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15 décembre 2015 2 15 /12 /décembre /2015 06:18

Le PS sauve les meubles en conservant cinq régions. L’alliance de droite et du centre en conquiert sept dont l’emblématique Île-de-France. Quant au grand perdant des régionales, le FN est peut-être, paradoxalement, le grand gagnant des médias avec son record historique du nombre de voix obtenues : 6 820 147.


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Le second tour des élections régionales qui s’est déroulé ce dimanche 13 décembre 2015 pourrait laisser un goût étrange de "tous contents". Contents les socialistes qui sauvent quelques meubles et ne subissent pas la bérézina annoncée (grâce aux triangulaires). Contents le centre et la droite qui conquièrent beaucoup de régions dont la cruciale Île-de-France. Enfin, bien sûr, content le Front national qui a prouvé son enracinement local et son potentiel encore intact et vierge de toute désillusion.

En ce qui me concerne, je ne vais quand même pas cacher ma joie. J’avais deux critères pour être joyeux le soir du second tour : la région Île-de-France, et l’élection de Valérie Pécresse est une victoire non seulement sur la gauche mais aussi sur une certaine idée de la France, j’y reviens plus loin ; le FN et son incapacité actuelle à gagner une région et plus généralement à rassembler une majorité des électeurs.

Mais cette joie est très dominicale : le FN a peut-être perdu, mais il a perdu de justesse dans plusieurs régions, et il n’a fait que progresser depuis que Marine Le Pen est à sa tête. Comme expliquait, la mine grave, le Premier Ministre Manuel Valls, dans son allocution le soir des élections : « Le danger de l’extrême droite n’est pas écarté, loin de là. ». Aucun triomphalisme n’est donc admissible dans une situation où le chômage est si fort et les risques d’attentat si élevés.

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Voici quelques remarques concernant les résultats de ce second tour.


1. Les médias

Je suis toujours étonné, pour ne pas dire plus, de la manière dont les médias et plus particulièrement les chaînes d’information continue, traitent l’actualité et notamment ces élections régionales. Que ce soit sur BFM-TV ou iTélé, le bandeau général pendant toute la soirée électorale fut : "Aucune région pour le FN". Je ne dis pas que cela n’a pas son importance puisque cette information faisait partie d’un de mes deux critères rappelés en introduction, mais en se focalisant uniquement sur le FN, on ne rappelle évidemment pas les enjeux régionaux (le cœur des élections) et surtout, on met le FN en situation de victime contre tous. Ce n’est pas très pertinent.

Autre sujet d’agacement personnel concernant le traitement médiatique : on parle donc du sérieux avertissement qu’a été le vote FN au premier et aussi au second tours et juste après, on repart avec les mêmes questions politiciennes qui n’intéressent que les états-majors d’appareil et les éditorialistes politiques sans se soucier un seul instant des conséquences des résultats sur le devenir des régions.

J’ai été d’ailleurs assez heureux d’entendre Jean-Christophe Lagarde reporter au mois de janvier la question concernant la participation ou pas des centristes à la primaire ouverte de LR et Bruno Le Maire refuser d’exposer le sens de l’intervention qu’il ferait au bureau politique de LR prévu le lendemain. Mais tous les invités n’ont pas le même souci de ne pas plonger dans cette cuisine politicienne dans laquelle les journalistes les poussent et que les électeurs, dans leur grande majorité, repoussent avec raison.


2. La participation et le FN

Le saut de participation est exceptionnel et il avait été décelable dès midi : 58,41% des 45 293 603 électeurs inscrits sont allés voter ce 13 décembre 2015 au lieu des 49,91% au premier tour.

Mais attention à l’interprétation de ce rebond assez sain de la participation : il est faux de dire que c’est une réaction anti-FN des abstentionnistes du premier tour et qu’ils sont allés voter en masse contre les candidats du FN.

C’est faux parce que le FN a profité, lui aussi, de ce rebond de participation. Il a même franchi son record absolu du nombre d’électeurs qui avait été atteint le 22 avril 2012 : 6 820 147 électeurs ont choisi le FN. En sachant qu’il y a une trentaine de milliers d’électeurs de différence entre le nombre d’inscrits du premier tour et celui du second tour, qu’on considérera comme négligeables, cela veut dire qu’il y a eu un peu plus de 800 000 électeurs du FN supplémentaires, soit un bond de +13,3% entre le premier et le second tour. À comparer avec +17,0% de votants supplémentaires entre le premier et le second tour. (Je parle des électeurs par rapport à ceux du premier tour).

