« Il a aimé Marseille comme l’enfant qu’il n’a pas eu. » (Simone Orsoni, secrétaire particulière de Gaston Defferre, "Le Nouvel Observateur" du 3 novembre 2011). Première partie.
Ce samedi 7 mai 2016 est marqué par le trentième anniversaire de la mort brutale de Gaston Defferre à 75 ans à Marseille. Éléphant du PS, ancien ministre, maire omnipotent de Marseille, ancien résistant, ancien candidat à l’élection présidentielle, Gaston Defferre avait succombé à une dispute au sein de sa propre famille politique : la perte de son influence sur la très stratégique fédération des Bouches-du-Rhône l’avait littéralement terrassé.
Après avoir été mis en minorité dans la nuit du 5 au 6 mai 1986 au comité directeur par son éternel dauphin Michel Pezet pour la nomination du secrétaire fédéral, il eut un malaise après être rentré chez lui et fit une chute qui le blessa au cou et qui le plongea dans le coma irréversible.
Il reçut des funérailles nationales le 12 mai 1986 en présence du Président de la République François Mitterrand, du Premier Ministre Jacques Chirac, de la quasi-totalité du gouvernement (de cohabitation) dont Charles Pasqua et François Léotard, de Pierre Mauroy, de Laurent Fabius, de Lionel Jospin, de Jacques Chaban-Delmas et de deux cents parlementaires : « Un long cortège, sous un soleil de plomb, de la mairie, sur le port, à la cathédrale blanche et noire. Huit jeunes socialistes, deux filles, six garçons, issus de toutes les communautés, juive, noire, asiatique, arménienne de la ville, assurant une garde d’honneur du cercueil. À l’intérieur de l’église, une cérémonie multi-cultuelle. Je n’avais jamais vu, auparavant, alignés côte à côte, autant de pasteurs, de prêtres, de patriarches orthodoxes, de religieux maronites. J’ai trouvé cela plus qu’émouvant, symbolique de sa tolérance, de son ouverture. » (Michèle Cotta, le 12 mai 1986).
Il était l’une des rares voix politiques que l’humoriste Thierry Le Luron (mort la même année) avait daigné imiter (avec Jacques Chaban-Delmas, Valéry Giscard d’Estaing, François Mitterrand, Jacques Chirac, Georges Marchais et Edgar Faure). Le Luron était très sélectif dans ses choix et expliquait régulièrement pourquoi, par exemple, il refusait d’imiter Michel Rocard, pourtant facilement imitable.
La voix de Gaston Defferre aussi était facilement imitable, car à 70 ans, il parlait en mangeant beaucoup de ses mots. Bernard Tapie a même confié au lendemain de sa mort : « Il me racontait souvent qu’il était le seul à ne pas devoir préparer ses discours, puisque de toute façon, personne ne le comprenait. » ("Libération"). Il n’a pourtant pas été toujours un vieillard en politique. Il a été au contraire un jeune loup très ambitieux, comme beaucoup de vieux routard de la politique et une figure majeure de la vie politique française d'après-guerre.
Jeune avocat socialiste et résistant
Né le 14 septembre 1910 à Marsillargues dans une famille protestante des Cévennes, Gaston Defferre a partagé son enfance entre Nîmes et Dakar, ce qui lui a donné une attirance particulière pour le continent africain, avant d’aller poursuivre à Aix-en-Provence des études de droit pour devenir avocat. Il s’est inscrit en 1931 au barreau de Marseille (il a alors 21 ans) et fut introduit dans les milieux bourgeois de Marseille par son beau-frère André Cordesse, riche industriel du savon, futur président de la chambre de commerce de Marseille (en 1948), qui lui assura une clientèle aux revenus confortables.
En 1933, il s’engagea politiquement à Marseille en adhérant à la SFIO. Les maires de Marseille qui se succédèrent avant la Seconde Guerre mondiale furent radicaux ou socialistes avec le même type de majorité de gauche, mais les années 1930 ont vu un échauffement des esprits marseillais entre communistes et partisans des ligues d’extrême droite, du reste comme dans tout le pays. Le premier adjoint Simon Sabiani, député socialiste qui avait flirté avec les communistes à la fin de la Première Guerre mondiale, s’était jeté le 27 juillet 1936 après le début du Front populaire, dans les bras de Jacques Doriot et de son Parti populaire français (PPF).
