Sarkozy peaufine la formation du gouvernement, tâche rendue difficile par la parité

"Nicolas Sarkozy a quelques problèmes pour former son gouvernement", "il veut faire la parité absolue, comme il l'a promis, et ce n'est pas facile", ont expliqué dimanche à l'AFP des sources proches de l'UMP et du gouvernement.
Outre son Premier ministre - selon toute vraisemblance François Fillon, son conseiller politique à l'UMP - le président élu doit sélectionner huit hommes et sept femmes, ou l'inverse, pour son "quinze de France".
Côté hommes, les ambitions ne font pas défaut : Alain Juppé, Jean-Louis Borloo, Xavier Bertrand, Patrick Devedjian, Brice Hortefeux, Philippe Douste-Blazy, Michel Barnier (ces deux derniers se disputant la Défense), Jean-François Copé, Renaud Donnedieu de Vabres...
Sans compter les UDF, voire les personnalités classées à gauche puisque le président veut combiner parité et "ouverture".
M. Sarkozy a d'ailleurs réitéré dimanche soir, lors d'une réunion avec les principaux ténors UMP, sa "volonté d'ouverture" vers le centre et la gauche, "indispensable", dit-il, quand on se veut "le garant du rassemblement de la Nation", selon plusieurs participants.
Il y a beaucoup d'appelés, il y aura peu d'élus. M. Sarkozy a été clair: "la fidélité, c'est pour les sentiments, l'efficacité, pour le gouvernement".
Exit Hortefeux, Devedjian ? Le premier pourrait être secrétaire général de l'UMP. A moins que le président ne place son plus vieil ami à l'Intérieur, son rêve. Le second, avocat aguerri, prendrait la présidence du Conseil général des Hauts-de-Seine, voyant la Justice lui échapper de nouveau.
Parmi les probables : le maire de Bordeaux devrait prendre, avec rang de ministre d'Etat et numéro deux du gouvernement, la tête d'un grand ministère de l'Environnement, du développement durable, des transports et de l'énergie, à quoi pourrait s'agréger le logement.
L'actuel ministre de la Cohésion sociale Borloo passerait à Bercy, en charge de la stratégie économique (plus entreprises et emploi). Xavier Bertrand, porte-parole du candidat Sarkozy, prendrait l'autre grosse moitié de Bercy, les comptes (on parle aussi de lui pour l'Intérieur). Xavier Darcos est cité pour l'Education-Culture (puisque le périmètre des ministères serait revu).
Côté femmes, c'est plus compliqué. Non que les candidates d'expérience fassent défaut : Michèle Alliot-Marie, Roselyne Bachelot, Christine Lagarde, Christine Boutin, peut-être Anne Lauvergeon, l'ancienne "sherpa" de Mitterrand...
Mais MAM veut un ministère régalien, si possible les Affaires étrangères. Or le nouveau président envisage de les confier à... un socialiste, Bernard Kouchner ou Hubert Védrine.
D'autres femmes, sans expérience ministérielle, sont néanmoins pointues dans leur domaine : Rachida Dati, conseillère du ministre Sarkozy, magistrate de formation, Valérie Pécresse, spécialiste de la famille, Nathalie Kosciusko-Morizet, experte en développement durable.
"L'ouverture" vers le centre ne pose en revanche aucun problème. Il suffit de piocher parmi les députés UDF ralliés avant le second tour.
C'est ainsi qu'ont été évoqués Hervé Morin (à la Justice) et Maurice Leroy (Agriculture).
Par Nadège PULJAK, le dimanche 13 mai 2007, 23h15
Le socialiste Claude Allègre se dit "prêt à aider Nicolas Sarkozy"
PARIS (AFP) - L'ancien ministre de l'Education de Lionel Jospin, Claude Allègre (PS), se dit "prêt à aider Nicolas Sarkozy", dans un entretien à paraître dimanche dans Le Parisien-Aujourd'hui en France.
M. Allègre qui a été reçu à plusieurs reprises par le nouveau président de la République précise qu'il est "prêt à accepter une mission limitée dans le temps pour aider l'université française à s'adapter au XXIe siècle et pour faire en sorte que la recherche redevienne une des priorités nationales".
L'ancien ministre y met toutefois une condition: que "des moyens financiers importants" soient débloqués pour réformer l'université et la recherche, comme, selon lui, Nicolas Sarkozy le lui a "laissé entendre".
