(dépêches)
La Génération Sarkozy aux élections régionales
http://fr.news.yahoo.com/80/20100125/tpl-rgionales-la-nouvelle-stratgie-prsid-7102401.html
http://www.lefigaro.fr/politique/2010/01/26/01002-20100126ARTFIG00014-regionales-la-nouvelle-strategie-presidentielle-.php
Régionales : la nouvelle stratégie présidentielle
Judith Waintraub
26/01/2010 | Mise à jour : 00:38 | Commentaires 1 | Ajouter à ma sélection
Nicolas Sarkozy ne souhaite pas «nationaliser le débat» afin que «les Français ne mélangent pas les échéances».
Qui a dit : « Le rôle du président de la République n'est pas de faire campagne pour les présidents de région» ? Nicolas Sarkozy, lundi soir. Qui a demandé aux candidats de l'UMP aux régionales d'assumer» les «choix structurants» de sa politique devant les Français ? Le même, le 30 novembre, à la tribune du Conseil national du parti majoritaire, en donnant le coup d'envoi officiel de la campagne. À cette époque, quand l'opposition lui reprochait son implication, Sarkozy pourfendait l'«hypocrisie» qui consisterait, pour un président, à feindre de n'être concerné en rien par les résultats d'un scrutin, fût-il local. Le contraire, ou presque, de ce qu'a dit hier soir le Sarkozy nouveau.
Sur le plateau de TF1, il a été formel : «M'engager dans la campagne au sens partisan, ce n'est pas le rôle, la place du président de la République.» Plus question, non plus, de «nationaliser le débat». Désormais, aux régionales, «il s'agit de choisir des dirigeants pour les régions, et les Français ne mélangent pas les échéances». Certes, Nicolas Sarkozy a l'intention d'«écouter» ce que diront les Français les 14 et 21 mars. Qu'on le soupçonne de ne pas le faire l'indignerait presque : «Mais enfin, qui serais-je pour dire : “Non, non, je ne les écouterai pas” ? Naturellement, je les écouterai !» Mais de là à en tirer des conséquences immédiates sur la composition du gouvernement ou sur les réformes en cours, il y a un pas que le président n'est visiblement pas décidé à franchir.
«Une si grande entente»
Il l'a dit en termes très clairs : «Le moment des conclusions n'est pas arrivé.» Et même s'il a refusé de confirmer lundi qu'il maintiendrait François Fillon à Matignon quel que soit le résultat des régionales, la vision idyllique qu'il a donnée de sa relation avec le premier ministre exclut l'idée d'un changement imminent. «François Fillon et moi, nous travaillons depuis deux ans et demi en parfaite entente, a-t-il assuré. Il est un très bon premier ministre. Je crois que c'est d'ailleurs une première dans la Ve République, une si grande entente, une si grande confiance, et, mon Dieu, c'est très bien ainsi.»
Si le temps où le chef de l'État traitait celui du gouvernement de «collaborateur» est révolu depuis plus d'un an, jamais Nicolas Sarkozy n'avait eu de paroles aussi aimables pour François Fillon. Et jamais, non plus, il n'avait présenté leur couple comme un modèle de bonheur depuis l'origine de la Ve République. De quoi combler d'aise l'intéressé… Ou l'inquiéter.
Car si le premier ministre est ainsi couvert d'éloges, c'est d'abord parce que le chef de la campagne des régionales, officiellement, c'est lui. Fillon ira dans les 22 régions soutenir les candidats de la majorité. Il a d'ailleurs déjà commencé sa tournée. Il vantera le bilan de l'exécutif, il défendra les réformes passées, en cours et surtout à venir, les plus difficiles. Il assumera la réorganisation des collectivités locales, comme il l'a promis à Sarkozy. Le président n'était pas tout à fait sûr que son premier ministre, toujours soutenu par les élus locaux, prendrait le risque de leur déplaire. Il a été rassuré. Fillon évoquera la réforme des retraites, à laquelle il s'était déjà attaqué lorsqu'il était ministre des Affaires sociales.
En résumé, il «fera le job», comme disait le Sarkozy d'antan à propos de lui-même. Et si le résultat des régionales est aussi mauvais que les sondages le prédisent pour l'UMP, Fillon aura joué le rôle classiquement dévolu au premier ministre : protéger le président.
