PARIS (AP) - Alors que Nicolas Sarkozy passe quelques jours de repos au large de Malte, avec sa famille, sur un yacht de luxe appartenant à l'homme d'affaires Vincent Bolloré, quelques critiques et interrogations se sont élevées mardi chez certains membres du Parti socialiste. "Indignation", "étonnement", "luxe assez ostentatoire" étaient sur certaines lèvres.
Le yacht de luxe "Paloma" est un navire de 60 mètres disponible à la location pour 173.000 euros par semaine en basse saison (plus de 193.000 euros en haute saison), selon deux sites de location de yachts de luxe. D'après le site en ligne du magazine "Capital", ce yacht construit en 1965 par un chantier naval japonais appartient à l'homme d'affaires Vincent Bolloré, qui l'a racheté et rénové en 2003.
Par ailleurs, une photographie publiée par le "Times of Malta", un journal local, montre le jet privé qui a conduit Nicolas Sarkozy à Malte avec l'immatriculation F-HBOL. D'après le registre des immatriculations de la Direction générale de l'aviation civile (DGAC), ce Falcon 900X appartient également au groupe Bolloré.
"Ça m'indigne", a réagi Vincent Peillon. "Lorsque l'on a critiqué la société d'assistance, M. Sarkozy semble être assisté mais par les milliardaires qui lui prêtent leur jet privé, qui l'accueillent dans les yachts", a déclaré sur RTL l'eurodéputé socialiste en trouvant cela "invraisemblable". Pour lui, "il y a une forme d'arrogance même d'insulte (...) à l'égard d'un certain nombre de gens". "On n'a jamais vu à ce point quelqu'un qui affiche de façon très provocatrice le goût de l'argent et sa proximité avec les milieux d'affaires".
"Ça commence à bien faire", a répondu Eric Woerth, trésorier de la campagne Sarkozy. "Je ne sais pas si la gauche a remarqué, mais les élections sont terminées. Ils sont vraiment toujours un peu maîtres en insinuation, en mise en cause, et en insulte", a-t-il réagi sur RTL. "Il s'agit de quelques jours de vacances privées. Il n'y a pas de quoi en faire tout un plat", a-t-il estimé.
Sans citer de noms, M. Woerth a précisé que Nicolas Sarkozy était "reçu par un ami. Il n'y a pas d'interrogation ni juridique, ni morale. Nicolas Sarkozy est un citoyen comme les autres. Il n'est pas encore président de la République, il prend quelques jours de vacances avec quelques amis".
Ancien responsable de campagne de Ségolène Royal, Patrick Mennucci s'est lui aussi étonné sur Canal+ de ces vacances en yacht après la nuit au "Fouquet's" à Paris, où le prix des suites peut dépasser les 2.000 euros la nuit. "Chacun a le droit à des vacances. Mais quand on est président de la République, et singulièrement la nôtre, je crois que tout ce qu'on fait a un sens", a noté M. Mennucci.
Le Premier secrétaire du Parti socialiste François Hollande a jugé que "ce n'est pas le même train de vie que de partir se retirer pour réfléchir, que de partir sur le yacht avec ce qui apparaîtra aux yeux du plus grand nombre des vacances de milliardaires".
"Quand on emploie le mot 'habiter la fonction', on fait attention à ne pas habiter dans n'importe quel lieu avant la prise des responsabilités", a-t-il poursuivi lors du "Grand journal" de Canal+. "Sans tomber dans je ne sais quelle polémique sur le coût, est ce que c'est la république qui paie? C'est tout ce que je veux savoir". François Hollande a cependant estimé mardi matin sur RTL que "chacun peut partir en vacances, ça ne me gêne pas et Nicolas Sarkozy encore moins". "Je trouve ça normal qu'après une campagne, aussi, difficile pour lui il ait besoin de repos".
Le député européen UDF Jean-Louis Bourlanges, qui a rallié M. Sarkozy entre les deux tours, a regretté le choix du futur président. Il aurait "mieux fait d'aller en vacances dans une sympathique villa de Toscane (...) plutôt que d'afficher ce qui me paraît être un luxe assez ostentatoire alors même que l'on va demander aux Français de grands efforts", a dit M. Bourlanges dans l'émission "A sa place vous feriez quoi?" sur i>télé et France-Info.
Nicolas Sarkozy se paie "des vacances de nabab", a de son côté estimé le Vert Noël Mamère. C'était "le candidat des favorisés, des plus riches, (...) le choix qu'il vient de faire est tout à fait symbolique du monde dans lequel il vit", a-t-il déclaré.
