« La France serait moins belle sans la Nouvelle-Calédonie, parce qu’elle est une part de cette France Monde, de cette France qui existe dans cette région du monde à des dizaines de milliers de kilomètres de Paris mais au cœur de ce qui est la vocation même de la France de rayonner à travers tous les continents et sur toutes les mers. La France serait moins belle sans la Nouvelle-Calédonie parce que la Nouvelle-Calédonie a apporté à toute la France des modèles pour les générations futures et ce premier modèle, c’est celui que nous sommes en train de construire, c’est celui d’accepter toute cette diversité dans le respect et la reconnaissance. Le modèle, ce sont les femmes et les hommes qui ont permis de faire ce cheminement. » (Emmanuel Macron, le 5 mai 2018).
Apparemment, le référendum, qui a lieu ce dimanche 4 novembre 2018 sur l’avenir de la Nouvelle-Calédonie, réservé aux seuls habitants du territoire selon certaines conditions, à savoir aux 174 154 électeurs inscrits (cette liste a été l’objet d’âpres négociations), n’intéresse pas beaucoup les médias français de métropole, sauf peut-être La Chaîne Parlementaire (LCP) et (évidemment) France Ô qui montre ainsi son rôle et l’intérêt de son existence (un projet gouvernemental prévoit sa disparition à moyenne échéance).
Ce désintérêt national n’est pas étonnant et s’était déjà traduit par l’abstention massive (63,1% !) lors du référendum national du 6 novembre 1988 ratifiant les Accords de Matignon (voir plus bas). Beaucoup de métropolitains ne se sentaient pas concernés par un tel sujet.
Pourtant, l’enjeu est "brutal", puisque la question est carrément : "Voulez-vous que la Nouvelle-Calédonie accède à la pleine souveraineté et devienne indépendante ?". C’est donc une question quasi-sécessionniste de départ de la République française pourtant constitutionnellement une et indivisible. La question (« claire et sans ambiguïté ») a été soumise pour avis au Conseil d’État. Le Premier Ministre Édouard Philippe a déclaré : « Cette formulation a un sens politique profond : elle permet à chacune des forces politiques de se positionner clairement. ». Les circonstances de ce référendum ont été décidées par le gouvernement le 28 mars 2018 à l’issue du 17e Comité des Signataires de l’Accord de Nouméa, réuni la veille et qui a duré très longtemps. L’organisation de ce référendum fut ensuite ratifiée par un vote du Congrès de la Nouvelle-Calédonie le 19 mars 2018.
Un précédent référendum d’autodétermination a eu lieu le 13 septembre 1987 dans les pires circonstances puisque ce fut en quasi-"guerre civile" et le référendum fut boycotté par la population kanake : 98,3% ont voté contre l’indépendance avec une participation de 59,1%, mais le refus de participation des Kanaks n’a pas permis d’apporter à ces résultats une légitimité politique incontestable.
Il faut peut-être voir dans le désintérêt médiatique l’absence de suspens. Car les sondages pour ce nouveau référendum, qui sont ce qu’ils sont mais se trompent malgré tout assez rarement, laisseraient entendre un rapport de forces d’environ un tiers pour le "oui" (pour l’indépendance) et deux tiers pour le "non" (pour le maintien au sein de la République française).
Même si ces sondages pourraient être "rassurants" pour Paris (appelons ainsi les Français hors de Nouvelle-Calédonie), ce référendum est tout de même historique car l’aboutissement d’une période de trente années de dialogue constructif qui peut maintenant être un modèle original de réconciliation nationale, ce qui n’était pas évident quand on a observé la quasi-"guerre civile" entre 1984 et 1988.
En cas d’échec de l’indépendance à ce référendum, le chef actuel des loyalistes, le sénateur Pierre Frogier, demandera probablement que soit abrogé l’article 217 de la loi n°99-209 du 19 mars 1999 relative à la Nouvelle-Calédonie qui prévoit qu’en cas d’échec, le tiers du Congrès de la Nouvelle-Calédonie peut imposer l’organisation de nouveaux référendums dans les deux et quatre ans après le premier référendum. Dans le Congrès élu le 11 mai 2014 pour cinq ans, les indépendantistes ont 25 sièges sur 54, soit 46,3% (beaucoup plus du seuil du tiers). Ce rapport de forces peut évidemment évoluer lors des prochaines élections de 2019.
