« Il y a beaucoup de travail à faire. Mais aujourd’hui, nous tous Américains tenons entre nos mains la promesse d’un nouveau départ. C’est pourquoi les événements des quelques jours à venir ne sont pas seulement l’investiture d’un président américain ; ils seront aussi la célébration du peuple américain. » (Barack Obama, 20 janvier 2009).
Les élections présidentielles américaines se suivent mais ne se ressemblent pas. Après le vent de large espoir et de jeunesse suscité par la montée en puissance de la candidature de Barack Obama il y a huit ans, voici le vent du repli et de la peur, ou celui de l’ancienneté et du grand âge (trois des cinq plus grands candidats ont plus de 68 ans !).
Est-ce exagéré de dire que les meilleures personnalités des États-Unis (selon des critères sans doute subjectifs et qui peuvent varier d’un milieu à l’autre) font tout sauf de la politique ? Tout ou plutôt, font des affaires, car finalement, l’une des rares valeurs immuables aux États-Unis, c’est l’argent qui est l’indicateur numéro un de la réussite de sa vie, ou de son échec.
La conséquence logique, c’est le vide du paysage politique fédéral américain. L’absence de candidats de valeur et de stature incontestables. L’absence aussi de débat des idées. En ce sens, les citoyens français devraient être rassurés du sérieux et des CV costauds des personnalités politiques françaises. On peut critiquer la classe politique, râler contre le népotisme quasi-généralisé, mais on a quand même la fine élite de la République, qu’on l’accepte ou pas, qu’on l’apprécie ou pas. Il suffit de comparer Bruno Le Maire par exemple, ou Alain Juppé, avec Donald Trump. En France, aucun Silvio Berlusconi ne pourrait vraiment émerger.
Si en 2016, la vie politique française devait se résumer à ce qu’il se passe aux États-Unis, nous aurions pour concourir à l’élection présidentielle française de 2017 des candidats comme : Bernard Tapie, Valérie Trierweiler, Henri Emmanuelli, et l’on pourrait quand même ajouter Laurent Wauquiez (qui lui, fait partie de l’élite).
Laissons de côté les comparaisons toujours hasardeuses avec la vie politique française et revenons à l’élection américaine. Institutionnalisées depuis toujours, les primaires visent à désigner, en particulier dans les deux grands partis (démocrate et républicain) les deux candidats pour l’élection qui aura lieu le mardi 8 novembre 2016. Barack Obama, qui terminera le 20 janvier 2017 son second mandat, ne peut pas concourir. Certes, il peut exister des candidats issus d’autres partis, mais ceux-là restent très minoritaires, ou des candidatures indépendantes, qui peuvent bouleverser le jeu électoral (c’était le cas de Ross Perot qui avait obtenu 18,9% le 3 novembre 1992). Mais il ne fait pas beaucoup de doute que l’un des deux désignés à ces primaires sera élu Président des États-Unis.
Le système des primaires veut que celles des deux grands partis se déroulent presque au même moment quasiment dans les mêmes États, même si les règles d’attribution des délégués peuvent varier. Les primaires ont commencé le 1er février 2016 avec un petit État, l’Iowa, mais depuis le 1er mars 2016, appelé "Super Tuesday" parce qu’il concerne onze à douze États importants qui font et défont des candidatures, l’horizon des possibles s’est nettement réduit.
Ne sont désormais plus en lice que deux candidats chez les Démocrates et quatre chez les Républicains.
Pas de match Clinton vs Bush
À l’origine, on aurait d’ailleurs pu imaginer un combat quasi-népotique : Hillary Clinton, épouse d’un ancien Président des États-Unis, contre Jeb Bush, frère et fils de deux anciens Présidents des États-Unis. Ce duel ne sera qu’imaginaire. Tant mieux pour la forme mais peut-être tant pis pour le fond.
En effet, Jeb Bush (63 ans), gouverneur de Floride du 5 janvier 1999 au 2 janvier 2007, grâce à qui son frère George W. Bush a pu être déclaré Président des États-Unis (un nouveau décompte des voix en Floride aurait favorisé Al Gore), a déclaré forfait le 20 février 2016 après ses échecs dans l’Iowa et le New Hampshire.
