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30 janvier 2017 1 30 /01 /janvier /2017 06:04

Petit tour des candidatures à la candidature au premier tour de l’élection présidentielle française du 23 avril 2017. Septième partie : la primaire du Parti socialiste (fin).


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Le second tour de la primaire socialiste s’est déroulé ce dimanche 29 janvier 2017 sans le cafouillage des résultats du premier tour. Dès 20 heures 45, la tendance fut annoncée : Benoît Hamon l’a largement emporté sur Manuel Valls, frôlant le 60% (58,71% aux derniers résultats partiels). Cette victoire, largement prévisible depuis le 22 janvier 2017, a bénéficié également d’un (léger) regain de participation. À minuit, le seuil des 2 millions de votants a été dépassé (les derniers résultats partiels donnent au moins 2 037 563 votants). Cela reste encore très faible par rapport à la "primaire de la droite et du centre" (moins de la moitié), mais ce n’est cependant pas négligeable.


Petites réflexions sur le contexte de la primaire socialiste de janvier 2017

Si la participation au premier tour de la primaire socialiste a prêté à caution tant la communication officielle a été incertaine et hésitante le soir du 22 janvier 2017, on peut au moins connaître la réalité de l’audience des différents débats télévisés qui a été quand même assez remarquable.

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Faisons un petit rappel.

Premier débat du 12 janvier 2017 sur TF1 : 3,8 millions de téléspectateurs.
Deuxième débat du 15 janvier 2017 sur BFM-TV et i-Télé : 1,7 million de téléspectateurs.
Troisième débat du 19 janvier 2017 : sur France 2 : 3,1 : millions de téléspectateurs.
Participation revendiquée au premier tour du 22 janvier 2017 : 1,66 million de votants (exactement : 1 655 919 votants annoncés le 25 janvier 2017).
Quatrième débat (Hamon vs Valls) du 25 janvier 2017 : 5,5 millions de téléspectateurs.
Participation revendiquée au second tour du 29 janvier 2017 : 2,04 millions de votants (résultats partiels).

Autre comparaison.

On a dit, à juste titre, que les participants de la primaire socialiste de janvier 2017 n’étaient pas du même "niveau" qu la "primaire de la droite et du centre" de novembre 2016 qui, au-delà de six anciens ministres, avait fait participer un ancien Président de la République, deux anciens Premiers Ministres et quatre chefs ou anciens chefs de parti.

Pourtant, si l’on compare les sept participants de la primaire socialiste de janvier 2017 aux six participants de la primaire socialiste d’octobre 2011, il n’y a pas non plus "photo" : il y a plus de "poids lourds" politiques en 2017 qu’en 2011. Constat peut-être surprenant mais réel.

En octobre 2011, il n’y a eu aucun ancien Premier Ministre, seulement trois anciens ministres, dont seulement une à un poste important (Emploi), et trois chefs ou anciens chefs de parti. En janvier 2017, il y a un ancien Premier Ministre, cinq anciens ministres, dont quatre à des postes importants (Intérieur, Économie, Éducation), et une chef de parti (je ne considère pas comme un parti les groupuscules de Jean-Luc Bennahmias et François de Rugy).


Ce qui plaît chez Benoît Hamon

Au-delà de la campagne électorale, Benoît Hamon a bénéficié d’une mesure-phare qui a complètement polarisé la campagne de la primaire socialiste : le "revenu universel". Qu’on soit pour ou contre, toutes les discussions ont tourné autour de cette mesure très volontariste et ambitieuse, irresponsable pour les uns, audacieuse pour les autres. On ne reste pas indifférent face à une telle mesure. Benoît Hamon a forgé une réputation nouvelle en étant associé à cette mesure (pourtant pas si nouvelle que cela : Christine Boutin et même Dominique de Villepin en 2011 l’avaient déjà proposée).

Cette association idée/personne lui a donné une popularité naissante, un véritable attrait, au-delà de la curiosité, dans les meetings électoraux. Rien que les derniers, le 26 janvier 2017, Benoît Hamon a réuni 3 000 personnes à Montreuil (Manuel Valls 600 personnes à Alfortville) et le 27 janvier 2017, dernier jour de campagne, 4 à 5 000 personnes à Lille (ville de Martine Aubry qui a beaucoup mobilisé pour Benoît Hamon), tandis que Manuel Valls a réuni laborieusement quelques dizaines de personnes dans un bistrot de Neuves-Maisons, près de Nancy.

