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15 juin 2007 5 15 /06 /juin /2007 09:19
Après le Prix Nobel de la Paix 1994, Shimon Peres vient d’obtenir la seconde consécration de sa longue carrière politique : il vient d’être élu Président de l’État d’Israël ce 13 juin 2007.


Enfin reconnu !

C’est sans doute ce qu’a dû penser Shimon Peres ce 13 juin 2007 après-midi après 83 ans de vie dont 55 au service d’Israël.

D’origine biélorusse, élu pour la première fois député en 1952, nommé pour la première fois ministre en 1969, il est aujourd’hui encore numéro deux du gouvernement, et je m’étais étonné de la part de convictions et d’ambition chez cet homme qui n’hésite pas à sacrifier quelques idéaux pour rester au gouvernement.

Il vient d’être largement élu Président de l’État d’Israël, pour sept ans. Poste honorifique, le siège est pourvu sur fond de scandale sexuel de son prédécesseur Moshe Katsav (accusé de viol, il a dû démissionner en janvier 2007) et de profonde crise de confiance politique pour le gouvernement actuel.

1952, date d’entrée de Peres à la Knesset, c’est aussi la date de naissance de la femme politique d’origine irakienne, Dalia Itzik, qui, depuis janvier, assure l’intérim présidentiel en tant que présidente de la Knesset.

Shimon Peres, c’est un peu comme Gorbatchev ou Walesa. C’est une personnalité très connue à l’étranger, qui jouit d’une stature éminente d’homme d’État et qui en profite pour aller faire des conférences un peu partout dans le monde, mais dans son pays, il a toujours été considéré comme un loser.

Il n’a en effet jamais gagné une élection. Et pourtant, il a été trois fois à la tête du gouvernement israélien.

En 1977 par intérim suite à la démission de Yitzhak Rabin obligé de s’écarter à la suite d’un scandale financier. Hélas, le nouveau Likoud de Menahem Begin remporte les élections.

Puis de 1984 à 1986, il démarre une période particulière de ‘cohabitation à l’Israélienne’ où l’absence totale de majorité a entraîné un accord d’alternance entre Peres et Shamir.

Puis enfin, à l’assassinat de Yitzhak Rabin le 4 novembre 1995, il reprend l’intérim de Premier Ministre jusqu’à son nouvel échec électoral en juin 1996.

Abonné tous les dix ans à de brèves séquences d’intérim, Shimon Peres aurait pu aussi assurer la succession provisoire d’Ariel Sharon lorsque ce dernier est entré dans un profond coma le 4 janvier 2006 (il n’en est toujours pas sorti) jusqu’aux élections prévues le 28 mars 2006, mais a finalement refusé les avances de son nouveau parti centriste Kadima.

Malgré sa popularité, Shimon Peres avait même échoué de façon inattendue à la même élection en 2000, victime du revirement d’un de ses soutiens.

Mais Shimon Peres le loser, est-ce vraiment le bon raccourci ?

Bien sûr que non. C’est avant tout le survivant des accords d’Oslo qui, en 1993, pour la première fois, laissait entrevoir un espoir de paix entre Israéliens et Palestiniens.

À l’époque, il n’était que ministre des Affaires Étrangères, mais c’était lui qui encouragea et noua toutes les relations et négociations pour aboutir à cet accord. Les deux leaders antagonistes, Rabin et Arafat se voyaient ainsi partagé leur Prix Nobel de la Paix 1994 avec le véritable initiateur de cette démarche.

À la mort du premier Président israélien, Chaim Weizmann, en novembre 1952, Ben Gourion avait proposé la Présidence de l’État d’Israël au célèbre physicien Albert Einstein qui refusa poliment par cette explication : « D’abord, si je connais les lois de l’univers, je ne connais presque rien aux êtres humains. De plus, il semble qu’un Président d’Israël doit parfois signer des choses qu’il désapprouve, et personne ne peut imaginer que je puisse faire cela. »

55 ans après, voici que l’État d’Israël se voit donc présider, j’oserais dire, protéger par un autre Prix Nobel, qui ne manquera pas de redorer la fonction.

Consécration donc pour un homme de paix qui disait lors de l’assassinat de Rabin : « Vous pouvez tuer mille personnes ; vous pouvez abréger une vie ; mais vous ne pouvez pas tuer une idée. ».

Mais aussi, consécration pour un homme d’expérience et sans illusion sur la pratique politique israélienne assez complexe qui remarquait que la « télévision a rendu la dictature impossible mais la démocratie insupportable. ».

Sylvain Rakotoarison
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