« Leclerc, c’est le gaillard qui vient vous regarder d’un air méchant, vous écrase le pied en vous bousculant et vous chipe votre mouchoir. Au moment où vous allez vous rebiffer, vous vous apercevez qu’avec ce mouchoir, il a fait un service de table complet. Alors, vous ne dites rien et donnez votre chemise. » (Général Edgard de Larminat, compagnon de la Libération, l’un des premiers militaires français à rejoindre les Forces françaises libres le 30 juin 1940).
Il est des figures historique françaises qui ont acquis une très forte popularité, à la fois une forte notoriété, et une opinion très positive. Sans doute parce que de nombreuses avenues et boulevards ont pris son nom, même les jeunes générations en ont entendu parler.
Le général Philippe Leclerc de Hauteclocque, devenu maréchal de France à titre posthume le 23 août 1952 (par la loi n°52-811 du 11 juillet 1952), a trouvé la mort il y a soixante-dix ans, le 28 novembre 1947, à l’âge de 45 ans (il est né il y a cent quinze ans, le 22 novembre 1902). Un banal accident d’avion lors d’une mission d’inspection en Algérie. La météo prévoyait une tempête de sable, mais il avait connu pire, il a demandé à quand même décoller (douze personnes ont perdu la vie dans ce crash).
Une petite remarque sur le titre de "maréchal de France". Depuis 1185, il n’y a eu que 342 maréchaux de France. C’est une dignité d’État et pas un grade militaire. Le dernier maréchal de France vivant fut Alphonse Juin (1888-1967). Le dernier maréchal de France nommé, le 6 juin 1984 par le Président François Mitterrand, fut (à titre posthume) le général Pierre Kœnig (1898-1970), Ministre de la Défense et des Forces armées du 19 juin 1954 au 14 août 1954 (gouvernement de Pierre Mendès France) et du 23 février 1955 au 6 octobre 1955 (gouvernement d’Edgar Faure). Étrangement, le colonel Charles De Gaulle, qui ne fut jamais que nommé "général de brigade à titre provisoire" le 25 mai 1940, a toujours refusé aux gouvernements qui ont succédé au sien après sa démission en janvier 1946, d’avoir la formalisation de son grade de général : la mort mettra en conformité, lança en substance De Gaulle, qui refusa de toucher sa retraite de colonel et qui refusa encore plus fermement d’être promu maréchal de France (pour ne pas être comparé à Philippe Pétain).
La mort accidentelle de l’un des généraux les plus populaires de la Libération a bien sûr suscité des rumeurs, comme l’idée que ce ne fût pas un accident mais un assassinat ou même un complot (une rumeur fausse se répandit sur la présence d’un treizième cadavre dans les débris). On imagina l’implication possible des Britanniques alors que Leclerc venait inspecter une zone de gisements de pétrole sous influence française. Néanmoins, la thèse de l’accident est d’autant plus plausible que le général Leclerc avait, à de nombreuses reprises durant la guerre, demandé à voler malgré des conditions météorologiques particulièrement difficiles et que l’avion avait été aménagé avec une couchette, ce qui faisait contrepoids (en plus d’être surchargé). Leclerc n’avait pas peur de l’avion (au contraire de Staline, par exemple, qui se déplaçait très rarement dans les airs) et avait la baraka.
Philippe de Hauteclocque était issu d’une famille aristocrate catholique très aisée et très stricte. Lui-même était très strict sur le plan des valeurs et du comportement. Il avait reçu en cadeau de mariage un château, celui de Tailly, dont fut plus tard maire son fils Hubert (1927-2015), et l’un de ses (futurs) gendres fut, comme lui, compagnon de la Libération, Robert Galley (1921-2012), futur ministre et maire de Troyes (ce dernier se maria bien après la mort de son futur beau-père, le 26 octobre 1960).
Après une prépa à Ginette (Sainte-Geneviève à Versailles), il intégra Saint-Cyr en 1922 et en sortit deux ans plus tard parmi les cinq premiers. Il a poursuivi avec l’École d’application de la cavalerie de Saumur. 1925 fut donc pour lui une année particulière (il avait 22 ans), puisqu’il a fini ses études et qu’il s’est marié (le 10 août 1925).
Entre 1925 et 1940, il a eu différentes affectations qui l’ont amené à Trèves, au Maroc, etc. Il fut nommé instructeur à Saint-Cyr le 24 mai 1931, passa capitaine le 25 décembre 1934, et intégra l’École supérieure de guerre le 1er novembre 1938. Au début des années 1930, il a eu un accident de cheval et sa jambe fut broyée, ce qui rendit nécessaire l’utilisation d’une canne en permanence.
