
En ce sens, il représentait bien un certain peuple qui avait été heureux, au début du siècle dernier, de la venue au pouvoir de Hitler et qui était joyeux de la résurgence d’une Grande Allemagne.
Kurt Waldheim s’en va sans bruit, enfin, presque, avec un léger écho de ses bottes d’officier SA qu’on aurait pu entendre en Yougoslavie ou en Grèce pendant la guerre.
Waldheim, c’était au départ pour moi un grand diplomate. Qui a couronné sa carrière avec deux mandats de Secrétaire Général de l’ONU (entre 1972 et 1981). Chef du Monde presque !
Ce n’est pas rien : pour être nommé, il faut l’accord des Américains, des Britanniques, des Français, des Soviétiques (à l’époque) et des Chinois. Au temps le plus pourri de la guerre froide. D’ailleurs, ce sont les Chinois qui lui refusèrent son troisième mandat.

Enfin, c’est quand même après une quarantaine d’années de bons et loyaux services au service du monde (de la paix ?) que ce même monde commença à sentir la puanteur de son passé.
On aurait alors pu imaginer qu’il s’enfermât chez lui tranquillement pour attendre la mort, ou encore, qu’il s’exilât dans d’obscurs pays protecteurs...
Non, il se présenta à la Présidence de la République de son pays, l’Autriche. C’est une fonction plutôt honorifique (c’est le chancelier qui détient le pouvoir) mais à la différence de l’Allemagne ou d’Israël, le Président est élu au suffrage universel direct, comme en France, comme au Portugal en fait.
Malgré les polémiques sur son passé, il est brillamment élu en 1986. Il ne fera qu’un mandat. Il ne fera quasiment aucune visite à l’étranger, ses homologues ne le considérant pas comme un convive politiquement correct.
Que Kurt Waldheim ait eu un passé douteux comme de nombreux Autrichiens à l’époque, c’est relativement commun.
Qu’il ait été le premier responsable de la paix dans le monde pendant dix ans est déjà un peu plus original.
Mais qu’un peuple entier l’ait élu à sa tête en sachant pertinemment son passé nazi, ça sort de l’entendement.
Il ne me semble pas qu’on regrettera ce vieillard de 88 ans.
Sylvain Rakotoarison
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