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26 avril 2019 5 26 /04 /avril /2019 03:12

« Est-ce qu’il faudrait tout arrêter de ce qui a été fait depuis deux ans ? Je me suis posé la question : "est-ce qu’on a fait fausse route ?". Je crois tout le contraire, je crois que les transformations en cours et les transformations indispensables à faire dans notre pays ne doivent pas être arrêtées parce qu’elles répondent profondément à l’aspiration de nos concitoyens. (…) Alors la réponse n’est pas dans le reniement mais je crois dans la définition plus profonde d’une nouvelle ambition. » (Emmanuel Macron, 25 avril 2019).

 

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Le Président de la République Emmanuel Macron a tenu sa première conférence de presse ce jeudi 25 avril 2019 à 18 heures, dans les salons rénovés de l’Élysée. On peut lire le texte intégral de la partie introductive ici. Après une dizaine de jours de retard en raison de l’incendie de Notre-Dame de Paris et du week-end de Pâques, Emmanuel Macron a donné "enfin" ses conclusions de la période de trois mois du grand débat national : « Nous sommes, avant toute chose, les enfants des Lumières. ».

Inutile de dire que les réactions à cette prestation assez particulière n’ont rien d’intéressant puisqu’elles sont convenues et étaient prévisibles un mois à l’avance : ceux qui sont pour l’ont trouvé bon, ceux qui sont contre l’ont trouvé mauvais ou, au moins, feignent de s’étonner de l’accouchement d’une souris : tout cela pour ça ?

Personnellement, j’ai apprécié tant la forme que le fond, même si j’ai des réticences voire des oppositions sur certains sujets institutionnels. Globalement, j’ai apprécié pour plusieurs raisons : Emmanuel Macron cherche sans cesse à donner du sens à son action (ou inaction), ce que son prédécesseur François Hollande n’a jamais fait malgré ses conférences de presse à répétition. Emmanuel Macron reconnaît qu’il peut s’être trompé et qu’il n’a pas assez ménagé le peuple, qu’il ne l’a pas assez écouté, qu’il a été trop rude, d’où l’importance de ce grand débat qui l’aurait transformé, selon lui. Mais en même temps, Emmanuel Macron assume ce qu’il fait (ou ne fait pas) même quand ce n’est pas populaire. En ce sens, durant cette conférence de presse, il a abordé tous les sujets, soit pour dire qu’il y était favorable et qu’il fallait aller dans ce sens, soit au contraire, qu’il y était opposé, et souvent en disant : j’ai été tenté, j’y ai beaucoup réfléchi, mais j’en conclus que non.


La forme de la conférence de presse

Parlons rapidement de la forme. Quand j’ai appris qu’il s’exprimerait sous une forme de conférence de presse, je me suis tout de suite dit : il a intérêt à être assis. Pourquoi me suis-je dit cela ? Parce que les conférences de presse interminables et à répétition de François Hollande n’avaient aucun intérêt, aucun sens, sinon faire risette avec les journalistes (on a vu qu’il ne pensait qu’à sa relation avec les journalistes pendant tout son quinquennat). Assis, cela donnerait au Président de la République une stature plus …gaullienne. En tout cas, plus posée.

Je n’ai pas été déçu : non seulement Emmanuel Macron était assis derrière une belle table avec une nappe blanche, agrémentée d’un ruban tricolore (et devant des drapeaux français et européens), mais tout le gouvernement était sagement rangé sur les ailes latérales… exactement comme lors des conférences de presse du Général De Gaulle. Il m’a même semblé qu’Emmanuel Macron a tenté à trois ou quatre reprises de prendre un peu de gouaille gaullienne, mais très légèrement et sans insister, car c’est loin d’être dans son style et sa personnalité. On pourra donc plutôt comparer la prestation avec les conférences de presse de François Mitterrand, notamment par le jeu des mains sur la table. À plusieurs reprises, ses bagues ont heurté la table avec "fracas" dans le micro.