Il fut décoré dès le 20 décembre 1935 comme chevalier de la Légion d’honneur. Il termina Grand-croix le 8 mai 1945 et reçut dans sa carrière de nombreuses autres décorations comme compagnon de la Libération le 6 mars 1941, la médaille de la Résistance, la croix de guerre, etc. ainsi que des décorations étrangères.
Parce que sa tradition familiale le voulait, Leclerc était "d’origine maurassienne" mais comme Daniel Cordier au même moment (mai-juin 1940), Philippe de Hauteclocque s’éloigna de l’Action française, jugeant sévèrement le (faux) patriotisme de Charles Maurras acceptant de collaborer avec les Allemands. Le journaliste Jean Planchais (1922-2006) a analysé dans "Le Monde" du 30 novembre 1987 : « L’armistice, il ne l’accepte pas une seconde. Cet aristocrate de tradition n’est pas tenté un instant par le conservatisme triomphant dans la défaite. Pour lui, les choses sont simples et le resteront toujours : il n’accepte pas que la France soit battue. ».
Entre le 1er et le 15 juin 1940, Leclerc fut fait prisonnier deux fois et a réussi à s’échapper deux fois, et à chaque fois, il est reparti sur le front combattre. Repris prisonnier par les Allemands, il est parvenu à s’évader le 17 juin 1940, et, après avoir entendu un appel radiophonique de De Gaulle à la BBC, il a traversé la France à vélo, puis la péninsule Ibérique (à Perpignan le 11 juillet 1940, à Lisbonne le 17 juillet 1940), pour atteindre Londres le 24 juillet 1940 où il rencontra De Gaulle dès le 25 juillet 1940 : « Il y a quelques jours, caché dans un village de la France envahie, j’ai pu entendre, grâce au patriotisme d’un Français, la radio française de Londres. J’ai vivement ressenti, à ce moment-là, l’impression de réconfort donnée par les seules voix françaises encore libres. » (Leclerc, le 4 août 1940).
Prenant un pseudonyme provenant d’un patronyme picard très courant, le capitaine Philippe de Hauteclocque se fit appeler François Leclerc pour éviter de mettre en danger sa très nombreuse famille (ses deux parents, ses quatre frères et sœurs, son épouse, ses six enfants, etc.).
Le "courant" passant bien entre Leclerc et De Gaulle, ce dernier le nomma commandant le 31 juillet 1940 et lui donna pour mission de gagner l’Afrique équatoriale française. Il est parti le 6 août 1940 avec notamment René Pleven (1901-1993), futur chef du gouvernement sous la IVe République, et arriva à Lagos le 10 août 1940. Très rapidement, il rallia à la France libre le Cameroun (dont il devint gouverneur militaire le 28 août 1940), le Tchad (dont il devint aussi commandant militaire) et le Congo, sous la supervision politique du gouvernement général Félix Éboué (1884-1944).
Jean Planchais a décrit Leclerc ainsi : « On a souvent opposé le soldat au militaire, étant entendu que le militaire est un fonctionnaire chargé de la défense. Le soldat, lui, est un homme qui fait la guerre, sans forcément l’aimer, avec passion, compétence et surtout un certain nombre de règles qu’il a acceptées ou qu’il s’est données. Leclerc est un soldat chimiquement pur. Un grand fauve dont les impulsions sont dirigées et contenues par un code de valeurs très strictes. » (30 novembre 1987).
Le 8 octobre 1940, De Gaulle l’a promu colonel. Le 10 novembre 1940, Leclerc a réussi à "conquérir" le Gabon. Parmi ses subordonnés, le futur général Jacques Massu (1908-2002), commandant du IIe régiment de marche du Tchad, qui a suivi Leclerc en septembre 1945 à Saigon. Volontaire FFL engagé en 1943, l’acteur Jean Gabin fut lui aussi affecté dans la 2e DB et termina la guerre en janvier 1945 à Phalsbourg comme chef de chars. Deux autres des hommes de Leclerc, ce furent François Jacob, et aussi Jean-Bedel Bokassa.
À Badonviller le 24 novembre 1946, Leclerc a expliqué sa relation avec ses hommes : « Les gens que j’avais l’honneur de commander avaient commencé cinq ans avant au Tchad. Nous n’étions que quelques-uns. Et puis, notre effectif s’est toujours augmenté. Notre but, notre idéal, c’était de battre l’ennemi et de sauver le pays. Une entente parfaite s’était établie entre nous, de l’officier au deuxième classe, si bien que les ordres que j’avais à leur donner n’étaient pas des obligations mais des indications. Voilà la raison pour laquelle nous avons remporté ces succès. ».