L’augmentation est à peu équivalente, même s’il y a un très léger avantage pour ceux qui n’ont pas voté FN. Cela signifie surtout que le FN est devenu un parti comme un autre et que les abstentionnistes, ou les abstentionnistes qui votent au second tour se répartissent à peu près comme les votants du premier tour. C’est un point essentiel : ceux qui se sentaient soulagés d’un sursaut de participation l’ont été pour une mauvaise raison.

La preuve, c’est de regarder dans les quatre régions où la victoire du FN était possible.

Dans le Nord-Pas-de-Calais-Picardie, Marine Le Pen est passée de 909 035 à 1 015 649 électeurs soit un gain de 100 000 (+11,7%). En Provence-Alpes-Côte d’Azur, Marion Maréchal-Le Pen est passée de 719 746 à 886 147 voix, soit un gain de plus de 150 000 électeurs (+23,1%). En Alsace-Lorraine-Champagne-Ardenne, Florian Philippot est passé de 641 234 à 790 179 voix soit un gain de près de 150 000 électeurs (+23,2%). En Bourgogne-Franche-Comté, Sophie Montel est passée de 303 143 à 376 902 voix, soit un gain de plus de 70 000 électeurs (+24,3%). Il faut comparer ces quatre progressions avec la progression de la participation dans ces quatre régions : +11,7% en Nord-Pas-de-Calais-Picardie (exactement la progression de Marine Le Pen !) ; +16,1% en PACA (cela veut dire que la mobilisation des abstentionnistes a plus bénéficié à Marion Maréchal-Le Pen qu’à Christian Estrosi !) ; +23,2% en Alsace-Lorraine-Champagne-Ardenne (soit exactement la progression de Florian Philippot !) ; +20,9% en Bourgogne-Franche-Comté (comme en PACA, le sursaut de participation a favorisé Sophie Montel).

Dans les régions que le FN pouvait conquérir, il a bénéficié de cette hausse de la mobilisation électorale sinon été favorisé.

En revanche, dans d’autres régions où les enjeux étaient très différents, la liste FN pouvait perdre des voix par rapport au premier tour. C’était le cas quand le FN n’avait aucune chance de gagner l’élection et le phénomène de vote utile s’est donc activé pour battre le PS. Ce cas est très bien illustré en Île-de-France où Wallerand de Saint Just, dont la bonhomie n’avait pas grand chose à voir avec l’extrémisme d’autres candidats FN, qui est passé de 580 499 à 521 383 suffrages, soit une perte de 60 000 voix (-10,2%) alors que parallèlement, la participation a eu une augmentation de +18,6%.


3. Les performances du FN

Comme je viens de l’indiquer, le sursaut de participation a profité autant au FN qu’aux autres listes, et dans les régions où le FN pouvait gagner, cela lui a même parfois profité. C’est, à mon sens, le premier succès du FN : il est devenu un parti "mainstream" comme LR et le PS.

Au niveau national, le FN a gagné plus de voix qu’au premier tour mais cependant un peu moins en proportion : 27,10% au lieu de 27,73%. Les pertes proviennent, comme je l’ai expliqué, des régions où le vote utile a avantagé les partis traditionnels. En tout, le FN a triplé le nombre de ses élus régionaux, avec un total de 358 sièges.

C’est donc vraiment intéressant de comprendre numériquement ce scrutin (il y aura sans doute des études très détaillées pour comprendre les rapports de voix entre les deux tours) : non seulement le FN est un parti dédiabolisé (on le sait depuis longtemps), mais toute tentative de rediabolisation du FN serait vouée à l’échec et ne ferait que le favoriser dans les urnes.

Comme je l’imaginais, la région qui avait le plus de chance de devenir FN était la Bourgogne-Franche-Comté qui présente une véritable partition en trois tiers équivalents : 34,68% pour Marie-Guilte Dufay (PS), 32,89% pour François Sauvadet (UDI) et 32,44% pour Sophie Montel (FN). Seulement 5 000 voix séparent les deux listes perdantes, et la liste gagnante n’a même pas 27 000 voix d’avance par rapport à la troisième liste. Tout s’est donc joué dans un mouchoir de poche (comme l’on dit).