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J’ai parlé des conférences de presse interminables de François Hollande, mais Emmanuel Macron est assez doué pour faire des discussions publiques encore plus interminables (huit, neuf heures), ce qui faisait craindre le pire pour les trois cents "pauvres" journalistes accrédités par l’Élysée. Finalement, cela a duré à peine deux heures et demie, dont une heure de présentation liminaire.

Comme toujours, Emmanuel Macron est bon dans ce genre d’exercice. C’était la forme qu’il lui fallait : à la fois solennelle et longue, ce qui était impossible sous forme d’une allocution télévisée qui ne doit jamais dépasser le quart d’heure ou la vingtaine de minutes. La durée était nécessaire pour entrer plus dans les détails, et éventuellement pour mettre les points sur les i à l’occasion de certaines questions.

Immanquablement, un journaliste a posé la question de sa candidature à l’élection présidentielle de 2022, puisqu’il se fixait des échéances en 2025. Emmanuel Macron a refusé sans surprise de répondre, considérant que son objectif est d’agir et réussir, pas de faire campagne, auquel cas il prendrait les mesures les plus populaires : « Je me fiche de la prochaine élection [présidentielle]. Je veux réussir furieusement, passionnément mon mandat. ». Je me demande si c’est la classe politique ou les journalistes qui sont les premiers responsables de ce décalage entre les élites et le peuple.

Emmanuel Macron a beaucoup structuré ses annonces, à la fois sur la forme et sur le fond. Cet intellectualisme de la communication présidentielle est essentiel : il est important de savoir le projet général qui s’esquisse à travers les choix pris. Il n’y a pas eu une telle structuration de la politique présidentielle depuis Valéry Giscard d’Estaing, le pire étant, je me répète, François Hollande, incapable de comprendre lui-même le pourquoi de sa propre politique.

Quelques jours avant cette conférence de presse, le journaliste Guillaume Roquette expliquait que le problème d’Emmanuel Macron, c’est qu’il a beaucoup de charisme, qu’il est un fort en thème, qu’il est excellent et brillant, mais que le fond de sa politique n’était pas à cette hauteur-là, si bien que le macronisme ne tenait pas les promesses du charisme d’Emmanuel Macron. Il a été aussi dit, lors de discussions journalistiques sur l’ENA, que sous Emmanuel Macron, la technostructure avait plus d’influence que lors des autres quinquennats, car beaucoup de projets de hauts fonctionnaires ressortent après chaque nouvelle élection, mais ils sont généralement toujours rejetés par le nouvel élu, ce qui était moins le cas avec Emmanuel Macron, à l’expérience politique plus limitée (ainsi, comme exemple, l’augmentation de l’APL).

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Cette conférence de presse, ainsi que la crise des gilets jaunes et le grand débat, marquent donc une transformation chez Emmanuel Macron : il fera plus attention aux conséquences de sa politique sur les gens. Plusieurs fois, Emmanuel Macron a répété qu’il voulait que sa politique soit plus centrée sur l’humain, qu’elle soit plus humaine : « Face au sentiment d’injustice, nous devons apporter une réponse qui place l’homme au centre de notre projet bien davantage que nous ne l’avons fait. Notre projet national doit être plus juste, plus humain, afin de rassembler et de réunir et face aux grands changements, il nous faut retrouver, par le projet national et européen, la maîtrise de notre destin et de nos vies. ». C’est une vraie preuve d’humilité, car si on essaie de bien comprendre cette intention présidentielle, cela veut dire que sa politique depuis deux ans était plutôt …inhumaine !

Je fais ici un résumé de la déclaration introductive à la conférence de presse, en y précisant mon grain de sel, si nécessaire. Beaucoup de monde va commenter en disant qu’il n’y a rien de nouveau (le terme "déceptif" a été de nombreuses fois utilisé, mais pourquoi ne pas dire "décevant" ?). Personne n’imaginait une révolution (malgré le titre de son livre de campagne). Il y a cependant une innovation politique majeure : le quatrième (et dernier) point d’orientation (voir à ce thème).

