« Rien de plus logique, de plus naturel, que les votes et les actes des paysans dont on se plaint quelquefois, sans vouloir tenir compte de l’état d’infériorité intellectuelle où la société les maintient. Ces plaintes sont injustes, elles sont mal fondées, elles se retournent contre ceux qui les profèrent : elles sont le fait de l’organisation d’une société imprévoyante. Les paysans sont intellectuellement en arrière de quelques siècles sur la partie éclairée du pays. Oui, la distance est énorme, entre eux et nous qui avons reçu l’éducation classique et scientifique, même imparfaite, de nos jours ; qui avons appris à lire dans notre histoire ; nous qui parlons notre langue, tandis que, chose cruelle à dire, tant de nos compatriotes ne font encore que la balbutier. (…) [Le paysan] ne perçoit du monde extérieur, de la société où il vit, que des rumeurs, des légendes ; il est la proie des trompeurs et des habiles, il frappe sans le savoir le sein de la Révolution sa bienfaitrice ; il donne loyalement son impôt et son sang à une société pour laquelle il éprouve autant de crainte que de respect. Mais là se borne son rôle, et, si vous lui parlez principe, il ignore, et naturellement, il vous répond intérêt ! C’est justice ! C’est donc aux paysans qu’il faut s’adresser sans relâche, c’est eux qu’il faut relever et instruire. » (Discours à Bordeaux le 26 juin 1871). Première partie.
Bizarrement, cette tirade sur les paysans (très nombreux encore à l’époque, l’exode rural est balbutiant), qui votaient contre la République parce que pas assez instruits, fait un certain écho à un mot malheureux du futur Président Emmanuel Macron lorsqu’il évoquait l’illettrisme de certaines employées…
Il y a 180 ans, le 2 avril 1838, est né à Cahors celui qui aura fait basculer définitivement la France dans la République. C’est-à-dire Léon Gambetta. Ce n’était pas évident au XIXe siècle qui a connu neuf régimes politiques très différents, le consulat, les empires, les républiques, les monarchies absolues et constitutionnelle… Pas évident car le peuple français, passionné et parfois mouvant, et ses dirigeants à la tentation souvent autocratique, ont participé à cette instabilité.
Parce qu’il est mort relativement jeune, à Sèvres, à l’âge de 44 ans, le 31 décembre 1882, quelques minutes avant minuit, d’une manière assez mystérieuse (après s’être blessé la main le 27 novembre 1882 en tirant un coup d’un revolver qu’il manipulait, il était resté trop longtemps alité ce qui aurait provoqué une septicémie, certains évoquent aussi un diagnostic très tardif d’un cancer, son état de santé était mauvais depuis plusieurs années et la blessure, pourtant superficielle, aurait provoqué une inflammation que les médecins n’ont pas su maîtriser), Gambetta est devenu très rapidement un mythe républicain.
Son enterrement fut l’occasion de funérailles nationales grandioses à Paris, avec une grande pompe, une très nombreuse foule a suivi le cortège jusqu’au Père-Lachaise, où les officiels (dont Henri Brisson, le Président de la Chambre, et des ministres) ont prononcé des discours. Ses restes ont été enterrés à Nice mais le cœur est revenu à Paris le 11 novembre 1920, introduit dans une urne installée à l’entrée du Panthéon, juste au-dessus de la porte de la crypte. Rappelons que cette tradition très macabre de bipartition du corps était plus monarchique que républicaine et que le cœur de Voltaire, lui aussi, fut placé dans une urne qui est dans le château de Ferney, tandis que son corps, au Panthéon, a dû être détruit lors d’une révolution.
Non seulement il est mort jeune, mais Gambetta a très brièvement gouverné, bien moins longtemps encore que Pierre Mendès France. Gambetta représentait la force républicaine au moment où le Second Empire s’était effondré sous les bottes prussiennes en 1870. Gambetta voulait alors démontrer que la République était la force, la puissance, la résistance, et le maintien de la nation, au contraire de l’idée monarchique qui ne servait pas les intérêts du peuple. Adolphe Thiers, qui était à l’origine un orléaniste libéral (monarchiste modéré), a, lui aussi, évolué, dans son opposition à Napoléon III et s’est rangé à l’idée d’une République conservatrice, premier pas d’un consensus national derrière l’idée républicaine.
