Le sénateur radical Jacques Pelletier, ancien ministre, s’est éteint le 03 septembre 2007 à 78 ans au Val de Grâce après un accident vasculaire cérébral.
Il m’est peu agréable de rédiger une (nouvelle) note nécrologique mais la disparition d’un homme politique très humain est l’occasion pour moi de me souvenir de son action et, surtout, de la présenter à ceux qui ne le connaissent pas.
Jacques Pelletier fut d’abord un homme de terrain, agriculteur picard assumant d’importantes responsabilités syndicales, élu local, maire à 23 ans, président du conseil général de l’Aisne (de 1964 à 1979), et vice-président de l’association des maires de France (de 1983 à 1995).
Il a milité pour mieux prendre en compte les enjeux écologiques en créant dès le milieu des années 1970 les premiers Centres permanents d’initiatives pour l’environnement.
Parlementaire chevronné (4 ans député, 29 ans sénateur), Jacques Pelletier est aussi celui qui a su réunir les contraires en président au Sénat pendant une quinzaine d’années le groupe de la Gauche Démocratique puis du Rassemblement démocratique et social européen (RDSE), sa nouvelle appellation.
Le groupe de la Gauche Démocratique, c’est un vieux groupe politique fondé en 1892 et qui regroupait les radicaux, devenant même le principal groupe au Sénat sous la IIIe République comptant jusqu’à 160 sénateurs (15 aujourd’hui).
Ont notamment siégé dans ce groupe 3 Présidents de la République (Gaston Doumergue, Paul Doumer, François Mitterrand), 6 chefs du gouvernement (Georges Clemenceau, Émile Combes, Henri Queuille, Édouard Herriot, Edgar Faure) et 1 Président du Sénat (Gaston Monnerville) et également des personnalités comme Jean François-Poncet (aujourd’hui membre de l’UMP), Étienne Dailly, Robert Vigouroux (quand il était maire de Marseille), et encore maintenant : Jean-Michel Baylet (président du PRG), Michel Thollière (maire de Saint-Étienne) et Pierre Laffitte (X-Mines fondateur de la technopole niçoise de Sofia-Antipolis).
Refusant le diktat de l’union de la gauche, qui engendra la division des radicaux en radicaux de gauche (MRG puis PRG) dirigés à l’époque par Robert Fabre (acceptant l’union avec les communistes) et en radicaux valoisiens (aujourd’hui coprésidés par André Rossinot et Jean-Louis Borloo), les sénateurs radicaux se retrouvent, aujourd’hui encore, dans un groupe assez singulier puisque cohabitent des parlementaires à la fois de la majorité et de l’opposition.
Jacques Pelletier personnifiait à merveille cette ouverture séculaire… ouverture à droite pour la gauche et à gauche pour la droite.
Il a créé ou présidé l’Alliance de la gauche pour l’initiative et la réforme, le Carrefour social-démocrate, Liberté et Démocratie (section française de l’Internationale libérale), l’Association des Démocrates, le Mouvement des Réformateurs.
Séduit par la démarche giscardienne à l’instar de Jean-Jacques Servan-Schreiber, il accepta d’être nommé Secrétaire d’État à l’Éducation dans le gouvernement de Raymond Barre de 1978 à 1980 et de faire partie de l’équipe de campagne de Valéry Giscard d’Estaing lors de l’élection présidentielle de 1981 (s’occupant des relations avec les élus locaux).
Soutenant François Mitterrand au second tour de l’élection présidentielle de 1988, Jacques Pelletier fut, avec Bruno Durieux, Jean-Marie Rausch, Michel Durafour et Jean-Pierre Soisson, l’un des principaux ministres d’ouverture des gouvernements de Michel Rocard, en devenant Ministre de la Coopération et du Développement de 1988 à 1991.
François Mitterrand le nomma en 1992 Médiateur de la République, mandat autonome qu’il remit à son successeur, lui aussi centriste, Bernard Stasi nommé par Jacques Chirac en 1998.
« La ferveur de son engagement en faveur de la coopération avec le sud n’[ayant] jamais faibli » et faisant bénéficier de ses compétences en agriculture et en coopération, Jacques Pelletier présida de 1993 à 2007 le Haut Conseil de la Coopération Internationale (appellation adoptée en 1999) et présida le groupe préparatoire du Sommet mondial de l’alimentation en 1997.
Article paru sur Agoravox.
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