Après avoir évoqué le grand débat, Emmanuel Macron a souhaité replacer l’humain au cœur de son projet, et a voulu décliner « l’art d’être français ». Pour cela, il a défini quatre orientations que le gouvernement devra préciser au cours d’un séminaire gouvernemental qui se tiendra le 29 avril 2019 à Matignon.


1. Démocratie, institution, administration

J’ai eu l’impression qu’Emmanuel Macron a commencé par ce thème pour ne pas insister car c’est le thème du pouvoir d’achat qui est prioritaire. Il a d’abord rappelé sa foi dans les élus : « Je crois aux élus de la République. ». Pour cela, il a proposé un véritable statut, digne de ce nom, notamment pour les maires. Concrètement, cela mériterait d’être précisé car le statut de l’élu est un serpent de mer qui a plus d’une trentaine d’années. La question n’est pas anodine : faut-il "professionnaliser" la fonction élective ?

Emmanuel Macron voudrait aussi plus d’efficacité et de contrôle pour le Parlement. Mais en ajoutant qu’il voudrait aussi des procédures plus rapides. Or, faire la loi convenablement nécessite du temps, et l’expérience a montré que toute précipitation a toujours été mauvaise dans l’élaboration de la loi.

Prétextant la crise de la représentativité, Emmanuel Macron a réitéré qu’il était favorable à une dose de proportionnelle (qu’il a évaluée à 20%), à une limitation dans le temps du nombre de mandats et à une diminution du nombre de parlementaires (qu’il a évaluée à 25%-30%). En ce sens, ces trois propositions n’ont rien de nouveau et correspondent au projet de réforme des institutions présenté en mai 2018.

J’ai déjà indiqué le danger d’introduire le scrutin proportionnel pour les élections législatives, facteur de risque qui mettra en péril la stabilité de nos institutions. La proportionnelle éloignerait au contraire les élus de leurs électeurs qui ne pourraient plus choisir leurs représentants (ce seraient alors les partis qui décideraient de ceux qui seraient élus car placés en tête de liste). Par ailleurs, la réduction du nombre de parlementaires aurait pour effet de réduire les pouvoirs du Parlement, tant l’efficacité du législateur que les capacités du contrôleur, et accroîtrait encore la distance entre élus et électeurs (qui, aujourd’hui, est capable de donner le nom d’un seul député européen de sa grande circonscription ?). J’y reviendrai probablement, mais pas ici, et je note surtout qu’il n’y a aucun changement par rapport à avant la crise des gilets jaunes.

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Emmanuel Macron a évoqué aussi le vote obligatoire qu’il a rejeté car ce n’est pas en rajoutant une contrainte qu’on réduirait la désaffection des électeurs et de toute façon, la capacité de sanction est très limitée, il suffit de voir comment cela se passe en Belgique (qui vote bientôt). Même réflexion avec le vote blanc, à quoi rimerait de prendre en compte un vote blanc qui n’aurait aucune capacité à proposer des solutions pour les Français ? Sur ces deux sujets, malgré le martèlement médiatique, Emmanuel Macron a eu raison de ne pas céder : cela n’aurait rien apporté à la démocratie.

Quant au référendum, Emmanuel Macron a souhaité sagement un abaissement du seuil à 1 million d’électeurs (au lieu de 4 actuellement), pour engager la procédure du référendum d’initiative partagée (RIP), et si le Parlement ne s’en saisit pas, le projet ira au référendum.

Reprenant déjà les idées de sa réforme des institutions, Emmanuel Macron veut impliquer plus le peuple en proposant de réduire les membres actuels du CESE (Conseil Économique, Social et Environnemental) pour laisser la place à des citoyens tirés au sort. Pourquoi pas ? Mais à mon sens, le CESE devrait plutôt être purement et clairement supprimé, car il n’est pas une chambre parlementaire et est inutile, sinon à placer certains de ses amis en échec électoral en attendant une prochaine élection (il suffit de voir le CV de nombreux responsables politiques). Sa réforme est donc salutaire, sera-t-elle utile, seul le temps et la pratique la jugeront.