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Régionales: Sarkozy et Fillon en chefs de campagne
Bruno Jeudy
18/12/2009 | Mise à jour : 21:34 | Commentaires 72 | Ajouter à ma sélection
Nicolas Sarkozy et François Fillon lors de la réunion des maires à l'Élysée, en novembre dernier. Crédits photo : SIPA
Le premier ministre fera un maximum de déplacements pour soutenir les listes UMP, le président ciblera ses interventions.
«Chez moi, Fillon est très bien adapté pour ma campagne. Avec Sarkozy, je redoute un mauvais buzz.» Sous couvert d'anonymat, ce ministre candidat aux régionales ne cache pas sa préférence : il aimerait mieux ne pas voir débarquer chez lui le chef de l'État avant les élections. Secrétaire général de l'UMP, Xavier Bertrand a donné le choix à toutes les têtes de listes : «Sarko, Fillon et moi pouvons venir chez toi. Dis-nous ce qui t'arrange.»
Pour l'instant, la balance penche nettement du côté du premier ministre. «Il est très demandé», admet-on à l'UMP. «Le premier ministre en fera un maximum. Au moins une réunion dans chacune des vingt-deux régions», dit-on à Matignon. François Fillon compte déjà deux déplacements à son compteur. Le 8 novembre, il a animé un premier meeting dans les Pays de la Loire, le fief perdu en 2004. Le premier ministre est allé au début du mois lancer la campagne de Valérie Pécresse dans son QG parisien. «C'est mon rôle, c'est ma place d'être là», a-t-il expliqué ce jour-là. Une manière pour lui d'affirmer son titre de chef de la majorité.
Si François Fillon se prépare à sillonner la France de long en large, Nicolas Sarkozy n'a pas encore arrêté sa stratégie. «Le président ne va pas aller battre les estrades. Il n'est pas candidat. C'est plutôt Fillon qui fera la campagne classique. Mais Sarkozy a l'intention de mettre sa petite touche de couleur lors de ses déplacements en province», confie un de ses conseillers.
Conforter les fiefs de la droite
Nicolas Sarkozy a déjà commencé, lui aussi, la campagne en clôturant, le 28 novembre dernier, le conseil national de l'UMP à Aubervilliers. Une présence très critiquée par le PS. Il a ensuite enchaîné avec un meeting à huis clos en marge d'un déplacement en Alsace, une des deux régions détenues par la droite. Ce jour-là, le chef de l'État ne s'est pas fait prier pour railler la gauche sous l'œil d'une caméra cachée. La scène a fait florès sur Internet. Mardi, il recevra à l'Élysée les vingt-deux têtes de la liste de la majorité. En janvier, il se rendra en Corse, l'autre région gérée par l'UMP. Preuve que le chef de l'État tient en priorité à conforter les derniers fiefs de la droite. Ensuite, on devrait le voir en Provence-Alpes-Côte d'Azur où il a imposé Thierry Mariani, un fidèle. Il est demandé dans le Nord-Pas-de-Calais et en Rhône-Alpes. François Fillon, lui, est attendu dans les régions de la façade atlantique.
À l'UMP, Bertrand peaufine son plan de bataille. Fin janvier, les candidats se retrouveront, lors d'un nouveau conseil national à Paris, pour fixer des «engagements communs». En présence de Sarkozy ? Pour l'instant, l'UMP ne confirme pas. En revanche et conformément à ce qui a été décidé à Aubervilliers, la stratégie reste nationale : «On ne gagnera pas en faisant vingt-deux campagnes chacun dans son coin», martèle Xavier Bertrand. Ministre des Affaires sociales et candidat en Aquitaine, Xavier Darcos abonde dans ce sens : «Chez moi, j'ai beau parler des sujets locaux, ça ne change rien dans les sondages. Les électeurs disent qu'ils se détermineront en fonction des thèmes nationaux. Cela prouve que la clé de ce scrutin dépend de notre capacité à mobiliser notre électorat.» Candidat dans les Pays de la Loire, Christophe Béchu veut croire que la «part du local sera plus importante que le national».
