Législatives à Lyon : mauvaise passe pour la gauche
Les socialistes font et refont leurs comptes : le département du Rhône, qui a placé Nicolas Sarkozy en tête avec 53,08 % le 6 mai, risque de virer au bleu foncé. Déjà majoritaire, l'UMP, qui compte neuf députés sortants sur quatorze, espère bien conquérir quatre nouvelles circonscriptions au détriment des socialistes et des centristes. En particulier dans l'Est lyonnais, où M. Sarkozy a fait une percée dans des villes ouvrières comme Saint-Priest ou Meyzieu, captant les voix des anciens électeurs du Front national.
La circonscription de gauche la moins menacée est la 14e, celle du communiste André Gerin, maire de Vénissieux, où Ségolène Royal, comme dans les autres municipalités communistes, a largement devancé son adversaire.
En revanche, les résultats de la présidentielle font peser une vraie menace sur les deux députés socialistes sortants, Martine David, élue de la 13e circonscription, et, dans une moindre mesure, Jean-Jack Queyranne, président socialiste de la région Rhône-Alpes, député de la 7e. Martine David, qui, en 2002, avait gagné l'élection à la faveur d'une triangulaire avec Bruno Gollnisch, va de nouveau se retrouver face au numéro deux du FN. Mais, cette fois, l'extrême droite n'est pas certaine de pouvoir se maintenir au second tour. Le 22 avril, Jean-Marie Le Pen n'a recueilli que 11,9 % des voix, alors qu'en 2002 il avait réuni 25,5 % des suffrages. Nicolas Sarkozy a profité de cette désaffection des électeurs du FN, en totalisant près de 59 % des voix des électeurs de la circonscription.
Les socialistes risquent de perdre un autre fief, Villeurbanne, 6e circonscription, l'ancien bastion de Charles Hernu, en raison, cette fois, de querelles internes. Alors que Nicolas Sarkozy et Ségolène Royal sont sortis au coude-à-coude de la présidentielle, le PS se déchire. Lilian Zanchi, le député sortant qui avait succédé à Nathalie Gautier, décédée en 2006, n'a pas été désigné. Au nom de la parité, le PS lui a préféré une femme, Pascale Crozon. M. Zanchi a décidé de se maintenir.
ALLIANCE TACITE
Ce duel fratricide pourrait profiter au candidat de l'UMP, Henry Chabert, ancien leader du RPR à Lyon, qui avait été contraint de se retirer de la course aux municipales, en 2001, après une condamnation judiciaire. Il tente un retour en politique à Villeurbanne. L'enjeu pour la gauche dépasse le scrutin des 10 et 17 juin. M. Chabert n'a jamais caché son ambition d'être candidat aux municipales en 2008 dans la deuxième commune du Rhône, contre le socialiste Jean-Paul Bret. Or la perte de la ville compliquerait la situation du maire (PS) de Lyon, Gérard Collomb, qui préside sans majorité la communauté urbaine. La droite serait alors en mesure de prendre la tête de cette assemblée de 57 communes qui détient tous les leviers financiers de l'agglomération. M. Collomb deviendrait un maire sans réel pouvoir.
En 1993, les divisions du PS à Villeurbanne avaient déjà profité au candidat du RPR, Marc Fraysse. Pour tenter de sauver ces sièges, le maire de Lyon et le président (PS) de la région Rhône-Alpes, Jean-Jack Queyranne, ont tendu à plusieurs reprises la main aux centristes, également en difficulté pour sauver Anne-Marie Comparini, seule députée UDF du département. Fidèle de François Bayrou, Mme Comparini, qui a déclaré avoir voté blanc au second tour de la présidentielle, risque de payer sa résistance. L'UMP a décidé de lui opposer l'un de ses jeunes loups : Michel Havard, 40 ans, secrétaire départemental du parti. Le PS, qui a investi un PRG, Thierry Braillard, se dit prêt à se désister en faveur de Mme Comparini si celle-ci arrive devant son candidat, en échange du soutien des centristes dans les autres circonscriptions de gauche menacées.
Les centristes de l'UDF-Mouvement démocrate (MoDem) présentent des candidats partout, notamment Azouz Begag, ex-ministre délégué à la promotion de l'égalité des chances du gouvernement Villepin, dans la 3e circonscription, face à Jean-Michel Dubernard. Officiellement, ils restent sur leur ligne d'indépendance, mais les contacts entre Gérard Collomb et Michel Mercier, le patron du MoDem dans le Rhône, se poursuivent en coulisses. Depuis plus de dix ans, PS et UDF ont noué des alliances tacites à la région et à la communauté urbaine pour gérer ces assemblées en l'absence de majorité solide.