Grâce à Leclerc, la France libre a pu avoir une base territoriale en Afrique (deux ans plus tard, De Gaulle s’installa à Alger le 30 mai 1943). Leclerc a continué à remonter vers le Nord en cherchant à conquérir la Libye. Il s’est attaqué à l’armée italienne en plein milieu du désert et sans équipements adéquats face à la chaleur. Pourtant, il a réussi à conquérir le fort de Koufra (1 200 Italiens face à 400 Français) le 28 février 1941 par surprise (et par audace et courage). Lui et ses hommes prêtèrent alors serment le 2 mars 1941 « de ne déposer les armes que lorsque nos belles couleurs [françaises] flotteront sur la cathédrale de Strasbourg ».
Les "deux France" l’ont traité très différemment : De Gaulle le nomma général de brigade le 10 août 1941 alors que le régime de Vichy l’a déchu de la nationalité française le 16 juin 1941 et l’a condamné à mort par contumace le 11 octobre 1941 (comme du reste De Gaulle). Le 25 mars 1942, Leclerc fut nommé commandant supérieur des troupes d’Afrique française libre. Il a atteint Tripoli le 25 janvier 1943. À partir de là, il s’associa en février 1943 à la 8e armée britannique pour affronter l’Africa Korps des nazis. Après quelques victoires, la division de Leclerc défila à Tunis le 20 avril 1943.
En fait, sa division ne s’est appelée division que le 30 mai 1943 (date à laquelle il fut promu général de division), puis "2e division blindée" le 24 août 1943. Au départ, elle était composée de bric et de broc et l’uniforme de Leclerc était tellement usé que ce fut l’armée britannique qui lui a fourni un nouvel uniforme français (il bricola sa visière de casquette avec du carton, et a récupéré ses deux étoiles de général en laiton d’un uniforme italien !). Jean Planchais a précisé : « Dans l’action, Leclerc (…) ne cesse de houspiller ses hommes. Il pousse les camions ensablés, comme plus tard, en Indochine, général d’armée, il se jette à l’eau pour dégager son hydravion d’un banc de sable. » (30 novembre 1987).
Un de ses hommes et biographe, le général Duplay, a pu témoigner : « Pour rassembler ces volontés impatientes, il en fallait une plus forte : ce fut celle de Leclerc. Autant par sa poigne que par la séduction de son ardeur et de sa compétence, il fit, en moins d’un an, de la 2e division blindée une force de près de 20 000 hommes disciplinés, rompus au maniement de leurs armes, s’estimant les uns les autres et prêts aux plus durs combats. ». Un autre proche, le général Vézinet, qui fut le chef d’état-major du chef de corps du régiment de marche du Tchad, a rappelé : « Le général Leclerc est trop grand pour avoir besoin d’être idéalisé. ».
Après une préparation minutieuse (et un passage en revue par De Gaulle lui-même le 7 avril 1944), cette division a rejoint la Grande-Bretagne le 22 avril 1944 pour combattre sous les ordres du général américain George S. Patton (1885-1945). Hélas, Leclerc n’a pas pu participer au Débarquement du 6 juin 1944, le mettant dans une colère folle. Il a dû attendre un mois et demi avant de débarquer en Normandie dans la nuit du 31 juillet au 1er août 1944 (sur la plage appelée Utah Beach à Saint-Martin-de-Varreville). Sa division libéra Alençon le 12 août 1944.
Mais Leclerc préféra garder ses forces pour libérer Paris. Les Américains, à l’origine, voulaient contourner Paris et ne pas perdre de temps avec la capitale française pour foncer vers l’Allemagne (une course de fond avec l’Armée rouge de l’Union Soviétique était engagée). Après le début de l’insurrection parisienne le 19 août 1944, et après l’insistance de De Gaulle, le général Dwight Eisenhower (1890-1969) accepta la marche de la 2e DB (chauffée à blanc) sur Paris le 22 août 1944.
Passant par Rambouillet, Jouy-en-Josas, Vélizy-Villacoublay et le Pont de Sèvres, Leclerc et ses troupes ont libéré Paris (reddition du gouverneur allemand Dietrich von Choltitz) le 25 août 1944, date célèbre du fameux discours de De Gaulle sur "Paris libéré" à l’Hôtel de Ville (alors que des tirs continuaient du côté de Notre-Dame de Paris). De Gaulle (qui a débarqué en Normandie le 14 juin 1944) avait rejoint les généraux Leclerc et Kœnig et ont défilé le 26 août 1944 aux Champs-Élysées.