Après la Débâcle, Gaston Defferre, en été 1940, s’est engagé dans la Résistance et a rejoint son camarade et collègue avocat Félix Gouin, député SFIO de Marseille et ami proche de Léon Blum (c’est Félix Gouin qui a défendu Léon Blum au procès de Riom au printemps 1942). Félix Gouin, qui avait refusé le 10 juillet 1940 les plein pouvoirs à Philippe Pétain (ils n’étaient que quatre-vingt parlementaires dans ce cas), a participé à la création du Comité d’action socialiste fondé par Daniel Mayer sur instruction de Léon Blum pour structurer les résistants socialistes (il y a eu des frictions avec Jean Moulin qui ne voulait pas la préservation des partis traditionnels d’avant-guerre et qui souhaitait que la vie politique d’après-guerre fût structurée par les mouvements de résistance).
Gaston Defferre fut parmi les premiers résistants à rejoindre le réseau d’un adjoint du colonel Passy, qui est devenu le réseau Brutus, et après l’arrestation de ses premiers dirigeants (dont Pierre Sudreau), il se retrouva à la tête nationale de ce réseau à partir de décembre 1943, succédant à André Boyer qui mourut le 4 avril 1945 en déportation à Nordhausen à l’âge de 36 ans.
La veille de l’arrestation de Jean Moulin, le 20 juin 1943, Gaston Defferre était à ses côtés à Lyon, comme il rencontra les principaux dirigeants de la France libre à Londres ou à Alger où il y fit allégeance à De Gaulle en octobre 1943 et refusa de siéger à l’Assemblée consultative provisoire, pour participer à la libération de Marseille. Il laissa sa première femme sympathisante communiste Andrée Aboulker (épousée le 13 septembre 1935) à cette mission du 7 novembre 1944 au 3 août 1945 (divorcée le 23 mars 1945).
Gaston Defferre a raconté qu’il est allé voir le préfet Amédée Buissière, préfet de police de Paris, car il voulait faire libérer un de ses compagnons : « La situation était surréaliste. Tous savaient qui j’étais, quel était mon rôle dans la Résistance. (…) Je ne m’attendais pas à être reçu comme un personnage officiel. ». C’était vers début 1944, à une époque où la défaite de l’Allemagne nazie ne faisait plus beaucoup de doutes.
Avant la Libération, Gaston Defferre milita pour créer un véritable parti travailliste en intégrant à la SFIO les résistants de différents mouvements, pour compenser la force militante du Parti communiste français, mais Léon Blum et Daniel Mayer refusèrent cette idée, voulant à tout prix préserver la SFIO.
Comme on le voit, Gaston Defferre n’avait rien à voir avec les fluctuations hésitantes de François Mitterrand sous l’Occupation, il était résolument socialiste et résolument résistant. En revanche, leur point commun, en dehors du métier d’avocat, était qu’il partageait une très haute ambition politique pour eux-mêmes et avaient l’intuition que la Résistance serait pour eux un exceptionnel accélérateur de carrière.
Ambitions marseillaises
Ce fut le cas ainsi pour Gaston Defferre qui n’hésita pas à prendre possession des principaux leviers du pouvoir local à la libération de Marseille le 21 août 1944 : le journal "Le Petit Provençal" qui était explicitement collaborationniste se retrouva le 22 août 1944 de manière fort peu orthodoxe sous son contrôle sous le nom de "Le Provençal" (avec Francis Leenhardt), mais aussi la fédération des Bouches-du-Rhône de la SFIO (il batailla contre son rival Pierre Ferri-Pisani et est devenu secrétaire fédéral en mars 1950).
Et aussi, évidemment, la mairie de Marseille : à l’âge de 33 ans, Gaston Defferre fut nommé président de la délégation municipale et donc maire de Marseille du 30 août 1944 au 27 novembre 1945. Il fut confirmé lors des élections municipales des 29 avril et 13 mai 1945 avec la victoire d’un rassemblement démocratique qui a inclus les communistes.
Il démissionna ensuite de cette présidence quand il se retrouva minoritaire face aux communistes qui avaient gagné les élections cantonales d’octobre 1945, et le communiste Jean Cristofol fut élu à sa place, réélu le 22 décembre 1946 à la suite des élections des 8 et 15 décembre 1946 où la liste de Gaston Defferre a fusionné avec celle des communistes entre les deux tours (Gaston Defferre a dû accepter de se retrouver deuxième sur la liste du communiste au second tour).
