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24 novembre 2015 2 24 /11 /novembre /2015 06:02

« Il est certain qu’à la longue, la vérité et la justice s’ouvriront leur chemin, mais pour ouvrir ce chemin, il est indispensable que la vérité se décante et se purifie dans l’intimité des consciences, qu’elle s’aiguise sous la lime d’un jugement indépendant et que la lumière se fasse avec le soutien et l’assurance de la responsabilité. (…) Pour surmonter cette difficulté [pour que chacun apporte son grain de sable à la formation de l’opinion], on recommandera surtout, à titre d’hygiène morale, la pratique quotidienne d’actes de courage civique, moins dangereux que les actes de courage du combattant sur le champ de bataille, mais pas moins nécessaires à la conservation et au salut de la République. » (Manuel Azana, Président de la République espagnole du 11 mai 1936 au 27 février 1939, discours du 18 juillet 1938 à Barcelone).



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Il y a quarante ans, le général Francisco Franco, chef suprême de l’Espagne, est mort après une lente agonie. C’était le 20 novembre 1975. Parmi les très rares chefs d’État à assister à son enterrement, un fervent admirateur, le général Augusto Pinochet, chef suprême du Chili, qui est né il y a cent ans, le 25 novembre 1915.

La proximité de ces deux anniversaires qui n’ont pas dû être célébrés par beaucoup de personnes dans ce monde, même s’il doit rester quelques fidèles des deux hommes, me donne l’occasion d’évoquer ces deux sinistres dictateurs. Sinistres ? Pas vraiment, en fait, si l’on tient compte de l’étymologie du mot "sinistre" qui veut dire avant tout gauche (en grec). Non, au contraire, ces deux dictateurs étaient dit de droite, et même d’extrême droite, et il était courant pendant les années 1970, dans les conversations de comptoir en France, de se lancer en invectives gauche/droite d’un côté des Pinochet et Franco et de l’autre côté des Brejnev, Staline, Mao et Pol Pot. Ce n’était pas très constructif mais il fallait l’élection de François Mitterrand à l’Élysée et surtout la première alternance pour retrouver un débat …un peu plus subtil et serein !

D’ailleurs, Pinochet était-il de droite ? Il a débuté surtout en servant fidèlement le Président socialiste Salvador Allende, au point même d’avoir été l’aide de camp personnel de Fidel Castro lorsque ce dernier fut en déplacement officiel au Chili. C’est plus l’appât du pouvoir qu’une idéologie particulière qui a finalement convaincu ce terne militaire à faire partie du complot qui a abouti au coup d’État du 11 septembre 1973 (l’autre 11 septembre) et au suicide de Salvador Allende, et à finalement prendre le dessus de la junte militaire en s’arrogeant tous les pouvoirs constitutionnels pendant près de vingt ans.

Franco était-il de droite ? Pas sûr non plus. Il était plutôt monarchiste mais il n’a jamais rétabli la monarchie, il était plutôt conservateur mais il a servi loyalement les républicains au début de la Seconde République espagnole, comme Pinochet avait servi loyalement le gouvernement socialiste chilien. Franco et Pinochet étaient motivés sans aucun doute par un anticommunisme viscéral et la peur qu’un gouvernement communiste dans leur pays le fît bousculer dans le giron soviétique.

Les deux étaient des militaires qui avaient voulu servir fidèlement le pouvoir, mais le pouvoir était de plus en plus éloigné de leurs vues. Ils n’ont pas initié les complots militaires mais ont finalement accepté d’en faire partie et ont eu l’habileté à ensuite en prendre la tête. Ils n’avaient pas d’opinion politique particulière sinon de maintenir leur propre pouvoir personnel au prix de la répression la plus écœurante, d’exécutions sommaires, d’internements, de disparitions et d’actes de torture. À la différence de Pinochet, Franco était un militaire particulièrement méritant qui avait su former toute une génération d’officiers qui furent les cadres fidèles de son régime autoritaire.

À la différence des dictatures communistes (que ce soit soviétique ou chinoise), les dictatures de Pinochet et de Franco se sont achevées avec la fin de l’exercice du pouvoir de ces deux dictateurs. Et même, l’on pourrait dire que Pinochet et Franco ont mêle organisé la "démocratie" pour leur succession en donnant les clefs juridiques d’une transition démocratique.