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L’argument de Manuel Valls, qui expliquait que si le PS voulait gagner, il faudrait qu’il soit désigné car lui seul pourrait gagner l’élection présidentielle, ne peut pas tenir : s’il n’est pas capable d’être désigné dans une primaire par quelques sympathisants du PS, comment pourrait-il gagner l’élection elle-même ? Ou encore, les faibles mobilisations à ses meetings, comparées aux salles pleines de son concurrent, sont un autre critère qui n’est pas en faveur de Manuel Valls.

Plus modestement, en mettant en ligne le programme des candidats sur Internet, j’ai pu constater qu’à ce jour, il y a plus de quatre fois plus d’internautes intéressés par le programme de Benoît Hamon que par celui de Manuel Valls (pour information, ils sont aussi deux fois plus nombreux que les internautes intéressés par le supposé programme d’Emmanuel Macron).


La force de Benoît Hamon

Benoît Hamon s’était beaucoup entraîné pour réussir le débat du 25 janvier 2017 au point qu’il a paru crédible même sur les sujets régaliens. Seul, le financement de son programme a montré de gigantesques lacunes qui lui seront d’ailleurs reprochées dans sa future campagne électorale.

Lors de sa déclaration de dimanche soir, Benoît Hamon a rendu hommage à la fois à Michel Rocard et à François Mitterrand (autant ratisser large) et il a également eu François Hollande au téléphone. Benoît Hamon a été invité à le rencontrer à l’Élysée la semaine qui suit.

L’institut Kantar-Sofres a publié ce 29 janvier 2017 pour le compte du journal "Le Figaro" et LCI un premier sondage (réalisé les 26 et 27 janvier 2017), après la boule puante contre François Fillon et en considérant Benoît Hamon comme désigné candidat. Et les résultats montreraient un "effet primaire" malgré sa faible participation : Benoît Hamon obtiendrait 15% d’intentions de vote …largement devant Jean-Luc Mélenchon qui n’aurait que 10%. Par ailleurs, mais ce n’est pas le sujet de cet article, Emmanuel Macron ferait jeu égal avec François Fillon : la place au second tour ne serait donc jamais acquise pour personne.

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Le soir de sa désignation, Benoît Hamon a déclaré qu’il allait discuter avec Jean-Luc Mélenchon et Yannick Jadot pour rassembler la "gauche" à l’élection présidentielle. Yannick Jadot pourrait facilement s’effacer derrière Benoît Hamon, d’une part, parce que Benoît Hamon défend des thèses compatibles avec les écologistes, d’autre part, parce qu’il rame beaucoup dans sa quête de parrainages pour pouvoir être candidat.

Jean-Luc Mélenchon est un candidat qui sera plus difficile à convaincre. Jusqu’à maintenant, il flirtait avec entre 12 et 14% d’intentions de vote, bien au-dessus d’un candidat socialiste pas encore désigné. Il se sentait donc en position de force pour réclamer un désistement du candidat socialiste à son profit, ce qui ne manquait pas d’irréalisme (comme si une primaire ne servait à rien !).

Maintenant que le rapport de forces commencerait à s’inverser dans les sondages, les injonctions de Jean-Luc Mélenchon pourraient se retourner contre lui et Benoît Hamon serait d’ailleurs très habile s’il décidait de négocier directement avec le Parti communiste français. Rappelons une fois encore que Jean-Luc Mélenchon est pleinement responsable de l’élection de François Hollande pour l’avoir élu et avoir appelé à l’élire dès le soir du premier tour le 22 avril 2012. Chaque électeur de François Hollande est forcément comptable de son quinquennat, quoi qu’on en dise !

Les partisans de Jean-Luc Mélenchon ont voulu expliquer que la victoire de Benoît Hamon était d’abord la défaite de Manuel Valls et que c’était la poursuite du "dégagisme" qui a sévi depuis l’élimination de Cécile Duflot, puis Nicolas Sarkozy, Alain Juppé, François Hollande et maintenant Manuel Valls. Jean-Luc Mélenchon devrait faire attention, il risque, lui aussi, d’être victime de ce vent de renouvellement qui avantage forcément des personnes nées à la fin des années De Gaulle sur des personnes nées quelques années après la Libération, celles de la fameuse génération du Baby-boom.


Parlons maintenant avec les nombres

Benoît Hamon peut revendiquer au moins 1,2 million d’électeurs qui ont choisi sa candidature au second tour, et près de 600 000 au premier tour. C’est beaucoup moins que lors de la désignation de François Fillon qui avait recueilli 1,9 million d’électeurs dès le premier tour et près de 3 millions d’électeurs au second tour. On voit qu’il y a un rapport de 3 entre les deux performances.

