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10 février 2015 2 10 /02 /février /2015 07:15

Dans un spot publicitaire des années 1980 pour vendre un assouplissant pour linge, une jeune femme prête à "rosir de plaisir" porte un peignoir qui change de couleur à l’ouverture de chaque minidose… Déclinaison en quelques vieux slogans.


yartiNiniDoubs01Le PS a eu chaud dans le Doubs. Les résultats du second tour de l’élection législative partielle de la quatrième circonscription du Doubs du 8 février 2015 ont été particulièrement laborieux pour Frédéric Barbier, le candidat du PS qui, finalement, est élu sur sa concurrente du FN Sophie Montel, pour la succession de Pierre Moscovici.


Être bien, être Doubs

Bien qu’encore faible, la participation a nettement progressé entre les deux tours puisqu’elle est passée de 39,6% à 49,1%. Il est encore trop tôt pour évaluer les reports de voix réels des candidats du premier tour sur ceux du second tour (en étudiant à fond les résultats bureaux de vote par bureaux de vote), mais l’élection très serrée permet déjà de constater que les deux camps, le PS et le FN, sont parvenus à mobiliser des abstentionnistes du premier tour. Les deux, et pas seulement le PS.

Le candidat PS l’a donc emporté avec 51,4%, soit seulement 863 voix d’avance sur la candidate FN.

Si l'on regarde précisément le vote blanc et nul, il y a eu 2 694 votants qui ont refusé de se prononcer (soit 8,2% des votants) au second tour au lieu des 727 (soit 2,8% des votants) au premier tour. Il est clair qu'une partie des électeurs du premier tour ont suivi la consigne du ni-ni, environ 2 000, soit l'équivalent d'un petit tiers des électeurs du candidat UMP du premier tour (28,9% exactement).

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Inutile de dire que si cette élection présente peu d’importance parlementaire car le PS garde toujours sa majorité absolue en comptant les sièges de son fidèle allié PRG, elle revêt néanmoins un caractère crucial sur l’attitude à adopter vis-à-vis du Front national, et évidemment, c’est la position de l’UMP dont il s’agit ici.


Comme je l’ai déjà écrit, la position officielle adoptée au bureau politique de l’UMP du 4 février 2015 a été une véritable honte pour les valeurs républicaines et une insulte au courage politique, celle qui a consisté à mettre sur le même plan les deux candidats du second tour, Frédéric Barbier et Sophie Montel, et à conseiller à ses électeurs l’abstention ou le vote blanc. Une position non seulement soutenue par l’aile "dure" de l’UMP mais également par des personnalités d’habitude beaucoup plus modérées, comme François Fillon et Bruno Le Maire.

Paradoxalement, Nicolas Sarkozy n’a pas fait partie des ultras (majoritaires) de son parti et au contraire, plutôt que de prôner le ni-ni, a proposé de ne donner aucune consigne de vote, ce qui aurait permis de préserver une unité (de façade) dans la maison UMP. Avec cette absence de consigne tout en affirmant que le FN est le principal adversaire, Nicolas Sarkozy se situait dans une position intermédiaire entre le vote PS et le ni-ni, mais il a été mis en minorité par le bureau de l’UMP à quelques voix près.

C’est aussi l’une des leçons de cette partielle du Doubs : Nicolas Sarkozy n’a plus le réflexe alerte, l’intuition déterminante, dans la vie politique. Il n’avait même pas jugé utile d’aller faire campagne au premier tour pour soutenir le candidat UMP. Son éloignement un jour crucial pour son parti, où toutes les positions se cristallisaient, le lendemain d’élection, et sa mise en minorité le lendemain ont montré que, contrairement à ce que j’envisageais, Nicolas Sarkozy ne maîtrise plus beaucoup son parti qui est, il faut bien dire, très difficile à gérer depuis 2012. À cela, on peut aussi ajouter les sondages où il fait une chute de popularité élevée surtout de la part des militants et sympathisants de l’UMP, qui étaient pourtant son pré carré privilégié de fidèles.


L’UMP, la cuisson à feu Doubs

Pour l’UMP, l’incendie est déjà déclaré. Loin de bénéficier des erreurs du gouvernement socialiste, elle subit presque le même sort que le PS, d’élections partielles en élections partielles. Le FN se montre de plus en plus comme le seul parti d’alternance face à un pouvoir que le FN appellerait UMPS en assimilant un peu grossièrement et rapidement majorité et opposition parlementaires, pourtant, sur la politique fiscale entre autres (mais aussi sociétale), tous les contribuables ont pu juger des différences.