Le film "Paris brûle-il ?", réalisé par René Clément et sorti le 26 octobre 1966, a raconté la grande épopée de la Libération de Paris avec une distribution exceptionnelle : Claude Rich dans le rôle de Leclerc, Kirk Douglas dans celui de Patton, Alain Delon devenu Jacques Chaban-Delmas, Michel Piccoli devenu Edgard Pisani, Bruno Cremer devenu Rol-Tanguy, et aussi Jean-Paul Belmondo, Jean-Pierre Cassel, Yves Montand, Anthony Perkins, Simone Signoret, Jean-Louis Trintignant, Pierre Vaneck, Daniel Gélin, Pierre Dux, Orson Welles, Glenn Ford, Bernard Fresson, etc. (même Frédéric Joliot-Curie fut parmi les personnages).
Après la libération de Paris et une très courte permission chez lui en Picardie (où il enrôla deux de ses fils âgés de 17 et 18 ans), Leclerc et sa division ont continué à marcher vers l’Allemagne. Dans les Vosges, Leclerc s’est efforcé en octobre 1944 à réduire les crimes nazis, notamment à Baccarat et Raon-l’Étape dont les populations auraient dû être déportées : « J’avertis officiellement le commandement allemand que je vais faire, au fur et à mesure, des constats et que je relève, chaque fois, les noms des officiers responsables. Quel que soit le nombre de semaines, de mois pendant lesquels l’Allemagne réussira encore à prolonger la guerre, elle devra bientôt s’incliner. J’emploierai tout mon poids à ce que justice soit faite. ».
Baccarat fut libéré le 31 octobre 1944, et Strasbourg le 23 novembre 1944, grâce à la 2e DB de Leclerc : « Maintenant, on peut crever ! ». La division était sous les ordres du général Jean de Lattre de Tassigny (1889-1952), commandant de la 1e armée française, avec qui Leclerc n’était pas en très bon terme. La division repassa sous commandement américain, se reposa à Châteauroux, participa à la libération de Royan, avant de repartir vers l’Allemagne. De Gaulle fut agacé le 22 décembre 1944 devant l’émissaire de Leclerc, lorsque Leclerc lui proposa, en raison du désordre de l’épuration, son aide pour maintenir l’ordre dans les communes : « Vous direz au général Leclerc que l’ordre intérieur de la France et de mon ressort et non du sien ! » (cité par Jean Planchais).
Pour l’anecdote, le chant de la Division Leclerc fut notamment dans son refrain : « Division de fer toujours en avant. Les gars de Leclerc passent en chantant. Jamais ils ne s’attardent, la victoire n’attend pas et chacun les regarde. » et l’avant-dernier couplet dit notamment : « Dans leur cœur, un seul amour au monde, notre pays qu’ils viennent délivrer. C’est pour eux tous dans un doux coin de France, la fiancée qui attend le retour, elle oubliera tous les jours de souffrance, quand la victoire lui rendra son amour. ».
Après une attente en Alsace, la Division Leclerc est entrée en Allemagne, a découvert l’abominable horreur de la Shoah, a accueilli les survivants français du camp de Dachau et s’est emparé du "nid d’aigle", le QG de Hitler à Berchtesgaden, en Bavière, du 5 au 10 mai 1945 (d’autres ont revendiqué l’arrivée en premier en ces lieux).
Douze prisonniers français de la Division Charlemagne, devenus Waffen-SS, ont été remis le 6 mai 1945 à la Division Leclerc par l’armée américaine. Deux jours plus tard, les douze en question avaient été fusillés, sans aucun jugement, par des militaires de la division. Il est aujourd’hui difficile de déterminer la responsabilité exacte dans ces exécutions : fût-ce un officier supérieur qui aurait mal interprété une boutade de Leclerc énervé qui a dit : « Débarrassez-moi de ces gens-là ! » ou s’agissait-il d’un ordre venu de Leclerc lui-même, complètement effondré et en colère par ce qu’il a vu dans les camps d’extermination ? Il fut en tout cas très secoué par cette découverte : « Rien n’approche cette abomination. Il faut que le monde sache et n’oublie jamais. ».
Après avoir été promu général de corps d’armée le 25 mai 1945, le général Leclerc a quitté sa division le 21 juin 1945 pour une autre mission périlleuse : celle de reconquérir (libérer) l’Indochine française, occupée par les Japonais depuis 1940. Mais la capitulation du Japon, le 15 août 1945 (les actes de capitulation furent signés le 2 septembre 1945, entre autres par Leclerc au nom de la France), a eu lieu avant le départ du Corps expéditionnaire français en Extrême-Orient créé pour l’occasion (dont il fut officiellement nommé commandant le 18 août 1945) et qui arriva à Ceylan le 22 août 1945 pour des objectifs qui ont changé. Lord Louis Mountbatten (1900-1979) annonça à Leclerc que les troupes françaises ne devaient pas encore débarquer en Indochine française qui devait être libérée par les troupes chinoises (au nord) et britanniques (au sud), selon les Accords de Potsdam signés le 2 août 1945.