Il indique qu'il n'a pas voulu devenir ministre car "il est temps qu'une nouvelle génération soit aux commandes".
M. Allègre affirme que le président élu "l'impressionne", qu'il "a du charisme et, en plus, il est très sympathique".
Il réitère ses attaques contre le programme de Ségolène Royal qui "n'était pas socialiste, mais de centre-droit avec quelques adjuvants archaïques". "En revanche", dit-il, "chacun restant ce qu'il est, j'approuve totalement la politique d'ouverture du président de la République car, de toute ma vie, jamais je n'ai considéré la politique comme une guerre civile".
Interrogé samedi sur l'attitude du PS à l'égard de ceux de ses membres qui rejoindraient M. Sarkozy, le premier secrétaire François Hollande a affirmé: "Comment voulez-vous que des membres d'un parti qui a contesté tous les choix de Nicolas Sarkozy depuis 2002 et dans cette campagne présidentielle, qui serviraient celui qui a été leur adversaire, puissent rester membres du parti socialiste ?".
Samedi 12 mai 2007, 21h23
Kouchner pourrait devenir ministre des Affaires étrangères
PARIS (AFP) - Bernard Kouchner, ancien ministre socialiste de la Santé, pourrait devenir ministre des Affaires étrangères dans le gouvernement que prépare actuellement le président élu Nicolas Sarkozy, a-t-on appris dimanche de sources concordantes.
Selon ces sources, "M. Kouchner a été contacté, il est prêt à entrer dans la gouvernement". Il s'agirait du ministère des Affaires étrangères, selon ces mêmes sources.
Un autre socialiste, Hubert Védrine, ancien ministre des Affaires étrangères de Lionel Jospin, s'est également vu proposer cette fonction.
Samedi, Claude Guéant, probable futur secrétaire général de l'Elysée, avait indiqué à l'AFP que M. Védrine réservait sa réponse.
Mais "on pourrait réfléchir à un autre poste pour lui", avait ajouté M. Guéant, assurant que le ministère de la Justice avait également été évoqué pour cet ancien collaborateur de François Mitterrand.
Hubert Védrine et Anne Lauvergeon, deux figures de la Mitterrandie, ont également été approchées par Nicolas Sarkozy pour entrer au gouvernement. Ils réservent leur réponse, a affirmé samedi à l'AFP Claude Guéant, ex-directeur de campagne de M. Sarkozy.
"Nous sommes en contact avec Mme Lauvergeon. Je l'ai encore eue au téléphone ce matin", a assuré M. Guéant, qui précise que la PDG du groupe nucléaire français Areva "ne dit pas non à tout".
Le collaborateur de M. Sarkozy n'a toutefois pas précisé quels étaient les postes qui avaient été proposés à Mme Lauvergeon, qui fut à l'Elysée l'un des "sherpas" de François Mitterrand pour les grands rendez-vous internationaux.
Quant à Hubert Védrine, ex-secrétaire général de l'Elysée, ancien ministre des Affaires étrangères de Lionel Jospin, à qui a été proposé la même fonction dans la nouvelle équipe gouvernementale, il réserve lui aussi sa réponse, selon M. Guéant.
Toutefois, "on pourrait réfléchir à un autre poste pour lui", a indiqué M. Guéant, assurant que le ministère de la Justice avait également été évoqué pour cet ancien collaborateur de François Mitterrand.
Dimanche 13 mai 2007, 18h23
PARIS (AP) - Dominique Strauss-Kahn a estimé lundi qu'une éventuelle participation d'anciens ministres de la gauche au gouvernement de Nicolas Sarkozy constituerait une "trahison de soi-même".
"Chacun est libre de faire ce qu'il veut. Je ne crois pas que ce soit obligatoirement la meilleure solution pour quelqu'un qui a été ministre de la gauche, de François Mitterrand, de Lionel Jospin, de servir aujourd'hui une politique qui ne peut pas être la même", a observé l'ancien ministre de l'Economie sur RMC-Info.
"Les individus ont le droit de changer d'avis", a-t-il poursuivi avant de lancer: "Ce n'est pas une question de trahison, (...) ou alors c'est une trahison de soi-même".
Les noms d'Hubert Védrine et de Bernard Kouchner sont notamment cités dans les médias. Le député socialiste du Val-d'Oise a expliqué n'avoir "aucune raison" de douter que ces deux personnes ont des "convictions". "Dans ce cas-là, c'est très difficile de dire qu'avec ces convictions-là, on va faire le contraire de ce qu'on a dit avant".