Comme ses deux prédécesseurs historiques Michel Rocard et Lionel Jospin, le Premier Ministre Édouard Philippe suit ce "dossier" très attentivement. Il avait reçu à Matignon, le 2 novembre 2017 (comme prévu régulièrement depuis vingt ans), le Comité des Signataires de l’Accord de Nouméa, et il s’était rendu en Nouvelle-Calédonie en décembre 2017, accompagné de la Ministre des Outre-Mer, Annick Girardin, et de la présidente de la commission des lois à l’Assemblée Nationale, Yaël Braun-Pivet. Le Premier Ministre a par ailleurs annoncé sa présence à Nouméa le lundi 5 novembre 2018 au lendemain du référendum, en assurant ainsi le "service après-vente" politique.
Devant le Congrès de la Nouvelle-Calédonie, à Nouméa, Édouard Philippe a déclaré, le 5 décembre 2017, l’importance du processus de réconciliation en Nouvelle-Calédonie : « Ce qui a été fait ici depuis trente ans est unique et incroyablement précieux et vous pouvez en être fiers et la France entière doit en être fière, elle doit le connaître, elle doit le savoir, elle doit le dire. Cet actif immatériel, cette façon de travailler que vous avez su faire fructifier est d’une forme sans précédent dans l’histoire et c’est d’ailleurs la raison pour laquelle elle a probablement inspiré plusieurs processus de paix et elle est à ce jour sans équivalent dans le monde. ».
Et d’en décliner les conséquences sur les institutions : « Cette forme politique, cette qualité du dialogue est manifeste dans les institutions de la Nouvelle-Calédonie, je pense en particulier à la nécessité des contrepoids, des équilibres entre les institutions et les compétences qu’elles exercent. Je pense aussi à une forme de mesure, j’oserais dire de tempérance ou de retenue dans l’exercice du fait majoritaire et je sais combien vous y êtes attachés. Cette retenue s’exprime dans la logique de fonctionnement du gouvernement émanant du Congrès mais aussi dans l’état d’esprit qui habite d’autres lieux comme la salle du Conseil de l’Hôtel de Matignon lors de notre Comité des Signataires de l’Accord de Nouméa le 2 novembre dernier. Elle repose en définitive sur la capacité à nourrir un dialogue politique permanent entre les forces politiques représentatives sans se limiter à une lecture reposant sur une distinction indépassable entre majorité et opposition. (…) Ce sens du compromis, je le vois aussi ici, il a été porté à un point symbolique très fort avec le déploiement des deux drapeaux que j’ai observés en entrant dans ces lieux comme je l’ai observé dans de nombreux lieux publics en Nouvelle-Calédonie. ». L’organisation institutionnelle de la Nouvelle-Calédonie est régie par la loi organique n°99-209 du 19 mars 1999 relative à la Nouvelle-Calédonie qui prévoit notamment une "citoyenneté néo-calédonienne".
Le Président de la République française Emmanuel Macron s’est également impliqué dans le processus puisque, après être allé en Australie, il a visité la Nouvelle-Calédonie du 3 au 5 mai 2018, avec un moment très émouvant le 5 mai 2018 en rendant hommage aux morts d’il y a trente ans, lors de l’assaut de la grotte d’Ouvéa, en pleine campagne présidentielle de cohabitation entre les deux tours.
Revenons sur le "dossier néo-calédonien". Et rappelons d’abord ce qu’est la Nouvelle-Calédonie. C’est un petit bout de territoire d’environ 19 000 kilomètres carré situé dans la mer de Corail et dans l’océan Pacifique Sud. Sa population est assez faible et compte moins de 270 000 habitants (précisément 268 767 en 2014). Elle est distante de 16 740 kilomètres de Paris, et ce grand éloignement (de l’autre côté de la planète) en fait une caractéristique particulière pour ce territoire français depuis le 24 septembre 1853.
Deux autres caractéristiques sont aussi à prendre en compte.