Cette forme de cogestion n'a jamais ému les militants les plus durs de l'UDF ou du PS. M. Collomb, qui défend une ligne réformiste au sein de son parti, se dit prêt à aller plus loin et à faire de Lyon un "laboratoire de la recomposition de la vie politique". Les deux formations y ont intérêt : M. Collomb aura besoin des voix du centre pour conserver sa mairie en 2008 ; l'UDF aura besoin d'un allié pour conserver une majorité au conseil général, géré jusqu'à présent avec l'appui de l'UMP.
"Il faut se préparer à des accords de désistement de second tour pour éviter la mainmise de l'Etat UMP sur la France", plaide pour sa part M. Queyranne. Soucieux de ne pas démobiliser les électeurs de M. Bayrou, les centristes feront leurs comptes, le 10 juin, au soir du premier tour.
Sophie Landrin (Le Monde), le 04 juin 2007, 15h10
Le PS et le MoDem seraient en passe de conclure un accord en Rhône-Alpes
Dés le 11 juin 2007, le PS et le MoDem publieraient un accord de désistement valable dans l'ensemble de la Région Rhône-Alpes. Seul moyen désormais pour éviter une vague UMP initialement envisagée pour le Rhône mais désormais en passe d'extension dans d'autres Départements moins attendus à l'exemple de l'Isère.
Depuis plusieurs semaines déjà, le bruit courait pour le Rhône et Lyon sur l'accord susceptible d'être passé entre Queyranne, Colomb et Mercier, Comparini.
L'accord serait désormais étendu à l'ensemble de la Région Rhône-Alpes et constituerait la dernière porte de secours pour des députés initialement "protégés" mais aujourd'hui menacés y compris en Isère comme MM Vallini et Migaud, fortement ébranlés par deux jeunes candidats UMP.
L'accord serait officialisé dés le 11 juin au matin pour bâtir le second tour sur une nouvelle donne politique.
Le 04 juin 2007
Yann Wehrling, porte-parole des Verts et candidat aux législatives à Strasbourg, s'est dit prêt, s'il est élu à l'Assemblée nationale, à constituer un groupe incluant les Verts, les radicaux de gauche, le MoDem et éventuellement les communistes. Ce groupe, explique M. Wehrling sur son site de campagne, serait "à l'image de la large alliance du centre, de la gauche et des écologistes qui s'est composée en Italie".
L'ancien secrétaire national des Verts, qui se veut "pragmatique", estime aussi que pour construire en 2012 une autre majorité que celle de l'UMP, il faut "un nouveau pacte majoritaire regroupant la gauche, les écologistes et les centristes". Cette majorité "progressiste" devrait, selon lui, "porter un projet et ne pas être une simple alliance électorale".
WEHRLING CONTRE LALANNE
Il a précisé à l'AFP qu'il restait "Verts", "totalement", mais qu'il voulait ouvrir la perspective d'un troisième groupe à l'Assemblée, à côté des groupes UMP et PS. Il a estimé que ce serait une alliance "mieux tournée vers l'avenir" qu'un rapprochement plus classique avec les seuls PRG et les communistes.
Yann Wehrling, qui mène une active campagne de terrain, a notamment contre lui, outre un candidat UMP (Jean-Philippe Maurer), un candidat du PS (Philippe Bies) et, en la personne du chanteur Francis Lalanne, un candidat du MEI (Mouvement écologiste indépendant d'Antoine Waechter).
Le Monde, le 04 juin 2007, 16h01
Yann Wehrling le 04 juin 2007
"Pragmatique et à l’écoute de ce que disent les électeurs, je veux aussi que nous ouvrions grand le dialogue avec toutes les forces politiques qui permettront, dans 5 ans, de changer la majorité UMP. Nous avons besoin d’un nouveau pacte majoritaire regroupant la gauche, les écologistes et les centristes. Il n’y a pas de majorité alternative. Mais elle devra porter un projet et ne pas être une simple alliance électorale. Ce projet, donnons-nous le temps de le construire en élisant des députés qui veulent construire cette future majorité. J’en suis. Premier signe sur lequel j’ai envie de m’engager : constituer, aux côtés du groupe PS et UMP, un groupe commun, à l’Assemblée nationale, avec les députés verts, radicaux de gauche, et du nouveau MOuvementDÉMocrate… et si les députés communistes souhaitaient rejoindre un tel groupe, il ne faudra pas les refuser, à l’image de la large alliance du centre, de la gauche et des écologistes qui s’est composée en Italie."
