« [Mon père] ajoutait que si la révolution est par définition une évolution ratée, il fallait prendre en compte que cette évolution, même mal conduite, avait tout de même été faite. Dès lors, on devait bien la prendre comme un nouveau départ. C’est pourquoi, constatait-il, les contre-révolutionnaires et les émigrés n’avaient pas réussi à écraser la Révolution, la France était à l’apogée de ses moyens, plus en avance en philosophie et en sciences que n’importe quel autre pays, plus peuplée que tous ses voisins réunis. Mais elle éclatait dans ses structures sociales devenues périmées par carence du premier des trois pouvoirs et d’une partie du deuxième : la noblesse devenue inadaptée au temps parce que interdite de banque, d’industrie et de commerce, la justice, qui se prétendait indépendante, ne jugeait plus qu’à son gré. Que pouvait donc faire Louis XVI ? » (Amiral Philippe De Gaulle, entretiens avec Michel Tauriac, 2004).
Le prince Henri d’Orléans, comte de Paris et prétendant au trône sous le nom d'Henri VI, est mort à Cherisy il y a vingt ans, le 19 juin 1999, à quelques jours de son 91e anniversaire (il est né le 5 juillet 1908) et le même jour que le mariage de son petit-fils, Eudes, duc d’Angoulême, à Dreux (où il fut enterré deux jours plus tard). Pour ne pas le confondre avec son fils, appelé également Henri (Henri VII) et qui fut comte de Paris à la mort de son père, je nommerai ce dernier comte de Clermont, qu’il fut pendant l’existence de son père. Henri, comte de Clermont, est mort au début de cette année, le 21 janvier 2019, et j’appellerai son père, par commodité, le comte de Paris ou Henri VI bien qu’il ne régnât jamais.
Son père Jean d’Orléans, duc de Guise, est mort le 25 août 1940, si bien que si la France était encore en monarchie (constitutionnelle), Henri VI aurait été le roi des Français pendant près de cinquante-neuf ans, du 25 août 1940 au 19 juin 1999. Il n’a été que "prétendant au Trône" (et du 28 mars 1926 au 25 août 1940, il était le prétendu dauphin).
Passons rapidement sur la querelle dynastique française qui oppose la famille d’Orléans et la famille des Bourbons d’Espagne.
Famille d’Orléans : Henri d’Orléans en était le représentant, en tant que descendant du dernier roi, Louis-Philippe Ier (Henri VI était l’arrière-arrière-petit-fils de Louis-Philippe Ier). Depuis la mort d’Henri VII (comte de Clermont), c’est maintenant Jean d’Orléans, duc de Vendôme depuis 1987, qui est le prétendant au trône (Jean IV). Les Orléans ne sont descendants que de Louis XIII, mais pas de Louis XIV, au contraire de leurs concurrents dynastiques.
Famille des Bourbons d’Espagne : elle est la branche aînée des descendants directs d’Hugues Capet. C’est la dynastie espagnole actuelle qui provient d’un descendant de Louis XIV, dont un petit-fils, Philippe V d’Espagne (1683-1746), oncle de Louis XV, avait renoncé à tout droit sur la couronne de France dans la mesure où il avait déjà des droits sur la couronne d’Espagne par sa grand-mère paternelle, Marie-Thérèse d’Autriche, fille du roi d’Espagne Philippe IV. L’idée était de préserver l’identité des deux royaumes, France et Espagne, qui ne pouvaient donc pas être réunis sous l’autorité du même souverain.
Cette renonciation, pour lui et tous ses descendants, a été formellement spécifiée dans le Traité d’Utrecht signé le 13 juillet 1713 pour mettre fin à la guerre de Succession d’Espagne (parallèlement, les Habsbourg et les Orléans renonçaient définitivement à la couronne d’Espagne). Le prétendant au trône actuel est Louis de Bourbon, duc d’Anjou, depuis le 30 janvier 1989 (Louis XX). Pour l’anecdote tragique, son père Alphonse de Bourbon, duc de Cadix, petit-fil du roi Alphonse XIII et cousin du roi d’Espagne Juan-Carlos Ier, est mort dans le Colorado, aux États-Unis, en faisant du ski et en se faisant presque décapiter par un câble.
La querelle dynastique a déjà été "réglée" deux fois, une fois avec les Traités d’Utrecht en 1713, et une autre fois en 1873, lors de l’impossible restauration au début de la Troisième République : le comte de Chambord, Henri V d’Artois (1820-1883), petit-fils de Charles X, sans descendance, avait reconnu la légitimité, pour après sa mort, le 24 août 1883, de son (ancien) concurrent orléaniste Louis-Philippe d’Orléans, comte de Paris (1838-1894), petit-fils de Louis-Philippe Ier qui prit le nom de Philippe VII au lieu de Louis-Philippe II (dans un souci d’union et de fusion des courants monarchistes).