Les troupes françaises n’ont pénétré en Indochine française que le 5 octobre 1945, et Leclerc découvrit une administration coloniale complètement détruite par l’occupant japonais depuis le 9 mars 1945 qui a suscité les proclamations d’indépendance du Cambodge, du Laos et du Vietnam (le 2 septembre 1945). Le roi Norodom Sihanouk (1922-2012) a fait rapidement rentrer le Cambodge sous influence française. Ce fut plus compliqué pour le Vietnam et les troupes françaises n’ont pu entrer à Hanoi que le 18 mars 1946 (rencontre entre Leclerc et Hô Chi Minh le 26 mars 1946). Enfin, les troupes françaises sont entrées au Laos en mai 1946 (la France signa le 27 août 1946 une convention pour la formation du Royaume du Laos, dans le cadre de l’Union française, pays qui accéda à l’indépendance le 19 juillet 1949).
Avec cette mission de reconquête du contrôle français en Indochine, Leclerc était bien conscient qu’il fallait une solution pacifique au conflit franco-vietniamien mais il ne fut pas entendu par son supérieur direct, l’amiral Thierry d’Argenlieu (1889-1964), haut-commissaire en Indochine française (également prêtre qui maria religieusement Philippe De Gaulle le 31 décembre 1947).
À sa demande, Leclerc fut rappelé en France et écarté de l’action directe le 12 juillet 1946 comme inspecteur des forces terrestres en Afrique du Nord. Promu général d’armée le 14 juillet 1946, il fut mobilisé par Léon Blum, alors chef du gouvernement provisoire, pour une dernière mission en Indochine.
Nommé inspecteur des forces terrestres, maritimes et aériennes en Afrique du Nord le 12 avril 1947, Philippe Leclerc de Hauteclocque (son nom officiel depuis le 17 novembre 1945) trouva la mort six mois plus tard au bord de son avion, le 28 novembre 1947.
Parce qu’il avait été sans doute le militaire français le plus adulé de France, pour sa foi en la lutte contre la fatalité et pour sa contribution décisive aux libérations de l’Afrique française, de Paris et de Strasbourg, à la demande de René Pleven, les députés votèrent le 29 novembre 1947 des obsèques nationales et son inhumation aux Invalides, près de Foch, de Vauban et de Turgot. Très rapidement, la vie de Leclerc s'est répandue, en particulier dans la littérature pour la jeunesse et même en bande dessinée pour enfants.
De Gaulle lui a rendu plusieurs fois hommage, et a déclaré notamment : « L’épopée de Leclerc, c’est, pour toujours, une des plus belles pages de notre histoire. » et aussi : « Enfants de France, rêvez d’être un jour des Leclerc, apprenez ce que vaut une libre volonté française ! ».
Je cite pour terminer la conclusion de la biographie de Jean Planchais dans "Le Monde" qui résume assez bien le soldat Leclerc : « Les héros meurent jeunes. Leclerc, homme de principes clairs, est un des rares hommes d’épée de son temps à n’avoir jamais manifesté ces troubles de conscience qui, de Vichy à Alger, ont agité les milieux militaires français. Et que les drames de la décolonisation feront surgir à nouveau. Une trajectoire obstinée, d’une pureté absolue. » (30 novembre 1987).
Aussi sur le blog.
Sylvain Rakotoarison (27 novembre 2017)
http://www.rakotoarison.eu
Pour aller plus loin :
"Le héros du désert", article de Jean Planchais dans "Le Monde" du 30 novembre 1987.
Archives de la Fondation Leclerc.
Archives de la Division Leclerc.
Robert Galley.
Daniel Cordier.
François Jacob.
Le maréchal Philippe Leclerc.
Le général Charles De Gaulle.
Le général Napoléon Bonaparte.
Le maréchal Philippe Pétain.
L’amiral Philippe De Gaulle.
Le général Marcel Bigeard.
Le général Pierre de Villiers.
Le Colonel de La Rocque.
Le colonel Émile Driant.
Pierre Laval.
Léon Blum.
http://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20171128-marechal-leclerc.html
https://www.agoravox.fr/actualites/citoyennete/article/philippe-leclerc-de-hauteclocque-199093
http://rakotoarison.canalblog.com/archives/2017/11/27/35904017.html