D’une part, le grand mélange ethnique, "terre de parole, terre de partage", selon la devise adoptée en 2010. La population est un grand melting-pot. On compte ainsi environ 39,1% des habitants d’origine kanake, 27,2% d’origine européenne, 8,2% d’origine wallisienne et le reste d’origine principalement asiatique (notamment indonésienne et vietnamienne) et océanienne (notamment tahitienne). Les sondages sur les intentions de vote montrent assez clairement que les Kanakes choisiraient plutôt l’indépendance tandis que les autres populations (européennes, asiatiques, océaniennes) choisiraient plutôt le maintien dans la République française, ce qui permet de comprendre le rapport un tiers/deux tiers, certains Kanaks étant quand même favorables au maintien français.
Emmanuel Macron l’a décrit ainsi : « C’est cela la Nouvelle-Calédonie, une addition d’histoires, souvent tragiques, heureuses aussi, toutes marquées par le courage et la volonté de bâtir. Il y a des Kanaks, des Caldoches, des Z’Oreilles, des Wallisiens, des Futuniens, des Polynésiens, des Tonkinois, des Javanais, des Japonais et tous les autres qui tous ensemble ont construit la Calédonie d’aujourd’hui, Françaises et Français. » (5 mai 2018).
D’autre part, l’économie de la Nouvelle-Calédonie. C’est l’une des plus dynamiques de l’Outre-mer français. Son PIB est de l‘ordre de 7,2 milliards d’euros en 2012 (soit 9,8 milliards de dollars). C’est la quatrième économie de l’Océanie, avec 38 700 dollars par habitant en 2012, derrière l’Australie, Hawaï et la Nouvelle-Zélande (la Papouasie-Nouvelle-Guinée est au-dessus de la Nouvelle-Calédonie en PIB absolu mais très largement en dessous en PIB par habitant, vingt fois plus faible qu’en Nouvelle-Calédonie). Cependant, tout n’est pas "rose" et le taux de chômage se situe aux alentours de 15% avec beaucoup de disparités, et ces inégalités sont souvent couplées aux différences géographiques et ethniques. Exploitée depuis 1864, la principale richesse de la Nouvelle-Calédonie, qui fait travailler 12% de la population active, est le nickel qui correspond à environ 20 à 30% des réserves mondiales. Contrairement à ce qu’on pourrait croire, le tourisme est encore très peu développé (4% du PIB) et la moitié des environ 230 000 rares touristes sont des croisiéristes.
Enfin, la position française en Nouvelle-Calédonie doit aussi se comprendre dans un cadre géopolitique. Emmanuel Macron l’a expliqué le 5 mai 2018 à Nouméa : « C’est d’abord une ambition géopolitique (…), il y a un axe Paris-New-Delhi-Cambera, mais cet axe-là se prolonge de Papeete à Nouméa et à travers tous nos territoires, c’est celui qui nous permettra de construire sur le plan géopolitique la neutralité de cet espace indopacifique ; c’est celui qui de la corne de l’Afrique aux Amériques, nous permettra de participer avec nos alliés à ces grands équilibres et d’assurer la liberté de circulation dans les mers, la liberté de circulation dans les airs et les équilibres indispensables à cette région du globe. ».
Ensuite, venons-en à l’histoire récente. En été 1984, des indépendantistes se sont formés en Libye pour la lutte armée. Lors des élections territoriales précédemment élue le 18 novembre 1984 pour renouveler l’Assemblée territoriale de la Nouvelle-Calédonie élue le 1er juillet 1979, l’indépendantiste Eloi Machoro (1945-1985) a brisé une urne pour montrer symboliquement le boycott des indépendantistes. Entre novembre 1984 et mai 1988, la Nouvelle-Calédonie fut en proie à des actes de violence particulièrement traumatisants.
Le Président François Mitterrand a dû nommer un ancien ministre de De Gaulle du 24 août 1961 au 29 avril 1967, le rocardien Edgard Pisani (1918-2016), d’abord Haut-commissaire de la République du 4 décembre 1984 au 22 mai 1985, puis Ministre chargé de la Nouvelle-Calédonie du 22 mai 1985 au 15 novembre 1985 dans le gouvernement dirigé par Laurent Fabius (avant de revenir au gouvernement, Edgard Pisani était commissaire européen depuis le 22 mai 1981, remplaçant Claude Cheysson nommé au Quai d’Orsay).