Il y a au moins un sujet sur lequel se retrouvent la plupart des candidats : ils n'ont pas l'intention de faire campagne sur l'identité nationale. «Chez moi, je peux leur parler de tout, sauf de ça», peste cette tête de liste, qui juge l'argument de la «folie fiscale» des régions plus porteur. Plutôt que de grandes réunions régionales, l'UMP mise sur de nombreux meetings départementaux afin de ratisser plus large. À ce jour, un seul meeting national - sans doute à Paris à la veille du premier tour - est programmé. Avec ou sans Nicolas Sarkozy.
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Nicolas Sarkozy dans l'arène des régionales
Bruno Jeudy et Judith Waintraub
30/11/2009 | Mise à jour : 07:11 | Commentaires 81 | Ajouter à ma sélection
Le chef de l'État s'est exprimé pendant trois quarts d'heure, samedi au conseil national de l'UMP à Aubervilliers (Crédits photo : Richard Vialeron / Le Figaro).
Samedi, devant le conseil national de l'UMP, le chef de l'État a fustigé le PS et les Verts.
Nationale, résolument, et unitaire, rigoureusement : telle sera la stratégie de l'UMP pour les régionales. C'est Nicolas Sarkozy qui l'a expliqué à ses troupes, samedi, assumant sans complexe le rôle de chef de campagne. Le président de la République est arrivé dans le hangar des docks d'Aubervilliers, où se tenait le conseil national, vers 16 heures.
De retour d'un déplacement «écologique» au Brésil et à Trinidad-et-Tobago, il était attendu sur le climat et le sommet de Copenhague. S'il a bien évoqué l'écologie, c'est essentiellement pour se payer les Verts et leur «stratégie invraisemblable de la décroissance» : «Est-ce qu'ils savent qu'il y a du chômage ? Est-ce qu'ils savent qu'il y a de la misère dans le monde ? Est-ce qu'ils savent qu'il y a plus d'un milliard de gens qui ne mangent pas à leur faim et que la décroissance, ça veut dire plus de misère pour tous ces gens-là ?»
Écologiste «par conviction et pas par tactique», mais conscient de la rentabilité électorale potentielle du Grenelle, Sarkozy a opposé à la vision des Verts sa «stratégie de l'écologie populaire». «Nous voulons la croissance, mais la croissance durable, voilà le message que vous devez défendre devant les Français», a-t-il expliqué à ses troupes, en rendant un hommage appuyé à Jean-Louis Borloo.
Trop content de se retrouver en famille, Sarkozy s'en est donné à cœur joie contre le PS et le FN. Sans citer Martine Aubry, il l'a accusée d'instrumentaliser le problème des sans-papiers. «De la même façon que le PS dans les années 1980 a exploité le Front national pour gagner les élections, il s'agit à trois mois des régionales d'agiter le chiffon rouge pour faire remonter le FN», s'est-ilindigné en fustigeant la «manœuvre» du PS. La salle a apprécié. Elle a applaudi, aussi, quand Nicolas Sarkozy s'en est pris à Ségolène Royal, signataire comme lui du pacte de Nicolas Hulot en 2007 : «Je ne suis pas comme une certaine candidate qui signe devant tout le monde et qui déchire ensuite son engagement.»
Trois quarts d'heure durant, le chef de l'État a également vanté les réformes accomplies, annonçant qu'«après le temps des débats, est venu le temps de l'unité». «Je vous demande d'avoir le courage d'assumer des choix structurants», a-t-il lancé aux parlementaires et élus locaux, dont beaucoup s'inquiètent de la suppression de la taxe professionnelle. Sa conclusion a été sans ambiguïté : «Je vous souhaite une bonne campagne !»
François Fillon était aux anges. Le président l'a cité huit fois dans son discours. Dans sa propre intervention, le premier ministre s'est adressé aux alliés de l'UMP, Nouveau Centre en tête, qui ont dû renoncer à mener des listes autonomes. «La stratégie d'unité proposée par le président de la République s'est imposée, et c'est peut-être notre principal atout», a-t-il assuré. Conscient que la majorité craint le pire pour les régionales, il lui a fait valoir qu'elle n'avait pas grand-chose à perdre.