Gaston Defferre échoua aux élections municipales suivantes des 19 et 26 octobre 1947 et, en faisant abstenir les élus socialistes, a favorisé la victoire de l’avocat gaulliste Miche Carlini qu’il préférait à l’élection d’un communiste à la mairie. Il a dû attendre les élections municipales suivantes, le 3 mai 1953, pour enfin conquérir électoralement la mairie grâce à un front anticommuniste (SFIO, MRP, radicaux, gaullistes) alors que les communistes étaient arrivés en tête. En tout, Gaston Defferre resta trente-trois ans maire Marseille, sans cesse réélu du 9 mai 1953 jusqu’à sa mort le 7 mai 1986.
Maire autoritaire, n’hésitant pas à utiliser des services "extrapolitiques" (le "système Defferre" reposait sur la mairie, le journal et la fédération socialiste) dans une ville très particulière, Gaston Defferre, marié en troisièmes noces en 1973 avec l’écrivaine Edmonde Charles-Roux (qui vient de mourir le 20 janvier 2016 à 95 ans), ancienne résistante et engagée à la Légion étrangère, a aussi modelé selon sa vision la deuxième ville de France. Michel Pezet lui a reconnu ainsi les plages, le port, l’alimentation en eau des hôpitaux, et deux lignes de métro : « On lui doit les grands travaux d’aménagement de la ville. ».
Mais il contribua aussi à la séparation d’une partie nord pauvre et d’une partie sud riche, en raison de sa politique d’urbanisme. Refusant d’accueillir des rapatriés d’Algérie trop nombreux (300 000), Gaston Defferre déclara le 26 juillet 1962 dans une interview dans "L’Intransigeant" : « Français d’Algérie, allez vous faire réadapter ailleurs ! Il faut les pendre, les fusiller, les jeter à la mer. (…) Jamais je ne les recevrai dans ma cité ! » (à rapprocher des réactions concernant l’accueil des réfugiés syriens de nos jours).
Non seulement Gaston Defferre était propriétaire du journal socialiste "Le Provençal", mais également, à partir du 24 février 1971, du journal de droite "Le Méridional", ce qui lui permettait de contrôler toute la presse locale ! Les deux journaux ont fini par fusionner en 1997 sous le titre "La Provence", racheté par Hachette puis le groupe Hersant puis, le 16 juillet 2013 par Bernard Tapie…
Aux élections municipales de mars 1965, résolument anticommuniste et favorable à un centre gauche qui s’allierait à la droite modérée, il intégra le jeune Jean-Claude Gaudin (CNIP), l’actuel maire LR de Marseille, dans son équipe municipale. Une alliance de courte durée car il a dû se plier à la stratégie d’union de la gauche savamment imposée dans les années 1970 par François Mitterrand par une alliance avec les communistes et un rejet des centristes.
À ses dernières élections municipales en mars 1983, Gaston Defferre sauva son mandat de maire de justesse par une cuisine électorale particulièrement choquante : Ministre de l’Intérieur, il avait changé les règles électorales en découpant la ville en secteurs avantageusement répartis et gagna la mairie en obtenant globalement moins de voix que son rival Jean-Claude Gaudin (qui a dû attendre les élections municipales de juin 1995 pour gagner enfin la mairie).
Fin de règne à Marseille
Son biographe Gérard Unger, ancien directeur général adjoint de RMC, expliquait : « Defferre vieillissait, il ne voulait pas de successeur. Il avait un côté un peu autocratique. À la tête d’une ville comme d’une entreprise, il faut avoir du temps devant soi mais il ne faut pas non plus rester trop longtemps au risque de n’avoir plus rien à donner. À partir de la fin des années 1960, on sent un essoufflement, sauf dans le domaine culturel grâce à Edmonde Charles-Roux (…). Les mauvaises habitudes, il les avait purgées au début et, comme les mauvaises herbes, elles ont fini par revenir. (…) Defferre n’était pas un imaginatif mais il savait gérer. C’était un pragmatique. (…) Marseille était une ville en faillite plus souvent qu’à son tour. Entre 1953 et 1986, elle ne l’a jamais été parce que Defferre était un très bon gestionnaire. » (2 avril 2012).