L’ancienne Première Ministre britannique Margaret Thatcher avait même donné à Pinochet un sauf-conduit honorable : « Je suis bien consciente que vous êtes celui qui a amené la démocratie au Chili, vous avez établi une Constitution appropriée à la démocratie, vous l’avez mise en œuvre, des élections ont été tenues, et enfin, conformément aux résultats, vous avez quitté le pouvoir. » (déclaration du 26 mars 1999 à la BBC). La date de cette déclaration laisse penser qu’elle n’était pas encore atteinte de la maladie d’Alzheimer.

Et c’est un fait que Franco a permis à Juan Carlos de rétablir la monarchie espagnole et instaurer une démocratie qui fut mise à rude épreuve jusqu’en 1980 (attentats, putsch, etc.). Et c’est un fait aussi que Pinochet a quitté le pouvoir, progressivement, en laissant la démocratie chilienne s’installer tout en manœuvrant pour éviter de rendre des comptes à la justice des hommes.


Franco (1892-1975)

Né le 4 décembre 1892 au Ferrol, fils de militaire, Francisco Franco a fait des études militaires à Tolède puis fut affecté au Ferrol et au Maroc où il s’est fait remarquer le 12 octobre 1913. En 1920, il commanda un nouveau bataillon d’élite à Ceuta. Sa réputation fut telle qu’il s’est fait appeler "le caudillo" dès 1923.

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Promu plus jeune général d’Europe à 33 ans, en février 1926, Franco fut consacré par le général Miguel Primo de Rivera, Président du Conseil des ministres du 15 septembre 1923 au 28 janvier 1930 (venu au pouvoir à la suite du coup d’État du 13 septembre 1923 à Barcelone), qui lui confia le 4 janvier 1928 le commandant de l’Académie générale de Saragosse, l’école d’excellence des officiers. Franco y recruta tous les futurs cadres de son régime dictatorial, jusqu’au 14 juillet 1931 où l’école fut dissoute par le nouveau Ministre de la Guerre Manuel Azana, issu du gouvernement républicain provisoire de Niceto Alcala Zamora venu au pouvoir après le départ du roi Alphonse XIII le 14 avril 1931 (qui s’exila à Avon, près de Fontainebleau, jusqu’en 1934 puis à Rome jusqu’à sa mort le 28 février 1941).

Manuel Azana fut ensuite chef du gouvernement républicain du 14 octobre 1931 au 12 septembre 1933, puis du 19 février 1936 au 10 mai 1936, avant d’être élu Président de la République du 11 mai 1936 au 27 février 1939 (Manuel Azana est mort le 3 novembre 1940 en exil en France et fut enterré à Montauban).

Franco refusa de rejoindre le général le plus populaire de l’Espagne, José Sanjurjo, dans son coup d’État à Séville le 10 août 1932 pour s’opposer aux républicains alliés aux socialistes. Le putsch (appelé la "Sanjurjada") échoua faute d’être suivi par d’autres officiers et en raison d’une grève générale lancée par les communistes. Franco eut des mots très cyniques contre Sanjurjo : « Je ne vous défendrai pas. Vous méritez la peine de mort, non pas parce que vous vous êtes soulevé, mais parce que vous avez échoué. ». Sanjurjo fut effectivement condamné à mort puis finalement exilé au Portugal.

Après les élections législatives du 16 février 1936 qui donnèrent la victoire au Front populaire espagnol (coalition des républicains, des socialistes et des communistes), peu de temps avant la victoire électorale de l’équivalent français (le 3 mai 1936), José Sanjurjo se retrouva le 8 mars 1936 à la tête du complot fomenté par six autres généraux dont Franco hésitant et Emilio Mola. Le soulèvement des généraux contre le gouvernement républicain eut lieu le 17 juillet 1936 en réponse à l’assassinat du monarchiste José Calvo Sotelo, ancien Ministre des Finances du 3 décembre 1925 au 21 janvier 1930 (cet assassinat a convaincu Franco qu’il fallait ce putsch). Ce fut le début de la guerre civile espagnole, encourageant également des initiatives révolutionnaires dans certaines régions. Trois jours plus tard, Sanjurjo se tua dans un accident d’avion lors de son retour en Espagne. Le général Mola, véritable cerveau du putsch, se tua lui aussi dans un accident d’avion le 3 juin 1937, laissant tout le pouvoir de leur camp à Franco qui fut proclamé chef d’État dès le 28 septembre 1936.

La guerre civile dura presque trois ans, ruinant le pays : « La tragédie espagnole est un charnier. Toutes les erreurs dont l’Europe achève de mourir et qu’elle essaie de dégorger dans d’incroyables convulsions viennent y pourrir ensemble. (…) Un tel cloaque, image de ce que sera demain le monde. » (Georges Bernanos, "Les Grands Cimetières sous la lune", 1938).