En revanche, il n'est pas choqué que l'ancien ministre socialiste de l'Education nationale Claude Allègre puisse accepter une mission sur les universités. "Il faut faire une très grande différence entre participer un gouvernement et accepter une mission du chef de l'Etat", a considéré Dominique Strauss-Kahn.
Il juge cependant qu'il "serait maladroit de sa part d'accepter une mission aujourd'hui". "Plus tard, le gouvernement sera en place, on ne peut pas demander que seuls des gens qui sont de droite travaillent avec ce gouvernement", mais ce "n'est peut-être pas très adroit de le faire aujourd'hui".
Lundi 14 mai 2007, 9h44
Chevènement : Sarkozy, un "homme habile" qui peut créer de "fausses fenêtres"
PARIS (AFP) - Jean-Pierre Chevènement, président d'honneur du MRC, a qualifié dimanche le président Nicolas Sarkozy d'homme "habile" capable de créer de "fausses fenêtres".
"C'est un homme intelligent, il a de l'abattage, c'est un avocat de profession, il est habile, il peut créer de fausses fenêtres", a résumé l'ancien ministre, qui faisait partie de l'équipe de campagne de Ségolène Royal.
Comme exemple de "fausses fenêtres", il a relevé que M. Sarkozy s'était "acquis le soutien d'une gauche germano-pratine en faisant semblant d'abolir ce qu'on appelait à tort la double peine".
Interrogé sur la capacité du vainqueur du 6 mai à exercer la fonction présidentielle, M. Chevènement a répondu: "techniquement, je le crois, oui".
A-t-il "les réserves de culture, de sens historique, de distanciation par rapport à ses propres amis" nécessaires? "Nous verrons, je le jugerai aux actes. Je suis coutumier de ses variations sur maints sujets", a dit l'ancien ministre de la Défense.
M. Chevènement a aussi estimé que le candidat Sarkozy avait "su préempter" des "valeurs républicaines", par exemple en critiquant l'héritage de mai 68.
Pour le leader du Mouvement républicain et citoyen, qui reproche à Mai 68 "la contestation du savoir et par conséquent de la compétence et de l'autorité qui va avec", M. Sarkozy a fait "un mauvais procès" à Mme Royal sur ce sujet puisqu'elle est "une femme très stricte".
Il juge par ailleurs "inopportuns" les appels à manifester le 16 mai, jour de la passation de pouvoirs Chirac-Sarkozy.
Dimanche 13 mai 2007, 20h06
Chevènement juge "inopportun" de manifester le 16 mai contre Sarkozy
PARIS (AP) - Les violences anti-Sarkozy desservent la gauche, a estimé dimanche Jean-Pierre Chevènement, en jugeant "inopportun" l'appel de certains étudiants à manifester mercredi prochain, jour de la passation de pouvoirs entre Nicolas Sarkozy et Jacques Chirac.
"Dès le soir de l'élection, j'ai lancé un appel au calme", a rappelé le président d'honneur du Mouvement républicain et citoyen (MRC), interrogé au Grand Jury RTL-"Le Figaro"-LCI sur les violences qui ont émaillé la victoire de Nicolas Sarkozy.
"On a tout à fait le droit de manifester. On n'a pas le droit de brûler les voitures", a rappelé l'ancien ministre de l'Intérieur de Lionel Jospin. "Ce que les urnes ont fait, elles peuvent aussi le défaire". A gauche, "nous ne sommes pas servis (...) par de petites minorités activistes (...) qui n'expriment pas ce que pense la majorité de la population", a noté Jean-Pierre Chevènement.
"Nous devons avoir une opposition républicaine, solide, sérieuse, enracinée dans le peuple, dans des valeurs sûres, qui nous permettront de redevenir un jour majoritaires", a-t-il estimé. "Si la gauche est au clair avec elle-même et avec un certain nombre de valeurs de fond - liberté, laïcité, solidarité - (...) elle pourra aussi solidifier le front de classes sur lequel elle s'appuie".
Quant à l'appel de certains étudiants à manifester mercredi contre Nicolas Sarkozy, il a jugé que "c'est inopportun".
Dimanche 13 mai 2007, 19h06
Premières rencontres entre Nicolas Sarkozy et des syndicats sur le qui-vive
PARIS (AFP) - Nicolas Sarkozy entame lundi, avant même son installation à l'Elysée, une série de rencontres avec les dirigeants syndicaux, alors que certains craignent un passage en force de plusieurs réformes sur les heures supplémentaires, le service minimum ou les régimes spéciaux de retraite.