Par anticommunisme, Gaston Defferre s’opposa très fermement à toutes les tentatives d’intercommunalité à Marseille (au contraire de sa rivale Lyon), refusant de travailler avec les maires communistes de la proche "banlieue". Il a fallu attendre début 2016 avant que la métropole Aix-Marseille-Provence fût instituée.
Par ailleurs, pour résister à la puissance du syndicat CGT des employés de la mairie, il privilégia le concurrent FO au point qu’on a beaucoup parle de cogestion (dont son successeur actuel est également accusé).
Eaux troubles
Quelques affaires ont émaillé son mandat de maire pendant qu’il était Ministre de l’Intérieur.
La principale fut le prétendu "suicide" (avec deux balles dans la tête) de René Lucet, le 4 mars 1982, nommé directeur de la caisse primaire centrale d’assurance maladie des Bouches-du-Rhône (3 300 agents) en juillet 1979 par le Premier Ministre Raymond Barre pour réduire les dépenses et le déficit de la Sécurité sociale : « Je vais mettre de l’ordre dans ce capharnaüm ! ».
Proche des milieux gaullistes (il aurait même été pressenti pour devenir Ministre des Affaires sociales) et militant FO (ce qui lui a valu la neutralité bienveillante de la municipalité de Marseille), René Lucet avait voulu notamment "normaliser" les relations avec une mutuelle proche de la CGT (« Je frappe le PC à la caisse ! ») et avait mis le doigt sur tout un système de fausses factures : des dizaines de milliards de francs détournés, une Ministre de la Solidarité nationale Nicolas Questiaux limogée le 29 juin 1982 (au bénéfice de Pierre Bérégovoy), vingt-sept agents de la municipalité de Marseille inculpés, etc.
Cette affaire aurait pu éclabousser Gaston Defferre (qui s’est montré très habile dans la gestion de ce scandale) et même François Mitterrand quelques mois avant les municipales de mars 1983 : « L’incendie a été circonscrit grâce à la volonté politique de Defferre et l’habilité administrative de Sanmarco. » (Gérard Unger).
D’autres affaires troublantes eurent lieu, comme l’assassinat du juge Pierre Michel le 21 octobre 1981 à Marseille et aussi le suicide du parrain marseillais Gaétan Zampa le 16 août 1984 en prison (accusé de l’assassinat du premier).
Carrière nationale sous la IVe République
Parallèlement à cette passion pour Marseille qui en fit un seigneur féodal pendant plus de trente ans, Gaston Defferre est parvenu à se hisser aux premiers rangs des responsabilités nationales. Élu député des Bouches-du-Rhône pour la première fois le 21 octobre 1945 (il avait alors 35 ans). Il fut constamment réélu sauf en novembre 1958. Il fut député du 21 octobre 1945 au 8 décembre 1958 et du 6 décembre 1962 au 24 juillet 1981 (entre 1981 et 1986, il fut ministre) et du 16 mars 1986 au 7 mai 1986.
Il fut très actif comme parlementaire. Les quelques exemples suivants très peu exhaustifs le montrent amplement. Le 27 septembre 1946, il déposa le rapport de la proposition de loi Denais tendant à assurer l’exercice du droit de réponse (n°1076). Le 1er juin 1948, il se fit nommer juré à la Haute Cour de justice (ordonnance du 18 novembre 1944). Le 4 février 1949, il déposa une proposition de loi tendant à réorganiser le régime de l’émission à Madagascar (n°6326).
Cette activité parlementaire très intense ainsi que son importance locale l’ont naturellement bombardé dans plusieurs gouvernements de la IVe République dès 1946.
Il fut nommé Secrétaire d’État chargé de l’Information dans le gouvernement de Félix Gouin du 26 janvier 1946 au 24 juin 1946, au cours duquel il fit adopter la loi de dévolution des biens des entreprises de presse ayant continué à paraître sous l’Occupation, puis Sous-Secrétaire d’État à la France d’Outre-mer dans le gouvernement de Léon Blum du 17 décembre 1946 au 22 janvier 1947, puis Ministre de la Marine marchande dans les gouvernements de René Pleven et d’Henri Queuille du 12 juillet 1950 au 10 juillet 1951, poste crucial pour conquérir la cité phocéenne, puis Ministre de la France d’Outre-mer dans le gouvernement de Guy Mollet du 1er février 1956 au 13 juin 1957.