Quant à Hillary Clinton (68 ans), sénatrice de New York du 3 janvier 2001 au 21 janvier 2009, elle aurait pu imaginer que les primaires fussent pour elle une simple formalité. Favorite tant pour les primaires démocrates que pour l’élection elle-même (elle était déjà favorite en 2008 et cela ne lui a pas porté chance), elle est une exception à trois titre au moins : épouse de Bill Clinton qui ne s’est engagée politiquement qu’à la fin du mandat de son mari (du 20 janvier 1993 au 20 janvier 2001) ; ancienne Secrétaire d’État du 21 janvier 2009 au 1er février 2013 (équivalent de Ministre des Affaires étrangères), c’est la première fois, à ma connaissance, du moins dans l’époque récente, qu’un ancien Secrétaire d’État est candidat à l’élection présidentielle ; enfin, elle est une femme, et la première femme dans l’histoire politique à être en position de devenir Présidente des États-Unis, un peu au même titre que Ségolène Royal en 2007 pour la France.
Le camp démocrate
Eh bien, ce n’est pas du tout une formalité. Ce n’est quand même pas le renouvellement de la campagne de 2008 qui a vu son leadership dépasser par celui de Barack Obama, mais la suprématie de Hillary Clinton a été étonnement entamée par la candidature de Bernie Sanders (74 ans), vieux parlementaire du Vermont (depuis le 3 janvier 1991), considéré comme représentant de l’aile gauche voire (un gros mot aux États-Unis), de l’aile socialiste du Parti démocrate (il n’est d’ailleurs membre de ce parti formellement que depuis 2015 !) et qui, au lieu de recueillir dans les 5 à 10% de l’audience habituelle de ce courant, s’est retrouvé presque à jeu égal face à Hillary Clinton (dans les sondages, il a juste quelques pourcents de moins que sa concurrente). Bernie Sanders a déjà gagné quelques primaires, dans le New Hampshire le 9 février 2016, dans le Colorado, le Vermont (son État), l’Oklahoma et le Minnesota le 1er mars 2016.
Que ce soit chez les Républicains comme chez les Démocrates, il y a une véritable défiance contre "l’etablishment", contre Washington, contre ce que Jean-François Copé, en oubliant qu’il en fait partie, appelait "l’élite germanopratine" (à replacer dans le contexte washingtonien), qu’on retrouve autant aux États-Unis que dans la plupart des pays européens victimes de la crise économique et d’une crise identitaire face aux défis mondiaux que représentent la globalisation des échanges commerciaux, la croissance économique de la Chine et de l’Inde et les menaces du terrorisme islamiste.
Si Hillary Clinton en fait (un peu) les frais, cela ne devrait pas suffire à l’empêcher d’être désignée comme candidate des Démocrates. Elle a actuellement 1 033 délégués et son concurrent progressiste 408 délégués, et il en faut 2 383 pour obtenir l’investiture. Dans les sondages des trois dernières semaines, le rapport serait favorable à Hillary Clinton, environ 50% contre 40% pour Bernie Sanders. L’écart tend même à s’accroître depuis la fin du mois de février 2016.
Mais si victoire il y a, ce sera une victoire laborieuse, par défaut, sans véritable élan enthousiaste comme l’avait provoqué la candidature de Barack Obama en 2008. Alors que dans le camp des Républicains, l’absence de personnalités à la stature indiscutable a laissé tous les espoirs aux démagogies et aux facilités.
Le camp républicain
Depuis qu’il a déclaré sa candidature en juin 2015, Donald Trump (69 ans), multimilliardaire (324e fortune du monde en 2016 avec 4,5 milliards de dollars selon "Forbes" en octobre 2015 ; il a fait fortune dans les spéculations immobilières à New York), a joui d’un véritable courant en sa faveur. N’hésitant pas à investir massivement dans les opérations marketing à sa dévotion (il a pour l’instant dépensé 25 millions de dollars, ce qui reste encore faible pour les États-Unis), il a réussi à matraquer la classe politique de ses petites phrases chocs et de ses réflexions plus bestiales qu’intellectuelles, plus assassines que politiques. Qu’il les pense ou pas n’est même pas le problème puisqu’il sait que le meilleur moyen de se faire connaître et de faire parler de soi, c’est de dire n’importe quoi, de provoquer colère ou crainte, de faire du populisme et de la démagogie de bas instinct. Le plus important, et inquiétant, c’est qu’avec une campagne comme cela, il trouve un électorat qui y adhère.
Ceux qui pourraient le comparer à Jean-Marie Le Pen (et les proches de Donald Trump n’hésitent pas à faire cette comparaison) se trompent à mon avis. Certes, comme Le Pen, Donald Trump fait dans l’égocentrisme orgueilleux et dans le caprice provocateur de l’adolescent, mais à la différence de la PME Le Pen, The Trump Organization est une véritable multinationale qui pèse très lourd dans l’économie. En ce sens, sa candidature présidentielle est une sorte de petite douceur qu’il s’offre avant de se mettre à la retraite.