Législatives : Bayrou regardera au cas par cas avant d'envisager des accords de désistement
PARIS (AP) - Le fondateur du MoDem François Bayrou a expliqué lundi qu'il regarderait "circonscription par circonscription" où son parti "en est" dimanche soir après le premier tour des législatives, avant d'envisager un éventuel accord de désistement avec une autre formation.
"Je ne suis pas en train de préparer sous la table je ne sais quel accord avec je ne sais qui", a précisé sur France Inter François Bayrou. Le MoDem n'est "dans aucune manoeuvre".
"Nous irons au premier tour des élections législatives sous nos propres couleurs pour offrir aux Français un choix", avec "des candidats qui garantissent qu'il y aura à l'Assemblée nationale un groupe, des députés, pour qui le vote sera libre", a-t-il expliqué.
"On verra" la possibilité d'accords de désistement au soir du premier tour, a-t-il ajouté. "On va voir circonscription par circonscription où on en est, cela se passera à partir de dimanche soir".
"Cela obligera les responsables politiques à chercher tous les moyens nécessaires pour que le pluralisme soit défendu au moment des élections ou après", a plaidé sans plus de précisions le député sortant des Pyrénées-Atlantiques, qui a critiqué une nouvelle fois "un mode de scrutin, une loi électorale absolument injustes".
Pour François Bayrou, "la loi est faite pour que la diversité et le pluralisme s'effacent". "Il faut, comme tous les pays européens sans exception, une loi électorale juste qui fasse que chacun est représenté à la proportion du poids qu'il pèse dans le pays".
Lundi 4 juin 2007, 11h14
Législatives : des accords PS/MoDem possibles, mais sur "un contrat de gouvernement", selon François Hollande
PARIS (AP) - Le Premier secrétaire du PS François Hollande a estimé lundi que le PS et le MoDem ne pourraient conclure d'accords de désistement au second tour des législatives que sur la base d'"un contrat de gouvernement" sur "des principes clairs".
"Nous ne pouvons avoir des accords de désistement que si nous sommes d'accords sur un certain nombre de principes communs, de politiques communes" mais "rien n'est prévu", a-t-il commenté sur LCI, après que François Bayrou ait indiqué que le MoDem se prononcerait au cas par cas au second tour des législatives.
Pour le No1 du PS, un accord "ne peut se faire que sur un contrat de gouvernement". "On n'est pas dans l'arrangement, dans le compromis, dans le débauchage parce que François Bayrou aurait quelques difficultés ou nous-mêmes dans telle ou telle circonscription", a-t-il mis en garde.
Sévère, François Hollande a estimé que le président du MoDem (Le Mouvement démocrate) "s'est mis dans une forme d'impasse". "Il avait dit alliance avec personne", mais "s'il devait changer, cela mériterait qu'il y ait une évolution politique qu'il n'avait pas pour l'instant inscrite", a-t-il jugé.
François Hollande a aussi souhaité que les responsables de la droite "disent ce qu'ils envisagent comme prochain mode de scrutin" après les législatives.
Quant à la possibilité de se voir attribuer la présidence de la commission des Finances, le député-maire de Tulle (Corrèze) a estimé qu'"il faut que le président et le Premier ministre clarifient ce que doit être le statut de l'opposition".
Lundi 4 juin 2007, 10h50
Les ralliements de Verts au parti de François Bayrou s'accélèrent
Ce n'est pas encore une hémorragie mais déjà une petite saignée. Après le départ de trois élus Verts parisiens, Olivier Pages, Danièle Auffray, Violette Baranda, ralliés au Mouvement démocrate (MoDem), c'est un quatrième, François Flores, conseiller de Paris, qui vient d'annoncer son transfert. Dans la foulée de Jean-Luc Bennahmias, député européen, un certain nombre de cadres écologistes suivent le mouvement. D'autres semblent attendre l'après-élections législatives.
"Je reçois tous les jours des mails qui me disent : "Moi aussi", constate M. Bennahmias. S'il se défend d'organiser les sorties, ses amis recensent tous les Verts qui souhaitent être de l'aventure centriste. Ainsi dans les Bouches-du-Rhône, Christophe Madrolle, responsable local des Verts, assure que plus de la moitié de sa fédération - soit "environ 150 personnes" - souhaite adhérer au mouvement de François Bayrou. "Cela vient d'un peu partout dans la région", s'enthousiasme M. Madrolle. Le phénomène concerne des militants mais aussi des élus, insiste-t-il.
