« Robert Fabre apparaît véritablement sur le devant de la scène politique [à la] suite [d’une] scission (celle du Parti radical en 1971) et qu’il en sort à l’occasion d’une rupture (celle de l’union de la gauche en 1978). (…) Après avoir refusé en 1971 la "dérive droitière" du Parti radical nouvellement conquis par Jean-Jacques Servan-Schreiber, il refuse en 1978 la "dérive collectiviste" que tente d’imposer à la gauche unie le Parti communiste de Georges Marchais, entre temps il est celui qui aura inscrit le radicalisme dans la gauche française. » (Samuel Deguara, 11 juin 2016).
Il n’y a qu’une seule femme parmi les sept candidats à la primaire socialiste dont la liste a été officialisée le 17 décembre 2016. Il s’agit de Sylvia Pinel (39 ans), députée et ancienne ministre sous François Hollande (2012-2016), qui est depuis le 17 février 2016 la présidente du Parti radical de gauche, succédant à Jean-Michel Baylet nommé ministre, une succession confirmée par un vote interne le 3 septembre 2016.
Ce petit parti fut le résultat d’une scission de l’ancien grand Parti radical de la IIIe République, celui de Georges Clemenceau, de Joseph Caillaux, d’Édouard Herriot, de Pierre Mendès France, etc. Ce parti se divisa profondément lors de la politique d’union de la gauche. La tendance minoritaire, menée par Maurice Faure, quitta les instances officielles de ce parti radical pour créer un nouveau parti radical qui prit de nombreuses appellations (comme le MRG, Mouvement des radicaux de gauche) et qui se stabilisa en PRG, Parti radical de gauche, appellation que je conserverai pour plus de facilité malgré son "anachronisme".
Car je propose ici de présenter très succinctement la figure historique de Robert Fabre, le fondateur en quelque sorte de ce nouveau mouvement politique, qui est mort il y a exactement dix ans, le 23 décembre 2006 et il venait d’avoir 91 ans deux jours auparavant.
Coïncidence d’ailleurs, Robert Fabre est mort quelques semaines seulement après un autre "radical historique", Jean-Jacques Servan-Schreiber, qui fut le versant "de droite" des radicaux de l’époque.
Un notable de province
Né le 21 décembre 1915 à Villefranche-de-Rouergue, dans l’Aveyron, Robert Fabre fut avant tout un notable de province, pharmacien après des études à Toulouse, fils et petit-fils de pharmaciens : la pharmacie Fabre était très connue dans la région.
Petit-fils de Marcellin Fabre qui fut aussi maire de Villefranche-de-Rouergue de 1886 à 1889 et de 1892 à 1904, Robert Fabre fut maire de Villefranche-de-Rouergue pendant trente ans, de 1953 à 1983 (ce fut le député et pharmacien Jean Rigal qui lui succéda à la mairie, mis en avant par lui), conseiller général de 1955 à 1979, également vice-président du conseil régional de Midi-Pyrénées.
Ce fut à presque 47 ans que sa vie politique prit une tournure nationale en se faisant élire député en novembre 1962 et il fut réélu sans discontinuité jusqu’en septembre 1980. Il avait refusé de se porter candidat aux élections législatives de novembre 1958 contre Paul Ramadier, député SFIO sortant et maire de Decazeville, ancien Président du Conseil du 22 janvier 1947 au 19 novembre 1947, qu’il respectait beaucoup (Paul Ramadier fut battu). Et Robert Fabre a été battu le 26 avril 1959 aux élections sénatoriales (ce fut son seul échec électoral).