«Nationalisation» de la campagne
Un état d'esprit que partagent la plupart des têtes de liste UMP. Le ministre de l'Éducation, Xavier Darcos, qui conduira la bataille en Aquitaine, demande que la performance de la majorité le soir du deuxième tour «ne soit pas seulement évaluée en termes de régions gagnées, mais en termes de progression des votes en faveur de la droite» par rapport à 2004.
La «nationalisation» de la campagne des régionales ne fait pas l'unanimité chez les candidats, y compris chez les ministres. «Chez moi, je n'utiliserai pas la thématique de l'identité nationale et de l'immigration», confie un membre du gouvernement. «Tout ce que je demande, c'est que Nicolas Sarkozy ne tienne pas de meeting dans les environs d'ici mars», renchérit un autre. Ces têtes de liste défendent une «régionalisation» de la campagne. Comme l'avait fait Jean-Pierre Raffarin en 2004, quand il était premier ministre. À l'époque, la droite avait subi une déroute. Depuis, Raffarin a changé d'avis : il a reconnu samedi à la tribune que la situation avait «évolué» et que le débat devait être «national».
À la suite de l'ex-premier ministre, tous les orateurs ont répété la formule de Xavier Bertrand : «Nous ne gagnerons pas les élections régionales en menant 22 campagnes chacun dans notre coin.» Le secrétaire général de l'UMP a aussi régalé l'assistance d'un film conçu pour le lancement de la campagne, La France change, ma région doit changer aussi. Le clip vante les réformes accomplies avec de belles images en couleur. La liste est exhaustive, ou presque : le bouclier fiscal, auquel Nicolas Sarkozy a réaffirmé qu'il ne toucherait pas, a été oublié.
Une brève séquence montre un paysage désolé, en noir et blanc, avec ce commentaire : «Et pendant ce temps-là, dans les régions, rien ne change. Il ne s'y passe rien, enfin si : les impôts, eux, ont augmenté.» C'est le seul moment où la salle a réagi. La subtilité du message a provoqué un éclat de rire général.
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http://www.lefigaro.fr/editos/2009/11/30/01031-20091130ARTFIG00385-regionales-le-pari-de-sarkozy-.php
Régionales : le pari de Sarkozy
30/11/2009 | Mise à jour : 07:03 | Commentaires 12 | Ajouter à ma sélection
Nicolas Sarkozy en octobre, à l'Élysée. Crédits photo : Le Figaro
ÉDITO - Nicolas Sarkozy prend le risque de nationaliser le scrutin alors qu'il sait pertinemment que les régionales ne seront pas une promenade de santé pour l'UMP.
Ceux qui pensaient que Nicolas Sarkozy allait commencer à «donner du temps au temps» vont être déçus. La posture mitterrandienne lui est étrangère. Regarder les choses de loin, d'un air détaché, avec indifférence ou résignation, ce n'est pas pour lui. Alors, devant une UMP désormais prête à la bataille régionale, il a prononcé samedi un discours de portée nationale. Chacun a bien compris qu'il y a un chef de campagne à droite, Nicolas Sarkozy, et qu'en mars, dans chacune des 22 régions, les électeurs seront invités à lui dire oui ou à lui dire non. Oui ou non à la réforme permanente, qui bouscule des paysages hexagonaux que l'on croyait figés à jamais.
En «nationalisant» le scrutin régional, le chef de l'État prend évidemment un risque. Si ces élections sont pour l'UMP aussi catastrophiques qu'en 2004, il n'est pas besoin de se creuser beaucoup pour imaginer le communiqué triomphant de Martine Aubry au soir du second tour. Elle parlera de «camouflet», de «défiance», et on dansera tard dans la nuit Rue de Solferino.
Ce qui frappe, c'est que Nicolas Sarkozy prend ce risque alors qu'il sait pertinemment que les régionales ne seront pas une promenade de santé pour l'UMP. Les espoirs de conquête sont très peu nombreux et le PS risque fort d'être à nouveau majoritaire dans la quasi-totalité des régions au soir du 21 mars. Mais le chef de l'État sait bien qu'avec l'électeur il est vain de vouloir finasser. En 2004, Jean-Pierre Raffarin avait insisté sur l'enjeu régional, mais au soir de la défaite de l'UMP, l'enseignement qu'on avait tiré de ce Waterloo électoral était évidemment national.
