« Je n’ai jamais été [un ange] ! Quand il y a des embouteillages en ville et quand on m’enquiquine, je suis une personne parfaitement normale. Je peste, je réponds et j’assume le fait qu’il y a plein de choses que je n’aime pas ! » ("Le Figaro", le 3 octobre 2013).
Ce samedi 8 juillet 2017, l’actrice et humoriste Mimie Mathy fête son 60e anniversaire. Très connue par une série télévisée, Mimie Mathy soufre depuis sa naissance d’une achonodroplasie, c’est-à-dire que ses membres ne se sont pas développés normalement, elle ne mesure qu’un mètre trente-deux. Et alors ? Qu’est-ce qui l’empêche de vivre une vie comme une autre, sans être un animal de foire, sans être un être singulier dans la société indifférente ? Rien !
C’est cette joie de vivre qui transparaît dans toutes les prestations publiques de Mimie Mathy. Une insubmersible joie de vivre. Si bien que son sourire, son humilité aussi, peuvent désarmer les plus fermés des repliés. La joie de vivre est aussi indissociable d’un véritable courage social, celui de s’affirmer comme une personne humaine aussi riche et enrichissante qu’une autre, malgré les différences qui, en ce qui la concerne, sont très visibles mais chacun a ses propres singularités, certaines bien cachées au fond de l’âme et pas moins handicapantes.
Cette joie de vivre n’est pas venue tout seule. Elle a eu la chance d’avoir des parents qui ont voulu son épanouissement au lieu de son enfermement comme cela peut souvent arriver : « Évidemment, les gens me toisent dans la rue. Évidemment, j’ai pleuré sur ma différence. Évidemment, toutes mes copines ont roulé leur premier patin avant moi. Mais je ne crois que pas cela m’ait rendue méchante. Pourquoi ? Parce que, et je le dois à mes parents chéris, j’ai su tirer ma force de ma différence. De fait, aujourd’hui, si les gens se retournent sur moi, ce n’est plus parce que je suis petite, mais parce que je suis connue. » (3 octobre 2013).
Très vite, elle a trouvé sa vocation dans le spectacle ou l’animation. Ce fut Michel Fugain qui lui donna sa première chance à la fin des années 1970 à Nice.
Ce métier l’a tellement enthousiasmée qu’elle est partie pour Paris (elle était lyonnaise) pour, comme on dit, "percer". Elle s’est retrouvée chez Bouvard, dans son petit théâtre télévisé qui était une excellente école du spectacle, pendant les années 1980. Elle y croisa deux autres humoristes, Isabelle de Botton et Michèle Bernier avec lesquelles elle a formé "Les Filles", pour des spectacles comiques sur scène.
Au milieu des années 1990, la télévision l’a découverte. Un premier puis un second téléfilms ("Une nounou pas comme les autres"), où elle avait le principal rôle, ont fait un tabac d’audience. France 2 qui les a diffusés a alors détrôné la toute-puissance de TF1 avec un grand nombre de téléspectateurs : 12,8 millions le 19 janvier 1994 et 11,8 millions le 12 avril 1995.
Beau joueur, le directeur de la chaîne concurrente, TF1, lui a offert des fleurs et finalement, Mimie Mathy fut recrutée par TF1, plus reconnaissant que sa chaîne d’origine. Le 3 octobre 2013, elle a confié qu’elle touchait 250 000 euros par épisode, cachet à la baisse : « Je tiens d’ailleurs à préciser que pour que Joséphine continue au moins une année encore, j’ai baissé mon cachet. Ce sont tout de même trois cents personnes qui bossent sur cette série. » ("Le Figaro"). Elle préfère le franc-parler sur un sujet souvent tabou en France : « Entre ce que TF1 empoche, ce que je reverse aux impôts et ce que je donne aux associations et aux gens que j’aime, ce serait idiot de se sentir coupable. Aussi idiot que de faire de la langue de bois sur mon salaire. ».
Ce fut comme cela qu’est née la série télévisée "Joséphine ange gardien", dont la première diffusion a eu lieu le 15 décembre 1997 sur TF1, cela va faire vingt ans. Un succès qui s’est confirmé au fil des saisons (18 saisons ont été enregistrées, ce qui correspond à 86 épisodes !).
La trame de la série est assez ordinaire : un être d’exception s’implique dans la vie quotidienne de ses contemporains et résout leurs problèmes (psychologiques, matériels, etc.) grâce à une bonne dose d’humour, de finesse et de bon sens. Les milieux humains abordés permettent de décrire la société actuelle, ses difficultés, ses atouts, etc.
C’est un fil assez récurrent dans beaucoup de séries françaises : Victor Lanoux (qui vient de mourir) a joué le brocanteur rassembleur, Laurent Ournac le patron d’un camping qui rend les vacances magiques, Thierry Lhermitte le médecin hypertimide en Bretagne, Christian Rauth et Daniel Rialet le maire et le prêtre dans une redite plus complice de "Don Camillo", Gérard Klein l’instituteur qui résout les problèmes autant des parents que de ses élèves, etc.
