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27 février 2007 2 27 /02 /février /2007 21:28
La France commence à surfer sur la vague Bayrou.

Hier soir, 26 février 2007, sur TF1, 6,7 millions de téléspectateurs étaient rivés à leur écran de télévision pour écouter François Bayrou.

Loin des effets d’annonce, loin des paillettes, loin de la volonté d’en mettre plein la vue, Bayrou s’est montré pédagogue et raisonnable. Mais avant tout, modeste, humble, rappelant même qu’il n’était pas un ange et qu’il a pu commettre des erreurs.

De cette émission ressort un seul mot : le sérieux, le sérieux de la personnalité du candidat et surtout, le sérieux de son projet présidentiel.

Mesure-phare de son programme : deux emplois sans charges pour les PME tout de suite.

Et si les socialistes ont la mauvaise foi aujourd’hui d’évoquer des mesures coûteuses, ils oublient que François Bayrou est le SEUL à vouloir réellement s’attaquer au déficit budgétaire et à la dette de l’État alors que Sarkozy et Royal ne cessent de multiplier les promesses démagogiques ...et coûteuses.




























François Bayrou
à Mantes-la-Jolie
le 9 février 2007.



S’inspirant de Raymond Barre et de Jacques Delors,
François Bayrou s’est juré, dit-il, de parler de la dette de l’État à chaque occasion qui lui était donnée pendant cette campagne, et il faut un certain courage pour cela, car ce n’est pas très attractif.

Mais la raison est là : l’État vit largement au-dessus de ses moyens, et il faudra une cinquantaine d’années pour que les Français paient les dépenses de fonctionnement de ces dernières années, c’est complètement fou.

L’autre thème est plus politique et institutionnel et a le don d’agacer les deux grands partis politiques en place, l’UMP et le PS.

François Bayrou a en effet redit sa volonté de réaliser la véritable ouverture de type Troisième Voie, permettant à des européens de bonne volonté de se retrouver dans le même gouvernement pour redresser le pays et sauvegarder notre modèle républicain.

Les critiques continuent de pleuvoir.

Prenons-les, les unes après les autres.

1. Bayrou veut revenir à la IVe République.

C’est évidemment un argument sans intérêt puisqu’à l’époque, les partis politiques gouvernaient l’assemblée, le gouvernements n’avaient pas la capacité d’avoir de la stabilité alors qu’aujourd’hui, le Président élu de tous les Français a toutes les clefs pour réorganiser le paysage politique français, Jacques Chirac l’a bien fait (en échouant) avec la création de l’UMP en avril 2002.

2. Bayrou n’aura pas de majorité à l’Assemblée Nationale

Le risque de ne pas avoir de majorité est bien nul aussi puisque Giscard d’Estaing, lui aussi, quand il a été élu, ne disposait que d’une poignée de députés RI à l’Assemblée Nationale, mais a pu constituer un gouvernement de coalition non seulement avec des gaullistes et des centristes, mais aussi des personnalités proches de la gauche comme Françoise Giroud et Jean-Jacques Servan-Schreiber.

En fait, l’élection présidentielle remet à plat toutes les cartes et aux élections législatives qui vont suivre, les candidats soutenant le projet d’ouverture présidentielle constitueront forcément la future majorité parlementaire puisque Bayrou aura alors été élu sur ce projet.

Certains plus perspicaces lorgnent sur l’Italie en montrant que Romano Prodi (ami de François Bayrou), qui dirigeait un gouvernement de coalition entre le centre gauche et les centristes, venait juste de démissionner. Ils oublient cependant de dire que Romano Prodi n’était en aucun cas obligé de démissionner (constitutionnellement) mais l’a fait politiquement pour prendre plus de poids et sa reconduction par Napolitano samedi dernier va lui permettre cette semaine d’avoir plus de garantie quant à la stabilité de son nouveau gouvernement.

Mais le pays vers lequel il faut se tourner, c’est plutôt l’Allemagne, où la coalition menée par Angela Merkel réussit à mettre en place les réelles réformes pour sortir l’Allemagne de son marasme économique. La forte baisse du chômage et la croissance soutenue en Allemagne montrent les premiers résultats de cette alliance imposée par les électeurs allemands.

3. Bayrou est de droite

Étrangement, cet argument est utilisé à la fois par l’UMP et par le PS. Ce brevet de "droitisme" est étrange provenant de ces deux grands partis qui ne vivent que de cet antagonisme assez anachronique entre la droite et la gauche, puisque, si nous regardons les grands débats, notamment sur l’Europe, l’UMP et le PS sont traversés par un clivage très fort entre souverainistes et partisans du renforcement de la construction européenne.