Lorsque François Fillon a soutenu le 3 février 2015 la politique du ni-ni, c’était pour dire que seule l’UMP pouvait redresser le pays : « Le Front national est une impasse pour la France. Le Parti socialiste n’a plus aucune solution à proposer aux Français. Nous devons, à l’UMP, être le parti du redressement, le parti de la rupture. ». Et les arguments contre le soutien du candidat PS, c’est aussi de ne pas faire de "front républicain" qui réduirait encore l’électorat de l’UMP en le décourageant.

Mais il faut raisonner lucidement. Lorsque l’UMP est évincée du second tour, il n’y a plus d’électorat UMP qui tienne, puisqu’il n’y a plus de candidat UMP. Lorsque l’UMP est évincée du second tour, il n’y a plus de parti du redressement ou de la rupture qui tienne, l’UMP n’est pas présente au second tour, elle n’est donc plus en mesure d’agir, de rompre, de redresser.

Au conseil national de l'UMP très divisé, le 7 février 2015 à la Mutualité de Paris, Alain Juppé, qui s'est fait siffler par la salle lorsqu'il a prôné une alliance UMP-UDI-MoDem, a voulu ouvrir les yeux de ses compagnons sur le FN : « Il y a des choses à clarifier entre nous, comme notre ligne politique. Il faut regarder la situation en face : l’ascension du FN est résistible à condition que nous résistions. Toute stratégie de complaisance avec l’extrême-droite est inacceptable et suicidaire. Pour des raisons politiques : le programme du Front national nous conduirait dans le mur. Et pour une raison tactique : le FN ne sera jamais le supplétif de l’UMP. Ils veulent notre peau ! Ils veulent notre défaite ! Il n'y a pas de compromission possible. Il faut casser la dynamique qui les porte aujourd'hui et la casser à tout prix ! ».

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Florian Philippot l'a d'ailleurs confirmé sur France 5 le 9 février 2015 avec un certain cynisme. Selon lui, l'UMP n'a plus d'utilité s'il fait élire le PS et doit donc disparaître. Avec une telle clarté, il est étonnant que des responsables UMP cultivent encore autant de masochisme à vouloir ménager le FN.

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En réponse à Alain Juppé mais aussi à François Hollande, Nicolas Sarkozy a affirmé toujours au conseil national de l'UMP du 7 février 2015 : « Jamais je ne chercherai à imiter des gens pour lesquels je n’ai pas de respect, comme ceux du Front national. Mais jamais je ne renoncerai à traiter ces questions parce qu’ils en ont parlé mal. (...) Je n’ai pas de leçons à recevoir de ceux qui font monter le Front national. Je n’ai pas entendu François Hollande faire part de son bouleversement lorsque Marine Le Pen a appelé à l’abstention dans le seul but de me faire battre [en mai 2012]. ».

De plus, très éloignés de la situation locale, les responsables nationaux de l’UMP n’ont pas du tout été à l’écoute du candidat UMP et de ses sympathisants dans le Doubs qui avaient appelé sans hésitation à voter pour Frédéric Barbier.


C’est pour cela qu’il faut saluer le courage politique des personnalités qui refusent de se ranger derrière l’opinion supposée des militants ou des électeurs, car faire de la politique, ce n’est pas suivre les sondages, c’est avoir des convictions, les exposer clairement et essayer de convaincre, avoir une vision sur l’intérêt national et pas l’intérêt électoral de certains partis ou de certaines carrières.

Bravo donc à Alain Juppé, Nathalie Kosciusko-Morizet, Jean-Pierre Raffarin, Benoist Apparu, également, mais c’était plus logique en raison de la clarté idéologique des centristes, Jean-Christophe Lagarde et François Bayrou.

Je regrette toutefois qu’aucun ténor ayant pris cette position courageuse ne soit pas allé jusqu’à venir soutenir Frédéric Barbier sur le terrain, devant les électeurs.


Le FN, petit par la taille, petit par la douceur

À de très rares exceptions près (comme le député Yann Galut), les responsables socialistes sont incapables de combattre le Front national efficacement. Quand je dis efficacement, cela signifie sur le plan politique et pas sur le plan moral. Les positions moralisantes contre le FN n’ont qu’un effet contreproductif : soit le FN est un parti légal, soit il ne l’est pas. S’il l’est, et ce serait difficile de dire autre chose, alors il faut le combattre sur le plan politique, sur ce qu’il propose, ce qu’il affirme, ce qu’il revendique, et pas sur une sorte d’argument d’autorité sur le bien et le mal qui, de toute façon, ne ferait que braquer les électeurs.