Cette querelle est aujourd’hui plus théorique que personnelle puisque Jean d’Orléans (Jean IV) a assuré entretenir de bonnes relations avec son lointain cousin Louis de Bourbon (Louis XX) et les deux personnalités ont participé ensemble à la commémoration du quatre centième anniversaire de la mort de leur aïeul Henri IV, assassiné le 14 mai 1610.
De toute façon, cette querelle n’aurait eu de sens que si la monarchie avait été restaurée en France, ce qui n’a pas été le cas et ne semble plus être sérieusement envisageable. D’ailleurs, celui qui avait le plus de chance de restaurer la monarchie, c’était justement Henri VI, le comte de Paris, car il s’est retrouvé au carrefour de l’histoire et l’on peut même dire qu’il a eu trois petites occasions de le faire, même si ces fenêtres étaient très étroites.
Henri VI a toujours eu de mauvaises relations avec l’écrivain (et académicien) royaliste Charles Maurras, qui avait une grande influence sur le courant monarchiste d’entre-deux-guerres, avec "L’Action française". Ses idées nationalistes s’opposaient à l’ouverture sociale qui inspirait les idées politiques du comte de Paris.
Son père est mort en 1940 et donc, Henri fut le prétendant dès le début de la guerre. L’action d’Henri VI pendant la guerre était assez confuse. Disons qu’au départ, il faisait confiance à Pétain (qu’il rencontra au château de Charmeil seulement le 6 août 1942 après de nombreuses demandes), mais ce dernier ne lui a prêté aucune considération (Pierre Laval lui proposa toutefois le Ministère du Ravitaillement !). Il pouvait être légitime, avec la Révolution nationale, de restaurer le roi. Pendant ce temps, De Gaulle l’attendait à Londres.
Au milieu de la guerre, Henri VI s’est tourné vers la France libre, notamment en résidant en Afrique du Nord. Il songeait alors être reconnu par les Américains comme le chef de la France libre. Là encore, il n’existait politiquement aux yeux de personne. Certains résistants l’avaient imaginé remplacer l’amiral Darlan à Alger à la fin de l’année 1942. François Darlan fut en effet assassiné le 24 décembre 1942 par un militant royaliste de 20 ans. Le comte de Paris se proposa pour le remplacer mais ce fut le général Henri Giraud qui lui succéda, avec le soutien des États-Unis.
Après la Libération, le comte de Paris continua son travail pour maintenir un semblant d’existence politique. La loi du 22 juin 1886 l’obligeait à l’exil forcé en tant que membre d’une famille ayant régné. Il s’installa au Portugal et au Maroc (il avait vendu le manoir d’Anjou à Bruxelles lors de la mort de son père).
Le comte de Paris, se rapprochant de la démocratie chrétienne (MRP), a écrit beaucoup de réflexions politiques, dont le 29 janvier 1948, une "Esquisse d’une Constitution monarchique et démocratique", publiée le 5 février 1948 en livret qu’il distribua gracieusement à l’ensemble de la classe politique : « Je pense qu’une constitution doit être une œuvre pragmatique, conçue selon le temps, le lieu et le tempérament des hommes auxquels elle s’applique. Je pense que la constitution idéale est celle qui ménage par de judicieux contrepoids l’équilibre entre les libertés individuelles et l’efficacité politique que la nation recherche depuis deux siècles, allant tour à tour dans un balancement cyclique de l’anarchie à la tyrannie, de l’autoritarisme à l’impuissance, dans un effort désespéré de conciliation de la justice et de l’ordre. ».
La classe politique de la Quatrième République (à l’initiative d’un député MRP) vota finalement l’abrogation de la loi d’exil le 24 juin 1950, en laissant une disposition qui ne fut abrogée que le 17 mai 2011 : « Au cas où les nécessités de l’ordre public l’exigent, le territoire de la République pourra être interdit à tout membre des familles ayant régné en France par décret pris en conseil des ministres. ». Ainsi, Henri VI a pu faire son arrivée à Paris dès le 5 juillet 1950 (où il a rencontré, pour les remercier, le Président de la République Vincent Auriol, qui avait soutenu de tous son poids l’abrogation de la loi d’exil, et le Président du Sénat Gaston Monnerville).
