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11 mars 2016 5 11 /03 /mars /2016 06:04

Définitions du Petit Larousse : « discours confus, inintelligible ; situation embrouillée, confuse ».


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Il y a exactement cinq ans, c’était le tsunami qui a terriblement secoué les installations nucléaires de Fukushima, au Japon. Est-ce un tsunami de même type qui va frapper la mouvance centriste dans quelques jours ?

Le dimanche 20 mars 2016 de 10 heures à 17 heures au Palais des Congrès de Versailles se tiendra le congrès de l’Union des démocrates et indépendants (UDI) pour décider clairement la stratégie des centristes en vue l’élection présidentielle de 2017. Un vote électronique des 23 000 adhérents est prévu la semaine prochaine précédant le congrès, mais déjà, les différents responsables ont pris position et ne semblent pas se préoccuper d’adopter une stratégie collective très lisible.

C’est un véritable problème de quadrature du cercle auquel se livre l’UDI en ce moment. Après le retrait politique de Jean-Louis Borloo, aucun leader de l’UDI n’a réussi à émerger véritablement dans la notoriété médiatique nécessaire à une candidature, et les rares simulations dans les sondages donneraient de scores si bas qu’il paraîtrait peu pertinent de se brûler les ailes en se consumant si vite.

Car il y a, en résumé, trois stratégies possibles : ou l’UDI participe à la primaire des Républicains, ou elle n’y participe pas et présente un candidat au premier tour de l’élection présidentielle, ou encore elle ne participe ni à la primaire ni au premier tour de l’élection présidentielle et elle soutient un candidat issu d’une autre formation politique qu’elle-même.

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Dans les trois cas, la réponse est peu satisfaisante. Car si l’UDI a réussi à se doter d’un collège de nombreux élus, en particulier de maires, conseillers départementaux et conseillers régionaux nombreux en 2014 et 2015, grâce à une union sans faille, et dès le premier tour, avec l’UMP puis LR, il lui manque incontestablement une audience nationale tant dans la différenciation que dans le positionnement politique.

Prenons le problème à l’envers et arrivons à la conclusion : dans tous les cas, l’UDI souhaiterait participer à une coalition gouvernementale avec Les Républicains pour gouverner la France à partir de mai 2017 et redresser l’économie nationale et l’emploi. Or, l’UDI souhaiterait y participer en position de force, c’est-à-dire avec un groupe parlementaire sans lequel Les Républicains ne pourraient avoir de majorité absolue à l’Assemblée Nationale.

À cet objectif s’ajoutent trois autres considérations : les ambitions individuelles de certains, la menace de la qualification au second tour de la candidature de Marine Le Pen qui devrait renforcer dès le premier tour la logique du "vote utile" et aussi, le positionnement de François Bayrou, seul candidat centriste aujourd’hui crédible.


François Bayrou

François Bayrou, qui préside le MoDem, une formation désertée par les élus et même par les militants, et qui n’est plus qu’une coquille vide, ne trouve même pas de un soutien auprès de son (quasiment) unique député Jean Lassalle qui n’y croit plus : « Il s’est mis dans une situation que les Français ont du mal à accepter, celle du "J’irai si untel n’y va pas". (…) L’élection présidentielle est la rencontre d’un homme ou d’une femme avec le peuple français qui s’est proclamé souverain. » ("La semaine du Pays basque").

En effet, il n’a jamais été caché que François Bayrou soutient la candidature de son voisin d’Aquitaine Alain Juppé, mais en refusant le principe de la primaire des Républicains, si bien qu’en cas de choix à la primaire d’un candidat comme Nicolas Sarkozy, François Bayrou serait amené à se présenter une quatrième fois à la magistrature suprême.


Cacophonie des composantes centristes

Marchant sur des œufs, Jean-Christophe Lagarde, le président de l’UDI depuis le 13 novembre 2014, voulait négocier au mieux avec Nicolas Sarkozy la participation de l’UDI à la primaire des Républicains (ils se seraient rencontrés le 27 janvier 2016) sous condition d’investitures massives aux élections législatives (il demandait entre un quart et un tiers du total des circonscriptions). Autres conditions : « un socle programmatique commun » et « une totale indépendance avec le FN ».