Plus intéressant, Emmanuel Macron a exposé sa volonté de faire un nouvel acte de décentralisation, qu’il appellerait déconcentration « avec celui-ci, un principe : la différentiation territoriale ». D’une part, il pourrait y avoir des économies à faire, en réduisant les services de l’État correspondant aux services délégués aux collectivités territoriales, afin d’en finir avec les doublons qui, non seulement coûtent cher, mais font perdre un temps précieux. Par ailleurs, il veut que les exécutifs locaux prennent aussi la culture de la responsabilité. Emmanuel Macron a pensé notamment à des sujets comme le logement, le transport ou encore la transition écologique. Cet acte de décentralisation est prévu pour le premier trimestre de 2020. Il a décidé qu’il n’y aurait plus de fermeture d’école ni d’hôpital sans l’accord du maire.

Au-delà de l’aspect institutionnel, Emmanuel Macron a évoqué l’aspect administratif et s’est donné pour mission de créer dans chaque canton (il y en a environ deux mille) des maisons administratives qu’on appellerait "France Service" qui aideraient les citoyens dans leurs démarches administratives en y centralisant tous les services administratifs : « La simplicité, c’est la vraie protection, c’est al vraie protection et c’est le vrai service public. ». Je trouve cette idée d’autant meilleure que les préfectures ont fermé un grand nombre de guichets en dématérialisant les demandes administratives sur l’Internet.

Toujours d’un point de vue administratif, Emmanuel Macron a l’ambition de mettre fin aux grands corps de l’État, considérant qu’il n’est pas juste de permettre à des hauts diplômés d’avoir une carrière toute tracée : « Je pense que nous avons besoin de services d’excellence, de filières d’excellence. Nous n’avons plus besoin de protections à vie et elles ne correspondent plus à notre capacité à attirer les talents et même à les garder. ». Cela passerait, selon lui, par la suppression de l’ENA. C’est un sujet annexe, même s’il est important. Tout dépendra de la manière dont la réforme sera conçue puis mise en œuvre.


2. Remettre l’humain et la justice au centre du projet national

La première mesure est aussi un serpent de mer. Le consentement à l’impôt nécessite que la lutte contre l’évasion fiscale soit totale. Mais demander une étude pour savoir comment lutter efficacement n’est pas très raisonnable, puisque le sujet est loin d’être nouveau. Mesure qui semble surtout de vitrine pour rassurer les contribuables.

Emmanuel Macron a redit qu’il assumait la fin de l’ISF pour les actions économiques, tout en insistant sur le fait que cette suppression serait évaluée en 2020 et que l’ISF n’avait pas été totalement supprimé puisqu’il y a l’IFI qui impose le foncier (l’immobilier). À ce sujet, je remarque deux choses. Sur le fond, je considère qu’il y a une erreur d’appréciation en pensant que l’investissement dans l’immobilier n’est pas économique. Vu le manque de logements, c’est au contraire un investissement non seulement économiquement utile mais socialement indispensable. Vouloir dissocier les deux ne paraît pas justifié. Sur la forme, je pense qu’Emmanuel Macron a perdu beaucoup de crédit par manque d’expérience politique. Plutôt que de supprimer l’ISF et de créer l’IFI, il aurait simplement dû réformer l’ISF en lui gardant le même nom. Cela aurait politiquement beaucoup changé les choses en ce qui concerne l’impopularité de la mesure.

Emmanuel Macron assume sa politique et croit qu’elle est bonne dans l’intérêt national. L’un des signes positifs qu’il voit, c’est le retour à la création d’emplois industriels, ce qui est nouveau depuis dix ans (en tout, 500 000 créations d’emploi en deux ans). Il pense donc que sa politique en faveur de la production et de la recherche va porter ses fruits. La question sera de savoir comment la suppression de l’ISF sera évaluée, car ses opposants pourraient toujours rejeter l’étude qu’ils considéreraient alors comme partisane.