Henri VI a noué des relations très suivies avec De Gaulle, des rencontres régulières et des échanges de correspondances entre 1953 et 1970. Sa première rencontre a lieu le 13 juillet 1954 par l’intermédiaire d’Edmond Michelet, à Saint-Léger-en-Yvelines, chez un proche de Michel Debré (qui, lui-même très républicain, s’opposa rapidement à toute idée de restauration). C’était en pleine traversée du désert. Le comte de Paris a vivement soutenu le retour de De Gaulle le 2 juin 1958, puis la Constitution de la Cinquième République, si bien que De Gaulle l’a rencontré souvent pendant qu’il était au pouvoir, entre 1958 et 1966 (en moyenne une ou deux fois par an, comme le 10 mai 1959 à Amboise : « Je salue en vous nos rois, leurs descendants qui sont de très bons, de très nobles, de très dévoués serviteurs du pays. »). Son fils, le comte de Clermont, a même travaillé un temps au secrétariat général de l’Élysée. De Gaulle donnait à Henri VI quelques missions diplomatiques diverses et variées (notamment dans des pays africains).
Henri VI, dans un livre publié en 1994, a affirmé que De Gaulle avait envisagé sérieusement la restauration pour décembre 1965, à la fin de son septennat. Fantasme ou double jeu, l’histoire reste ambiguë. Cependant, le problème se posait ainsi : De Gaulle lui laissait imaginer dès le 28 octobre 1961 qu’il pourrait lui succéder, mais pour cela, il fallait concourir à l’élection présidentielle et donc, faire campagne. Pour le comte de Paris, il n’en était pas question : lui, roi ou futur roi, devait rester arbitre et pas être partial, et donc, il ne pouvait se lancer dans une opération de division des Français.
D’un point de vue théorique, Henri VI avait raison, si ce n’est que c’est justement toute la magie institutionnelle de la Cinquième République : le Président de la République, véritable "monarque républicain", représente effectivement l’ensemble des Français, mais pour être élu, il a dû être partial et se jeter dans une bataille très clivante, l’élection présidentielle. Élu seulement par une partie des Français, le Président de la République est le Président de tous les Français, donc, y compris de ses opposants.
Comme les intentions de De Gaulle à propos de l’Algérie en 1958, les intentions réelles de De Gaulle sur une éventuelle restauration monarchique restent aujourd’hui encore assez mystérieuses. Le journaliste Jean Ferniot a même fait mettre en une de l’hebdomadaire "L’Express" du 23 mai 1963 ce titre tonitruant : « Le successeur est choisi. Pourquoi De Gaulle a choisi le comte de Paris. ». Un autre journaliste Philippe de Saint-Robert a cru bon de rapporter, dans un livre sur De Gaulle publié en 1999, que De Gaulle ne pensait au comte de Paris que « s’il se passe quelque drame national ». Une sorte de joker extraconstitutionnel (qu’il n’a en tout cas pas utilisé lors de la crise de mai 1968). Il était question aussi que le comte de Paris prît la présidence de la Croix-Rouge comme tremplin à une éventuelle candidature à l’élection présidentielle, mais en octobre 1963, l’idée fut définitivement rejetée par l’ambassadeur, académicien et ancien ministre André François-Poncet (1887-1978) qui refusait de démissionner (il présida la Croix-Rouge française de 1955 à 1967).
Concrètement, je pense que De Gaulle n’y croyait pas lui-même, considérant que les Français avaient coupé la tête du roi et qu’on ne pourrait jamais revenir en arrière, même si, lui-même, pouvait avoir une légère inclinaison familiale en faveur de la monarchie (son père Henri De Gaulle, qui lisait "L’Action française", s’était pourtant rangé en faveur de la République, un peu dans l’esprit de Thiers, par principe de réalité). Le même mystère entoure encore aujourd’hui sa disparition pendant une journée à Baden-Baden, le 29 mai 1968. Il semble probable que De Gaulle a toujours voulu se laisser une grande marge de manœuvre et donc, a voulu évaluer et prévoir des hypothèses, peut-être même farfelues, mais les prévoir et les préparer en cas de besoin. L’hypothèse de la restauration en était une parmi d’autres (dont sa réélection). Chez les gaullistes, beaucoup s’agaçaient des contacts trop fréquents entre De Gaulle et le comte de Paris, notamment Jacques Foccart, Michel Debré et Alain Peyrefitte.