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Les forces nationalistes ne contrôlaient au début que la moitié du pays, le nord du Maroc, Séville, la Galice, la Castille-Leon, la Navarre, et devaient faire face à la forte opposition des républicains à Madrid, en Catalogne, dans l’Andalousie, à Valence, au Pays basque, dans les Asturies, etc. Les armées franquistes se firent remarquer par leur cruauté, massacrant plusieurs milliers de prisonniers de guerre le 14 août 1936 à Badajoz, etc. mais le camp d’en face n’était pas moins cruel, massacrant aussi plus de trois mille de prêtres, treize évêques ; une quinzaine de milliers de personnes auraient été fusillées sommairement à Madrid, à Malaga, etc., des anciens ministres et des députés furent aussi assassinés en août 1936, plusieurs milliers de personnes furent tuées en début novembre 1936 à Paracuellos et Torrejon de Ardoz, par les républicains.

Les nazis allemands et les fascistes italiens ont aidé Franco, les nazis bombardèrent notamment Guernica le 26 avril 1937, les Italiens Barcelone en mars 1938, mais les socialistes français au pouvoir avec Léon Blum refusèrent d’intervenir aux côtés des républicains pour que la France et le Royaume-Uni pussent avoir une position commune (proposition du 1er août 1936). Franco et Mussolini étaient très opposés de personnalité, l’un catholique et conservateur, l’autre athée et révolutionnaire socialiste. La guerre s’acheva au bénéfice des nationalistes le 1er avril 1939 après la victoire de la Catalogne. Le bilan humain fut éprouvant avec plus de 636 000 morts et 500 000 personnes en exil.

Franco consolida son pouvoir sur toute l’Espagne pendant une quarantaine d’années, jusqu’à sa mort, le 20 novembre 1975. Au cours de sa dictature, la répression contre les opposants aurait engendré la mort d’au moins 200 000 personnes.

Malgré ses affinités nationalistes avec les nazis et les fascistes, Franco refusa d’engager l’Espagne aux côtés des forces de l’Axe et resta neutre, ce qui a profité notamment aux Français qui voulaient fuir la France complètement occupée par les nazis. Certains ont évalué à entre 25 et 60 000 le nombre de Juifs sauvés grâce à cette neutralité.

Devenant un rempart contre le communisme durant la guerre froide, Franco bénéficia du soutien implicite des Américains et des Britanniques. À la fin de sa vie, rongé par la maladie, Franco organisa sa succession en nommant prince héritier le 22 juillet 1969 le prince Juan Carlos, le petit-fils du dernier roi Alphonse XIII, et aussi en désignant un Président du Gouvernement, l’amiral Louis Carrero Blanco le 9 juin 1973, puis, après l’assassinat de ce dernier le 20 décembre 1973, Carlos Arias Navarro le 3 janvier 1974. Maintenu artificiellement en vie pendant plusieurs semaines, Franco est mort à 82 ans le 20 novembre 1975 à Madrid.

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Après la mort de Franco, Juan Carlos Ier fut proclamé roi d’Espagne le 22 novembre 1975 (il le fut jusqu’à son abdication le 18 juin 2014) et rétablit la démocratie en quelques années. Le premier gouvernement postfranquiste fut celui d’un de ses fidèles, Adolfo Suarez (1932-2014) du 3 juillet 1976 au 25 février 1981 qui fit adopter la nouvelle Constitution du 29 décembre 1978 (approuvée par 88,5% des voix lors du référendum du 6 décembre 1978), et le premier gouvernement socialiste après la guerre civile fut dirigé par Felipe Gonzalez du 1er décembre 1982 au 4 mai 1996. La démocratie espagnole fut consolidée, d’une part, par le comportement exemplaire et héroïque du roi Juan Carlos qui affronta les troupes du lieutenant-colonel Antonio Tejero pour s’opposer à leur coup d’État du 23 février 1981, d’autre part, lors de l’adhésion de l’Espagne aux traités européens le 1er janvier 1986.


Pinochet (1915-2006)

Originaire d’une famille bretonne (basée à Lamballe), Augusto Pinochet est né le 25 novembre 1915 à Valparaiso et a poursuivi des études militaires dans une école d’officiers. Au fil de sa carrière, il s’est retrouvé en 1963 à enseigner la géopolitique à l’école militaire de Santiago qu’il dirigeait et quelques années plus tard, promu colonel puis général, il a été affecté à la direction d’une division.