Comme il n'a eu aucune réponse de la pat des Républicains, Jean-Christophe Lagarde a annoncé ce 8 mars 2016 dans "Paris Match" que l'UDI ne participerait pas à la primaire LR sans pour autant dire s'il y aurait ou pas un candidat à l'élection présidentielle de 2017 : « Il n’y a eu ni négociations ni même rencontre. Mandaté par la direction de l’UDI, j’ai adressé en janvier à Nicolas Sarkoz une lettre officielle dans laquelle je fixais les conditions d’un accord préalable à notre participation à la primaire. Je n’ai jamais eu de réponse. Ni de lui ni de personne. Les divisions internes chez Les Républicains sont trop fortes. Que ce soit Sarkozy ou les candidats à ce jour déclarés (Juppé, Fillon, Le Maire…), aucun ne semble en mesure d’avoir une ligne claire avec le centre. Ils sont trop préoccupés par leurs ambitions, leurs aigreurs et leurs rancunes pour se mettre d’accord. Tous disent qu’ils veulent travailler avec nous, mais ce ne sont que des mots. Ou alors ils veulent attendre le résultat de la primaire, ce qui est trop tard. Dans ces conditions, la primaire de la droite aura lieu sans nous. » (8 mars 2016).

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Mais ce refus de participer à la primaire LR va se heurter à la décision de deux composantes au sein de l'UDI : d'une part, de l'Alliance centriste et d'aute part, du Nouveau centre.

Ayant quitté le Sénat pour le Parlement Européen, l’ancien Ministre des Finances Jean Arthuis, président de l’Alliance centriste, a déjà annoncé le 27 février 2016 sur Twitter sa candidature à la primaire des Républicains pour porter un projet centriste. Il réjouit ainsi les responsables LR (notamment Thierry Solère) qui peuvent qualifier leur primaire de "primaire de la droite et du centre".

Rival permanent de Jean-Christophe Lagarde depuis une dizaine d’années, Hervé Morin a réuni son Nouveau centre à Vendôme le 6 mars 2016 et a déjà annoncé qu’il fallait participer à la primaire des Républicains en incitant Jean-Louis Borloo à revenir en politique. Hervé Morin, comme les autres candidats centristes des dernières élections régionales, sont en fin de compte pour que l’UDI intègre carrément Les Républicains.

L’une des composantes sur laquelle Jean-Christophe Lagarde peut s’appuyer à l’UDI, le Parti radical, présidé par le maire de Nancy Laurent Hénart, souhaite une candidature UDI au premier tour de l’élection présidentielle afin de montrer son indépendance et son autonomie vis-à-vis des Républicains : « Il faut garantir le pluralisme parlementaire, qu’on ait à l’Assemblée comme au Sénat un groupe UDI incontournable sans lequel la majorité n’est pas possible. » ("L’Opinion" du 8 mars 2016).

Enfin, depuis le 13 septembre 2015, nourrissant l’amertume d’avoir été rejeté aux élections internes de l’UDI, l’ancien sous-ministre sarkozo-sarkozyste Yves Jégo a jeté son dévolu sur Bruno Le Maire, qui s’est déclaré candidat à la primaire à Vesoul le 23 février 2016, l’imaginant le meilleur moteur pour sa carrière future (en ne sachant pas que Nathalie Kosciusko-Morizet, qui est sans doute la responsable LR la plus proche du centre, vient de déclarer sa candidature ce 8 mars 2016). Yves Jégo a notamment expliqué : « Faute d’unité et de confiance entre ses principaux dirigeants, le parti végète et n’incarne rien de singulier (…) . L’absence de dialogue stratégique avec le MoDem et la dilution systématique de nos forces (…) dans le parti de Nicolas Sarkozy a terni notre image vis-à-vis de ceux qui espéraient un centre plus indépendant et ne supportent plus l’ultra-droitisation d’une partie de nos alliés. » (7 mars 2016). Étranges propos "autonomistes" qui concluent paradoxalement avec le soutien inconditionnel à Bruno Le Maire (LR) qui n’avait pas hésité à "droitiser" largement son discours lors de la campagne pour la présidence de l’UMP en automne 2014.

Et cela sans compter bien sûr sur Rama Yade qui, aigrie de ne pas avoir été choisie pour succéder à Jean-Louis Borloo à la présidence du Parti radical, n’a cessé d’initier des actions judiciaires et médiatiques contre ce parti qui, finalement, s’est décidé à l’exclure le 29 octobre 2015 (mais Hervé Morin serait d'aillers prêt à la repêcher).


Le risque du Front national

Le risque n’est moins que le FN soit présent du second tour que le candidat LR en soit absent. Or, la présence d’un candidat centriste handicaperait nécessairement le candidat LR, quel qu’il soit, dans sa tentative d’être qualifié au second tour.