De Gaulle avait en revanche beaucoup de considération et de respect pour le comte de Paris, tant pour sa personne qu’il considérait comme très responsable, très patriote, très porté sur l’intérêt national, que pour ce qu’il représentait historiquement, la construction de la France : « Il a l’esprit très capétien. Et puis, j’ai de la considération pour ce qu’il est personnellement : il a une magnifique famille, il a perdu un fils en Algérie [le 11 octobre 1960]. Il ne mérite que l’estime. Mais ce n’est pas un candidat. Il ne correspond plus à ce siècle. », d’après le témoignage d’Alain Peyrefitte (dans "C’était De Gaulle") qui cita cette autre réflexion : « J’ai entouré [le comte de Paris] d’égards parce qu’il récapitule dans sa personne les quarante rois qui ont fait la France ; et parce que la partie en valait la peine ; et aussi parce que la personne même du prince mérite considération. ». Cela n’a pas empêché sa grande déception sur l’attitude confuse du comte de Paris en 1940, qui ne l’a pas rejoint à Londres.
En effet, De Gaulle avait beaucoup d’admiration pour les rois de France parce qu’il était passionné d’histoire de France. Son fils Philippe De Gaulle a raconté que son père n’avait jamais raté une occasion de lui enseigner un point d’histoire au fil de leurs conversations, parfois de manière crûe (hors de la présence de femme), en disant par exemple de Clovis qu’il était un « barbare que le clergé avait su mettre dans les jambes de Clotilde, son épouse chrétienne ». Répondant aux questions de Michel Tauriac pour son livre de témoignage sur son père, l’amiral Philippe De Gaulle déclara : « Mon père avait le respect de la monarchie. Il estimait qu’elle avait fait, petit à petit, la France et les Français. (…) Dans l’époque moderne, notamment parce que le comte de Paris n’avait pas pu ou su s’intégrer à la Résistance française, c’est-à-dire à la France libre, mon père trouvait la monarchie totalement inadaptée à la mentalité des Français et par conséquent à leur gouvernement. » (2004).
D’ailleurs, Charles De Gaulle avait expliqué à son fils que l’échec de la restauration en 1873 aurait été volontaire : « Le refus en 1873 du comte de Chambord d’abandonner le drapeau blanc pour les trois couleurs n’a été, d’après ton grand-père Henri [De Gaulle], que le prétexte d’un homme qui savait qu’en France, depuis l’expérience de Louis-Philippe, la monarchie constitutionnelle n’était guère convenable. En réalité, il ne croyait plus à la monarchie. ».
Avant cette improbable occasion de restauration en 1965, qui fut la troisième, avec celle de décembre 1942, il y en a eu une deuxième, lors du putsch d’Alger. Comme pour sa position sous l’Occupation, la position du comte de Paris n’était pas très claire sur l’Algérie (en 1956, il avait déclaré que l’Algérie était « la clef de voûte de l’Afrique française et la perdre, c’était tout perdre ! » ; en 1960, il était favorable à l’autodétermination et prêt à s’impliquer dans des négociations avec le FLN), suivant en cela non seulement De Gaulle mais l’évolution générale de la société française, d’abord fermement contre l’indépendance, puis l’acceptant six ans plus tard. Or, certains putschistes proches de l’OAS étaient prêts à restaurer la monarchie pour s’opposer à la mollesse du pouvoir gaulliste et pour avoir une légitimité historique qui leur manquait. Mais ils étaient opposés aux positions du comte de Paris qui aurait de toute façon refusé ce genre de compromission, d’autant plus qu’il ne voulait pas avoir affaire avec l’OAS qui était une organisation ouvertement terroriste.
Après sa réélection le 19 décembre 1965, De Gaulle a reçu de nouveau le comte de Paris le 20 janvier 1966, et lui a proposé la Présidence du Sénat ou de l’Assemblée Nationale (selon certains témoignages). Déçu, le prétendant a mis fin, dès le 17 janvier 1967, à ses velléités politiques en interrompant ses publications politiques. Il s’est alors replié sur la gestion des biens de sa famille, mauvaise gestion puisqu’il a dilapidé la fortune familiale au point que son fils Henri VII a déposé plainte le 9 avril 2002 pour escroquerie (et même de son vivant, cinq de ses neuf enfants ont contesté la gestion de leur père dès 1993).
Le comte de Paris a eu des relations privilégiées avec deux Présidents de la Cinquième République : De Gaulle, donc, qu’il appela "le dernier roi" dans une interview dans "Le Figaro" du 10 juillet 1996, et aussi François Mitterrand qu’il avait connu avant la guerre, alors que le futur premier secrétaire du Parti socialiste était proche de l’Action française. Le comte de Paris a même voté pour François Mitterrand en 1981 et en 1988 et il a noué des relations suivies lors de la préparation du millénaire de l’accession d’Hugues Capet au trône de France en 1987.