Le président élu va rencontrer lundi et mardi, dans ses bureaux provisoires rue Saint-Dominique à Paris, les dirigeants des cinq syndicats représentatifs (CGT, CFDT, FO, CFTC, CFE-CGC). Il devrait leur proposer quatre "conférences sociales" en septembre (démocratie sociale, égalité salariale hommes-femmes, "flexsécurité", et conditions de travail).
Son probable Premier ministre François Fillon avait indiqué fin avril que les premières rencontres devaient servir à "fixer la méthode, l'agenda et le calendrier" des réformes.
Des réformes qui ne seront pas forcément toutes négociées, à l'image de la détaxation des heures supplémentaires que le nouveau président compte faire passer par la loi dès l'été.
Avant le premier tour, M. Sarkozy avait aussi annoncé son intention d'instaurer par la loi, dès juin, un service minimum dans les transports en cas de grève.
Sur ce sujet sensible, il s'est ensuite fait plus prudent, annonçant une loi "avant décembre 2007" s'il n'y avait pas d'accord entre le ministre des Transports et les syndicats d'ici septembre. Ce qui revient à mettre "un revolver sur la tempe" des partenaires sociaux, estime le leader de la CGT Bernard Thibault.
Quant à la réforme des régimes spéciaux de retraite, autre dossier épineux, elle est prévue pour 2008.
Dès le lendemain de son élection, les syndicats ont prévenu M. Sarkozy qu'ils le jugeraient "sur les actes" et l'ont averti que toute précipitation ou "passage en force" risquait d'avoir "un effet boomerang".
Hostiles à plusieurs mesures prévues, notamment sur le droit de grève, le contrat de travail unique ou la fusion ANPE-Unedic, les syndicats restent aussi échaudés par la création sans concertation du CPE. Du coup, leurs dirigeants ne cessent d'insister sur le nécessaire respect du dialogue social.
Claude Guéant, attendu comme prochain secrétaire général de l'Elysée, a cependant jugé mardi que les syndicats ne pourraient pas "aller contre l'avis" des Français, qui ont élu Nicolas Sarkozy sur "un projet extrêmement clair".
Les syndicats "ne représentent que 8% des salariés alors que ce sont 85% des Français qui se sont exprimés" le 6 mai, a-t-il fait valoir.
L'élection de M. Sarkozy par 53% des Français ne signifie pas qu'"il a la légitimité pour tout faire", a rétorqué dans Le Monde de vendredi Bernard Thibault (CGT), selon lequel "aucune confédération n'est prête à accepter n'importe quoi" du futur gouvernement.
Une manière d'affirmer l'importance de la démocratie sociale et de chercher à éviter la division syndicale, à la différence de 2003, où le gouvernement s'était appuyé sur la CFDT pour la réforme des retraites.
Car déjà M. Fillon a appelé les syndicats à "constituer un pôle réformiste" dont la CFDT serait "un des acteurs principaux". Dans l'immédiat, le leader cédétiste François Chérèque a critiqué la volonté d'"instrumentaliser la CFDT" et affirmé que M. Sarkozy "attaquait tout le syndicalisme" lorsqu'il "visait la CGT" sur le service minimum.
Mais le politologue René Mouriaux, spécialiste des syndicats interrogé par l'AFP, prévoit que "la division syndicale va jouer à fond", y compris au sein de la CGT.
Par Isabelle CORTES, le dimanche 13 mai 2007, 15h36
Semaine importante pour l'avenir de la construction européenne

La chancelière rencontrera mercredi à Berlin le vainqueur de l'élection présidentielle dès sa prise de fonction pour démontrer la solidité de l'axe fondateur de l'Union européenne, un geste symbolique qui rappelle le voyage de Merkel à Paris dès le soir de sa prestation de serment devant le Bundestag en 2005.
Elle disposera des dernières indications sur les positions des Vingt-Sept à propos du futur traité censé remplacer la Constitution européenne rejetée par les Français et les Néerlandais, puisqu'une réunion des "sherpas" des gouvernements de l'UE aura eu lieu la veille dans la capitale allemande.
Le président élu a quant à lui déjà rencontré vendredi à Paris le Premier ministre Tony Blair, qui a choisi de quitter ses fonctions après le sommet européen des 21 et 22 juin, où les Vingt-Sept adopteront une "feuille de route" sur ce dossier.
