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20 février 2007 2 20 /02 /février /2007 15:01
Quelle marque laissera donc Jacques Chirac de son passage à l’Élysée ?

Un long passage de douze ans, moins long que celui de François Mitterrand, mais de deux ans plus long que celui du Général De Gaulle, et si l’on ajoute les quatre années à Matignon (1974-1976 et 1986-1988), Jacques Chirac aura sans doute battu des records de longévité à la tête de l’État depuis... Napoléon III !

J’ose à peine esquisser une réponse car peu de zélateurs sont là pour le défendre, tous se sont rapprochés des candidats qui auraient le plus de chance de lui succéder. La très faible popularité de Jacques Chirac, en tout cas, celle sondée pour les intentions de vote, est significative d’une réelle volonté des gens à changer les vingt-six années de mitterrando-chiraquisme que je pourrais aussi résumer en brejnévisme.

Car Jacques Chirac a un bilan très maigre, très mitigé.

Sur le plan institutionnel, il est le fameux Président qui a créé le septennat de deux ans après que Mitterrand eut créé le septennat de cinq ans en 1986. En effet, en dissolvant l’Assemblée Nationale en 1997, alors qu’il jouissait d’une très confortable majorité parlementaire, et surtout, en échouant dans la reconduite de celle-ci, il a consacré la cohabitation pour cinq années de suite. Ce qui l’a conduit sans doute à adopter finalement le quinquennat dont on a vu, dès 2002, les méfaits puisque ce court délai a occupé beaucoup les pensées de ceux qui se rasent.

Les zélateurs de l’autre bord ne voudraient retenir de François Mitterrand que l’abolition de la peine de mort et la construction européenne avec l’Acte Unique et Maastricht.

Sur le second sujet, Jacques Chirac a été lamentable. Incapable de faire campagne correctement pour le Traité de Constitution Européenne et s’entêtant avec beaucoup de légèreté pour le ratifier par référendum le 29 mai 2005, il est le véritable responsable d’une véritable crise de l’Union Européenne, non seulement institutionnelle mais politique et morale également.

En revanche, sur le premier sujet, Jacques Chirac a montré son courage. Votant l’abolition en septembre 1981, contre l’avis de ses amis politiques et notamment, malice du destin, de Pascal Clément, l’actuel Ministre de la Justice, il a voulu pérenniser une fois encore cet acquis moral en faisant graver l’abolition de la peine de mort dans la Constitution ce 19 février 2007. C’est tout à son honneur.

Et le racisme, l’antisémitisme ?

Là aussi, Jacques Chirac s’est montré sans concession, sans hésitation, sans clientélisme.

Le symbole ? dès son élection, en juillet 1995, la reconnaissance de la responsabilité de l’État français dans la déportation des juifs à Drancy. Rompant le mythe gaullien d’autant plus facilement qu’il a revendiqué son gaullisme.

Mais la traduction politique a été bien plus efficace, et plus salutaire pour la France.

Lorsque Jean-Pierre Stirbois a fait plus de 20% dans l’élection municipale partielle de Dreux en 1983, et qu’il a fusionné sa liste avec celle de la droite parlementaire pour le second tour, encouragé par François Mitterrand, le Front National est devenu l’inquiétant parti alors que les communistes ne semblaient plus inquiéter personne.

10% aux élections européennes de juin 1984, 36 députés aux élections législatives de mars 1986, 14,5% à l’élection présidentielle d’avril 1988 : le Front National a gangrené et gangrène toujours la vie politique française.

Malgré les nombreuses sollicitations, Jacques Chirac, à la tête du RPR, l’un des deux grands partis gouvernementaux, a refusé toute alliance avec le Front Nationale, or une telle alliance aurait pu lui faire gagner quelques élections nationales. Il a toujours refusé et il a eu raison. Je ne me voyais pas avec des ministres FN.

Jusqu’au summum (que nous espérons summum), l’accession de Jean-Marie Le Pen au second tour de l’élection présidentielle de mai 2002.

Les 82% de Chirac réélu aurait dû alors le faire rentrer dans l’histoire comme un grand Président. Parmi lesquels plus de sympathisants de gauche que de droite.

Hélas, au lieu de proposer une nouvelle voie, il s’est recroquevillé sur les 19% qu’il avait reçus au premier tour.

C’est ce passage raté qui fera que ses présidences n’auront pas conforté la France. C’est très dommage, et cela explique aussi en partie pourquoi la candidature de François Bayrou recueille maintenant autant d’espoir.
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