On pourrait penser que Donald Trump serait le candidat idéal pour Hillary Clinton, et c’est un peu vrai : elle perdrait largement en cas de duel avec un autre candidat que lui. Mais la victoire de Donald Trump aux élections elles-mêmes n’est pas impossible non plus. Il faut comprendre que les États-Unis ne sont pas homogènes : entre Boston, Miami, Houston, San Francisco, Détroit ou même le fin fond de l’Arkansas, les populations sont sociologiquement très différentes, aussi différentes qu’entre des Danois, des Portugais, des Croates, des Polonais, etc.
Or, face à l’Amérique de Barack Obama, celle des premiers de la classe, celle de l’élite, celle des intellectuels, celle des gens raisonnables, celle qui pense aussi aux autres, à l’altérité, à ceux qui n’ont pas d’assurances santé, il y a l’Amérique des gens simples. Quand je dis "gens simple", ce n’est pas péjoratif, je ne parle pas d’esprit simple, non, pas de "simplets", mais de personnes qui n’ont pas l’esprit tordu, qui raisonnent simplement par une sorte de candeur, de naïveté presque, qui est aussi une sorte de confiance en leurs institutions.
Par exemple, ils sont rarement contre la peine de mort car ils ne peuvent pas imaginer que la justice puisse commettre des erreurs judiciaires (pourtant, c’est le cas). Ils sont pour le droit d’avoir des armes car ils sont convaincu qu’au Bataclan, si la loi française était la même qu’aux États-Unis, il y aurait eu des spectateurs qui auraient mis rapidement hors d’état de nuire les terroristes. On imagine la sécurité si tous les spectateurs venaient armés, avec l’impossibilité de savoir si certains sont des terroristes ou pas !
Cette simplicité, c’est aussi de voter pour celui qui semble avoir les mêmes idées que soi sans imaginer les conséquences de son vote. Par exemple, c’est clair que si un électeur voulait une victoire républicaine, à la fin, il aurait tout intérêt à éviter la désignation de Donald Trump qui non seulement plomberait la campagne électorale mais plomberait le Parti républicain pour de nombreuses années à venir. C’est pour cela que Ségolène Royal en 2006 et François Hollande en 2011 ont été désignés candidats socialistes. Parce qu’ils étaient le candidat le plus efficace pour battre un candidat du camp opposé, pas parce qu’ils représentaient les idées les plus proches de ceux qui les ont choisis. Il semblerait que la forte popularité d’Alain Juppé répondrait au même enjeu d’efficacité. Aux États-Unis, ces calculs électoraux sont trop éloignés d’une réalité simple : on choisit pour celui qui crie le plus fort.
Et c’est vrai que Donald Trump a au moins cet étrange effet de placer George W. Bush parmi les Présidents républicains les plus gauchistes et les plus intellectuels ! En fait, Donald Trump n’est pas un Républicain, il est avant tout un nationaliste. Et en ce sens, sa désignation mettrait en péril idéologiquement le Parti républicain (qui a pourtant le vent en poupe) pour un futur proche.
D’ailleurs, l’instabilité de son engagement politique est éloquent. D’abord démocrate, il rejoint les Républicains pour soutenir Ronald Reagan, puis George H. W. Bush (père) a failli le prendre comme Vice-Président des États-Unis (il a finalement choisi un qui n’est pas une plus grande lumière intellectuelle, Dan Quayle), puis en 1999, il s’est inscrit dans le parti de Ross Perot (autre candidat milliardaire en 1992), puis il est redevenu démocrate pour s’opposer à Geoge W. Bush (fils) avant de revenir en 2012 chez les Républicains. Loin d’être le représentant des valeurs du libéralisme et de la liberté d’entreprendre, Donald Trump prône plutôt un État totalitaire, antimusulman et replié sur lui. L’armée américaine a déjà annoncé qu’elle pourrait lui désobéir en cas d’élection à la Maison Blanche si ses ordres étaient contraires à la loi : cela promet de belles discussions constitutionnelles !
À l’heure actuelle (après le Super Tuesday du 1er mars 2016), il ne reste plus que quatre candidats aux primaires républicaines. Donald Trump a obtenu la majorité relative des délégués en compétition, 319 délégués (il en faut 1 237 pour gagner) tandis que Ted Cruz en a obtenu 226 et Marco Rubio 110. Un quatrième, John Kasich, en a obtenu 25 mais va sans doute bientôt déclarer forfait.
