Olmert serait prêt à évacuer le Golan contre la paix avec la Syrie
JERUSALEM (AFP) - Le Premier ministre israélien Ehud Olmert se montre de plus en plus enclin à renouer le dialogue avec la Syrie, se disant prêt, selon la presse de vendredi, à évacuer le Golan en échange de la paix.
Selon le quotidien israélien Yédiot Aharonot, M. Olmert a récemment adressé des messages secrets en ce sens au président syrien Bachar al-Assad par l'intermédiaire de dirigeants de Turquie et d'Allemagne.
Le 24 avril, lors d'un entretien téléphonique, il a reçu le feu vert de George W. Bush à d'éventuelles négociations avec la Syrie, mais le président américain à écarté toute médiation de son pays.
Principal allié d'Israël, les Etats-Unis reprochent à la Syrie de soutenir les insurgés irakiens et de déstabiliser le Liban, lui imposant des sanctions économiques en 2004.
MM. Olmert et Bush doivent se retrouver le 19 juin à la Maison Blanche.
"Je sais qu'un accord de paix avec la Syrie m'obligera à ramener la souveraineté de la Syrie sur le plateau du Golan, et je suis prêt à assumer mes responsabilités en vue d'établir la paix entre nous", affirme M. Olmert dans l'un de ces messages, selon le Yédiot Aharonot.
"Je voudrais que vous me disiez si en échange d'un retrait israélien du Golan, la Syrie serait prête à remplir ses obligations: défaire progressivement son alliance avec l'Iran, le Hezbollah (libanais) et les groupes terroristes palestiniens, et mettre fin à son soutien au terrorisme", y ajoute-t-il.
Interrogé par l'AFP, Yanki Galanti, porte-parole de M. Olmert, a répondu: "Nous ne pouvons ni démentir ni confirmer ces révélations de Yédiot".
Les négociations de paix entre la Syrie et Israël, parrainées par Washington, avaient été suspendues en janvier 2000. Pour les reprendre, Damas avait exigé un engagement préalable d'Israël à se retirer du Golan jusqu'aux lignes du 4 juin 1967, mais le Premier ministre de l'époque Ehud Barak, confronté à une forte opposition interne, avait refusé de lui fournir une telle assurance.
Les propos prêtés à M. Olmert ont suscité une levée de boucliers de l'opposition israélienne de droite.
"Il (Olmert) n'a pas reçu de mandat pour ordonner un retrait du Golan (...) Ses initiatives sont dangereuses, il sera très difficile de les stopper", a déclaré aux journalistes, Guidéon Saar, chef du groupe parlementaire du Likoud.
"Olmert est prêt à tout pour se maintenir au pouvoir", a renchéri Zevoulon Orlev, député du Parti national religieux.
Il faisait allusion à l'impopularité du Premier ministre, empêtré dans une série de scandales et sévèrement critiqué par le rapport intérimaire d'une commission d'enquête gouvernementale sur sa conduite de la guerre au Liban en 2006.
Interrogé par la radio publique, le ministre du Commerce et de l'Industrie, Eli Yishaï, du parti Shass orthodoxe, s'est en revanche dit prêt à des concessions territoriales "pour épargner les vies d'Israéliens".
Il a appelé M. Assad à venir à Jérusalem, à l'instar du défunt président égyptien Anouar Sadate qui a signé la paix avec Israël en 1979 et a en contrepartie récupéré le Sinaï, conquis en 1967.
Mercredi, M. Olmert avait affirmé lors d'une réunion du cabinet de sécurité que son pays "veut la paix avec la Syrie", dans un apparent message d'apaisement à la suite d'informations alarmistes de la presse israélienne faisant état d'une possible guerre entre les deux pays.
"Notre position est la même. Nous sommes prêts à reprendre les négociations de paix, nous voulons agir pour la paix. Nous suivons de près les déclarations" israéliennes, a dit le lendemain une source officielle syrienne en réaction aux propos de M. Olmert.
Selon un sondage publié par le journal Maariv, 74% des Israéliens sont sceptiques sur les intentions de paix de Damas, contre 17% qui y croient. En revanche, 48% des Israéliens approuvent la reprise de pourparlers de paix portant sur l'avenir du Golan, contre 45% qui y sont hostiles.
Par Charly Wegman, le vendredi 8 juin 2007, 11h53