Mais Benoît Hamon peut quand même considérer sa légitimité de candidat à l’élection présidentielle beaucoup plus grande que celle des candidatures tant de Jean-Luc Mélenchon (son mouvement de la "France insoumise" a réuni environ 200 000 personnes) et d’Emmanuel Macron (En Marche a rassemblé environ 150 000 personnes). Il n’y a pas photo. J’ajoute que sa candidature est plus légitime, aussi, bien sûr, que celle de Marine Le Pen, malgré des sondages qui lui seraient plus favorables.


Les enfants terribles du PS

Benoît Hamon et Manuel Valls seront-ils les rivaux des dix prochaines années au sein du PS ? À condition que le PS existe toujours ? Manuel Valls, malgré l’amertume et la rancœur, a admis sa défaite dès 20 heures 53 par une déclaration qui a été tellement longue, que Benoît Hamon ne l’a pas attendu à 21 heures pour s’exprimer lui aussi. Première impolitesse du gagnant qui aurait pu attendre quelques minutes, la fin de l’allocution de son malheureux rival.

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Lorsque, trois quarts d’heure plus tard, Manuel Valls et Benoît Hamon sont venus se retrouver au siège du PS rue de Solferino pour une poignée de main sous la houlette du premier secrétaire Jean-Christophe Cambadélis, les sourires restaient crispés et les bouches muettes.

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Comment peut-on imaginer la "gauche de gouvernement", celle qui se revendique du réalisme, qu’elle puisse soutenir efficacement un vendeur de rêves alors que sur l’étalage voisin, on y vend du Macron ? Il va y avoir incontestablement un problème de sincérité ou de loyauté au sein du Parti socialiste.

Quant à Emmanuel Macron, qui semble faire jusqu’à maintenant un parcours "sans faute", il a renforcé sa crédibilité tant à droite qu’à gauche. Il risque néanmoins de lever ce que j’appellerais "l’indétermination d’Heisenberg" par la "réduction du paquet d’ondes" que pourrait constituer une future vague de soutiens socialistes, qui pourraient provenir de Ségolène Royal et d’autres socialistes proches de Manuel Valls (il a déjà reçu les soutien de Bernard Kouchner, Alain Minc, Jean-Pierre Mignard, etc.).


La campagne présidentielle va bientôt réellement démarrer

Avec l’échec de Manuel Valls et la renonciation de François Hollande (mais est-on vraiment sûr qu’il renonce ?), cette élection présidentielle 2017 est très différente des précédentes : en effet, aucun candidat ne sera directement le représentant du Président sortant. Et ce sera toute l’habileté d’Emmanuel Macron de parvenir à ne pas reprendre ce rôle de sortant, très ingrat, qui lui serait nécessairement fatal…


Aussi sur le blog.

Sylvain Rakotoarison (30 janvier 2017)
http://www.rakotoarison.eu


Pour aller plus loin :
Et si... ?
Second tour de la primaire socialiste du 29 janvier 2017.
Résultats du second tour de la primaire socialiste du 29 janvier 2017.
Quatrième débat de la primaire socialiste du 25 janvier 2017.
Premier tour de la primaire socialiste du 22 janvier 2017.
Communiqué du PS du 25 janvier 2017 sur les résultats du premier tour de la primaire PS.
Communiqué du PS du 23 janvier 2017 sur les résultats du premier tour de la primaire PS.
Résultats du premier tour de la primaire socialiste du 22 janvier 2017.
Comment voter à la primaire socialiste de janvier 2017 ?
Troisième débat de la primaire socialiste du 19 janvier 2017.
Deuxième débat de la primaire socialiste du 15 janvier 2017.
Premier débat de la primaire socialiste du 12 janvier 2017.
Jean-Christophe Cambadélis.
La primaire socialiste de janvier 2017.
L’élection présidentielle vue en janvier 2017.
Congrès de Reims de novembre 2008.
François Hollande.
Jean-Marc Ayrault.
Bernard Cazeneuve.
Emmanuel Macron.
Jean-Luc Mélenchon.
Manuel Valls.
Benoît Hamon.
Arnaud Montebourg.
Benoît Hamon.
Vincent Peillon.
Programme de Manuel Valls (à télécharger).
Programme de Benoît Hamon (à télécharger).
Programme d’Arnaud Montebourg (à télécharger).
Programme de Vincent Peillon (à télécharger).
Programme de François de Rugy (à télécharger).
Programme de Jean-Luc Bennahmias.
Programme de Sylvia Pinel (à télécharger).

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http://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20170129-prepresidentielle2017-ag.html

http://www.agoravox.fr/actualites/politique/article/premices-prepresidentielles-2017-7-189128

http://rakotoarison.canalblog.com/archives/2017/01/30/34854549.html


 

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