Les éléments de langage pour les prochains mois ont déjà été expérimentés durant la soirée électorale. Marine Le Pen a en effet affirmé : « Le clivage sépare non plus gauche et droite, mais mondialistes et patriotes. ». Ce qui est assez risible car rien n’empêche d’aimer son pays tout en pensant que la coopération internationale est une méthode indispensable pour atteindre des objectifs majeurs qui dépassent largement les enjeux nationaux, comme l’a montré d’ailleurs la COP21.

Ceux qui, croyant s’opposer au FN, vont se revendiquer mondialistes vont conforter le FN dans sa croyance que ceux-là ne seraient pas patriotes, ce qui est assez stupide. Personne n’a à donner des brevets de patriotisme, surtout pas ceux qui, par leurs propositions, jetteraient la France dans une situation économique et financière désastreuse. Le FN n’est pas "patriotiste" (si j’ose écrire) mais nationaliste. Le clivage de ce XXIe siècle ne peut pas être entre le cosmopolitisme des Lumières du XVIIIe siècle et le nationalisme des peuples libérés du XIXe siècle. L’avenir est tout autre, à inventer, sauf pour les obsédés du retour vers le passé.

Au niveau interne, les performances des quatre (uniques ?) leaders du FN vont être déterminantes dans la stratégie présidentielle du FN : Marion Maréchal-Le Pen a fait une bien meilleure captation de l’électorat que sa tante, avec 45,22% des suffrages exprimés au lieu de 42,23% des suffrages exprimés pour Marine Le Pen.

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Amusant d’ailleurs d’entendre Marion Maréchal-Le Pen se réjouir de sa défaite et faire comme Ségolène Royal le 6 mai 2007, au soir de sa défaite : « En avant vers de nouvelles victoires ! ». Ou comment dire l’inverse des résultats. Ce déni de réalité a un but, galvaniser ses propres militants pour les échéances futures. Même Nicolas Dupont-Aignan n’y échappe pas ; il l’a fait le 9 décembre 2015 : « Déjà 4e parti de France dans 13 départements, 5e dans 30 autres, nous avons à mains nues repoussé les forces de l’abandon, de la corruption et de la lâcheté. (…) Oui, un immense et magnifique merci à toutes celles et à tous ceux qui ont contribué à cet exploit. (…) Je suis convaincu que notre mouvement [Debout la France] détient les clefs de l’avenir du pays. » (lettre ouverte aux militants).

Nul doute que Marine Le Pen a perdu à cause de l’efficacité du "front républicain" provenant d’électeurs traditionnellement de gauche tandis que Marion Maréchal-Le Pen a bénéficié de son attractivité dans l’électorat traditionnellement de droite (et Christian Estrosi a probablement eu plus de difficulté que Xavier Bertrand à convaincre un électorat traditionnellement de gauche).

Si l’élection de Louis Aliot en Midi-Pyrénées-Languedoc-Roussillon était peu probable, l’échec de Florian Philippot, malgré un gain d’électeurs entre les deux tours, fragilisera sans doute sa position au sein de l’appareil face à Marion Maréchal-Le Pen. C’est en quelques sortes la victoire quasi-posthume de Jean-Marie Le Pen.

Plus globalement, les très bonnes performances du FN tant au premier qu’au second tours ne lui permettent pas de gagner une région. Alors qu’il se trouvait au premier tour en tête dans six régions parmi les plus importantes, avec parfois 10% d’avance, il se retrouve en seconde voire troisième place au second tour, souvent avec 10% de retard. Il frôle toujours les 28% et est plus proche du quart des électeurs que du tiers comme il a été parfois dit pendant la soirée électorale.


4. Les performances du PS

Le concept du plafond de verre pour le FN n’a pas trop d’intérêt si celui-ci évolue au fil du temps. En 2002, le seuil de 20% paraissait inatteignable et en 2015, le FN tente de franchir le seuil de 30%. Il semble donc assez évident que le seuil de 50% serait très difficile à franchir dans un peu plus d’un an dans un contexte où le second tour de l’élection présidentielle ne retiendra que les deux candidats finalistes.

Le score des listes dites d’union de la gauche, c’est-à-dire du PS du premier tour flanqué de ses alliés antisocialistes (EELV et PCF), est à peine supérieur à celui du FN au second tour, à savoir 28,86% : moins de 450 000 voix séparent cette coalition du FN au niveau national. Et accuse plus de 11% de retard par rapport à la droite et le centre. En tout, 677 conseillers régionaux ont été élus sur les listes PS et alliés.