La gauche de l'union
Élu local qui ne fut jamais ministre, très bien implanté dans son Aveyron, Robert Fabre fut un personnage clef pour François Mitterrand dans la stratégie de ce dernier pour prendre le pouvoir par l’union de la gauche. Après avoir conquis le Parti socialiste au congrès d’Épinay-sur-Seine le 13 juin 1971, il voulait conquérir la "gauche" (donc essentiellement le PCF) avant de conquérir l’Élysée. Mais un face-à-face avec Georges Marchais, redoutable secrétaire général du Parti communiste français, fort de la belle performance présidentielle de Jacques Duclos, aurait rendu François Mitterrand trop transparent avec ses arrière-pensées. En soutenant une alliance à trois, avec un troisième parti, il pouvait tenter de démontrer sa sincérité par cette démarche collective.
Si le Parti radical fut historiquement toujours un allié des socialistes, à l’époque de la SFIO, déjà sous Édouard Herriot lors du Cartel des gauches, et bien sûr aussi sous le Front populaire de Léon Blum, il fut en revanche profondément anticommuniste.
Or, l’idée de François Mitterrand de rassembler toutes les gauches, y compris les communistes, était très difficile à mettre en œuvre en raison de cette ligne de fracture au sein de cette gauche. Cette idée de François Mitterrand était la conséquence directe d’une analyse qui s’est avérée pertinente sur la bipolarisation de la vie politique clivée par le second tour de l’élection présidentielle au suffrage universel direct. Dans son esprit, sans cette union de la gauche, il serait impossible d’être élu Président de la République "par la gauche".
Divisions radicales
La ligne de fracture s’est esquissée également au sein des radicaux. Maurice Faure, qui présidait le Parti radical, était un proche ami de François Mitterrand à l’époque de la IVe République et avait accepté l’organisation, au sein du Parti radical, du Groupe d’études et d’action radical-socialiste (GEARS) fondé le 17 novembre 1971, peu après le congrès d’Épinay, qui rassemblait les radicaux opposés à la stratégie de Jean-Jacques Servan-Schreiber préférant une alliance centriste à une union de la gauche.
L’idée de JJSS, c’était de créer un mouvement des réformateurs composé de deux pôles, les radicaux et les démocrates-chrétiens du Centre démocrate de Jean Lecanuet (dont l’origine était le MRP) pour faire pression sur le mouvement gaulliste d’une part, et sur les républicains indépendants de Valéry Giscard d’Estaing d’autre part (ce fut finalement l’idée d’origine de l’UDF en mars 1978).
Dans les faits, JJSS s’est avant tout montré très hostile aux socialistes, au point que lorsqu’il s’est fait élire député de Nancy, il a dû être non-inscrit, alors secrétaire général du Parti radical, tandis que Maurice Faure, président du Parti radical, fut apparenté au groupe socialiste à l’Assemblée Nationale (de nombreux socialistes étaient prêts à démissionner en cas d’intégration de JJSS dans leur groupe socialiste). Cela donnait une idée de la division des radicaux où les deux premiers dirigeants avaient des inscriptions politiques différentes dans leur travail parlementaire !
Les radicaux du GEARS, au contraire de JJSS, craignaient de perdre leur autonomie dans une stratégie centriste. On peut aussi ajouter qu’il y avait une rivalité traditionnelle entre les "centristes" du Centre démocrate, considérés comme des "démocrates-chrétiens" et les radicaux qui, historiquement, furent les promoteurs de la laïcité et pour beaucoup, étaient des "anticléricaux".
Parmi les membres du GEARS, il y avait Maurice Faure, Robert Fabre, qui en prit la présidence, François Loncle, le secrétaire (il fut ensuite ministre sous François Mitterrand), Michel Crépeau (maire de La Rochelle qui fut candidat du MRG à l’élection présidentielle du 26 avril 1981, également futur ministre), Henri Caillavet, François Luchaire (constitutionnaliste) et Michel Durafour (qui fut ministre sous Valéry Giscard d’Estaing et sous François Mitterrand).