John Kasich (63 ans) a été représentant à l’Ohio (équivalent de député) du 3 janvier 1983 au 3 janvier 2001 puis est le gouverneur de l’Ohio depuis le 10 janvier 2011. Il peut être considéré comme un Républicain modéré et a travaillé pour Ralph Nader. Sa candidature, annoncée le 21 juillet 2015, ne recueillait jamais plus de 5% d’intentions de vote dans les sondages mais depuis mi-février 2016, il serait maintenant un peu en dessous de 10%. Néanmoins, son retard est bien trop grand. Il est le seul des quatre candidats à n’avoir remporté aucun État depuis le 1er février 2016. Son abandon devrait logiquement se faire dans les prochains jours.
Ted Cruz (45 ans) est avocat, conseiller de George W. Bush pendant sa campagne de 2000, professeur de droit à l’Université d’Austin, dans le Texas, spécialisé dans les procédures judiciaires de la Cour Suprême des États-Unis. Il a été "solicitor general" du Texas (équivalent de procureur de la République) de janvier 2003 à mai 2008, et il est sénateur du Texas depuis le 3 janvier 2013. Son père est cubain et a fui Cuba, tandis que sa mère est d’origines irlandaises et italiennes. Sa victoire comme sénateur n’était pas du tout évidente le 6 novembre 2012 et il l’a due aux soutiens du Tea Party et de certaines personnalités comme Ron Paul, Rand Paul (qui était candidat aux primaires républicaines en 2016 mais a dû abandonner) et Sarah Palin. Il a annoncé sa candidature pour 2016 le 23 mars 2015. Il est considéré comme un Républicain très conservateur qui cherche à s’appuyer sur les courants évangélistes. Il a remporté quatre États, l’Iowa, l’Alaska, l’Oklahoma et le Texas (son État d’origine). Sa candidature a pris de l’importance début décembre 2015 en devenant le challenger le plus sérieux de Donald Trump, avec aujourd’hui environ 20% d’intentions de vote dans les sondages (contre 35% en faveur de Donald Trump).
Marco Rubio (44 ans) est lui aussi d’origine hispanique par ses deux parents qui ont immigré de Cuba en Floride. Il est, lui aussi, de l’aile la plus conservatrice des Républicains et refuse, comme Ted Cruz, toute disposition en rapport avec le changement climatique. Directeur de la campagne de Bob Dole en 1996 pour la Floride, il a été élu représentant de la chambre de Floride de janvier 2000 en novembre 2008 (l’équivalent de conseiller régional) et a même présidé cette chambre de 2006 à 2008. Depuis le 3 janvier 2011, il est sénateur de la Floride. Le 1er février 2016, il a fait un bon score dans l’Iowa et fait figure de challenger également sérieux de Donald Trump, en troisième position dans les intentions de vote avec environ 17% (l’écart dans les sondages avec Ted Cruz est pour ainsi dire négligeable).
Au contraire de Ted Cruz et de Donald Trump, candidats anti-etablishment, Marco Rubio est soutenu par la direction du Parti républicain (il l’était avec Jeb Bush jusqu’à ce que ce dernier abandonne). Ce jeudi 3 mars 2016, l’ancien candidat républicain (en 2012) Mitt Romney a d’ailleurs attaqué violemment la candidature de Donald Trump et demandé aux électeurs républicains de se ressaisir.
S’il est en retard dans la course, Marco Rubio a de grandes chances de gagner le 15 mars 2016 l’État de Floride et il gagnerait alors la totalité des 99 délégués, ce qui pourrait lui permettre de dépasser Ted Cruz. Pour l’instant, il n’a gagné qu’un seul État, le Minnesota.
Il n’est pas évident, à la fin des primaires (le 7 juin 2016) qu’un candidat puisse dépasser le seuil pour l’investiture. Dans ce cas (Donald Trump n’aurait pas la majorité absolue des délégués), il serait probable qu’un accord se trouverait pour lui faire barrage absolument (ce qui ne l’empêcherait d’ailleurs pas de se présenter à l’élection générale, mais comme candidat indépendant).
Sondages pour l’élection générale
Il est trop tôt pour connaître avec assurance les deux candidats républicain et démocrate mais les instituts de sondage aux États-Unis sont beaucoup moins timides qu’en France pour tester les duels électoraux. Or, il n’y a pas beaucoup de cohérence dans les différents duels.
On se souvient par exemple qu’en 2007, en France, François Bayrou aurait été gagnant tant face à Nicolas Sarkozy que face à Ségolène Royal au second tour et pourtant, il s’est retrouvé en troisième position au premier tour. Les incohérences ici (pour l’élection américaine) sont bien plus accentuées (incohérences sur les idées, sur les partis, sur les personnes).