Surtout, il ne déplaît pas à Nicolas Sarkozy d'obliger le PS à venir sur son terrain. À ce jeu, on ne gagne pas à tous les coups, mais on n'est jamais déçu. Les socialistes aimeraient parler de la gestion de leurs 20 régions, ils vont devoir aussi parler d'insécurité, d'immigration, de réforme territoriale, de taxe carbone et de tous ces sujets nationaux dont ils se méfient.
Au soir du second tour, le PS aura peut-être le sourire, mais il n'aura toujours pas résolu la question fondamentale qui le tourmente depuis 2002 : pourquoi gagne-t-il les élections locales, mais plus jamais les nationales ? Pourquoi lui fait-on confiance pour gérer des villes et des régions, mais pas pour conduire le pays ? Il restera aux socialistes deux ans pour apporter une réponse. Deux ans pendant lesquels Nicolas Sarkozy entend poursuivre les réformes, persuadé qu'en 2012 on lui saura gré du travail accompli, quel que soit le résultat du scrutin de mars.
http://www.lefigaro.fr/politique/2009/11/30/01002-20091130ARTFIG00383-la-generation-sarkozy-a-l-assaut-des-regions-.php
La «génération Sarkozy» à l'assaut des régions
Jean-Baptiste Garat et Bruno Jeudy
30/11/2009 | Mise à jour : 06:45 | Commentaires 64 | Ajouter à ma sélection
Jérôme Clément, Stéphanie Von Euw et Geoffroy Didier. (Crédits photo : François Bouchon, Sébastien Soriano / Le Figaro)
Le chef de l'État veut profiter des régionales pour préparer la transition entre les élus de la génération Chirac et ceux qui seront demain candidats aux législatives de 2012 et aux municipales de 2014.
Tous les présidents de la République en rêvent. En 1988, les socialistes avaient inventé la «génération Mitterrand». Au milieu des années 1970, Valéry Giscard d'Estaing avait lancé les «jeunes giscardiens». En 2012, l'actuel chef de l'État espère voir éclore une «génération Sarkozy». Les régionales de mars 2010 serviront de galop d'essai aux jeunes sarkozystes. Le président a transmis la consigne aux dirigeants de l'UMP : «Il faut préparer les prochaines générations politiques. La transition doit se faire maintenant.» Car les candidats investis aujourd'hui sont ceux qui «mèneront les prochaines batailles, celles des législatives et des municipales», résume Franck Louvrier (41 ans) son conseiller en communication qui devrait lui-même être candidat aux régionales dans les Pays de la Loire.
Dans le viseur de Nicolas Sarkozy, il y a bien sûr le renouvellement des députés UMP. La plupart sont issus de la génération Chirac. «Sarkozy veut avoir après 2012 un groupe plus malléable avec des élus qui lui devront entièrement leur carrière», décrypte un cadre UMP. Xavier Bertrand, qui avait pour mission de renouveler et rajeunir les candidats aux régionales, estime avoir rempli son contrat : «Sur les 22 régions, il y a 19 nouvelles têtes de liste. En 2004, il y avait une seule femme tête de liste régionale, il y en aura six cette fois-ci.» Secrétaire national aux fédérations, Édouard Courtial sillonne la France pour dénicher ces «nouveaux talents». Régulièrement, il adresse des notes à Bertrand et Sarkozy sur ses découvertes. C'est comme ça que Samia Soultani, simple militante en Mayenne, a été bombardée à la tête de la fédération départementale. D'autres viennent des cabinets ministériels et de l'Élysée. Sans compter les enfants d'élus. Une tradition qui perdure à droite et à gauche. Dans cette catégorie, Jean Sarkozy (23 ans) est, bien sûr, hors concours.