Le bilan de ces affrontements entre indépendantistes et loyalistes a été des dizaines de morts et ces sentiments de vengeance qui ont plongé la Nouvelle-Calédonie dans le cercle vicieux de la violence. Le sommet de la violence a eu lieu entre les deux tours de l’élection présidentielle de 1988 avec l’assaut d’une gendarmerie le 22 avril 1988, deux jours avant le premier tour, tuant 4 gendarmes, et la prise d’otages des 27 autres gendarmes dans la grotte d’Ouvéa (dont 9 furent libérés au bout de trois jours). Retardé d’une journée, au même moment que la libération des otages au Liban, le 5 mai 1988, le gouvernement de cohabitation dirigé par Jacques Chirac a décidé l’assaut (sans en avoir informé l’Élysée), qui s’est soldé par un carnage (21 morts, 2 gendarmes et 19 preneurs d’otages). 75 militaires ont participé à cette opération.
Malgré ce retour à l’ordre républicain, Jacques Chirac a perdu le second tour de l’élection présidentielle trois jours plus tard, et le 10 mai 1988, Michel Rocard (1930-2016) fut nommé Premier Ministre par François Mitterrand réélu. Michel Rocard a confié le 18 août 2008 sur France Culture : « Ce que je savais, moi, et que j’étais seul à savoir, je ne pouvais pas le dire aux autres délégations parce qu’il ne fallait pas que le secret sorte, c’est qu’il y avait aussi des officiers français… enfin, au moins un et peut-être un sous-officier, on ne sait pas très bien… À la fin de l’épisode de la grotte d’Ouvéa, il y a eu des blessés kanaks et deux de ces blessés ont été achevés à coups de bottes par des militaires français, dont un officier. (…) Il fallait prévoir que cela finisse par se savoir et il fallait donc prévoir que cela aussi soit garanti par l’amnistie. ».
Ce fut la première urgence du gouvernement de Michel Rocard, pacifier la Nouvelle-Calédonie. Cela fut rapide et éclatant et Michel Rocard restera dans l’Histoire principalement pour son action de pacification de la Nouvelle-Calédonie. Il a dit le 7 octobre 2013 dans "Télérama", interrogé par Olivier Milot, que ce fut « un des plus beaux souvenirs de [sa] vie politique » : « Je n’en connaissais rien. Je me suis rapidement imprégné de la situation (…). La Nouvelle-Calédonie se trouvait dans une situation de guerre civile, les communautés s’affrontaient et refusaient de se parler. Personne ne voulait dialoguer avec l’État. Les Européens car, à leurs yeux, un gouvernement de gauche ne pouvait que les trahir. Les Kanaks parce qu’un gouvernement de la République française ne pouvait que mentir, comme il l’avait fait dans le passé. De plus, François Mitterrand avait un passif sur l’Algérie. Pas un leader indépendantiste n’ignorait que, lorsqu’il avait été Garde des Sceaux, il avait refusé de remplir les formulaires de demande de grâce des indépendantistes algériens condamnés à mort. (…) Il fallait envoyer sur place un groupe de personnalités incontestables et ne représentant qu’elles-mêmes pour renouer le dialogue. ».
Pour faire sa petite délégation, il a appelé différents responsables religieux, dont Mgr Albert Decourtray et Mgr Jean-Marie Lustiger, ainsi que Raymond Barre pour désigner un second haut fonctionnaire plutôt de droite aux côtés de Christian Blanc classé proche de la gauche (bien que futur ministre de Nicolas Sarkozy).
Après les premiers contacts noués en Nouvelle-Calédonie avec les deux camps par cette petite délégation informelle, Michel Rocard a réuni le 22 juin 1988 à Matignon les protagonistes, en particulier Jean-Marie Tjibaou (1936-1989), chef des indépendantistes (président du FLNKS), le député Jacques Lafleur (1932-2010), président du RPCR, et le sénateur Dick Ukeiwé (1928-2013), cofondateur du RPCR.
Victime d’une crise de coliques néphrétiques dès le matin, avant le conseil des ministres, Michel Rocard a obtenu à l’arraché un accord pour commencer les négociations : « Je faisais alors la navette entre mon bain [pour être soulagé] et la salle à manger, bien décidé à ne pas quitter Matignon sans un communiqué signé de Lafleur et Tjibaou s’engageant à commencer des pourparlers dès la semaine suivante. Pas simple car, chaque fois que je disparaissais, ils recommençaient à s’engueuler. Vers 16 heures 30, j’ai enfin obtenu les six lignes attendues et j’ai pu partir pour le Val-de-Grâce soigner ce qui était effectivement des coliques néphrétiques. » ("Télérama" le 7 octobre 2013).