Dans un match Hillary Clinton vs Donald Trump, Hillary Clinton gagnerait 45% contre Donald Trump 42%. Ces statistiques sont des moyennes de sondages sur les trois dernières semaines, arrondies car les chiffres après la virgule n’ont aucune signification à ce stade de la campagne. Comme on le voit, l’écart serait faible et donc, pourrait s’inverser en cours de campagne (il y a encore neuf longs mois) : Donald Trump pourrait réellement gagner !
Les incohérences, c’est par exemple que Bernie Sanders ferait 50% face à Donald Trump à 42%, donc avec un écart bien plus grand, mais Hillary Clinton serait préférée à Bernie Sanders dans les primaires démocrates.
Autres incohérences, Hillary Clinton serait battue face aux deux autres candidats conservateurs, 45% face à Ted Cruz à 47% (en clair, jeu égal), mais surtout, 43% face à Marco Rubio à 48% soit 5% d’écart.
Toujours incohérences, paradoxalement, Bernie Sanders, très marqué à gauche, gagnerait face aux candidats très marqués à droite : 50% face à Ted Cruz à 40% et 47% face à Marco Rubio à 44% (l’écart resterait faible, 3%).
Enfin, il y aurait quasiment jeu égal entre Bernie Sanders et John Kasich (autour de 43%), tandis que Hillary Clinton serait battue à 40% face à John Kasich à 48%.
Comme on peut le voir, il est très difficile d’avoir une vision très stable de la situation et celle-ci peut évidemment évoluer très fortement au fil des prochains mois.
Les grands enseignements à ce stade de la campagne présidentielle sont les suivants :
1. Il y a une candidat qui a surgi et dont la montée est incontestable, c’est Donald Trump, candidat anti-système par excellence. S’il était désigné, il ferait imploser le Parti républicain et beaucoup d’électeurs républicains voteraient sans doute pour le candidat démocrate.
2. Hillary Clinton reste incontestablement la favorite chez les Démocrates. Néanmoins, elle ne gagnerait que face à Donald Trump et elle semblerait mal partie dans des duels avec d’autres candidats républicains. Cela semble dire que sa campagne ne serait pas porteuse et que si elle était élue, ce serait plus par défaut que par enthousiasme en sa faveur.
3. Comme dans d’autres pays du monde, les positions anti-système, anti-immigration et climato-sceptiques ont une audience très élevée dans l’électorat.
4. Chez les Républicains, la percée de la candidature de Marco Rubio est la véritable surprise du début de ces primaires et s’il n’était pas désigné en 2016, il aurait toutes ses chances pour 2020. Le candidat est jeune, talentueux, bon communiquant, et surtout, après les renoncements successifs de Mario Cuomo (mort le 1er janvier 2015), Mario Rubio serait le premier candidat d’origine hispanique capable de l’emporter sérieusement.
Prochaine étape
Les prochaines primaires auront lieu ce samedi 5 mars 2016 dans le Kansas, le Kentucky, la Louisiane, et le Maine pour les Républicains, et dans le Kansas, la Louisiane et le Nebraska pour les Démocrates. Les primaires républicaines se termineront le 7 juin 2016 et les primaires démocrates le 14 juin 2016. Des conventions interviendront chez les Républicains et les Démocrates durant l’été pour choisir définitivement leur candidat. Celle des Républicains jouera un rôle déterminant. Enfin, l’élection générale aura lieu le mardi 8 novembre 2016.
Pour terminer et pour montrer le contraste avec 2008 où les déclarations s'étaient élevées dans les hautes sphères de la pensée politique, voici des propos de campagne de Barack Obama : « Il y a une règle essentielle qui sous-tend toutes les religions : celle de traiter les autres comme nous aimerions être traités. Cette vérité transcende les nations et les peuples. C'est une croyance qui n'est pas nouvelle, qui n'est ni noire ni blanche ni basanée, qui n'est ni chrétienne ni musulmane ni juive. C'est une foi qui a animé le berceau de la civilisation et qui bat encore dans le coeur de milliards d'êtres humains. ».
Aussi sur le blog.
Sylvain Rakotoarison (4 mars 2016)
http://www.rakotoarison.eu
Pour aller plus loin :
Mode d’emploi des élections présidentielles américaines.
Idées reçues sur les élections américaines.
Barack Obama.
Ronald Reagan.
Gerald Ford.
Jimmy Carter.
John Kennedy.
Al Gore.
Sarah Palin.
John MacCain.
Mario Cuomo.
http://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20160304-primaires-US2016AA.html
http://www.agoravox.fr/actualites/politique/article/us-2016-la-trumpisation-de-la-vie-178426
http://rakotoarison.canalblog.com/archives/2016/03/04/33458996.html
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