Programme commun de la gauche
Le 12 juillet 1972, au salon de l’Aiglon de l’hôtel Continental, ce fut la présentation officielle à la presse du "programme commun de la gauche" (signé le 27 juin 1972). Trois personnes représentèrent pendant plusieurs années cette stratégie : François Mitterrand (PS), Georges Marchais (PCF) et Robert Fabre (MRG). Dès le 19 juillet 1972, les "radicaux de gauche" furent exclus du Parti radical. Ils créèrent ainsi le Mouvement de la Gauche radicale-socialiste le 4 octobre 1972 qui est devenu Mouvement des radicaux de gauche le 2 décembre 1973. Son président fut Robert Fabre.
S’amusant à composer un gouvernement qui serait dirigé par François Mitterrand dans le cas d’une victoire de l’union de la gauche aux élections législatives de mars 1973, Maurice Faure (jouant avec la journaliste Michèle Cotta le 18 janvier 1973) voyait Robert Fabre à l’Intérieur, Guy Mollet à la Justice, Gaston Defferre aux Finances, Roland Leroy à l’Éducation nationale, Pierre Mauroy à la Défense et imaginait en secrétaires d’État Jean-Pierre Chevènement, Pierre Joxe et Claude Estier. À part Robert Fabre, Roland Leroy et Claude Estier, tous les autres cités ici furent ministres sous François Mitterrand.
L’intérêt d’être à trois, François Mitterrand l’a saisi très vite en faisant semblant de "présider" les conférences de presse à trois (Mitterrand, Marchais, Fabre), en animant le groupe, donnant la parole à ses deux compères, leur demandant leur avis, etc., ce qui lui donnait rapidement un ascendant et un style présidentiel sur Georges Marchais. Le 22 janvier 1973, Michèle Cotta a remarqué dans son journal : « Contrairement au duo Lecanuet-Servan-Schreiber, ils n’ont pas le moins du monde l’air de souffrir du voisinage l’un de l’autre. ». Aux élections législatives de mars 1973, Robert Fabre a réussi à faire élire 13 députés radicaux de gauche.
Lors d’une autre de ces conférences de presse, le 21 janvier 1974, Michèle Cotta a noté : « Robert Fabre, qui porte toujours beau, quoique, dans ces réunions, il n’apparaisse jamais que comme une sorte de figurant. ». L’échec de François Mitterrand à l’élection présidentielle de 1974 fut en fait un succès politique pour ce dernier : candidat unique de la gauche qui a failli gagner face à Valéry Giscard d’Estaing à quelques centaines de milliers de voix près, il a pu prouver que sa stratégie d’union était la bonne dans le cadre de ces institutions.
Malgré l’union de la gauche, Robert Fabre a vu d’un œil bienveillant l’élection de Valéry Giscard d’Estaing à la Présidence de la République qui allait (vainement) chercher une troisième voie de gouvernement, entre socialisme et libéralisme. La démission du MRG du sénateur Henri Caillavet pour rejoindre les giscardiens a convaincu Robert Fabre de la nécessité de dialoguer. Ce fut donc un véritable scandale lorsque, le 30 septembre 1975, Robert Fabre se rendit à l’Élysée, à sa demande, pour s’entretenir avec Valéry Giscard d’Estaing.
La rupture
Six mois avant les élections législatives de mars 1978, nouvelle échéance pour faire gagner l’union de la gauche, ce fut la rupture sur la réactualisation du programme commun qui avait été rédigé il y a cinq ans déjà.
Dans la nuit du 22 au 23 septembre 1977, après plusieurs jours de négociations éreintantes, le constat d’échec fut formalisé. François Mitterrand : « Votre conception des nationalisations s’intègre dans une conception de la société future qui n’est pas la nôtre. Constatons que nous ne parlons pas de la même chose. ». Georges Marchais : « On ne pourra continuer d’avancer que si nous ne reculons pas. Vous reculez sans arrêt ! ».
Étrangement, l’image de cette rupture fut donnée par le "figurant" Robert Fabre qui, dès le début des négociations, le 14 septembre 1977, poussa un véritable "coup de gueule". Faisant la une des journaux, on l’a vu ainsi bousculer Georges Marchais et prendre son micro en direct du journal de 20 heures, en lui disant : « Laisse-moi passer, c’est moi qui parle le premier ! ». L’idée était d’annoncer lui-même l’échec des négociations sur la réactualisation du programme commun.
