« L’extrême gauche et l’extrême droite se rejoignent dans un autoritarisme et une démagogie économiques qui achèveraient définitivement le pays. Pensez-vous une seconde que le retour au franc renforcerait la France ? En vérité, ce serait le chaos économique avec une remontée brutale des taux d’intérêts qui se répercuteraient sur tous les Français. » (François Fillon, le 7 mars 2017).
Le premier point des cent quarante-quatre propositions de la candidate Marine Le Pen à l’élection présidentielle présentées le 1er février 2017 (lisibles ici) remet en cause l’appartenance de la France à l’Union Européenne et à la zone euro. Quitter l’Europe provoquerait pourtant une véritable catastrophe économique et sociale pour les Français.
Marine Le Pen voudrait faire un référendum sur cette question alors qu’elle a été déjà tranchée le 20 septembre 1992 par 26 696 626 Français votants avec 51,0% de "oui".
La sortie de la zone euro aurait en effet des conséquences désastreuses sur le pouvoir d’achat des Français, notamment des salariés et des épargnants. C’est ce qu’en pense son concurrent François Fillon.
La valeur de la nouvelle monnaie serait dévaluée de 20% par rapport à l’euro que la France abandonnerait. Cela signifierait que les 100 francs ressuscités ne vaudraient plus que 80 euros. De nombreux prix augmenteraient automatiquement dépendant de l’euro ou du dollar : le litre d’essence passerait de 1,50 euro à 1,80 euro, beaucoup de biens d’importation (ordinateurs, smartphones) augmenteraient très fortement. La perte du pouvoir d’achat due à une sortie de la zone euro a été estimée à environ 2 000 euros par an et par Français.
La dette publique, actuellement de 2 200 milliards d’euros, exploserait en cas de sortie de la zone euro et de dévaluation de la nouvelle monnaie. Ce seraient les ménages français qui devraient alors payer l’augmentation car la France ne pourrait plus emprunter de l’argent sans auparavant avoir réduit drastiquement ses dépenses publiques ou augmenter massivement ses impôts et taxes pour financer les services publics.
Les taux d’intérêts s’enflammeraient en France en cas de sortie de la zone euro car de moins en moins d’organismes ne voudraient prêter à une France qui laisserait courir sa dette publique. Un crédit immobilier de 150 000 euros sur 15 ans coûterait 44 000 euros au lieu de 25 000 euros.
De même, les épargnants verraient leur épargne diminuer de 20%, soit une perte de 2 000 euros pour un livret d’épargne de 10 000 euros.
Les forts taux d’intérêts pénaliseraient également les entreprises qui ne pourraient plus emprunter et donc, ne pourraient plus investir ni créer des emplois, ce qui augmenterait le nombre de faillites. Il a été estimé à 500 000 emplois les pertes dues à une sortie de la zone euro.
Marine Le Pen laisse entendre que la sortie de l’Europe et de la zone euro rendrait la souveraineté à la France. C’est faux. C’est une illusion. Invité de France Inter le 30 mars 2017, le spécialiste des questions européennes Jean Quatremer a évalué à 3 secondes la durée de la souveraineté nationale : c’est le temps que mettait la Banque de France, avant la création de l’euro, pour augmenter ses taux directeurs quand la Deutsche Bank venait d’augmenter les siens… Une guerre commerciale dans laquelle la France serait seule et isolée est vouée à être perdue.
François Fillon, lors de son meeting le 7 mars 2017 à Orléans, a commenté ainsi le programme de Marine Le Pen : « Pensez-vous une seconde qu’en fermant nos frontières aux produits étrangers, les consommateurs français y trouveraient leur compte ? Pensez-vous une seconde qu’en renonçant à la politique agricole commune, notre agriculture, qui exporte largement ses produits en Europe, résisterait longtemps ? Pensez-vous qu’en revenant à la retraite à 60 ans, les retraités français auront une pension correcte ? La vérité, le programme du FN, c’est la faillite en six mois, et les premiers touchés seront les classes moyennes et populaires, les ouvriers, les agriculteurs et les petits épargnants. ».
François Fillon a d’ailleurs évalué à 150 milliards d’euros les dépenses publiques supplémentaires que proposent Marine Le Pen dans son programme.
Il l’avait déjà constaté le 29 janvier 2017 à la Villette à Paris : « Sortie de l’euro, abaissement de l’âge de la retraite à 60 ans, augmentation du salaire minimum, recrutement illimité de fonctionnaires : le programme du FN, c’est de la dépense publique à n’en plus finir, c’est le programme du parti communiste des années 70 ou celui du front de gauche ! (…) C’est une vieille politique de l’endettement irresponsable, des chèques en bois. C’est une politique de la ruine, ruine pour la France et pour les Français, pour les petits épargnants qui verront leurs économies partir en poussière, pour les petits patrons qui verront leurs charges sociales monter en flèche, pour toute notre économie qui sera attaquée de toutes parts par les nations du monde entier qui n’attendent que notre abaissement pour prendre notre place. ».
Lors de ce grand rassemblement, François Fillon avait rappelé quelques évidences : « Être une grande nation, ce n’est pas être isolé du monde, c’est avoir une position éminente dans la hiérarchie des puissances planétaires. C’est être capable de soutenir la comparaison. Le FN refuse toute comparaison et toute compétition, mais l’histoire du monde est un combat et faire cavalier seul, c’est la garantie de descendre en deuxième division. (…) Je veux une France qui fasse la course en tête. » (29 janvier 2017).
Il avait insisté sur le besoin de redonner de la liberté aux citoyens : « La vérité, vous la connaissez. Le parti du mouvement, c’est nous. Les conservateurs, c’est eux ! Ne nous laissons pas arrêter par la grande conjuration des impuissants. La France n’est pas à leur image. Elle n’a pas besoin de béquilles. Pas besoin de ceintures et de bretelles. Elle a l’énergie qu’il faut pour réussir seule. Nous avons besoin à la fois d’ordre et de mouvement. L’ordre, c’est l’attachement à nos valeurs, à nos principes, à ce qui nous constitue comme national comparable à nulle autre. Le mouvement, c’est l’opportunité de créer, de jouir des fruits de son travail, d’innover, d’inventer des façons d’agir et de s’organiser. Je veux une société de nouvelles libertés où chacun dans son entreprise, son administration, son association, se sent davantage maître de sa vie et plus utile aux autres. » (29 janvier 2017).
Et François Fillon d’en conclure : « Notre économie et notre système social sont au bord de la saturation. Mon diagnostic est lucide. Mes solutions sont réalistes. (…) Contre Madame Le Pen, je suis le rempart d’une France qui a du bon sens, une France qui veut se redresser et pas s’appauvrir derrière ses frontières. » (7 mars 2017).
Aussi sur le blog.
Sylvain Rakotoarison (07 avril 2017)
http://www.rakotoarison.eu
Pour aller plus loin :
Le nationalisme anti-européen de Marine Le Pen coûtera cher aux Français.
Marine Le Pen, est-elle si clean que ça ?
Que propose Marine Le Pen pour 2017 ?
Le programme de Marine Le Pen pour 2017 (à télécharger).
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Peuple et populismes.
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Mathématiques militantes.
http://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20170406-marine-le-pen.html
http://www.agoravox.fr/actualites/politique/article/marine-le-pen-et-son-nationalisme-191549
http://rakotoarison.canalblog.com/archives/2017/04/07/35141594.htmll
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