"EFFET DE MODE"
D'autres groupes locaux seraient touchés comme en Poitou-Charentes, dans l'Aisne, les Yvelines, le Béarn ou en Seine-et-Marne, où le conseiller général Jean Calvet se présente aux législatives sous l'étiquette MoDem.
A Paris, c'est Raymond Pronier, conseiller d'arrondissement du 15e, qui s'occupe des recrutements. "Beaucoup attendent encore mais viennent à nos réunions", confie-t-il. "De nombreux militants en ont marre d'attendre la rénovation interne et se rendent compte que le MoDem est plus capable d'intégrer nos thématiques que le PS", renchérit François Flores.
La lassitude à l'égard d'un parti au fonctionnement interne chaotique n'explique pas tout. On compte parmi les ralliés de nombreux postulants à la candidature pour les élections législatives ou pour les élections municipales qui ont été recalés. Comme Syrine Catahier, adjointe au maire du 18e arrondissement à Paris. Si elle n'a pas encore franchi le pas de quitter le parti, elle avoue y songer fortement : "Les Verts ne sont plus à la hauteur des enjeux écologiques. Et c'est plutôt enthousiasmant comme perspective de créer un nouveau mouvement et d'y développer un pôle écolo", assure-t-elle.
D'autres responsables du parti écologiste attendent les résultats des Verts mais aussi du MoDem aux législatives pour voir si leur voie militante doit bifurquer. C'est le cas de Jean-Félix Bernard, conseiller régional d'Ile-de-France, qui se demande "si les Verts restent le bon endroit pour l'écologie politique". Ou Nicole Guillaudin, adjointe au maire de Chambéry, qui organise jeudi avec son alter ego de Haute-Savoie une rencontre avec le MoDem local "pour ouvrir une réflexion".
Pour M. Bennahmias, décidément, "c'est une affaire qui marche". "Si le MoDem fait entre 8 % et 10 % nationalement, on peut entraîner un quart des Verts !", s'emballe-t-il.
Au siège des Verts, on préfère faire le gros dos et minimiser les départs. "C'est très limité", jure Cécile Duflot, secrétaire nationale. "Seuls huit adhérents se présentent sous l'étiquette Modem et ils ont été suspendus." Le député de Paris Yves Cochet, lui, ne nie pas la réalité. "Il y a un effet de mode et une déception interne. Et puis la faiblesse humaine qui fait que quand le MoDem vous appelle pour être candidat..."
Sylvia Zappi (Le Monde), 31 mai 2007, 14h47
Voynet et Ayrault célèbrent près de Nantes l'alliance Verts/PS
NANTES (Reuters) - Dominique Voynet a salué vendredi à Orvault, près de Nantes, "la gauche durable, qui sait travailler en bonne intelligence", lors d'un meeting de soutien à François de Rugy, candidat des Verts aux législatives dans la première circonscription de Loire-Atlantique.
Hormis celles des trois députés Verts sortants - Noël Mamère en Gironde, Martine Billard et Yves Cochet à Paris- cette circonscription est la seule de France où le PS ne présentera pas de candidat face aux Verts au premier tour, en vertu d'un accord départemental.
"Vous avez une gauche d'avance, vous avez démontré la fécondité d'une alliance respectueuse", a lancé l'ex-candidate des Verts à l'élection présidentielle devant 200 personnes, à l'attention des fédérations PS et Verts de Loire-Atlantique.
"Ici, c'est un peu le laboratoire de la gauche que nous appelons de nos voeux", a ajouté à la tribune Jean-Marc Ayrault, président du groupe socialiste à l'Assemblée nationale et député-maire de Nantes, dont le suppléant de François de Rugy est l'un des proches collaborateurs.
François de Rugy est lui-même adjoint aux transports de Jean-Marc Ayrault à la mairie de Nantes. Il est également l'un de ses vice-présidents à la communauté urbaine Nantes Métropole.
"Nous sommes peut-être des précurseurs de la nécessaire rénovation de la gauche", a espéré Jean-Marc Ayrault, qui "aurait souhaité que cela soit un accord national".
Les Verts ont rejeté le 13 mai les propositions du Parti socialiste, qui voulait leur réserver quatorze circonscriptions (dont les trois de leurs députés sortants) en demandant un désistement automatique au second tour.
Outre la première circonscription de Loire-Atlantique et celles des trois députés Verts sortants, le PS a décidé de ne pas présenter de candidat dans la 9e des Alpes-Maritimes, réservée à un candidat qui se présente au nom des Verts mais qui n'est pas membre du parti.
Samedi 2 juin 2007, 9h36