On peut quand même reconnaître le succès de la stratégie de Manuel Valls qui va tout faire pour éliminer le candidat de la droite et du centre du second tour de l’élection présidentielle. Cette stratégie avait commencé par le retrait des listes PS dans les régions PACA, Nord-Pas-de-Calais-Picardie et en principe le Grand Est. Jean-Pierre Raffarin a même parlé de ces retraits d’une très grande habileté de Manuel Valls et a même évoqué le 14 décembre 2015 la possibilité d'une coopération avec le gouvernement de Manuel Valls.

Toute la stratégie du gouvernement va donc être de continuer à polariser le débat politique sur un clivage entre gouvernement et FN en laissant entendre qu’il n’y aurait pas d’autre alternative que ce clivage-là, ce qui est évidemment faux. C’est un clivage aussi stupide que le clivage entre "mondialistes" et "patriotes".

Dans les résultats, il y a une très belle performance, celle du Ministre de la Défense Jean-Yves Le Drian qui a pu obtenir la majorité absolue des suffrages (51,41%) malgré la triangulaire.

Si l’Aquitaine-Limousin-Poitou-Charentes et le Midi-Pyrénées-Languedoc-Roussillon semblaient acquis dès le premier tour comme la Bretagne, le PS réussit à conserver de justesse le Centre-Val de Loire (35,43% contre 34,58%) et la Bourgogne-Franche-Comté (34,68% contre 32,89%) grâce à la présence d’un candidat FN qui a fait disperser massivement les voix de l’opposition régionale en deux blocs pas très éloignés. Le PS a failli aussi conserver la Normandie pour les mêmes raisons, mais l’écart s’est inversé au fil du dépouillement si bien que c’est Hervé Morin (UDI), l’un des militants les plus constants de la réunification des deux Normandie, qui a gagné avec une très faible avance (36,43% contre 36,08%), moins de 5 000 voix.

En Alsace-Lorraine-Champagne-Ardenne, la liste PS de Jean-Pierre Masseret qui s’était maintenue contre la volonté d’au moins 70 de ses colistiers et surtout, contre la consigne de la direction nationale du PS qui voulait son retrait pour faire barrage au FN, a gagné plus de 53 000 voix (+18,6%) alors que la participation avait progressé de +23,2%. Apparemment, la moitié de ses électeurs socialistes du premier tour aurait voté pour Philippe Richert (LR) tandis que Jean-Pierre Masseret aurait bénéficié au second tour de l'apport d'électeurs du Front de gauche. Clémentine Autain (PCF) a pu ainsi dire durant la soirée électorale que Jean-Pierre Masseret avait eu raison de se maintenir puisque cela n’a pas eu pour conséquence l’élection de Florian Philippot, mais le ministre Thierry Mandon (PS) a tout de même considéré que c’était casse-cou et que cela aurait pu tourner à l’avantage du FN.

Thierry Mandon est l’un des rares ministres pertinents de ce gouvernement et son bon sens est rafraîchissant. Face au redoutable sénateur-maire de Fréjus David Rachline (FN) qui voulait faire croire que seuls les candidats du FN étaient issus de la volonté du peuple et que les autres faisaient partie du système, Thierry Mandon a dû lui rappeler à plusieurs reprises que les élus non FN étaient également l’émanation du peuple, tout autant que les élus du FN et que si le "front républicain" avait bien fonctionné au Nord-Pas-de-Calais-Picardie et en PACA, c’est parce que c’était le peuple qui l’avait voulu ainsi et pas un appareil de parti.

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J’ai gardé pour la fin l’élément majeur de la soirée pour le PS, à savoir la belle victoire de Valérie Pécresse en Île-de-France qui a réuni 43,80% des suffrages contre 42,18% pour Claude Bartolone (plus de 50 000 voix les séparent), tandis que le FN a chuté à 14,02%.

