J’ai écouté hier soir, 15 mars 2007, attentivement la prestation de Ségolène Royal sur France 2 dans l’émission d’Arlette Chabot.
Je suis toujours étonné de la voir se draper de deux héritages, somme toute très prétentieusement, ceux de Jeanne d’Arc et de François Mitterrand.
Mais pourquoi pas ?
Comme à chaque prestation télévisée, notamment sur TF1 le 19 février 2007, Royal ne cesse de répéter des termes aussi creux que répétitifs tels que « tout se tient » (comme pour s’en convaincre), « c’est gagnant-gagnant » (comme si elle venait d’apprendre en formation cette expression), puis, pour tempérer, « c’est donnant-donnant » et, pour bien montrer sa féminité (?) dont elle a rappelé l’atout « chevilles au corps », sans oublier, bien sûr, son « ordre juste » qu’elle met à toutes les sauces.
Toute sa prestation a reflété hélas trois caractéristiques qui, en ce qui me concerne, m’inquiéteraient si elle arrivait au pouvoir, que je pourrais appeler incompétence, magie, et désordre étatique.
Au début de l’émission, on l’interroge sur sa réputation d’incompétente, de personne qui n’est pas à la hauteur du poste. Elle répond en pirouette : ce n’est pas l’âge, puisqu’elle a dix ans de plus que Kennedy à son élection (toujours des analogies douteuses). Donc, dit-elle, c’est sans doute parce que je suis femme.
L’explication, pourtant, on pourra l’avoir au cours de l’émission.
En effet, Royal a montré une méconnaissance totale de ce qu’est une entreprise, de la manière dont l’économie fonctionne. Elle fait des propositions totalement inutiles car sans capacité de les tenir.
Quelques exemples ?
- reprendre les aides aux entreprises qui licencient ou qui délocalisent.
Elle a parlé du Poitou-Charentes alors qu’elle n’a aucune possibilité de faire cela. Mais sur le fond, une entreprise doit être très réactive, arrêter des activités qui sont déficitaires, démarrer d’autres activités ou développer celles qui sont bénéficiaires. La visibilité est très faible. Le monde est le seul espace économique possible pour les entreprises.
- stabiliser les règles fiscales, sociales et environnementales des entreprises pendant cinq ans.
C’est évidemment très tentant. Sauf que cela peut se faire au détriment des entreprises. Le monde évolue rapidement, c’est normal qu’il y ait adaptation. Ces changements peuvent introduire de la complexité, mais le blocage serait encore plus perturbant.
Au passage, Royal a systématiquement rajouté le mot « environnemental » sans rien dire de l’écologie ni de l’environnement, sans doute pour faire bien, pour faire celle qui s’y intéresse (il y a là tout un vivier électoral).
- le dialogue social dans les entreprises.
Pour Royal, le dialogue social doit tout résoudre dans les entreprises. Encore une fois, si l’entreprise n’a plus de commande, si elle n’a plus de client, si elle doit bouger, s’installer plus près de ses nouveaux clients ou de ses nouveaux fournisseurs, quel est l’apport d'un dialogue social renforcé pour éviter des plans sociaux ?
- la décentralisation.
Sur ce thème, elle paraît avoir oublié que ses propres amis avaient fait quelques pas importants. Alors, elle décentralise à tout va. J’ai noté notamment la construction des prisons, les aides économiques, l’éducation… sans rien dire de la déconcentration des services de l’État, sans rien dire de la répartition des dotations…
En fait, Ségolène Royal est une véritable fée. Elle manie la baguette magique comme la langue de bois. Sous un look évidemment nouveau et avenant, elle ne sait que faire de l’incantation, sans aucune idée sur les moyens pour y parvenir. Comment financer son programme ? à part la tarte à la crème de « c’est la croissance qui va aider, quand il n’y aura plus de chômeurs », rien, zéro.
Pour financer les six mois gratuits d’emploi de jeunes diplômés (mieux que le CPE pour les entreprises ?). En redéployant le budget de la formation professionnelle.
Quand Arlette Chabot a trop insisté pour lui faire préciser, elle a lâché qu’elle n’était pas candidate au Ministère des Finances. Piètre argument face au vide.
Incantation, mais aussi vieux relents étatiques. Visiblement, tout va venir de l’État, voire d’elle-même. Royal va renforcer l’étatisme monolithique, l’autocratie qui a gangrené notre république depuis plusieurs décennies.
Pour édulcorer cette volonté à tout diriger (commune à Nicolas Sarkozy), Ségolène Royal l’agrémente de « débats nationaux ». Dès l’été ou l’automne 2007.
J’ai ainsi comptabilisé pas moins de trois grands débats nationaux : les retraites, les 35 heures, l’éducation, où on met tout à plat…
Il faudrait peut-être se mettre au travail aussi, et ne pas laisser les acteurs économiques et sociaux dans l'inconnu total.
Bref, il est temps que s’apercevoir que cette candidate risque de mener le pays vers l’aventure. Elle aura beau séduire par sa personnalité, son look, sa nouveauté, elle ne fait que rester dans les chemins antagonistes (autoritarisme étatique, débats participatifs) de la langue de bois (incantations) et de la vacuité (absence de connaissance économique et financière).
Pour mieux comprendre le fonctionnement de Ségolène Royal, il est intéressant d’écouter ce qu’en dit son ex-conseiller économique, Éric Besson (1), qui a annoncé qu’il ne voterait pas pour elle.
En ce sens, ce n’est pas anodin que de nombreuses personnes se disant de gauche commencent à avoir peur elles-mêmes et déclarent qu’elles finiront par voter au premier tour François Bayrou (2,3,4), alors que ce dernier rattrape Ségolène Royal avec 23% chacun, 29% pour Sarkozy et 13% pour Le Pen dans le dernier sondage Ipsos Dell pour SFR et Le Point publié ce 16 mars et réalisé du 13 au 15 mars..
(1) Éric Besson ne votera pas pour Ségolène Royal.
(2) Je suis de un militant socialiste et je voterai Bayrou.
(3) Je suis à gauche du PS et je voterai Bayrou.
(4) Groupe Spartacus.
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