Léon Gambetta a vécu dans un contexte doublement pénalisant pour lui : d’une part, le peuple était encore majoritairement monarchiste et lui a contribué à le faire évoluer en quelques années, mais d’autre part, parallèlement à ses adversaires de l’Ordre moral, il avait aussi des adversaires parmi les républicains, profondément divisés entre opportunistes, modérés et radicaux (tous situés "à gauche"). Il faut imaginer Léon Gambetta, Jules Grévy (1807-1891) et Jules Ferry (1832-1893), trois leaders républicains incontestables du début de la IIIe République, plongés dans les mêmes querelles et rivalités parfois dérisoires que, à notre époque, par exemple, Valéry Giscard d’Estaing, Jacques Chirac, Raymond Barre, Édouard Balladur, etc. dans les années 1980 et 1990, ou encore Alain Juppé, Philippe Séguin, François Fillon, Nicolas Sarkozy, Jean-François Copé, etc. dans les années 2000 et 2010. À cela, il faut rajouter l’aiguillon que n’a jamais cessé d’être Clemenceau (1841-1929) pendant les trente-cinq premières années de la IIIe République, à peine plus jeune que Gambetta.
Gambetta était une très forte personnalité dotée d’une éloquence très efficace et redoutée. Et petit à l'école, ses camarades adoraient déjà l'écouter discourir. Sa coquetterie de ne vouloir être photographié que de son côté gauche provenait de la perte de l’œil droit quand il était enfant.
Après des études d’avocat, Gambetta commença à fréquenter, à l’âge de 25 ans, des élus et futurs élus de l’opposition sous le Second Empire, en particulier Émile Ollivier, Jules Favre et Jules Ferry. Recommandé par les députés Jules Favre et Adolphe Crémieux, il se fit connaître du grand public et notamment des républicains en octobre 1868 alors qu’il fut choisi pour défendre un journaliste qui voulait rendre hommage à un député qui s’était opposé au coup d’État du 2 décembre 1851 (et tué à cette occasion), et la plaidoirie de Gambetta fut une charge magistrale contre Napoléon III, ce qui le rendit très rapidement comme l’un des porte-parole des républicains. Il avait commencé sa plaidoirie ainsi : « Existe-t-il un moment où, sous prétexte de salut public, on puisse renverser la loi et traiter comme criminels ceux qui la défendent au péril de leur vie ? ». L’allure massive du personnage et son éloquence le rendirent très vite populaire.
Dans le "Dictionnaire des parlementaires français de 1789 à 1889", Adolphe Robert et Gaston Cougny ont décrit l’éloquence de Gambetta pendant ce procès : « Gambetta s’est élevé d’un coup à une hauteur qu’il ne devait guère dépasser. L’éclat tumultueux de sa voix, l’animation de son geste et jusqu’au débraillé de sa mise, tout dénotait en lui une inspiration violente et contribuait à produire un effet qui fut prodigieux. Vainement l’avocat impérial s’était écrié : "Mais, ce n’est plus de la plaidoirie !". Vainement le président avait essayé à plusieurs reprises d’interrompre et de modérer cette harangue passionnée : leurs efforts et leur langage se perdaient dans le tonnerre de l’organe de Gambetta et dans la précipitation impétueuse de son débit. "Ils ont voulu me fermer la bouche, disait l’avocat au sortir de l’audience, mais je les ai submergés". Quand il eut fini de parler, et que les cheveux en désordre, le front ruisselant de sueur, tout vibrant encore de son émotion, il retomba sur son banc, des salves d’applaudissements éclatèrent dans la salle, sur l’escalier du palais, et se répercutèrent dans la cour et dans la rue. Le lendemain, il ne fut question dans toute la presse que de cet immense succès. "Le Figaro" écrivait alors de Gambetta : "(…) Rien qu’à voir cette carrure large et solide, cette tête bien posée sur un cou puissant, ce poing vigoureux et fait pour marteler l’idée sur la barre, cet œil de cyclope où se concentrent toutes les lueurs d’une âme ardente, on comprend qu’on n’a pas devant soi un bavard vulgaire, mais bien plutôt un bon dogue de combat, de ceux qui dédaignent les roquets et se réservent pour les vrais coups de gueule". ».
