Décès du général Alain Le Ray, cofondateur du maquis du Vercors

"C'était un homme excessivement courageux, ayant toujours un temps d'avance", a salué le Dr Pierre Fugain, ancien résistant et commandant FFI qui a servi sous ses ordres. Joint par l'Associated Press, il a rendu hommage à son "rôle difficile dans l'organisation de la résistance dans le Vercors, car il n'y avait pas de hiérarchie et de nombreux groupes indépendants. Il a su réunir et conjuguer des gars qui avaient des ambitions et des idées différentes".
Né le 3 octobre 1910 à Paris, ce montagnard de haut niveau et militaire de carrière est fait prisonnier sur l'Ourcq en juin 1940 et transféré à la forteresse allemande de Colditz, camp de prisonniers en Saxe réservé aux officiers alliés, en avril 1941. Il est le premier à s'en être évadé.
Entré dans la Résistance, il devient le premier chef militaire du maquis du Vercors en mai 1943 dont il est l'un des cofondateurs avec notamment Pierre Dalloz. La ministre de l'Intérieur Michèle Alliot-Marie a rendu hommage à un "homme de conviction et d'engagement" qui "a consacré sa vie au combat pour la liberté et incarné l'esprit de résistance et l'engagement total au service de la patrie". Son collègue de la Défense Hervé Morin évoque un homme "au nombre de ceux qui, refusant de subir, laissent le plus noble et le plus fécond des témoignages, celui de leur exemple".
Commandant des Forces françaises de l'Intérieur (FFI) en Isère en mai 1944, Alain Le Ray organise la libération du département en liaison avec les forces alliées. A la tête de la 7e demi-brigade de chasseurs alpins, il livre de violents combats l'hiver 44-45 en Maurienne, jusque sur les hauteurs du Mont-Cenis, face aux Allemands en déroute. Un épisode filmé par son ami alpiniste Marcel Ichac dans le film "Tempête sur les Alpes".
En 1951, il devient lieutenant-colonel et participe à la campagne d'Indochine 1953-1954. Il est même négociateur à la conférence d'armistice de Trung Gia, se concluant notamment par un accord d'échange de prisonniers.
En Algérie, Alain Le Ray est chef d'état-major de la division parachutiste de 1956 à 1958, avant d'être attaché militaire et des forces armées près l'ambassadeur de France à Bonn, en Allemagne fédérale. Nommé général de brigade en 1961 et, en 1962, commandant de la 27e division alpine en Grande Kabylie, il est promu général de corps d'armée en 1968, avant de prendre sa retraite deux ans plus tard.
"La fidélité, c'est la clé de tout ce qui a compté dans mes engagements: fidélité aux miens, à la France, à mon métier, à ceux que j'ai eu l'honneur de conduire au combat, à l'honneur militaire, à l'honneur tout court", avait-il écrit dans une lettre citée par l'historien Paul Dreyfus.
Auteur de "Première à Colditz" (1976; éd. Arthaud, réédité aux PUG), il a été l'objet de deux ouvrages, "Alain Le Ray, le devoir de fidélité, Un officier alpin au service de la France (1939-1945)" de Jean-Pierre Martin (PUG, 2000), et "La bataille des Alpes 1944-1945", de Jean Mabire, (1986 Presses de la Cité).
Grand croix de la Légion d'honneur et de l'ordre national du Mérite, Croix de guerre et médaillé de la Résistance, le général Le Ray avait épousé Luce Mauriac, la fille de l'écrivain François Mauriac, en mai 1940, dont il a eu cinq enfants.
Ses obsèques se dérouleront aux Invalides à Paris le 11 juin, avant son inhumation au cimetière de Vémars (Val d'Oise) le lendemain.
Jeudi 7 juin 2007, 16h21
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