"Les choses se décanteront cette semaine", souligne un diplomate. "On dispose d'une bonne conjoncture pour surmonter les difficultés et Merkel a tous les atouts en main."
L'actuelle présidente de l'Union européenne sait déjà à quoi s'en tenir avec Nicolas Sarkozy sur le plan institutionnel et le résultat des élections a rasséréné ses partenaires européens.
"Le référendum sur la Constitution européenne a été renversé", estime un diplomate. "Les électeurs français ont plébiscité trois candidats qui étaient partisans du 'oui' et infligé une défaite cinglante à ceux qui ont prôné le 'non'."
"BATTRE LE FER TANT QU'IL EST CHAUD"
Même si cette grille de lecture peut sembler audacieuse, tant l'Europe a été absente de la campagne électorale, les autres pays veulent croire que "la France est de retour en Europe", comme l'a dit Sarkozy au soir de son élection.
Une chose est sûre: l'axe Paris-Berlin veut aller vite.
"Sarkozy veut battre le fer tant qu'il est chaud sur le dossier institutionnel", a estimé un responsable français.
Le président élu a proposé en septembre dernier un traité simplifié qui reprendrait uniquement et sans changement les modifications institutionnelles prévues par la Constitution, comme le nouveau système de vote à la majorité qualifiée et la nomination d'un président stable du Conseil européen.
Au grand soulagement de ses partenaires européens, il veut faire passer ce texte par la voie parlementaire afin d'éviter le risque élevé induit par un nouveau référendum.
Même si les 18 pays qui ont déjà ratifié la Constitution et les deux pays qui sont prêts à le faire soulignent que c'est un peu maigre, leurs dirigeants conviennent en privé que l'on ne pourra guère aller plus loin dans les circonstances actuelles.
Pour "vendre" ce traité simplifié aux pays les moins enthousiastes, la plupart des pays sont prêts à abandonner les symboles de l'Europe fédérale figurant dans la Constitution. Le drapeau et l'hymne européens, le terme de Constitution, le titre de "ministre des Affaires étrangères" ou encore l'inclusion de la Charte des droits fondamentaux dans le traité ne sont plus réellement défendus par aucun Etat membre.
LE RISQUE TURC
Tony Blair a déjà indiqué qu'un tel texte pouvait être approuvé par les Communes, et non par référendum, et sa présence à Bruxelles autour de la table du Conseil européen les 21 et 22 juin liera les mains de son successeur Gordon Brown.
Cela isolera le seul pays de poids qui pose problème, la Pologne, qui remet en cause le système de vote à la majorité qualifiée, le coeur de la réforme, parce que cela la prive du poids démesuré qu'elle détient dans le mécanisme actuel.
"Logiquement, les Polonais devraient constater que le rapport des forces leur est totalement défavorable, mais le gouvernement populiste de Varsovie est totalement imprévisible", estime un diplomate qui s'avoue néophyte en "polonologie".
Le dossier turc risque en revanche de dresser la France contre de nombreux partenaires européens et Merkel attend avec impatience de savoir ce que veut réellement Sarkozy.
Pendant la campagne, le nouveau président français a clairement dit que la Turquie n'avait pas sa place dans l'Union européenne et qu'il ferait en sorte d'arrêter les négociations d'adhésion entamées en octobre 2005 s'il était élu.
Qu'en est-il maintenant?
Les diplomates français admettent que leur ligne reste à ce jour dictée par la position de Jacques Chirac - les négociations se déroulent, mais le peuple français se prononcera par référendum sur l'adhésion de la Turquie à la fin du processus - faute d'avoir d'autres instructions.
Sarkozy est-il prêt à enclencher une épreuve de force avec la Grande-Bretagne en opposant son veto à l'ouverture de deux ou trois nouveaux chapitres mineurs de la négociations, comme son allié allemand souhaite d'ailleurs le faire avant la fin de sa présidence, en juin? Personne ne le sait pour l'instant.
Les exégètes auront noté que l'un de ses porte-parole, le député européen Alain Lamassoure avait baissé le ton.
Avant l'élection, il a déclaré à EurActiv, une lettre Internet, que Nicolas Sarkozy avait annoncé qu'il romprait les négociations avec la Turquie. "Il le fera", avait-il dit. Dans le quotidien belge Le Soir de jeudi, il indiquait que le nouveau président "souhaite une réorientation des négociations avec la Turquie, pas du tout une rupture".
Lundi 14 mai 2007, 7h13
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