Ce qui marche bien avec "Joséphien ange gardien", c’est la bonne humeur, l’optimisme, le côté très positif du personnage joué par Mimie Mathy. Elle est directement la représentante de Dieu et descend sur Terre avec un objectif humain très précis. Elle doit donc s’insérer socialement auprès de ses "clients" d’une manière ou d’une autre (elle se fait embaucher comme aide à domicile, ou infirmière dans un hôpital, etc.) et peut commencer à comprendre les enjeux relationnels, les problèmes psychologiques et à essayer de recoller les morceaux si nécessaires.
C’est vrai qu’il faut le dire : aimerait-on vraiment avoir une Joséphine dans ses parages ? Pas forcément, car pour comprendre, elle est obligée de poser plein de questions, de tirer les vers du nez, de fouiller un peu dans les âmes et dans les bureaux, les poubelles, etc. si bien que son attention pourrait se révélait vite intrusive. Mais c’est pour la bonne cause.
Bien sûr, comme elle est envoyée de Dieu, elle a des super-pouvoirs. Elle peut réussir une mayonnaise sans en connaître la recette ou ranger une chambre d’un simple claquement de doigts. Ou mieux, se téléporter, sans doute le plus efficace de ses super-pouvoirs, qui a toujours le don d’agacer ceux qu’elle essaie de suivre.
Avec cette série plébiscitée par les téléspectateurs, Mimie Mathy fait partie du cercle très restreint des personnalités les plus aimées des Français. Elle a été reconnue aussi par la profession de la télévision : elle a reçu trois 7 d’or de la meilleure comédienne de fiction, pour sa participation dans la série, en 1998, en 2000 et en 2003.
L’envers de la médaille, avec un tel succès d’audience dans une série télévisée, c’est que Mimie Mathy, qui a un vrai talent de comédienne, s’est emprisonnée elle-même dans ce rôle de Joséphine et c’est très difficile de le faire oublier et d’en sortir. On se souvient à quel point Peter Falk a perdu son jeu d’acteur (pourtant présent dans le grand film "Les ailes du désir" de Wim Wenders sorti le 17 mai 1987) en devenant le fameux lieutenant Columbo (69 épisodes diffusés entre le 20 février 1968 et le 30 janvier 2003, avec un arrêt entre 1978 et 1989).
En revanche, cela n’exclut pas de poursuivre son activité de one-man-show, ou plutôt, one-woman-show. En 2002, elle a inauguré un spectacle avec un grand succès qu’elle a renouvelé un peu partout en France, "J’adore papoter avec vous".
Le spectacle, coécrit par Muriel Robin (on ressent parfois son style), présente Mimie Mathy seule sur scène avec, derrière elle, une montagne de cartons. Le cadre : elle vient de déménager. Sur le plan technique, c’est très pratique puisque cela lui permet d’ouvrir au fil des sketchs certains cartons, lui permettant de sortir des accessoires sans retourner dans les coulisses.
Dans ce spectacle, elle se faisait régulièrement aider par un spectateur choisi au hasard dans la salle pour ranger quelques cartons, et ce fut même à cette occasion qu’elle a rencontré son futur mari : « Après le spectacle, tout le monde m’a demandé ce qui s’était passé sur scène parce que l’ambiance était devenue tout à coup très bizarre. En fait, c’était un coup de foudre ! On s’est revus trois semaines après. Et depuis, on ne s’est plus quittés. (…) Cela aurait pu être juste une rencontre, une aventure sans lendemain. Mais on a réussi à construire quelque chose de fort. On est mariés depuis huit ans, et je me réjouis chaque matin de me réveiller à ses côtés. Je m’interroge aussi parfois. Comment ce garçon de 1 mètre 86 a-t-il pu s’éprendre d’une fille de 1 mètre 32 comme moi ? Que m’a-t-il trouvé ? Pourquoi est-il toujours avec moi ? C’est sans doute ça l’amour… Parce que j’avais renoncé, en fait. Et c’est tout ça, et bien d’autres choses, que je raconte dans mon [nouveau] spectacle. » (3 octobre 2013).
Son nouveau spectacle (sur le même mode que le précédent) a commencé le 23 octobre 2013 au Théâtre de la Porte Saint-Martin, à Paris.
Puisque 60 ans peut être une étape pour certains, parfois la retraite (plus maintenant), j’espère que ce n’est pas le cas pour Mimie Mathy à qui je souhaite de continuer à faire rêver les Français avec sa magie d’ange un peu artisanale. Bon anniversaire, Mimie !
Aussi sur le blog.
Sylvain Rakotoarison (08 juillet 2017)
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Pour aller plus loin :
Mimie Mathy.
Victor Lanoux.
Robert Dalban.
Acting.
Disparition de Zsa Zsa Gabor, Michèle Morgan, Claude Gensac, Carrie Fisher et Debbie Reynolds (dessin).
Kirk Douglas.
Gisèle Casadesus.
Jean Gabin.
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Thierry Le Luron
Pierre Dac.
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Jean Cocteau.
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Michel Galabru.
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http://www.agoravox.fr/culture-loisirs/culture/article/mimie-mathy-et-la-difference-194855
http://rakotoarison.canalblog.com/archives/2017/07/08/35453693.html
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