L’annonce la plus importante concerne cependant l’impôt sur le revenu. Emmanuel Macron a indiqué que le gouvernement est chargé de réfléchir à réduire l’impôt sur le revenu des classes moyennes. Il a évalué à 5 milliards d’euros la baisse "significative" possible.

Comment compenser cette baisse d’impôt d’un point de vue budgétaire ? Plusieurs pistes : supprimer des niches fiscales pour les entreprises (mais promeut-il ou pas une politique favorable aux entreprises ? En réduisant ces niches, il les plomberait, même s’il a rappelé que l’impôt sur les sociétés a baissé à 25%). Autre piste : réduire les dépenses publiques (le serpent de mer qui a noyé François Hollande !). Emmanuel Macron a suggéré de dissoudre de nombreux organismes publics inutiles (sans vouloir dire lesquels, car il veut laisser le gouvernement les identifier). En outre, Emmanuel Macron est prêt à abandonner l’idée de supprimer 120 000 postes de fonctionnaires pendant son quinquennat.

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Mais la piste la plus convaincante reste quand même ce qui était dans le débat public de ces derniers jours : travailler plus.

Là encore, Emmanuel Macron a voulu rassurer. Il n’est pas question de supprimer les 35 heures qui ne sont plus que théoriques (détricotées par des accords d’entreprise). Il n’est pas question non plus de supprimer un (second) jour férié, qui ne serait pas lisible. Enfin, travailler plus, cela signifie travailler plus longtemps.

Mais Emmanuel Macron ne veut pas imposer un allongement de l’âge légal de la retraite, actuellement à 62 ans (c’était à 65 ans avant 1981 puis passé à 60 ans). Emmanuel Macron dit plusieurs choses intéressantes. Dune part, il a promis qu’il n’y toucherait pas et pour un sujet aussi sensible, trahir cet engagement serait une faute politique. D’autre part, prolonger à 64 ans par exemple cet âge serait injuste pour ceux qui ont des emplois pénibles, mais ce serait aussi hypocrite, car tant qu’il y a un fort taux de chômage, il serait illusoire de vouloir travailler jusqu’à 64 ans quand c’est déjà difficile de travailler à 55 ans. Ce que propose Emmanuel Macron, c’est de donner des incitations à partir tardivement à la retraite, dans le calcul des pensions.

Autre mesure dans cette partie : généraliser les classes en faible effectif en limitant à 24 élèves pour la grande section de la maternelle, le CP et le CE1. Cela permettra de s’occuper plus facilement des enfants en situation de handicap et des décrocheurs. Par ailleurs, il a proposé la revalorisation des salaires des enseignants qui devra être réalisée en parallèle à la réforme des retraites par points. Il a proposé aussi une augmentation du nombre des premiers cycles universitaires, et l’implication des universités dans le renforcement de la formation continue.

Dans la valeur travail/mérite, Emmanuel Macron y place également les négociations sur l’assurance-chômage, ainsi que de nouvelles relations entre Pôle Emploi et le demandeur d’emploi. Il a ainsi donné l’idée que Pôle Emploi puisse proposer des solutions en termes de logement ou de transports au demandeur d’emploi qui accepte un emploi loin de chez lui, pour qu’il y ait un meilleur accompagnement et prise en compte de ses contraintes personnelles.

Toujours dans la case mérite par le travail, Emmanuel Macron a annoncé la reconduction de la possibilité d’une prime exceptionnelle de fin d’année jusqu’à 1 000 euros sans impôts ni charges. Ainsi que la réindexation des retraites jusqu’à 2 000 euros à partir du 1er janvier 2020 et de toutes les retraites à partir de 2021.