Après l’élection de Salvador Allende le 4 novembre 1970, et malgré les mouvements sociaux nombreux, Pinochet resta du côté du pouvoir, avec l’objectif de préserver l’ordre public. Le 23 août 1973, il fut même nommé commandant en chef de l’armée chilienne par Salvador Allende. Finalement, Pinochet accepta de rejoindre le commandant en chef de l’armée de terre et celui de la marine dans le coup d’État du 11 septembre 1973 : Salvador Allende se suicida dans son palais présidentiel, et les putschistes installèrent au pouvoir une junte militaire dont Pinochet a capté la Présidence.

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Chef de l’État aux pouvoirs étendus du 11 septembre 1973 au 11 mars 1990 (Président de la République à partir du 17 décembre 1974) et commandant en chef des forces armées jusqu’au 11 mars 1998, Pinochet installa le Chili dans une période de répressions sans concession, au même titre que d’autres dictatures d’Amérique du Sud à la même époque (en particulier en Argentine, au Brésil, Paraguay, Uruguay, Bolivie). Le Chili a pu cependant jouir d’une période de croissance économique élevée durant cette période, sauf au début des années 1980 où le PIB chuta singulièrement, ce qui permettait aux partisans de Pinochet de justifier le régime autoritaire par cette embellie économique qui aurait sauvé le pays du chaos communiste.

Parmi les assassinats politiques, il y a eu l’assassinat de l’ancien ministre Carlos Prats, le prédécesseur direct de Pinochet à la tête de l’armée chilienne, le 30 septembre 1974 à Buenos Aires, et l’ancien ministre Orlando Letelier le 21 septembre 1976 à Washington. Le nombre de victimes du régime Pinochet est toujours très difficile à estimer précisément. Selon certains historiens, le nombre de personnes tuées, exécutées sommairement ou disparues serait supérieur à 3 000, et à environ 400 000 arrestations et cas de torture perpétrés parfois par d’anciens nazis (notamment Paul Schäfer qui a été par la suite condamné pour de nombreux actes de pédophilie en plus des actes de torture et des assassinats). Entre 500 000 et un million de personnes ont fui le Chili, pourchassés, et ont émigré, en Europe, en particulier en France et c’est ainsi que j’ai eu l’honneur de me faire des amis chiliens à cette époque, parce qu’ils étaient mes voisins.

La Constitution approuvée par le plébiscite du 11 septembre 1980 avec 69,0% des suffrages (aux résultats contestés), entrée en vigueur le 11 mars 1981 (et plusieurs fois modifiée jusqu’à sa dernière révision le 15 février 2014) prévoyait la désignation du chef de l’État et sa ratification par référendum. C’est ainsi que fut organisé le référendum du 5 octobre 1988 qui devait confirmer le renouvellement du mandat de Pinochet après le rétablissement des libertés politiques (sauf pour les communistes) le 23 mars 1987. Les "non" soutenus par l’opposition l’emportèrent avec 56,0% des suffrages et avec une très forte participation, 97,5%. Pinochet abandonna donc ses pouvoirs politiques le 11 mars 1990 à Patricio Aylwin (97 ans le 26 novembre 2015), élu le 14 décembre 1989 dès le premier tour avec 57% des voix.

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Augusto Pinochet ne quitta pas complètement le pouvoir car il resta commandant en chef de l’armée chilienne encore huit ans, du 11 mars 1990 au 11 mars 1998 (il avait alors 82 ans). Son rôle pendant cette transition fut plutôt salué par les démocrates car il a en effet temporisé la rancœur des officiers inquiets d’être mis en accusation pour les crimes commis durant la dictature. Pinochet fut ensuite sénateur "à vie" de 1998 à 2002.

Pinochet fut arrêté à Londres le 16 octobre 1998 sur un mandat international délivré par un juge espagnol. Il fut placé en résidence surveillée jusqu’au 2 mars 2000. Cette arrestation engendra des querelles judiciaires, politiques et diplomatiques. Le Chili demandait la libération de Pinochet tandis que l’assignation à résidence a eu lieu en pleine campagne présidentielle et que le candidat qui fut élu le 16 janvier 2000 et qui prit ses fonctions le 11 mars 2000, Ricardo Lagos, le premier socialiste depuis Salvador Allende, voulait dépolitiser l’affaire judiciaire et la mener jusqu’au bout.