À la fin de l’après-midi, Robert Fabre avait claqué la porte des négociations. Michèle Cotta a décrit la scène : « D’emblée, l’impasse semble totale : entre les communistes qui proposent la nationalisation d’un nombre impressionnant de filiales, les socialistes qui répètent : "Tout le programme commun, mais rien que le programme commun", et les radicaux qui ne cessent de penser aux PME, il n’y a pas de voie de conciliation. Du coup, Robert Fabre demande une interruption de séance : les radicaux veulent interrompre ce sommet. Ils décident de le quitter avec fracas dans le but, spectaculaire, non de rompre définitivement, mais d’appeler tous les partenaires à la réflexion. ».
L’après-rupture
L’après-rupture du programme commun de la gauche fut difficile à assumer pour les radicaux de gauche en vue des investitures aux élections législatives de mars 1978 car cela nécessitait de se remettre totalement à la bonne volonté de François Mitterrand.
Michèle Cotta, qui a rencontré le 9 novembre 1977 Robert Fabre (« cheveux grisonnants et accent chantant de l’Aveyron ») en a fait état : « Robert Fabre (…) me parle de sa position, plus inconfortable qu’il n’en paraît : il est à la droite de la gauche, et à la gauche du centre. Il croyait qu’il lui serait facile de conclure des accords électoraux avec le PS. Il a dû au contraire batailler ferme pour tenter d’obtenir les coudées franches dans 34 circonscriptions, avec 34 candidats radicaux soutenus dès le premier tour par les socialistes, donc en position d’être élus. ».
Pendant cette période, les giscardiens n’ont pas cessé de faire des appels du pied aux radicaux de gauche pour rejoindre Valéry Giscard d’Estaing. Jean François-Poncet, alors Secrétaire Général de l’Élysée, est venu ainsi proposer ses services le 15 septembre 1977 à Maurice Faure : « Si les radicaux ont des problèmes électoraux, nous pouvons les résoudre ! ».
Le 9 novembre 1977, Robert Fabre aussi imagina la possibilité de se rallier aux giscardiens, pour la rejeter aussitôt : « Les ouvertures ont été multiples. Si j’avais voulu négocier avec la majorité, je l’aurais fait. Je n’ai pas voulu jouer les Brousse. ». [Pierre Brousse fut un sénateur radical rallié nommé ensuite Ministre du Commerce et de l’Artisanat du 29 août 1976 au 29 mars 1977].
Michèle Cotta de conclure ainsi dans ses carnets : « À 61 ans, voilà donc ce petit pharmacien de Villefranche-de-Rouergue devenu une sorte de sage de la gauche. Avec une espérance : celle de faire du parti radical de gauche la formation d’appoint d’une éventuelle nouvelle majorité de gauche l’année prochaine. ».
Aux élections législatives de mars 1978, 10 députés radicaux de gauche furent finalement élus (dont Maurice Faure, Michel Crépeau, Robert Fabre, Jean-Michel Baylet et François Abadie).
Au soir du second tour, le 19 mars 1978, qui fut un échec pour la gauche, depuis sa mairie de Villefranche-de-Rouergue, Robert Fabre formalisa la mort de l’union de la gauche, comme un huissier désireux de retrouver sa liberté. Le 14 mai 1978, il quitta la présidence du MRG au congrès de Paris (Michel Crépeau lui succéda).
Robert Fabre voulait également fédérer autour de lui des "gaullistes de gauche" comme Jean Charbonnel, ce qui n’était pas du goût des socialistes. La rupture entre lui et les socialistes a eu lieu finalement en septembre 1978 quand Valéry Giscard d’Estaing lui a proposé une mission parlementaire sur l’emploi qu’il l’a acceptée. Exclu du Mouvement des radicaux de gauche, Robert Fabre fut alors député non-inscrit jusqu’à sa démission en septembre 1980 et créa la Fédération de la démocratie radicale.