Il fut donc élu député aux élections législatives de 1869, à Paris dans le quartier de Belleville dès le premier tour du 24 mai 1869 (avec 21 744 voix sur 38 083 votants) face à Hippolyte Carnot, et à Marseille au second tour du 7 juin 1869 (avec 12 868 voix sur 18 325 votants), face à Ferdinand de Lesseps (après désistement d’Adolphe Thiers présent au premier tour). À l’époque, il était possible de se présenter dans plusieurs circonscriptions, mais élu à plusieurs endroits, il fallait choisir la circonscription que le député voulait finalement représenter. Ce fut Marseille pour Gambetta, pour laisser élire à Paris le radical Henri Rochefort.
Sans vouloir à tout prix faire des comparaisons souvent incertaines, il y a un très léger air de ressemblance avec Jean-Luc Mélenchon sur deux points : une forte éloquence "cultivée" (mais Gambetta avait beaucoup plus de "coffre"), et aussi sur une certaine instabilité d’énergie (parfois fatigué et renonçant à intervenir). Le 24 avril 1870, il a écrit cette profession de foi qui résume bien les idées du jeune député : « Il faut dire, redire et prouver que pour nous, le triomphe de la démocratie fondée sur de libres institutions, c’est la sécurité et la prospérité assurées aux intérêts matériels, la garantie étendue à tous les droits, le respect de la propriété, la protection des droits sacrés et légitimes des travailleurs, l’amélioration et la moralisation des déshérités, sans atteinte, sans péril pour les favorisés de la fortune ou de l’intelligence. » (cité dans le dictionnaire déjà évoqué).
Le 19 juillet 1870, Napoléon III a déclaré la guerre à la Prusse. La défaite de Sedan et la capitulation de la France ainsi que Napoléon III fait prisonnier le 2 septembre 1870 enflammèrent le peuple parisien le lendemain. Ces événements mirent un point final au Second Empire.
Le 4 septembre 1870, au Corps législatif (la Chambre), au Palais-Bourbon, les députés républicains ont cherché à débattre dans le calme pour prononcer la déchéance de l’Empire. Adolphe Thiers, par prudence, ne voulait pas en parler explicitement et préférait juste donner le pouvoir à un comité de salut public. Jules Favre voulait formaliser la fin de l’empire tandis que Gambetta voulait proclamer clairement la République. La foule a investi l’hémicycle. Les députés ont été incapables de se mettre d’accord et la discussion devenait impossible. Gambetta a compris qu’il ne pouvait rien se passer dans ces lieux et proposa d’aller plutôt à l’Hôtel de Ville pour proclamer la République.
Ce qu’il fit en lisant cette déclaration : « Français ! Le peuple a devancé la Chambre, qui hésitait. Pour sauver la patrie en danger, il a demandé la République. Il a mis ses représentants non au pouvoir, mais au péril. La République a vaincu l’invasion de 1792, la République est proclamée. La Révolution est faite au nom du droit, du salut public. Citoyens, veillez sur la Cité qui vous est confiée ; demain, vous serez, avec l’armée, les vengeurs de la patrie ! ». Cette proclamation, outre Gambetta, fut cosignée notamment par Jules Ferry, Jules Favre, Jules Simon, Eugène Pelletan, Emmanuel Arago, Louis-Antoine Garnier-Pagès, Adolphe Crémieux, Ernest Picard et Joseph Magnin.
Le 4 septembre 1870 restera l’une des dates les plus marquantes de l’histoire de France, puisque c’est à partir de cette date que la France est devenue républicaine avec stabilité (à l’exception du régime de Pétain dont la nature non républicaine est plutôt admise). Et c’est la raison pour laquelle le nom de Gambetta restera associé à la République française. Un monument rappelle cet événement sur la Place de la République, réalisé par le sculpteur Léopold Morice (1846-1919).
À cette même date, un gouvernement de la Défense nationale a été constitué sous la Présidence du général Louis-Jules Trochu (1815-1876), gouverneur militaire de Paris. Léon Gambetta, numéro trois du gouvernement, y fut nommé Ministre de l’Intérieur (il avait alors 32 ans !), Jules Favre aux Affaires étrangères (et Vice-Président), Adolphe Crémieux à la Justice, Jules Simon à l’Instruction publique, Cultes et Beaux-arts, etc.
La situation était difficilement tenable : les Prussiens ont encerclé Paris le 18 septembre 1870 et ont démarré le siège. D’autres villes en province ont capitulé : Metz le 27 octobre 1870, Orléans le 3 décembre 1870, etc. Pour Gambetta, il s’agissait de préserver l’unité républicaine du territoire : « Le nom de République veut dire union intime de l’armée et du peuple pour la défense de la patrie. ».