Rappelons en effet que rien actuellement n’assure cette présence au second tour, ni celle du candidat LR ni celle de la candidate du FN ni enfin celle du candidat socialiste. Dans certains sondages, Alain Juppé arriverait même en tête du premier tour, et dans d’autres, François Hollande ferait jeu égal avec Nicolas Sarkozy derrière Marine Le Pen. Les sondages avant une campagne électorale n’ont certes pas beaucoup de sens, ne serait-ce que parce qu’il y a encore beaucoup d’inconnues sur la réalité des candidatures.


Pourquoi une candidature UDI ?

La problématique centriste est la suivante :

1. À l’heure actuelle, toute candidature centriste est vouée à l’échec tant à la primaire qu’à l’élection elle-même.

2. Une candidature de témoignage permet néanmoins, d’une part, de porter un projet spécifique (centriste, à savoir démocrate, social et européen). L’absence de candidat UDI à l’élection présidentielle signerait selon Laurent Hénart sa disparition du paysage politique : « Si on veut exister entre le PS et Les Républicains, non seulement il va falloir faire grandir l’UDI, mais en plus, il va falloir trouver la capacité à s’entendre avec le MoDem pour rassembler tous les progressistes sociaux européens. À un moment donné, si on ne veut pas être broyé par la montée du populisme, il faut à tout prix que l’on soit capable de se développer, d’ajuster nos différences politiques et de nous unir. » (8 mars 2016).

Ce que dit aussi Jean-Christophe Lagarde : « Nous avons une valeur ajoutée dans le débat.  À l’heure où tout le monde parle de défaire l’Europe, nous disons qu’il faut la parfaire, la fédérer davantage. Nous disons également qu’il faut libérer l’énergie française de son carcan d’impôts, de taxes et de règlements. Nous allons écrire un nouveau modèle français. » (8 mars 2016).

3. La candidature de témoignage permet, d’autre part, de mettre sur orbite un candidat centriste pour les prochaines années.

Ce dernier point est important : à part Martine Aubry qui a refusé tous les postes que François Hollande lui aurait proposés (notamment l’Éducation et les Affaires étrangères), tous les participants à la primaire socialiste d’octobre 2011 ont non seulement été bien servis dans les gouvernements mais ils ont structuré la génération suivante : Manuel Valls et Arnaud Montebourg sont les deux seuls leaders de leur génération au PS, et Ségolène Royal et Jean-Michel Baylet ont profité des retombées de l’élection de François Hollande. Ceux qui n’ont pas pris le train primaire sont arrivés sur des voies de garage : Pierre Moscovici, Benoît Hamon, Bertrand Delanoë, etc.

Ce n’est pas pour rien que cela se bouscule au portillon à la primaire chez Les Républicains, avec Bruno Le Maire, Jean-François Copé et Nathalie Kosciusko-Morizet qui souhaitent devenir incontournables pour les dix prochaines années. Xavier Bertrand, François Baroin et Laurent Wauquiez seront probablement victimes de leur absence de la primaire.

Une candidature centriste, autre que celle de François Bayrou, aurait des fortes probabilités de ne recueillir qu’un nombre très ridicule de voix. Elle ne pourrait s’envisager que dans le lancement d’une véritable stratégie présidentielle sur une décennie, comme c’était le cas pour François Bayrou lorsqu’il s’était présenté pour la première fois en 2002 (on lui prédisait autour de 3% et il avait finalement obtenu 6,8% ; cinq ans plus tard, il avait atteint 18,6%).

Dans cette perspective, le candidat qui serait le plus prometteur serait Jean-Christophe Lagarde, parce que le député-maire de Drancy est le plus neuf, le plus ambitieux et parmi les plus jeunes.

4. A contrario, l’absence de candidature UDI à l’élection présidentielle ferait de la formation centriste un ectoplasme inconsistant bon à prendre des postes sans forcément apporter quelque chose d’un point de vue programmatique.


Vers une reconstruction des centres ?

C’est aussi ce que dessinait entre les lignes Laurent Hénart : l’enjeu est moins l’échéance présidentielle de 2017 elle-même que les conditions d’un rassemblement de tous les centristes à l’issue de cette élection présidentielle.

Lors de l’élection présidentielle de 2002, l’UDF avait explosé avec la création de l’UMP et des centaines d’élus UDF (notamment les radicaux) avaient rejoint l’UMP sans comprendre que l’UMP ne pourrait être qu’un remake du RPR.

Les rares survivants de l’UDF s’étaient alors divisés lors de l’élection présidentielle suivante de 2007, car des centristes comme André Santini avaient soutenu dès le premier tour la candidature de Nicolas Sarkozy. L’échec de François Bayrou, malgré ses près de sept millions électeurs du premier tour, avait fini par faire exploser définitivement l’UDF en un Nouveau centre sans âme (la plupart des parlementaires UDF qui avaient besoin d’un soutien de l’UMP aux élections législatives) et le MoDem, un parti purement bayrouiste.

