Le Parti communiste se défend d'être au bord du dépôt de bilan
PARIS (AP) - Le siège du PCF n'est pas à vendre, son patrimoine non plus: le Parti communiste a procédé mardi à une mise au point sur sa situation financière "très tendue" mais pas "exsangue" après la présidentielle et à l'approche des législatives, démentant tout projet de vente ou d'hypothèque du siège de la place du Colonel Fabien ou de ses oeuvres d'art.
"Je voyais une caméra faisant un gros plan sur la coupole de Fabien. Je tiens à vous rassurer, elle n'est pas à vendre!", a grincé le porte-parole du PCF Olivier Dartigolles, après un article du "Monde" faisant état de difficultés et d'évaluation d'oeuvres d'art. "Vous allez être déçus si vous pensez que cette conférence de presse est l'organisation d'un vide-grenier".
"Notre situation financière n'est pas une situation exsangue" mais "très tendue", a reconnu le trésorier Jean-Louis Frostin.
Le résultat provisoire pour 2006 présente certes un excédent de 340.000 euros environ et le parti touche bien 6 millions d'euros chaque année de ses 90.000 cotisants. Mais après le score de 1,93% de Marie-George Buffet au premier tour de la présidentielle -plus mauvais score du PCF-, il n'a pas été remboursé par l'Etat de ses frais de campagne à hauteur de 4,6 millions d'euros, hormis 800.000 euros de dotation publique. Il en avait été de même en 2002 après les 3,37% de Robert Hue.
C'est "un manque à gagner réel. En même temps, ça ne nous met pas sur la paille", a précisé M. Frostin. "Nous avions tout préfinancé" depuis 2003 par "des provisions en épargne chaque année" et une souscription qui a rapporté 530.000 euros, sans recourir à l'emprunt. "En 2002, on a pris des mesures structurelles de gestion et on a continué depuis année après année".
Mais voilà, le PCF pourrait voir ses caisses se vider après les législatives, les sondages le créditant de 2 à 4,5%, soit de 2 à 15 sièges, contre 21 actuellement. Le financement public des partis est indexé sur le résultat aux législatives et le nombre de parlementaires.
"Pas désespéré", Jean-Louis Frostin refuse d'"anticiper". Si le PCF obtient 4,5% des voix dimanche avec une participation de 65-70%, le financement serait le même qu'après 2002, soit 3,8 millions d'euros par an, calcule-t-il. Mais "si on perdait 15 députés, ça poserait beaucoup de problèmes", consent-il, prédisant alors "des mesures importantes".
Pas question, pour autant, de toucher aux bijoux de famille. "Aucune des oeuvres qui nous ont été données au fil des ans n'a fait l'objet d'évaluation" ou n'est mise en vente, certifie le gardien des cordons de la bourse.
Côté oeuvres d'art, le PCF détient un tableau de Marcel Duchamp, "La Joconde à la moustache", prêté au centre Georges-Pompidou depuis 2005 "à titre gratuit". Il possède une tapisserie de Fernand Léger, exposée au cinquième étage de son siège, ou encore un vitrail réalisé par la femme de Léger. Pas question non plus d'hypothèque ou de vente du siège de la place du Colonel Fabien, dans le XIXe arrondissement de Paris. Il n'a même "jamais été estimé", soupire Jean-Louis Frostin.
Le PCF n'exclut pas, pourtant, de "réduire la voilure" comme "toute entreprise" sur les 55 permanents qui travaillent à son siège en cas de lourdes difficultés. "Les gens ne seront pas supprimés", assure M. Frostin, qui évoque des "redéploiements de personnels", des "aides au reclassement", "des plans de formation" et "des départs en retraite" prévus.
"Ça n'hypothèque en rien nos batailles politiques de la prochaine période", a renchéri Olivier Dartigolles. Et de conclure, bravache: "Je vous promets qu'au prochain point de presse, l'électricité n'aura pas été coupée!"
Mardi 5 juin 2007, 18h04
Le PCF ne cèdera ni son siège, ni ses oeuvres d'art
PARIS (AFP) - Le Parti communiste français qui reconnaît une situation financière "tendue", exclut toute vente de ses "bijoux de famille", que ce soit son siège signé Niemeyer ou sa tapisserie de Fernand Léger, mais il pourrait être amené à réduire le nombre de ses permanents.
Le PCF n'a "aucune intention de céder son siège du Colonel Fabien", célèbre oeuvre de l'architecte brésilien Oscar Niemeyer, devenu emblème du parti, a affirmé lors d'une conférence de presse, Jean-Louis Frostin, trésorier du PCF.
Après des informations de presse et des rumeurs sur un état catastrophique de ses finances, suite à son résultat calamiteux à la présidentielle de 2007 (1,93%) après celui de 2002 (3,3%), le PCF a décidé de faire le point sur ses comptes.
L'immeuble du Colonel Fabien, souvent visité et désormais classé, "n'est pas hypothéqué", et "n'a pas été non plus estimé, puisqu'il n'est pas à vendre", a précisé le trésorier.
Le parti n'a pas non plus l'intention de céder la tapisserie de Léger ("Liberté j'écris ton nom") qui orne un mur du 5ème étage du siège, où se trouvent les bureaux de la direction, a-t-il souligné.
"Nous respectons ces oeuvres offertes par les artistes au combat communiste, elles ne seront pas vendues", a affirmé mardi Mme Buffet sur Europe 1.
Le PCF a toutefois prêté pour trois ans renouvelable la célèbre "Joconde à la moustache" (L.H.O.O.Q.) de Marcel Duchamp au centre Georges Pompidou, mais à titre gracieux, a précisé M. Frostin.
Seule oeuvre dont le parti envisageait de se défaire : un vitrail de Fernand Léger de trop grande dimension, impossible à exposer pour le parti, mais le musée d'art moderne de la ville de Paris n'en a pas voulu.
Le PCF s'est déjà délesté de deux immeubles en région parisienne: son centre de formation professionnelle à Essonne vendu en 2004, et un immeuble Boulevard Blanqui en janvier dernier, pour des raisons de "gestion" qui au passage ont renfloué les finances.
Mais, reconnaît le trésorier, la situation financière du parti est "tendue" et "sérieuse", même s'il n'est "pas sur la paille" et qu'il "n'y a pas le feu au lac".
La campagne présidentielle a coûté 4,6 millions d'euros au PCF (5,5 si on y ajoute les dépenses des fédérations). Compte tenu du score inférieur à 5% obtenu de Marie-George Buffet, le remboursement de l'Etat se limite à 800.000 euros. Le reste a été "préfinancé" et "provisionné", a souligné M. Frostin qui a rappelé aussi une souscription de 550.000 euros des militants.
"Preuve est faite que le PCF n'est pas exsangue", souligne Olivier Dartigolles, porte-parole du parti.
Mais les législatives vont grever sérieusement le budget: les sondages donnent entre 5 et 15 députés au PCF (contre un groupe de 21 dans l'Assemblée sortante), ce qui va diminuer d'autant les aides publiques liées à la représentation à l'Assemblée nationale
"Si on perdait 15 députés, cela causerait des problèmes", reconnaît M. Frostin qui fera ses comptes au regard des résultats au soir du 16 juin. "Si nous avons des ressources en moins, nous verrons comment réorganiser nos moyens, notamment en diminuant la voilure", souligne-t-il.
L'une des variables d'ajustement sera le nombre de salariés permanents au siège du parti, actuellement de 55. Mais, assure le trésorier, "il n'y aura aucun licenciement, éventuellement des redéploiements et des départs en retraite".
Par Elahe Merel, le mardi 5 juin 2007, 20h09
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