Mardi 8 mai 2007, 21h46
PARIS (AFP) - Le retour aux affaires de Nicolas Sarkozy s'est dessiné mardi tandis que la polémique enflait autour de ses luxueuses vacances à bord d'un yacht, au large de Malte.
Le président élu et le président sortant, Jacques Chirac, apparaîtront pour la première fois ensemble jeudi à Paris, à l'occasion des commémorations de l'abolition de l'esclavage, a fait savoir Claude Guéant, l'ancien directeur de Campagne du candidat.
Parti se reposer trois jours au large de Malte, M. Sarkozy était en revanche absent mardi lors de la commémoration du 8 mai 1945, sous l'Arc de Triomphe, laissant M. Chirac présider seul la cérémonie, pour la douzième et la dernière fois.
Il s'agissait de ne "pas donner l'impression d'une République à deux têtes", avait-il fait valoir à l'avant-veille du second tour.
Après la passation de pouvoir, le 16 mai, M. Sarkozy se rendra "très vite" en Allemagne pour rencontrer la chancelière Angela Merkel, a précisé M. Guéant. Puis ce sera le sommet du G8, prévu du 6 au 8 juin à Heiligendam, dans le nord de l'Allemagne.
En attendant, la polémique a fait rage mardi sur les trois jours de repos de M. Sarkozy au large de Malte. Accompagné de son épouse Cécilia et de leur fils Louis, il y avait atterri lundi à bord d'un jet privé, propriété de l'homme d'affaires Vincent Bolloré, avant d'embarquer à bord d'un Yacht qui lui appartiendrait également.
Le porte-parole de campagne de Ségolène Royal, Vincent Peillon, a vu dans ces luxueuses vacances "une forme d'arrogance et même d'insulte à l'égard d'un certain nombre de gens" après "une campagne sur la France qui se lève tôt, la société du travail" et ses critiques sur "la société d'assistance".
"M. Sarkozy semble être assisté mais par les milliardaires qui lui prêtent leur jet privé et l'accueillent à bord de yacht", a-t-il ironisé.
"Pas de quoi en faire tout un plat", a répliqué le trésorier de l'UMP Eric Woerth: "Il s'agit tout simplement de quelques jours de vacances privées".
"Après des mois de campagne, nul ne conteste à Nicolas Sarkozy le droit de se reposer en famille", a déclaré à l'AFP le député PS de Paris Jean-Marie Le Guen, en soulignant que lorsque que M. Sarkozy avait "évoqué l'idée de se retirer quelques jour pour endosser pleinement la plénitude de ses responsabilités, les Français ne pouvaient qu'apprécier cette ascèse".
"Hélas, la retraite monacale tourne à la croisière jet set. La sérénité semble s'effacer derrière la jubilation ostentatoire", a poursuivi M. Le Guen.
Pour lui, "le plus préoccupant" ce sont "les conditions de ces jours heureux". "Est-il en effet normal qu'un futur président de la République fasse sponsoriser ses loisirs par des personnages fortunés qui ont tout à gagner des bonnes grâces du pouvoir?", s'est-il interrogé.
"Pour ceux qui avaient apprécié les propos modestes du premier discours de Nicolas Sarkozy, le charme aujourd'hui se dissipe peut-être", a-t-il poursuivi.
Mardi 8 mai 2007, 21h00
PARIS (Reuters) - La "retraite" de quelques jours entreprise par Nicolas Sarkozy sur un yacht luxueux en Méditerranée a été critiquée mardi par certains responsables de gauche et du centre.
"C'est un signal désastreux donné au pays, notamment auprès des 53% des Français qui gagnent moins de 800 euros et qui ont voté pour lui", a déclaré à Reuters Patrick Menucci, ancien directeur-adjoint de campagne de Ségolène Royal.
"C'est un signal désastreux donné à des gens qui sont dans la précarité", a ajouté le conseiller municipal de Marseille, qui est aussi secrétaire national du PS.
Nicolas Sarkozy a entamé lundi une croisière au large de l'île de Malte à bord d'un yacht de 60 mètres qui appartiendrait, selon le magazine Capital, à l'homme d'affaires français Vincent Bolloré.
"Je trouve que c'est un très mauvais départ en étant sur le yacht d'une personnalité du CAC-40. Il confirme ainsi qu'il est le président du CAC-40", a jugé Patrick Menucci.
Le député européen UDF Jean-Louis Bourlanges a estimé de son côté sur France Info que le choix de Nicolas Sarkozy relevait d'un "luxe inutilement ostentatoire".
Mardi 8 mai 2007, 20h18
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