Des responsabilités institutionnelles
Démissionner du Palais-Bourbon ? En effet, Robert Fabre fut nommé le 19 septembre 1980 par le Président Valéry Giscard d’Estaing dans la fonction très arbitrale de Médiateur de la République, une responsabilité inaugurée par Antoine Pinay le 30 janvier 1973 et, plus tard, après Robert Fabre, par Jacques Pelletier, Bernard Stasi, Jean-Paul Delevoye et intégrée dans une nouvelle fonction, "Défenseur des droits" inaugurée par Dominique Baudis et assumée aujourd’hui par Jacques Toubon.
Normalement, Robert Fabre aurait dû achever son mandat de six ans en septembre 1986. Mais très soucieux de récompenser ses amis, François Mitterrand, par l’intermédiaire de Louis Mermaz, Président de l’Assemblée Nationale, l’a fait nommer membre du Conseil Constitutionnel, où il siégea du 4 mars 1986 au 4 mars 1995 : « Cette dernière nomination doit s’interpréter comme un signal politique adressé par le Président Mitterrand pour dire qu’il lui était reconnaissant pour les années passées ensemble dans le combat de l’union de la gauche (…). Cette nomination aura valeur de réhabilitation. » (Samuel Deguara).
D’ailleurs, dans ce cadre de ses fidélités, François Mitterrand avait également nommé Médiateur de la République pour lui succéder Paul Legatte, son ancien compère de la Convention des institutions républicaines, que Robert Fabre a justement remplacé au Conseil Constitutionnel (Paul Legatte avait été nommé par Louis Mermaz le 11 mai 1983 à la mort d’Achille Peretti).
Comme on le voit, Robert Fabre a renoncé à toute action politique le jour où il a préféré les placards dorés de la République. Les radicaux de gauche lui en ont voulu d’avoir accepté la "décrispation" giscardienne à la poursuite de l’union de la gauche. François Mitterrand, non, car la présence de Robert Fabre l’avait beaucoup aidé entre 1971 et 1978.
Samuel Deguara a analysé le positionnement impossible de Robert Fabre à la fin des années 1970 et au début des années 1980 ainsi : « Il a souvent été reproché (…) à Robert Fabre de ne pas avoir su attendre : si son radicalisme ne l’avait pas poussé dès 1975 à ouvrir le dialogue avec Giscard d’Estaing et s’il n’avait pas annoncé son retrait de l’union de la gauche, n’aurait-il pas alors figuré en bonne place parmi les ministres du premier gouvernement de la gauche sous la Ve République ? ».
Hommage des radicaux de gauche
Même si les radicaux de gauche ont su le "réhabiliter" de son vivant, en le faisant président d’honneur de leur mouvement, il est quand même assez amusant de voir aujourd’hui les dirigeants des radicaux de gauche "récupérer" la figure de Robert Fabre à leur avantage. Ainsi, Jean-Michel Baylet a souvent déclaré qu’il avait eu deux pères en politique, Maurice Faure et Robert Fabre, en oubliant qu’il a eu une (vraie) mère, Évelyne Baylet, patronne de "La Dépêche du Midi" !
Quant à l’actuelle présidente du PRG, candidate à la primaire socialiste, Sylvia Pinel, "pouline" de Jean-Michel Baylet mais aussi nièce d’un sénateur du Tarn-et-Garonne (Pierre Tajan), elle n’a pas hésité, pour célébrer le centenaire de Robert Fabre, à venir à Villefranche-de-Rouergue le 11 juin 2016 et à rappeler que sa grand-mère lui avait offert le livre de Robert Fabre "Quelques baies de genièvre" (éd. Jean-Claude Lattès, 1976) dédicacé par l’auteur, lorsqu’elle a été élue, elle-même, députée en juin 2007 (à l’âge de 29 ans).