Sélectionneur et coach
Le chef de l'État n'est pas seulement le sélectionneur de cette nouvelle génération, il en est aussi le «coach». Témoin : sa rencontre le 17 septembre avec Christophe Béchu, 35 ans, valeur montante de la droite. Déjà président du conseil général de Maine-et-Loire (il a été élu à 29 ans) et député européen, Béchu n'a pas envie d'aller aux régionales. Mais, avec le forfait de Roselyne Bachelot, le président veut le convaincre : «Je respecterai ta décision. Je te parle comme à un petit frère. Christophe, c'est le moment de savoir ce que tu veux faire de ta vie.» La suite est connue. «Quand le président vous demande d'y aller, vous dites évidemment oui», raconte Béchu qui se dit «agréablement surpris» par son entretien. En cas de victoire en mars, la notoriété de ce jeune élu de province devrait faire un bond. Béchu peut déjà rêver d'un ministère avant ses 40 ans.
Samia Soultani, 37 ans, enseignante-chercheuse à l'université de Laval, figurera en deuxième place en Mayenne. La consécration pour cette femme d'origine marocaine, arrivée en France en 1996 et naturalisée en 2004. Chef de file de l'opposition au conseil municipal de Laval, Samia Soultani a repris le flambeau après la défaite de François d'Aubert. «J'ai récupéré la fédération dans un état désastreux», confie-t-elle. Elle ne se vexe pas quand on lui fait remarquer qu'elle doit à la diversité son ascension dans l'appareil UMP (elle est secrétaire nationale, NDLR). «Tous les partis en profitent. Moi, ce que je vois c'est que Nicolas Sarkozy l'avait promis, et il le fait», dit celle qui s'est engagée en écoutant ses discours sur la valeur travail et le mérite.
Les Français ne savent pas qui il est, mais à l'UMP tout le monde a appris à le connaître. Jérôme Clément, 36 ans, est le bras droit de Jean-Claude Gaudin à la commission nationale des investitures comme au comité de liaison de la majorité. Toutes les investitures pour toutes les élections passent, à un moment ou un autre, entre ses mains. «Je me fais parfois l'impression de conduire le camion rempli de nitroglycérine du Salaire de la peur», raconte le jeune homme qui a accepté cette tâche pour Gaudin et Sarkozy et «pour personne d'autre». Originaire du Vaucluse, il sera sur la liste de Thierry Mariani, «en position éligible ou pas», précise-t-il. «Je n'ai pas de problème d'ego et j'ai encore le temps.» Le temps et le choix : en 2012, la députée maire d'Avignon, Marie-Josée Roig, pourrait passer la main, et une nouvelle circonscription sera créée dans le Vaucluse.
«Génération Sarko ? Bien sûr !» Stéphanie Von Euw n'hésite pas une seconde. D'abord «en réaction» à la génération Mitterrand puisque, à 34 ans, la chef de cabinet de Patrick Devedjian a fait son éveil politique dans les années 1980. «Mais aussi parce que Sarkozy nous a décomplexés. Quand tu es jeune et de droite, ça demande parfois du courage. Il nous l'a insufflé.» Adjointe au maire de Pontoise depuis 2001, conseillère régionale depuis 2004, Stéphanie Von Euw sera deuxième sur la liste du Val-d'Oise. Et ensuite ? «Ce n'est pas forcément facile, mais j'ai envie maintenant d'être élue sur mon nom», assure la jeune femme qui confie en riant : «Plein de gens m'ont promis plein de choses.»
«Je lui ai écrit, il m'a reçu et c'est comme cela que tout a commencé», s'étonne encore Geoffroy Didier. En 2004, le jeune avocat fraîchement débarqué de New York a rejoint les équipes de Brice Hortefeux, alors conseiller du ministre de l'Intérieur Nicolas Sarkozy. «Du jour au lendemain, je me suis retrouvé dans le saint des saints», explique-t-il. Cinq ans plus tard, après avoir suivi son ministre aux Collectivités locales, à l'Immigration et au Travail, Geoffroy Didier, aujourd'hui conseiller en communication de Brice Hortefeux, a retrouvé la Place Beauvau. «Fondamentalement sarkozyste» et marqué par la rupture que le président a menée au sein de la droite, Geoffroy Didier assure que «la prochaine génération d'élus doit correspondre à ce que Nicolas Sarkozy est vraiment». Prêt à «assumer les idées les plus modernes», il devrait être présent sur la liste dans le Val-d'Oise. Mais son baptême du feu est programmé en 2011 avec les cantonales et les législatives. «Il faut en 2012 des gens qui puissent aider Nicolas Sarkozy dans son deuxième mandat», explique celui qui tient permanence tous les samedis à Gonesse.
