Chine, Afrique du Sud, Roumanie, et surtout Afghanistan où il sympathisa avec le Commandant Massoud bien avant que les démocraties ne furent alertées (Massoud fut assassiné le lendemain des attentats du 11 septembre 2001, ce qui engagea la guerre en Afghanistan contre les talibans).

Technocrate, homme politique, aventurier... et aussi, écrivain. Son style n’est pas ma tasse de thé, mais bon, je n’ai pas lu grand chose de lui, donc, incapable de donner une idée de sa valeur littéraire. Ca ne veut rien dire, mais bon, il est élu à l’Académie Française en 1992 au siège de La Bruyère. Il a écrit plus de vingt-cinq bouquins, des récits de voyages, mais aussi des romans et quelques essais.

Mais il était aussi un passionné de voile, allant jusqu’à traverser l’Atlantique à la voile en 1995 alors qu’il venait juste de subir un triple pontage. Cela le fit élire à l’Académie de Marine (fondée en 1752) au siège d’Éric Tabarly.

Bref, Jean-François Deniau n’a jamais estimé que la maladie pouvait l’handicaper pour accomplir ce qu’il avait voulu faire dans sa vie bien remplie, et, à sa façon, a toujours su mettre en pratique ses engagements personnels, en se mettant lui-même en danger physiquement pour défendre ses idées et aider plusieurs populations oppressées dans le monde.

Ce ne sera ni un saint, ni un panthéonisable, mais c’était un sacré bonhomme.
Désolé pour ce nouvel hommage.



(1) http://www.etonnants-voyageurs.net/article.php3?id_article=63
(2) http://www.jeanfrancois-deniau.org/
(3) http://fr.wikipedia.org/wiki/Jean-François_Deniau
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