La défaite de Claude Bartolone est avant tout la défaite d’un apparatchik qui n’a décidément pas les mêmes valeurs de la République que le Premier Ministre. Alors qu’il y a eu visiblement une forte mobilisation de l’électorat de gauche en région parisienne, il ne doit son échec qu’à lui-même, qu’à cette scandaleuse déclaration le 9 décembre 2015 qui confortait les thèses du FN, une déclaration qui laissait entrevoir une forme de racisme sous-jacent et assurément de communautarisme. Beaucoup de ses électeurs potentiels ont été choqués de ces propos et ont modifié leur choix, et même ses principaux alliés, comme Emmanuelle Cosse (EELV). Visiblement, un problème de casting, puisque le candidat du PS ne connaissait rien aux dossiers régionaux et n’avait pas l’étoffe pour rassembler au-delà de son petit appareil partisan.

Déplorable également fut sa déclaration, très tardive, lors de la soirée électorale où il a annoncé qu’il remettrait à disposition son poste de Président de l’Assemblée Nationale au groupe PS de l’Assemblée Nationale. D’une part, cela n’avait rien à voir avec l’Île-de-France et c’est donc une grande chance que cette région ne sera pas gouvernée par un tel personnage si nombriliste (qui se soucie de sa carrière à part lui et les siens ?). D’autre part, il aurait été plus "normal" de remettre ce mandat à disposition de l’ensemble des députés qui valent autant que les seuls députés PS. C’est typiquement le genre de comportement politicien et partisan qui conforte l’audience du FN contre le "système".


5. Les performances de la droite et du centre

Évacuons rapidement une analyse qui voudrait que les performances de l’alliance LR-UDI-MoDem étaient plus médiocres dans trois régions (Normandie, Centre-Val de Loire et Bourgogne-Franche-Comté parce que ses listes auraient été dirigées par des candidats UDI et pas LR. Mais comme l’a rappelé Roland Cayrol sur France 24, peu d’électeurs savaient quelle était l’étiquette précise de la tête de liste dans ces régions puisque le label LR-UDI-MoDem était sur tous les bulletins et les listes composées de ces trois formations. Cette analyse bidon semble avoir été diffusées par des proches de Nicolas Sarkozy pour conforter un rapport de forces dans le cadre de la préparation de la primaire LR.

Par ailleurs, la victoire certes courte d’Hervé Morin est sans doute la plus inespérée de toutes les victoires de la droite et du centre. Quant à Xavier Bertrand, il avait bénéficié d’un déjeuner très médiatisé le 10 décembre 2015 avec l’ancien président de l’UDI, Jean-Louis Borloo (qui fut député-maire de Valenciennes et qui avait raté de justesse la présidence du conseil régional du Nord-Pas-de-Calais en mars 1992).

L’ensemble des listes LR-UDI-MoDem a recueilli 40,24% au second tour, soit plus de 4,3 millions de voix supplémentaires par rapport au premier tour (+75,1%) alors que la composition des listes ni le programme n’ont pas changé. En tout, 818 sièges sont revenus à l’alliance LR-UDI-MoDeM.

Certes, cette alliance a gagné ou regagné sept régions mais, d’une part, ce fut, pour trois d’entre elles, avec le soutien de la direction nationale du PS (soutien qui s’est traduit nettement sur le terrain en faveur de Xavier Bertrand dans le Nord-Pas-de-Calais-Picardie). On est donc loin d’une vague bleue comme le promettaient les leaders de l’UMP après les élections départementales de mars 2015. La victoire de l’Île-de-France constitue néanmoins un succès symbolique qui sauve l’honneur.

Pendant la soirée électorale, celle qui était encore la numéro deux des LR, Nathalie Kosciusco-Morizet expliquait la nocivité de la stratégie du "ni-ni" : « Si les électeurs avaient appliqué le ni-ni, nos candidats dans le Nord et en PACA auraient été battus. ». Elle était la seule avec Jean-Pierre Raffarin à s’y être opposé lors du bureau politique de LR le 7 décembre 2015. Ce même bureau politique, dans la réunion du 14 décembre 2015, a finalement écarté NKM de la future direction qui sera mise en place en janvier 2016, ce qui ne donne pas l’image d’une formation politique ouverte et tolérante. Nathalie Kosciusko-Morizet a même balancé : « Je n’échange pas mes convictions contre une place. (…) Évincer au moment où l’on lance un débat, c’est une vieille idée stalinienne. » et elle a été tout de suite soutenue par Alain Juppé qui a répondu à Bordeaux : « L’exclusion n’est jamais une bonne réponse. ».