Le 7 octobre 1870, Gambetta quitta Paris en ballon (offrant une belle image d’Épinal) pour mobiliser des troupes en province. Il arriva à Tours le 9 octobre 1870 en ajoutant à ses attributions celles de Ministre de la Guerre (on l’appela alors "le dictateur"), puis, après la perte d’Orléans, s’installa à Bordeaux le 9 décembre 1870. Gambetta fut démis de ses fonctions de Ministre de l’Intérieur le 1er février 1871, lors de l’arrivée de Jules Simon à Bordeaux (mais resta ministre). Il faut rappeler que lors du siège de Paris par les Allemands, le gouvernement s’était localisé à deux endroits différents : à Paris pour résister de l’intérieur, et en province pour résister par l’extérieur (et la délégation gouvernementale en province a été dirigée par Gambetta entre le 7 octobre 1870 et le 1er février 1871).
Après plusieurs défaites militaires, le général Trochu fut conduit à démissionner le 22 janvier 1871. La défaite de la France a accéléré l’unification allemande, proclamée par tous les princes allemands au château de Versailles le 19 janvier 1871 (le roi de Prusse Guillaume Ier fut proclamé empereur d’Allemagne et Bismarck, déjà chef du gouvernement prussien, en devint le premier Chancelier le 22 mars 1871). L’armistice entre la France et la Prusse fut négocié par Adolphe Thiers et Jules Favre et signé le 28 janvier 1871, mais Bismarck imposa la tenue d’élections libres dans un délai très court, trois semaines, afin de pérenniser cette paix.
Gambetta, refusant l’armistice et partisan de la résistance, démissionna du gouvernement le 6 février 1871 : « Ma conscience me fait un devoir de résigner mes fonctions de membre du gouvernement avec lequel je ne suis plus en communion d’idées ni d’espérance. ». Quelques mois plus tard, Thiers accusa à l’Assemblée Gambetta et ses amis d’avoir fait durer inutilement la guerre avec l’Allemagne, ce qui a coûté énormément en territoires abandonnés et en indemnités de guerre à l’Allemagne.
Les élections législatives du 8 février 1871 ont envoyé pour cinq ans à l’Assemblée Nationale une majorité de monarchistes partisans de la paix (et donc de l’armistice). En effet, sur les 638 sièges au total, 214 furent gagnés par les orléanistes (partisans du Comte de Paris, petit-fils de Louis-Philippe) ; 182 par les légitimistes (partisans du Comte de Chambord, petit-fils de Charles X) ; 112 par la Gauche républicaine (républicains modérés) dirigée par Jules Grévy, Jules Favre, Jules Ferry et Jules Simon ; 72 par les libéraux (centre gauche) dont Adolphe Thiers (élu dans vingt-six départements) ; 38 par l’Union républicaine (radicaux) de Léon Gambetta ; et enfin 20 par les bonapartistes.
Les républicains modérés étaient majoritairement favorables à la paix, au contraire de l’Union républicaine de Gambetta. À Paris, futur lieu de la "Commune", les partisans de la guerre l’emportèrent largement (37 sièges contre 6), et les mieux élus furent "les plus républicains" : Louis Blanc, Victor Hugo, Gambetta, Garibaldi tandis qu’Adolphe Thiers et Jules Favre étaient moins bien élus (et Clemenceau fut élu député de Paris à l’âge de 29 ans). Parmi les autres élus proches de Gambetta, il faut citer Edgar Quinet, Pierre Waldeck-Rousseau, Émile Littré, Gustave Courbet et Charles Floquet.
Gambetta fut élu dans huit départements (dix en comptant les départements d’Alger et d’Oran le 17 février 1871) : il a choisi de représenter le Bas-Rhin pour honorer les Alsaciens les plus touchés par les conséquences de la guerre avec l’Allemagne, mais le Traité de Francfort signé le 10 mai 1871 officialisa l’annexion de l’Alsace-Moselle à l’Allemagne, si bien que Gambetta ne fut plus député. Il l’est redevenu lors d’élections complémentaires le 2 juillet 1871 (pour remplacer ceux qui avaient été élus dans plusieurs départements), élu dans trois départements, le Var, les Bouches-du-Rhône et Paris, qu’il a choisi de représenter.