Ce fut dans ses responsabilités sous Guy Mollet que Gaston Defferre s’illustra au niveau national en faisant adopter en première lecture le 20 mars 1956 la loi-cadre Defferre, à savoir, la loi n°56-619 du 23 juin 1956 relative aux mesures propres à assurer l’évolution des territoires relevant du Ministère de la France d’Outre-mer, à savoir des colonies françaises (sauf l’Algérie). Elle a permis une plus grande autonomie des pouvoirs locaux et un collège unique aux élections, supprimant la différenciation entre droit local et droit commun. Cette loi-cadre a évité que les autres colonies suivissent l’évolution tragique de l’Algérie. Dans la rédaction de ce texte essentiel, Gaston Defferre fut aidé par son directeur de cabinet, un autre amoureux de l’Afrique, un certain …Pierre Messmer.
Ascension nationale au sein de la SFIO
Cette importance prise au sein du gouvernement de Guy Mollet n’était pas un hasard (même s’il s’est opposé à la répression en Algérie), car lors du 38e congrès de la SFIO du 29 août au 1er septembre 1946 à Paris, alors que le MRP et le PCF avaient pris nettement de l’avance sur les socialistes dans les élections, Gaston Defferre avait présenté une motion très critique contre le secrétaire général sortant, Daniel Mayer, qui avait réanimé le parti en mars 1943 sur la lancée du Comité d’action socialiste.
Cela amena Guy Mollet à prendre la tête des socialistes lors du comité directeur du 4 septembre 1946 par 16 voix contre 14 en faveur du blumiste Auguste Laurent (l’influent maire de Lille). Il le resta jusqu’au congrès d’Issy-les-Moulineaux le 17 juillet 1969 organisé après la cinglante défaite présidentielle de Gaston Defferre.
Ce 29 août 1946, ce fut d’ailleurs, pour Léon Blum, le chant du cygne. Désavoué par les militants, il exprimait son incompréhension : « Quelque chose m’échappe dans ce qui se passe. Je ne comprends pas. Je m’épuise en vain depuis des jours et des jours à saisir clairement les causes, et surtout la proportion des causes avec les effets. Quelque chose reste inexplicable pour moi : une majorité des deux tiers s’est prononcée pour le rejet du rapport moral. (…) La motion de Guy Mollet parle "d’humanisme erroné". Je puis, je crois, me reconnaître sans un excès de vanité dans cette formule, quoique à ma connaissance, je n’aie jamais employé le mot d’humanisme, ou du moins, je ne l’aie jamais employé dans cette acception. J’ai simplement mis l’accent sur cette vérité qu’aucun de vous ne contestera, à savoir que dans la conception socialiste, l’individu n’est ni opprimé ni annulé, mais que tout au contraire, la fin dernière du socialisme est la libération intégrale de la personne humaine. » (discours au 38e congrès de la SFIO).
Bien qu’ayant participé à l’éviction de Daniel Mayer à la tête de la SFIO, Gaston Defferre se retrouva en opposition à la ligne directrice de Guy Mollet dès 1947. La crise de la CED (Communauté européenne de défense) rassembla ensuite les deux hommes, tous les deux ardents défenseurs de la construction européenne, au point de refuser d’entrer dans le gouvernement de son pourtant ami radical Pierre Mendès France.
Dans un prochain article, j’évoquerai les ambitions nationales et présidentielles du maire de Marseille.
Aussi sur le blog.
Sylvain Rakotoarison (06 mai 2016)
http://www.rakotoarison.eu
Pour aller plus loin :
Animal politique.
Front populaire.
Jean Jaurès.
Léon Blum.
Général De Gaulle.
Colonel de La Rocque.
Guy Mollet.
Maurice Faure.
Daniel Mayer.
Gaston Defferre.
Pierre Mendès France.
Jean-Jacques Servan-Schreiber.
Pierre Sudreau.
Pierre Messmer.
François Mitterrand.
Alain Poher.
Pierre Mauroy.
Jean Lecanuet.
Laurent Fabius.
Michel Rocard.
Marseille plus tard.
Congrès de Metz.
Les "Cahiers secrets" de Michèle Cotta.
http://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20160507-gaston-defferre.html
http://www.agoravox.fr/actualites/politique/article/gaston-defferre-le-monsieur-x-de-180617
http://rakotoarison.canalblog.com/archives/2016/05/06/33670518.html