De retour au Chili, Pinochet a vu son immunité levée une première fois le 23 mai 2000 et fut inculpé le 1er décembre 2000 pour l’assassinat de 75 opposants (poursuites définitivement abandonnée le 1er juillet 2002), une deuxième fois le 26 août 2004 pour sa participation à l’opération Condor (relaxé définitivement le 15 septembre 2005), une troisième fois le 14 septembre 2005 pour sa complicité dans l’exécution de 119 opposants, une quatrième fois le 19 octobre 2005 pour fraudes fiscales et détournements de fonds (Pinochet s’était énormément enrichi pendant sa dictature), une cinquième fois en mai 2006 pour l’assassinat d’un militaire, une sixième fois le 26 octobre 2006 pour trafic de lingots d’or, enfin une septième fois le 30 octobre 2006 pour les assassinats et tortures commises dans la Villa Grimaldi dirigée par le colonel Manuel Contreras, chef de la DINA, la police politique (l’actuelle Présidente chilienne Michelle Bachelet y fut détenue), ce qui a valu à Pinochet une nouvelle assignation à résidence le 27 novembre 2006.

Mais aucune de ces affaires judiciaires n’a pu aboutir en raison de la mort de Pinochet le 10 décembre 2006 à Santiago après une semaine d’hospitalisation. Pinochet non seulement n’a jamais regretté aucun acte qu’il avait commis durant sa dictature mais a assumé pleinement toutes ses actions, encore à l’occasion de ses 91 ans, deux semaines avant de mourir.

Si Manuel Contreras est mort très récemment, le 7 août 2015, après avoir été condamné à deux cents ans de prison pour ses exactions, Michael Townley (73 ans), agent de la CIA travaillant pour Pinochet, Pedro Espinoza (82 ans),colonel de la DINA, Raül Iturriaga (77 ans), général de la DINA, Luis Posada Carriles (87 ans), terroriste cubain anti-castriste, tous impliqués dans des assassinats pour le compte de Pinochet, sont toujours vivants et ont été condamnés à plusieurs reprises pour leurs exactions.


Dictature = désastre humain

Les deux dictatures ont provoqué des exodes massifs de population avec de grandes vagues d’émigration de plusieurs centaines de milliers de réfugiés. Comme pour les protestants français, comme pour les Irlandais, heureusement que des pays les ont accueillis, en Europe ou en Amérique du Nord (en fin janvier 1939, après la prise de la Catalogne par les nationalistes, 450 000 se réfugièrent en France dans des camps).

Franco et Pinochet n’avaient pas beaucoup de compétences en politique mais uniquement des compétences militaires qu’ils ont su utiliser à leur profit pour récupérer les mouvements comploteurs. La forte polarisation politique, tant en Espagne entre républicains et franquistes qu’au Chili entre socialistes et nationalistes, avait plongé ces deux pays dans le chaos politique et social, à la fin des années 1930 pour le premier et au début des années 1970 pour le second. Aucune justification politique (la peur du communisme) ne pourrait être cependant acceptable pour expliquer les centaines de milliers de victimes que ces deux régimes dictatoriaux ont engendrées.

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Si aujourd’hui, certains gardent encore une image idyllique de ces dictateurs, plus rien de l’État, en Espagne comme au Chili, ne leur rend hommage, ce qui fut d’ailleurs très tardif pour l’Espagne (la loi sur la mémoire historique, adoptée par le gouvernement le 28 juillet 2006, fut votée par les députés le 31 octobre 2007 et par les sénateurs le 10 décembre 2007).

Pour avoir une idée du sens de l’intérêt général d’un dirigeant d’un État, il faut avant tout compter combien de vies humaines ont été (inutilement) fauchées par le régime. Ce décompte est un travail d’historien sans doute encore inachevé, tant pour l’Espagne franquiste que pour le Chili de Pinochet, mais il laisse entrevoir effectivement, que la démocratie est le pire des régimes …à l’exception de tous les autres déjà expérimentés dans l’Histoire (et on peut penser aussi à Staline, Hitler et Mao), comme s’était amusé à le déclamer Winston Churchill le 11 novembre 1947 à la Chambre des Communes : « Democracy is the worst form of Governement except all those other forms that have been tried from time to time. ».


Aussi sur le blog.

Sylvain Rakotoarison (24 novembre 2015)
http://www.rakotoarison.eu


Pour aller plus loin :
Adolfo Suarez.
Élisabeth Eidenbenz.

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http://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20151120-franco-pinochet.html

http://www.agoravox.fr/actualites/international/article/franco-et-pinochet-deux-dictateurs-174557

http://rakotoarison.canalblog.com/archives/2015/11/24/32972490.html


 

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