Le 17 février 1871, cette assemblée, qui siégeait à Versailles, a élu Adolphe Thiers "chef du pouvoir exécutif de la République française", cumulant dans les faits les fonctions de chef de l’État et de président du gouvernement (comme le général Trochu). Thiers correspondait au consensus d’une assemblée majoritairement monarchiste et conservatrice, favorable à la paix, mais également, pour une part, républicaine. Sa désignation était donc la consécration de son rôle de négociateur avec Bismarck. Thiers nomma un républicain Jules Dufaure (1798-1881) le 19 février 1871 comme "Vice-Président du Conseil" qui, dans cette République naissante, allait tenir le rôle de chef du gouvernement (le titre allait devenir très officiellement "Président du Conseil" à partir des élections de 1876).
Pour l’anecdote, Thiers proposa à Trochu tous les honneurs (nomination au grade de maréchal, grand-croix de la Légion d’honneur, élection à l’Académie française, etc.) mais ce dernier refusa et quitta la vie politique en 1872 (après s’être fait élire député le 8 février 1871). Une autre anecdote, ce fut la position de Gambetta lors de la Commune de Paris (qui s’est déroulée du 26 mars 1871 au 20 mai 1871). Je cite le dictionnaire des parlementaires : « Une recrudescence de laryngite, coïncidant avec l’insurrection du 18 mars 1871, détermina Gambetta à se rendre à Saint-Sébastien (Espagne, où il attendit tranquillement la victoire du gouvernement de Thiers sur la Commune. ». On ne peut pas être sur le "front" en permanence…
Le titre de Thiers est devenu "Président de la République française" le 31 août 1871 (loi Rivet) alors qu’aucune Constitution n’avait encore été adoptée, et surtout, rien dans les textes n’évoquait la République. Il a fallu attendre l’amendement proposé par le député Henri Wallon et voté le 30 janvier 1875 par 353 voix contre 352, modifiant la deuxième des trois lois constitutionnelles des 24 février 1875, 25 février 1875 et 16 juillet 1875, pour qu’il fût explicitement mentionné un "Président de la République" et donc la reconnaissance juridique du régime républicain par une majorité monarchiste : « Le Président de la République est élu à la majorité absolue des suffrages par le Sénat et la Chambre des députés réunis en Assemblée Nationale. Il est nommé pour sept ans ; il est rééligible. ».
Thiers et Bismarck signèrent le traité préliminaire de paix le 28 février 1871 à Versailles. Thiers venait d’acquérir la légitimité institutionnelle de représentant élu de la France, ce qui n’était pas le cas le mois précédent.
À cette période, Léon Gambetta se retrouva dans une position politique assez particulière. Il était député républicain mais très minoritaire parmi les républicains car opposé à la paix avec l’Allemagne. Dans cette drôle de République, les républicains étaient eux-mêmes minoritaires face à une majorité monarchiste. Mais Gambetta n’était pas seulement en opposition vers sa droite, car Clemenceau, encore plus "radicalisé" que lui sur l’échiquier politique, lui prit la place de ce qu’on aurait pu très improprement parler de "l’ultra-gauche" à partir de 1876.
Pendant ces années (1871 à 1877), Gambetta a choisi de tenir le ministère de la parole et de convaincre le peuple français de confirmer définitivement la nature républicaine du régime en faisant le tour de France. Et progressivement, "l’opinion publique" et donc, l’électorat évolua effectivement en faveur de la République jusqu’à ce que, petit à petit, l’Assemblée fût majoritairement républicaine. Parallèlement, opposant de Thiers qui avait réprimé la Commune de Paris, il se rapprocha de lui lorsque ce dernier fut mis en difficulté par les monarchistes tandis que d’autres se "radicalisèrent" (comme Clemenceau). C’est l’objet du prochain article sur Léon Gambetta.
Aussi sur le blog.
Sylvain Rakotoarison (02 avril 2018)
http://www.rakotoarison.eu
Pour aller plus loin :
Biographie détaillée de Léon Gambetta (Dictionnaire des parlementaires français).
Léon Gambetta en 1870.
Georges Clemenceau en 1917.
Georges Clemenceau en 1906.
Benjamin Constant.
François Guizot.
Adolphe Thiers.
Napoléon III.
Victor Hugo.
Charles Péguy.
Jean Jaurès.
Paul Painlevé.
Mata Hari.
http://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20180402-gambetta.html
https://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/gambetta-le-pere-de-la-republique-202904
http://rakotoarison.canalblog.com/archives/2018/04/02/36279127.html