3. Assumer la clarté dans les grandes transitions

Pour Emmanuel Macron, la première transition est écologique et elle doit être l’un des sujets essentiels dans la construction européenne. Il veut aussi donner une lisibilité sur les agendas qu’il s’est fixés. Pour lui, son point de mire est 2025.

Pour la transition écologique : confirmation des aides à l’isolation des habitations. Par ailleurs, il va créer un conseil de défense écologique dirigé par le Premier Ministre, où seront membres des citoyens tirés au sort dès juin prochain. Il sera prêt à mettre en œuvre les propositions qui en sortiraient, que ce soit dans le domaine réglementaire ou législatif, quitte à organiser un référendum si les parlementaires les refusait.

Mais il y a d’autres agendas, comme celui de la retraite par points qui serait selon lui un facteur d’égalité et de justice (je ne suis pas convaincu que les futurs retraités y trouvent leurs comptes). Il faut aussi prendre en compte la dépendance, actuellement, il y a 1,5 million de personnes dépendantes.

Enfin, il préconise pour 2025 le retour au plein emploi, après avoir promu une politique de réindustrialisation : « On a besoin de bâtir un pacte productif permettant de viser en 2025 le plan emploi. C’est à notre portée, complètement, et pour cela, il nous faut un plan clair : produire, se déplacer, se nourrir, se soigner avec des objectifs en matière d’investissements dans la recherche publique et privée, des priorités technologiques claires au niveau français comme au niveau européen. Et donc, à l’automne, nous devons finaliser ce nouveau pacte et bâtir cette nouvelle stratégie. ».


4. Réaffirmer les permanences du projet français

Cette quatrième partie est intéressante et novatrice. Emmanuel Macron veut non seulement apporter aux Français les réformes qu’il considère comme utiles au pays, mais dire aussi ce qu’il ne faut pas changer pour rester Français.

Premier thème : la famille. L’idée est de retrouver la dynamique de la natalité, de mieux accompagner les situations familiales actuelles, notamment les familles monoparentales avec la possibilité par la CAF de prélever les pensions alimentaires si elles sont impayées. De plus, Emmanuel Macron a proposé que les aidants proches aient un statut particulier, que ceux qui ont arrêté de travailler pour se consacrer à l’accompagnement d’un enfant en situation de handicap ou d’un parent dépendant puisse quand même bénéficier de cotisations retraites etc.

Deuxième thème : l’engagement. Ce principe est le fondement de la solidarité. En particulier, dans le cadre associatif. L’idée ici est surtout de promouvoir le service national universel.

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Troisième thème : la laïcité. Lutte contre les communautarismes : « Mais aujourd'hui, nous ne devons pas nous masquer : quand on parle de laïcité, on ne parle pas vraiment de laïcité. On parle du communautarisme qui s'est installé dans certains quartiers de la République. On parle d'une sécession qui fait parfois sournoisement installée parce que la République avait déserté ou n'avait pas tenu ses promesses. On parle de gens qui au nom d'une religion poursuivent un projet politique, celui d'un islam politique qui veut faire sécession avec notre république. Et là-dessus, j'ai demandé au gouvernement d'être intraitable. Nous avons commencé à le faire avec une politique ambitieuse de reconquête républicaine dans plusieurs quartiers. Je souhaite que nous allions plus loin en renforçant le contrôle sur les financements venant de l'étranger en étant beaucoup plus dure à l'égard de toutes les formes de cet islamisme politique, de ce communautarisme, de cette sécession au sein de notre République parce que c'est une menace sur la capacité à tenir la nation ensemble. ».

Quatrième thème : les frontières. Emmanuel Macron est favorable à un patriotisme ouvert, aussi à un patriotisme inclusif, mais qui rendrait nécessaires les frontières : « Pour être ouverts, il faut avoir des limites. Pour accueillir, il faut avoir une maison, et donc il faut des frontières, il faut qu’elles soient respectées. ». Il veut une renégociation des accords de Dublin pour adopter une nouvelle politique d’immigration à l’échelle européenne, quitte à réduire l’Espace de Schengen (le nombre de pays européens impliqués). L’avantage d’un tel espace, c’est la libre circulation des personnes, mais cela nécessite un devoir pour les États membres, le contrôle aux frontières de cet espace. De plus, Emmanuel Macron veut instituer un débat parlementaire chaque année sur les perspectives de l’immigration.