Ce fut pour cette raison que le comte de Paris a rencontré François Mitterrand à l’Élysée le 10 octobre 1986, puis le 22 janvier 1987, par l’entremise de François de Grossouvre. François Mitterrand considérait que le comte de Paris était le seul prétendant au trône et il lui a proposé d’écrire au roi Juan-Carlos Ier pour lui demander d’empêcher que le cousin de celui-ci, Alphonse de Bourbon, duc de Cadix, revendiquant lui aussi la couronne de France, participât aux commémorations du millénaire d’Hugues Capet. Cette proposition a vexé le comte de Paris qui considérait que c’était une affaire familiale et qu’un Président de la République ni un roi étranger n’avaient à faire de l’ingérence dans ce conflit (finalement, ce fut le comte de Paris lui-même qui écrivit à Juan-Carlos Ier en mars 1987).
Le Millénaire capétien a commencé à la cathédrale d’Amiens le 3 avril 1987 en présence des deux homes, puis a poursuivi notamment par une messe à Noyon le 21 juin 1987 en mémoire du sacre d’Hugues Capet le 3 juillet 1987. Ces cérémonies furent organisées par Jean Favier, directeur général des Archives nationales, en coopération avec le maire de Paris Jacques Chirac.
Notons cependant qu’avant l’avènement d’Hugues Capet, il y a eu d’autres rois capétiens, Eudes, déjà comte de Paris, et son frère Robert Ier, qui s’étaient fait élire rois par les notables du royaume entre deux règnes de carolingiens (Charles III le Gros, Charles III le Simple et Louis IV), sans oublier Raoul de Bourgogne (gendre de Robert Ier et neveu par alliance de Charles II le Chauve), élu roi comme un ovni, sans appartenir à l’une des trois grandes dynasties françaises ou franques (Mérovingiens, Carolingiens et Capétiens). Hugues Capet fut le petit-fils de Robert Ier.
Cette année 1987 a marqué aussi une polémique familiale puisque, le 27 septembre 1987, le comte de Paris a fait de ses deux petits-fils Jean et Eudes, respectivement duc de Vendôme et duc d’Angoulême et aussi, de Jean, son héritier direct, court-circuitant son propre fils Henri VII, comte de Clermont, à cause de son divorce (le comte de Paris n’était pas divorcé, mais vivait séparé de son épouse depuis 1986 et est mort dans le domicile d’une autre compagne).
La loi salique empêche cependant de déshériter des enfants dans leurs droits à la couronne de France (cependant, le comte de Paris a rétabli son fils dans la succession en 1990). Et le fait de choisir Jean allait doublement contre la loi salique, puisque Jean est le petit-fils et pas le fils encore vivant, mais en plus, il n’est pas le petit-fils aîné puisque son grand frère François, plus âgé donc, était encore vivant. François, personne en situation de handicap mental, avait été en effet écarté par le comte de Paris de la succession, mais rétabli par son père le comte de Clermont, et sa mort le 31 décembre 2017, survenue avant celle de son père, a évité une autre querelle dynastique qui avait cependant été désamorcée le 6 mars 2003 en faisant de Jean le régent du dauphin (ce que ne reconnaissait cependant pas Jean qui se considérait comme l’héritier présomptif, réaffirmé le 1er août 2016).
Pour finir, indiquons que le comte de Paris a cherché à participer aux cérémonies du Bicentenaire de la Révolution française le 14 juillet 1989, mais en demandant à François Mitterrand que fût commémorée la Fête de la Fédération (le 14 juillet 1790), rassemblant le peuple et son roi, au lieu de la prise de la Bastille (le 14 juillet 1789). François Mitterrand refusa et le comte de Paris n’est donc pas venu à la tribune officielle parmi les nombreux chefs d’État et de gouvernement qui avaient été invités pour l’occasion.
Aussi sur le blog.
Sylvain Rakotoarison (18 juin 2019)
http://www.rakotoarison.eu
Pour aller plus loin :
Henri VI, comte de Paris, ou l’impossible retour du roi.
Henri VII : le roi de France est mort un 21 janvier.
Institutions : attention aux mirages, aux chimères et aux sirènes !
Gilets jaunes : un référendum sur l’ISF ? Chiche !
Ne cassons pas nos institutions !
La proportionnelle éloigne les élus du peuple.
Non à la représentation proportionnelle aux élections législatives !
Vive la Cinquième République !
Concini.
Henri IV.
Philippe V.
François Ier.
Louis XIV.
Lully.
Les Rois maudits.
http://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20190619-henri-vi-comte-paris.html
https://www.agoravox.fr/actualites/politique/article/henri-vi-comte-de-paris-ou-l-215992
http://rakotoarison.canalblog.com/archives/2019/06/12/37423296.html