Puis, Michel Rocard a bloqué les deux protagonistes à partir du samedi 25 août 1988 à Matignon et s’était libéré de toutes ses obligations jusqu’au mardi suivant, interdisant à ses interlocuteurs toute sortie des lieux avant avoir trouvé un accord. Finalement les Accords de Matignon ont été signés le dimanche 26 août 1988 à 5 heures du matin. Ils furent complétés par les Accords d’Oudinot le 20 août 1988 (du nom de la rue du siège du Ministère de l’Outre-mer) et ratifiés par le peuple français le 6 novembre 1988 avec 80,0% de "oui" (malgré une très faible participation et 11,8% de votes blancs ou nuls). Coïncidence, vingt-sept ans plus tard, Edgard Pisani et Michel Rocard sont morts en même temps, à seulement douze jours d’intervalle.
Ces accords ont prévu une amnistie générale pour la prise d’otages d’Ouvéa et le principe d’autodétermination des Néo-calédoniens au bout d’une période longue de collaboration entre le territoire et la République. Il était prévu d’organiser un référendum d’autodétermination en 1998 mais le Premier Ministre Lionel Jospin a fait signer le 5 mai 1998 l’Accord de Nouméa qui a repoussé à 2018 ce référendum tout en renforçant l’autonomie du territoire. L’Accord de Nouméa a été approuvé lors d’une consultation en Nouvelle-Calédonie le 8 novembre 1998 par 71,9% des suffrages exprimés avec un fort taux de participation, 74,2%, et un faible taux de votes blancs ou nuls, 2,7%.
Emmanuel Macron a rendu un hommage aux faiseurs de paix le 5 mai 2018 à Nouméa, ainsi : « Face à toutes ces souffrances, il y a plus de trente ans, se sont levés deux hommes Jean-Marie Tjibaou et Jacques Lafleur, ils ont su (…), dans un moment où la colère était encore présente, décider d’avancer, ils se sont parlé, se sont compris, ont échangé cette fameuse poignée de mains qui a fondé les trente dernières années du destin de ce pays et je veux associer à leurs souvenirs, Michel Rocard et Lionel Jospin, qui ont conçu et voulu avec eux le processus de paix et de réconciliation. ». Et au modèle lui-même : « Avec les deux accords de Matignon et de Nouméa, avec les comités des signataires, les institutions collégiales, le rééquilibrage, le consensus, les Calédoniens ont inventé un modèle exceptionnel d’intelligence collective qui suscite l’intérêt du monde entier. ».
Le résultat du référendum du 4 novembre 2018, qui est donc l’aboutissement de trente années de dialogue et d’écoute, sera un test sur le comportement de la République française vis-à-vis de la Nouvelle-Calédonie depuis 1988. Cette écoute, cette volonté de réconciliation, ce désir de rendre tous les citoyens, quelles qu’en soient leurs origines, totalement impliqués dans la gestion de ce territoire seront ainsi appréciés ou sanctionnés par les électeurs : si le maintien dans la République française est majoritaire, cela signifiera que la France a su écouter les Néo-calédoniens et leur assurer autonomie, solidarité et égalité, assez en tout cas pour pouvoir se permettre de vivre ensemble, même s’il reste encore beaucoup à faire.
Aussi sur le blog.
Sylvain Rakotoarison (02 novembre 2018)
http://www.rakotoarison.eu
Pour aller plus loin :
Interview de Michel Rocard, interrogé par Olivier Milot, dans "Télérama" le 7 octobre 2013.
Le référendum du 4 novembre 2018 en Nouvelle-Calédonie.
Discours du Président Emmanuel Macron le 5 mai 2018 à Nouméa.
Discours du Premier Ministre Édouard Philippe le 5 décembre 2017 à Nouméa.
L’assaut de la grotte d’Ouvéa selon Michel Rocard.
Jacques Lafleur.
Dick Ukeiwé.
Emmanuel Macron.
Édouard Philippe.
Lionel Jospin.
Michel Rocard.
Edgard Pisani.
http://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20181102-nouvelle-caledonie.html
https://www.agoravox.fr/actualites/politique/article/paris-a-l-ecoute-de-la-nouvelle-209215
http://rakotoarison.canalblog.com/archives/2017/11/02/36833064.html