L’immigration est le second thème, après la transition écologique, qui doit être, selon Emmanuel Macron, une priorité de l’Union Européenne.


Que restera-t-il de cette conférence de presse ?

Emmanuel Macron a confirmé l’actuel gouvernement dans sa tâche. Édouard Philippe, les traits déjà tirés, ne va sans doute pas prendre de vacances cet été.

Le problème de ce genre d’exercice, c’est le trop grand nombre de mesures proposées. Les mesures proposées sur les élections législatives, même si elles ne sont pas nouvelles, me paraissent aller à l’opposé de la démocratie et de l’intérêt national. En revanche, les mesures économiques et sociales me paraissent aller dans le bon sens et Emmanuel Macron aurait eu intérêt à se restreindre à celles-ci seulement, pour ne pas disperser l’attention. La réduction de l’impôt sur le revenu est une bonne nouvelle. Des mesures d’accompagnement pour des situations qui demandent plus de solidarité nationale sont également les bienvenues et personne ne pourrait s’y opposer.

Très à l’aise dans le jeu des questions et réponses, Emmanuel Macron n’a donc pas hésité à faire quelques clins d’œil vers sa droite en parlant de frontières et d’immigration.

Le problème à la fois d’Emmanuel Macron et des gilets jaunes, c’est qu’il est déjà trop tard pour "capitaliser" sur ces mesures. Nous sommes à un mois des élections européennes et c’est d’Europe qu’il faut maintenant parler. C’est d’ailleurs un regret que le projet européen d’Emmanuel Macron n’ait pas été exposé au cours de cette conférence de presse.

Car l’objectif présidentiel est très ambitieux : « Ce nouveau temps, de cette mandature et de notre République, je veux lui assigner un objectif simple : redonner une espérance de progrès à chacun, en demandant à chacun le meilleur de lui-même, et c’est ainsi que nous pourrons reconstruire ensemble très profondément ce que j’appellerais l’art d’être Français qui est une manière très particulière d’être ce que nous sommes. L’art d’être Français, c’est à la fois être enraciné et universel, être attaché à notre histoire, à nos racines mais embrasser l’avenir, c’est cette capacité à débattre de tout en permanence et c’est, très profondément, décider de ne pas nous adapter au monde qui nous échappe, de ne pas céder à la loi du plus fort, mais bien de porter un projet de résistance, d’ambition pour aujourd’hui et pour demain. ».

Selon un premier sondage réalisé dans la soirée, 37% (seulement) ont été convaincus par la conférence de presse présidentielle. Cela peut paraître faible, mais en fait, à mon sens, l’objectif est atteint, c’est environ 10 points de plus que ceux qui lui font aujourd’hui confiance. Avec cette conférence de presse, le but était de bouger quelques lignes. Il semble être en bonne voie, même si je ne doute pas de la poursuite des samedis jaunes


Aussi sur le blog.

Sylvain Rakotoarison (25 avril 2019)
http://www.rakotoarison.eu


Pour aller plus loin :
Emmanuel Macron et l’art d’être Français.
Conférence de presse du Président Emmanuel Macron du 25 avril 2019 (vidéo et texte intégral).
Allocution du Président Emmanuel Macron du 16 avril 2019 (texte intégral).
Emmanuel Macron à la conquête des peuples européens.
Gilets jaunes : le syndrome du Fouquet’s.

_yartiMacron2019042507


http://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20190425-macron.html

https://www.agoravox.fr/actualites/politique/article/emmanuel-macron-et-l-art-d-etre-214623

http://rakotoarison.canalblog.com/archives/2019/04/25/37286908.html

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