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Sur le plan économique (contre l’Europe, contre l’euro, contre le remboursement de la dette etc.), le programme du FN est devenu très proche de la gauche de la gauche. Et c’est pour cela que le PS n’ose pas le combattre sur ce terrain-là. Pourtant, la politique de Manuel Valls et d’Emmanuel Macron ne devraient pas avoir de scrupules. Mais le PS, si. Parce qu’il y a, depuis 1982, toujours un complexe de la part du pouvoir socialiste de ne pas être assez à gauche (complexe de François Mitterrand devenu très tardivement socialiste), et les députés "frondeurs" ainsi que des personnalités comme Jean-Luc Mélenchon (adhérent au PS pendant pourtant vingt-cinq ans, ce qui lui a permis de faire sa belle carrière sénatoriale et ministérielle) n’hésitent pas à le faire remarquer. Pour preuve encore, le sourire relevé du PS lors de la victoire de l’extrême gauche grecques Syriza alliée à un petit parti équivalent au FN en Grèce.

Or, la seule possibilité de réduire l’influence électorale du FN, c’est de l’attaquer sur ses idées. Et l’attaquer clairement. Pas sur des bases morales, donc, mais sur son programme économique qui n’est ni cohérent, ni réaliste ni surtout pertinent dans l’intérêt des Français. À ce jeu, évidemment, l’UMP serait nettement plus convaincante que le PS puisqu’elle  n’aurait pas les scrupules d’origine gauchiste du PS.

Mais parallèlement, l’autre axe du FN, ses déclarations péremptoires contre l’immigration, loin d’être combattues par certains élus UMP, sont parfois au contraire renforcées par le discours de certains élus UMP. Pour preuve, dans un débat télévisé, Laurent Wauquiez silencieux lorsqu’on lui dit qu’il a le même programme que Marion Maréchal-Le Pen sur ce thème.


Quand le mou est si faux et le faux est si mou, c’est forcément… le PS

Dans cette élection partielle, bien entendu, le PS n’a pas matière à triompher. D’ailleurs, le nouveau député Frédéric Barbier, très lucide, a reconnu dès la soir de son élection : « Je ne me réjouis pas, je ne pavoise pas ; ce succès, je le dois aux forces républicaines. Cette élection peut être un tournant de ce quinquennat. Il faut garder l’esprit d’union nationale autour des valeurs de la République. ».

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Lui aussi essayant de préserver une parcelle du consensus républicain du 11 janvier, le Président François Hollande (qui voit sa petite bulle de popularité éclater) avait exprimé son incompréhension sur la position de l’UMP lors de sa cinquième conférence de presse le 5 février 2015.

Les socialistes se retrouvent toutefois dans le même cas que l’UMP pour des duels mettant en jeu un candidat FN. Lors des précédentes législatives partielles qui ont évincé le candidat PS dès le premier tour et mis au second tour un affrontement UMP contre FN, le FN avait réussi à gagner une vingtaine de pourcents entre les deux tours en rassemblant également beaucoup d’électeurs …socialistes du premier tour (une étude l’avait bien démontré).


Ni-Ni Doubs, mais il fait le minimum...

En ne combattant pas ouvertement le FN, l’UMP a donc encouragé largement son électorat à voter pour le FN, à le débrider, malgré toutes les dénégations qu’elle pourrait faire. Il s’en est fallu à un cheveu pour que le FN triomphât.

La seule position claire était de clamer un stop franc et massif à la montée électorale du FN, une montée qui, à mon sens, va défavoriser plus l’UMP que le PS. La stratégie du ni-ni, adoptée depuis 2011, mènerait nécessairement à une victoire du FN si le cas se présentait lors de la prochaine élection présidentielle.

Attention danger, chantait Thierry Le Luron il y a plus de trente ans, le 10 novembre 1984 sur Antenne 2 : « Le Pen, je ne vois là que des êtres humains qui sont les Français de demain. (…) Je ne veux pas de ta nation barbelée, souvenir attention danger ! »


Aussi sur le blog.

Sylvain Rakotoarison (10 février 2015)
http://www.rakotoarison.eu


Pour aller plus loin :
Maux Doubs à l'UMP.
Les électeurs du PS aussi votent FN.

Rien n’est joué en 2017 !
Je suis Charlie.
Mathématiques militantes.
Le nouveau paradigme.
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Pierre Moscovici.

yartiNiniDoubs05


http://www.agoravox.fr/actualites/politique/article/ni-ni-doubs-c-est-toute-la-joie-de-163381


 



 

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