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L’échec de la stratégie de centre gauche de François Bayrou a abouti, après l’élection présidentielle de 2012, à une double reconstruction du centre : d’une part, le 22 octobre 2012, la création de l’UDI regroupant le Parti radical (les centristes de l’UMP), le Nouveau centre et d’autres groupuscules moins connus, et certains responsables du MoDem ; d’autre part, l’année suivante, le 5 novembre 2013, un accord électoral entre l’UDI et le MoDem (dit "L’Alternative") pour adopter une stratégie commune à toutes les élections.

"L’Alternative".est morte née dans la mesure où le retrait de Jean-Louis Borloo cinq mois plus tard et la haine que beaucoup d’adhérents de l’UDI nourrissent vis-à-vis de la personne de François Bayrou (coupable d’avoir soutenu François Hollande au second tour en 2012) ont été deux soucis insurmontables malgré le succès des listes communes aux élections européennes du 25 mai 2014.

Aujourd'hui, Jean-Christophe Lagarde veut préserver l'indépendance du centre dans le cadre d'une alliance avec Les Républicains : « Pour une coalition, il faut être deux. Aujourd’hui chez Les Républicains, ou hier à l’UMP ou au RPR, ils ont tous toujours le même logiciel caporaliste. En clair, c’est : "Nous décidons, vous exécutez". Mais l’union entre deux familles politiques, ça ne marche pas comme ça. J’ai adhéré à l’UDF lorsque j’avais 20 ans. Pendant quinze ans, j’ai assisté à des guerres intestines de petits chefs centristes toujours prêts à servir l’UMP par ambition. Cela a trop longtemps réduit le centre au silence. L’UDI, née il y a trois ans et demi de la volonté de Jean-Louis Borloo de refaire l’unité, ne sera la subordonnée de personne. (...) Je fais remarquer que lorsque la droite et le centre sont unis, nous gagnons. (...) À l’inverse, lorsque nous sommes divisés, nous perdons. Si l’opposition veut devenir, demain, majorité, Les Républicains doivent adopter la culture de la coalition, et certains centristes sortir de la soumission. » (8 mars 2016).


L’objectif 2017 est moins électoral que politique

Les dirigeants centristes doivent donc mettre tout en œuvre pour rassembler les deux composantes du centre à l’issue de l’élection présidentielle de 2017 voire rassembler toute cette majorité centrale progressiste sociale démocrate et européenne qui rejette la démagogie du repli sur soi et qui préfère l’optimisme du volontarisme d’une France forte de ses atouts dans une Europe forte de son histoire à des postures archaïques tant de droite (l’aile droite des Républicains) que de gauche (les frondeurs, la gauche de la gauche, etc.), des postures aussi contreproductives électoralement qu’inefficaces politiquement.

Ce rassemblement est donc bien entendu voué à accueillir en son sein (à l’instar de Jean-Marie Bockel) des socialistes modernes comme Emmanuel Macron qui ne sont pas reconnus comme un des leurs par leurs propres camarades du PS… Bref, tous ceux qui pensent que le génie français n’est pas fini et qu’il peut encore influencer durablement le monde contemporain devraient faire partie de cette majorité centrale capable tant de voter des réformes de bon sens pour favoriser l’emploi que de redonner un horizon politique à une nation en proie au doute et à l’expectative.


Aussi sur le blog.

Sylvain Rakotoarison (11 mars 2016)
http://www.rakotoarison.eu


Pour aller plus loin :
Un débat Jean-Christophe Lagarde vs Marine Le Pen ?
Jean-Christophe Lagarde.
Programme de l’UDI.
Rapport de forces pour 2017.
Tout est possible en 2017…
Mathématiques militantes.
Le nouveau paradigme.
Piège républicain.
L’UDI en piste pour la rénovation (18 octobre 2014).
L’après-Borloo (1).
L’après-Borloo (2).
Jean-Louis Borloo.
François Bayrou.
L’alliance UDI-MoDem.
La création de l’UDI.
La famille centriste.
Les listes centristes aux européennes de 2014.
Résultats des européennes de 2014.
Hervé Morin.
Le Nouveau centre.
Laurent Hénart.
Yves Jégo.
Jean Arthuis.
Rama Yade.
Les radicaux de gauche.

_yartiUDI2016A04


http://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20160307-UDI-centristes.html

http://www.agoravox.fr/actualites/politique/article/elysee-2017-pataques-chez-les-178640

http://rakotoarison.canalblog.com/archives/2016/03/11/33477960.html
 

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