Sylvia Pinel a interprété ainsi la décision de Robert Fabre de s’engager dans l’union de la gauche : « Ce choix était audacieux dans le contexte de l’époque et au vu de la position centriste des radicaux, de s’unir aux socialistes et encore plus, bien sûr, aux communistes. Mais il l’a fait. Il l’a fait dans l’intérêt du radicalisme. Il l’a fait dans l’intérêt de la gauche. Il l‘a fait dans l’intérêt de la France. Il savait que la gauche devait s’unir pour avoir une chance d’exercer le pouvoir dans cette Ve République qu’il n’aimait guère. Mais c’est aussi un vrai radical, indépendant qui veut que son parti soit respecté, entendu et considéré pour les valeurs qu’il porte et pour les propositions qu’il formule. » (11 juin 2016).
Et de résumer ainsi la trajectoire politique : « Robert Fabre a su moderniser de manière audacieuse et pragmatique le radicalisme pour en faire le parti de la raison et de la liberté. » (11 juin 2016).
Sans héritage politique…
Aujourd’hui, que reste-t-il de l’action nationale de Robert Fabre ? Comme celle de Jean-Jacques Servan-Schreiber dans l’autre versant, c’est-à-dire, pas grand chose.
Car l’union de la gauche ne signifie aujourd’hui plus grand chose non plus. Ses anciens alliés socialistes sont très divisés (et le resteront), tant de manière externe (Emmanuel Macron, Jean-Luc Mélenchon) que de manière interne (primaire socialiste).
Samuel Deguara, secrétaire général du groupe RDSE au Sénat, est l’auteur d’une biographie sur Robert Fabre (éd. L’Harmattan) en 2003. Il a décrit la difficulté d’être radical dans un système bipolaire : « Sa profonde culture radicale et humaniste du dialogue, de l’indépendance et du pragmatisme l’amènera à rencontrer et à s’associer à des hommes politiques "classés" aussi bien à droite qu’à gauche. Or, dans une configuration politique où le manichéisme du clivage gauche/droite domine bien plus fortement encore qu’aujourd’hui, il n’échappera pas aux accusations de "trahison" et de "ralliement". ».
Il a synthétisé la vraie préoccupation de Robert Fabre : « Le "malaise radical" va alors s’exprimer avec force : comment exister dans un système dualiste où le radicalisme se situe des deux côtés de la fracture ? (…) L’originalité de Robert Fabre résidera dans une attitude politique de plus en plus en décalage avec les usages politiques du moment, dans la mesure où il tentera, fidèle en cela à ses convictions, de s’extraire de la bipolarisation pour exprimer au maximum son radicalisme : pourquoi s’opposer systématiquement sous prétexte qu’on appartient dans l’opposition ? ».
Nul doute qu’aujourd’hui, la traduction du radicalisme selon Robert Fabre se situerait dans les traces d’un ancien ministre… Emmanuel Macron, comme l’ont déjà rejoint les parlementaires PRG Philippe Esnol, Jacques Mézard et Alain Tourret, même si la plupart des élus du PRG ont décidé de soutenir Sylvia Pinel dans le cadre de la primaire socialiste.
Aussi sur le blog.
Sylvain Rakotoarison (23 décembre 2016)
http://www.rakotoarison.eu
Pour aller plus loin :
Robert Fabre.
Jean-Jacques Servan-Schreiber.
Maurice Faure.
Georges Marchais.
François Mitterrand.
Valéry Giscard d’Estaing.
Jean-Michel Baylet.
Jean Lecanuet.
Françoise Giroud.
Jean Charbonnel.
Jean François-Poncet.
http://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20161223-robert-fabre.html
http://www.agoravox.fr/actualites/politique/article/robert-fabre-le-troisieme-homme-187672
http://rakotoarison.canalblog.com/archives/2016/12/23/34705607.html
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