«Aller au charbon»
Avocate dans un grand cabinet et enseignante à l'université de Paris, Sophie Dion a tout plaqué en 2007 quand Nicolas Sarkozy lui a demandé de venir travailler à l'Élysée. Ancienne championne de ski et adjointe au maire de Morzine-Avoriaz, elle revendique l'étiquette «génération Sarkozy». «J'adore son côté gagneur, sa force de conviction. Il m'a donné envie de faire de la politique. Les régionales sont un bon début», espère Sophie Dion, qui sera numéro deux sur la liste en Haute-Savoie. Mais le vrai combat électoral, cette sportive l'a programmé pour 2012, où elle espère être investie aux législatives dans un département qui ne compte, à ce jour, aucune femme parlementaire. Boris Ravignon, 33 ans, est lui aussi conseiller à l'Élysée. À son actif, ce sarkozyste affiche déjà trois batailles électorales : deux défaites (législative et municipale à Charleville) et une victoire (cantonale). Boris Ravignon, qui se revendique comme un «énarque normal», a commencé en politique en militant, en 2002, pour François Bayrou. «Cela m'a vacciné. En 2004, j'ai écrit à Nicolas Sarkozy pour lui dire que je voulais travailler pour lui. Il m'a embauché.» Depuis, cet ancien inspecteur des finances, devenu chef de file de l'opposition municipale à Charleville, où il a passé sa jeunesse, rêve d'une carrière d'élu et promet, après une défaite ric-rac en 2007, de prendre sa revanche aux législatives en 2012.
La politique, Charlotte Bouvard a baigné dedans depuis sa tendre enfance. Son père, Loïc, siège sur les bancs de l'Assemblée depuis 1973 en tant que député du Morbihan. Longtemps, cette jeune femme de 37 ans a pensé qu'elle ne ferait pas de politique. Mais en créant l'association SOS Préma, elle a mis le doigt dans l'engrenage de l'engagement. Porte-parole de 120 000 mères et pères touchés par la prématurité, elle est allée frapper aux portes de Xavier Bertrand et de Jean Sarkozy. Son association est installée à Neuilly. Après avoir intégré au début de l'année les instances de l'UMP, elle devrait figurer sur la liste des Hauts-de-Seine. «L'engagement politique est la suite logique de mon engagement associatif. Je me retrouve dans la vision de la société que défend Nicolas Sarkozy. Il est pragmatique et proche de la réalité du terrain.»
«Aller au charbon» ne fait pas peur à Arnaud Tauzin. À 33 ans, le jeune homme jongle déjà entre deux vies : entrepreneur à la tête d'une PME spécialisée dans les volailles landaises et conseiller municipal d'opposition à Saint-Sever, au cœur de la circonscription d'Henri Emmanuelli. «C'est mon pays mais c'est aussi une terre de mission pour la droite», admet-il. Quand il prend sa carte à l'UMP en 2002, il est directement bombardé responsable du canton, où on ne compte que… trois adhérents. Sa défaite contre Emmanuelli en 2007 ne l'a pas découragé. En 2010, il sera tête de liste dans les Landes : «Il faut du temps pour faire basculer les territoires comme le nôtre.»
«Jean Sarkozy a six mois de moins que moi», calcule Aurélien Pradié, 23 ans, deuxième plus jeune conseiller général de France et seul élu UMP à l'assemblée du Lot. «Je n'ai pas vocation à être toujours dans l'opposition», assure ce jeune espoir sur lequel Xavier Bertrand et Alain Marleix ne tarissent pas d'éloges. En 2010, il sera deuxième sur la liste départementale. Localement, son ascension fulgurante ne fait pas que des heureux mais il ne cache pas son ambition : reprendre la première circonscription à la gauche en 2012. De Jacques Chirac, élu de la Corrèze voisine, il retient beaucoup de leçons. «Pour faire de la politique dans nos terres, il faut bien se tenir à table, parler avec tout le monde et ne pas avoir peur de faire beaucoup de voiture», estime-t-il. Et de Nicolas Sarkozy ? «Je suis évidemment sarkozyste, mais j'ai une absolue horreur des fans.»