La campagne de la primaire LR est donc déjà engagée et les proches de Nicolas Sarkozy (en particulier Luc Chatel) voudraient avancer en juin 2016 la tenue de celle-ci (prévue pour l’instant en novembre 2016). Assez contesté par de nombreux responsables LR, Nicolas Sarkozy voudrait continuer à faire le grand écart avec un discours droitisé mais aussi une alliance au centre. Les centristes de l’UDI décideront, de leur côté, quelle sera leur stratégie présidentielle au cours de leur prochain congrès le 20 mars 2016.

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Les victoires régionales vont cependant modifié l’équilibre des forces à l’intérieur du parti "Les Républicains". Ainsi, élus présidents de conseil régional, Valérie Pécresse, Xavier Bertrand (qui a annoncé le 14 décembre 2015 sur France 2 qu'il ne serait pas candidat à la primaire LR), Laurent Wauquiez et sans doute aussi Bruno Retailleau (président du groupe LR au Sénat) vont prendre beaucoup d’importance en interne, comme avait déjà pris beaucoup d’importance Bruno Le Maire pour avoir postulé à la présidence de l’UMP l’an dernier face à Nicolas Sarkozy.


La campagne présidentielle de 2017 commence

Les présidents de conseil régional des régions qui n’ont pas fusionné seront élus le vendredi 18 décembre 2015. Les autres le seront le lundi 4 janvier 2016 dans la mesure où les grandes régions fusionnées n’existeront juridiquement qu’à partir du 1er janvier 2016.

Le scrutin du 13 décembre 2015 est le dernier avant l’élection présidentielle. Dans cette perspective, il est évident que le FN en est ressorti consolidé par un matelas assuré d’environ 25% d’électeurs au niveau national. Sa capacité à rassembler 50% s’avère pour l’instant très laborieuse, comme lors des élections départementales de mars 2015, mais il est parvenu cependant à atteindre 40% voire 45% dans certaines régions entières.

Le PS s’avance finalement avec un double avantage : son candidat est connu et si François Hollande n’est pas candidat, Manuel Valls le sera ; le FN est son meilleur allié du second tour pour espérer remporter l’élection.

Le FN a déjà sa candidate connue avec Marine Le Pen. Et si, pour une raison ou une autre, celle-ci ne pouvait pas se présenter, Marion Maréchal-Le Pen serait la remplaçante toute désignée, à tel point que Marine Le Pen ferait bien de se méfier de sa nièce pour l’après-2017, il est possible qu’elle soit beaucoup efficace électoralement qu’elle.

En revanche, la droite et le centre n’ont pas de candidat et surtout, de personnalité incontestable. Entre Nicolas Sarkozy, François Fillon et Alain Juppé pour la première garde, en rajoutant Bruno Le Maire et sans compter les centristes dont François Bayrou, l’électorat modéré pourrait se retrouver "orphelin" au point de croire Manuel Valls lorsqu’il essaie d’expliquer qu’il n’y a plus d’espace politique entre le PS et le FN. Et pourtant, des trois pôles du paysage politique actuel, c’est bien le PS qui a commencé à disparaître de l’échiquier national, dans deux grandes région, et aucun autre parti…


Aussi sur le blog.

Sylvain Rakotoarison (15 décembre 2015)
http://www.rakotoarison.eu


Pour aller plus loin :
Régionales 2015 : sursaut ou sursis ?
Les enjeux du second tour des régionales de 2015.
Valérie Pécresse.
Claude Bartolone.
Résultats des élections régionales de décembre 2015.
Le premier tour des régionales du 6 décembre 2015.
Les enjeux des élections régionales de décembre 2015.
Réforme territoriale.
La réforme des scrutins locaux du 17 avril 2013.
Le référendum alsacien.
Élections municipales des 23 et 30 mars 2014.
Élections européennes du 25 mai 2014.
Élections sénatoriales du 28 septembre 2014.
Élections départementales des 22 et 29 mars 2015.
Les dernières élections régionales des 14 et 21 mars 2010.
Le ni-ni Doubs.
La poussée annoncée du FN.
Le vote électronique, pour ou contre ?
Le Patriot Act à la française.
Changement de paradigme.
Mathématiques militantes.
2017, tout est possible...

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http://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20151213-regionales-2015D.html

http://www.agoravox.fr/actualites/politique/article/regionales-2015-sursaut-ou-sursis-175437

http://rakotoarison.canalblog.com/archives/2015/12/15/33067097.html



 

 

 

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