Une autre ligne de partage à l’intérieur de l’UMP et du PS sépare les tenants d’un libéralisme tempéré (qualifié de social-libéral pour certains) et les tenants d’une résurgence de jacobinisme étatique que nous retrouvons autant dans certains propos de Dominique De Villepin à propos du patriotisme économique que parmi les proches de Henri Emmanuelli ou de Jean-Pierre Chevènement.

L’idée de Bayrou, c’est en fait de réactualiser les véritables clivages politiques, qui débordent évidemment du simplisme opposant la droite et la gauche.

Lors de ses propos sur l’Éducation Nationale, François Bayrou s’est montré très élogieux sur l’existence de syndicats représentatifs (10) avec qui il est possible de discuter dans une administration composée de plus d’un million de fonctionnaires, alors que Ségolène Royal les avait vivement critiqués lorsqu’elle avait été la Ministre Déléguée à l’Enseignement scolaire de Claude Allègre.

En fait, Bayrou convient bien que jusqu’à maintenant, l’UDF a plutôt fait des alliances avec la droite, mais il faut aussi rappeler que l’UDF s’était alliée avec les socialistes pour permettre à Anne-Marie Comparini, ancienne collaboratrice de Raymond Barre, de prendre la Présidence du Conseil Régional de Rhône-Alpes face à Charles Millon.

Et évidemment, depuis quelques années, Bayrou a bataillé fermement à l’Assemblée Nationale pour montrer une voie nouvelle, notamment en refusant de voter pour le budget, élément essentiel dans la vie parlementaire, et en votant même la censure, le plaçant alors pour certains de l’UMP dans l’opposition.

4. Bayrou est un centriste mou

On a souvent associé l’idée du centre avec l’idée de mollesse, l’idée d’un centre incapable de prendre position, qui s’accommode des compromis et des idées de droite et de gauche, bref, de n’avoir que des convictions diluées, de n’être qu’une auberge espagnole.

L’émission d’hier soir a pu montrer évidemment que François Bayrou n’est pas un mou. Au contraire, il a des convictions fermes, volontaires et il l’a même montré par son comportement courageux.

Car sa démarche n’est pas exempte de courage. Refusant tout cadeau destiné à se ranger derrière le leader de la droite, qu’il pourrait maintenant monnayer très cher, Bayrou sait que cette élection peut signer la fin de sa vie politique, la fin de son parti, et surtout, la fin de son idée chère de faire travailler les personnes de bonne volonté.

Sur la dette de l’État, sur la social-économie, sur l’Iran, sur la Turquie, sur la construction européenne, au contraire, François Bayrou met en avant des priorités fortes.

Mais pourquoi les critiques pleuvent-elles tant maintenant, alors qu’il y a encore un mois, il était ignoré de ses concurrents ? Il n’y a qu’une seule réponse : les sondages.

BAYROU À 19%

Le sondage réalisé juste avant cette émission, publié par l’IFOP ce matin (1), mesure une nouvelle progression de François Bayrou atteignant 19% alors que Ségolène Royal semble revenir à la baisse malgré sa remontée due à son passage à la même émission de TF1, sans doute affectée par le recrutement de Jospin et d’autres dinosaures du parti socialiste de l’époque mitterrandienne, qui a suscité beaucoup de désenchantement parmi les séduits de la nouvelle donne Royal.

Certes, les sondages sont très volatiles, et le score de Jean-Marie Le Pen (avec 12%) supérieur à celui mesuré en 2002 à la même époque.

Mais la vague est là. Progressive. Permanente. Et les états-majors de l’UMP et du PS s’en inquiètent. Ils ont sans doute raison.


Pour en savoir plus :


 
(1) http://www.ifop2007.fr/cms/intentiondevote/PM-PRESI9-0207.html
(2) http://www.guardian.co.uk/Columnists/Column/0,,2017740,00.html
(3) http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-823448,36-876971@51-825418,0.html
(4) http://www.presidentielles.net/mllecanarde/index.php?2007/02/22/36-quitte-ou-double
(5) http://www.liberation.fr/actualite/politiques/237153.FR.php
(6) http://www.liberation.fr/actualite/evenement/evenement1/216515.FR.php
(7) http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-823448,36-876299,0.html
(8) http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-823448,36-876963,0.html
(9) http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-823448,36-876741@51-825418,0.html
(10) http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-823448,36-876742@51-825418,0.html
(11) http://profseteleves.blogs.liberation.fr/silnyavaitqueleseleves/
(12) http://www.liberation.fr/actualite/politiques/elections2007/231553.FR.php
(13) http://www.liberation.fr/actualite/politiques/elections2007/236691.FR.php
(14) http://www.liberation.fr/actualite/evenement/evenement1/236690.FR.php
(15) http://www.liberation.fr/actualite/politiques/237603.FR.php
(16) http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-823448,36-876665@51-825418,0.html
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