« Prier pour la France (…), c’est nous demander où nous e sommes de la tendresse que doivent exprimer les Français entre eux. Pour notre terre de France, que faisons-nous d’autre que de nous jeter à la figure quelques mottes de soupçon ou d’intolérance ? (…) Nous pouvons l’affirmer en toute sérénité en ce centenaire de la loi 1905 (…) sur les rapports de l’Église et d’un État qui, loin de renier sa laïcité, approfondit son devoir de faire appel à la religion comme à une force vitale pour nourrir et fortifier le tissu si fragile de la société française. » (Roger Etchegaray, le 10 juillet 2005 à Strasbourg).
Il est né et mort dans le Pays basque. Il allait atteindre son 97e anniversaire le 25 septembre 2019. Il venait de fêter ses cinquante années d’épiscopat. Le cardinal Roger Etchegaray est mort le mardi 4 septembre 2019 à 17 heures 30. Il a été enterré ce lundi 9 septembre 2019 dans la matinée, dans la cathédrale de Bayonne, entouré de nombreux prélats catholiques, Mgr Marc Aillet, évêque de Bayonne, Lescar et Oloron depuis le 15 octobre 2008, Mgr Jean-Pierre Ricard, archevêque de Bordeaux depuis le 21 décembre 2001 et cardinal depuis le 24 mars 2006 (ancien président de la Conférence des évêques de France de 2001 à 2007), Mgr Dominique Mamberti, cardinal depuis le 14 février 2015 et préfet du tribunal suprême de la Signature apostolique depuis le 8 novembre 2014 (à ce titre, ce prélat français représentait le Vatican), Mgr Philippe Barbarin, archevêque de Lyon depuis le 16 juillet 2002 et cardinal depuis le 21 octobre 2003, et encore d’autres évêques et prêtres.
Avec Roger Etchegaray, s’est éteinte cette génération de grands prélats français qui ont beaucoup marqué leur temps, comme Mgr François Marty (1904-1994), Mgr Jean Vilnet (1922-2013), Mgr Albert Decourtray (1923-1994) ou encore Mgr Jean-Marie Lustiger (1926-2007).
Après la mort de Roger Etchegaray, le Collège des cardinaux (anciennement le Sacré Collège) est composé de 213 membres, dont 118 cardinaux électeurs et 95 cardinaux non électeurs. Depuis Paul VI, un cardinal ne peut être électeur (et être élu pape) que s’il a moins de 80 ans. Cela permet de nommer de vieux théologiens cardinaux sans pour autant bouleverser l’équilibre du Collège des cardinaux. Roger Etchegaray fut le doyen d’âge des cardinaux lors de sa dernière journée d’existence (son collègue cardinal colombien José de Jesus Pimiento Rodriguez est mort en effet le 3 septembre 2019 à l’âge de 100 an et demi).
Dans l’Église catholique, Roger Etchegaray a occupé des fonctions très importantes. Fils d’un mécanicien agricole, il a étudié au grand séminaire de Bayonne puis au séminaire français de Rome, et à l’Université grégorienne de Rome. Il est devenu licencié en théologie et docteur en droit canonique (sa thèse portait sur le baptême des enfants de parents catholiques non pratiquants). Ordonné prêtre le 13 juillet 1947 dans sa ville natale, à Espelette (où il a été inhumé le 9 septembre 2019 dans l’après-midi).
Il fut nommé dans la paroisse de Saint-Étienne d’Espelette et travailla auprès de l’évêque de Bayonne (Mgr Léon-Albert Terrier) comme secrétaire particulier (en 1949). Il fut ensuite secrétaire général de l’Action catholique du diocèse (le 22 janvier 1953), chanoine honoraire (le 11 avril 1956), directeur des œuvres du diocèse (le 2 décembre 1958), vicaire général du diocèse (le 18 octobre 1960), directeur adjoint du secrétariat de l’Épiscopat français (le 18 janvier 1961), directeur du secrétariat pastoral de l’Épiscopat (en 1962). Il participa au Concile Vatican II en tant qu’expert entre 1962 et 1965, et il a beaucoup agi pour mettre en relation différentes délégations nationales. Roger Etchgaray fut très souvent cité par le père Yves Congar (théologien créé cardinal quelques mois avant de mourir) dans son "Journal du Concile" publié en 2002. Il fut nommé secrétaire général de la Conférence des évêques de France du 1er juin 1966 au 24 décembre 1970.
À la fin des années 1960, il a pris des responsabilités "opérationnelles" (on dira ici plutôt "pastorales") : nommé évêque auxiliaire de Paris le 29 mars 1969, consacré évêque le 27 mai 1969 à la cathédrale Notre-Dame de Paris par le cardinal François Marty (qui était archevêque de Paris), Roger Etchegaray fut nommé archevêque de Marseille du 24 décembre 1970 (intronisé le 16 janvier 1971) au 13 avril 1985. Il fut créé cardinal le 30 juin 1979 par le pape Jean-Paul II (comme cardinal-prêtre d’abord, puis, à partir du 24 juin 1998, comme cardinal-évêque).
Comme archevêque de Marseille, Roger Etchegaray s’est beaucoup engagé dans la vie épiscopale française : il présida la Conférence épiscopale de France de 1975 à 1981 (il succéda à François Marty et laissa cette responsabilité à Jean Vilnet) et le Conseil des Conférences épiscopales européennes de 1971 au 21 juin 1979 (il en fut le premier président et dès 1965, il était au Concile Vatican II le secrétaire du comité de liaison des épiscopats européens, ce fut lui qui créa la synergie entre épiscopats européens). Il fut également le prélat de la Mission de France du 25 novembre 1975 au 23 avril 1982 (il succéda à François Marty et laissa cette responsabilité à Albert Decourtray).
De sa fonction pastorale à Marseille, Roger Etchegaray a livré ceci : « L’évêque est acculé à être, par sa vie même, un appel. Il n’est plus jugé sur l’idée que les hommes se font de la charge pastorale (en ont-ils une d’ailleurs, ou n’est-elle pas divergente ?) ; mais il sera jugé sur l’idée que lui-même en donnera. Me voici donc renvoyé à ma foi, me voici rendu public jusque dans ma vie personnelle. Je demande de prier pour moi, pour mes frères évêques ; car, j’ose dire, un évêque… ça compte encore ! » ("Dieu à Marseille", sorti en 1976). Le futur cardinal a aussi témoigné le 13 février 1976 à Rome sur ses responsabilités : « Chaque semaine, je m’accordais une matinée bien pleine pour recevoir toute personne qui voulait me voir sans rendez-vous. Je vous assure que de ces rencontres, j’ai beaucoup appris. ».
Cela ne l’empêchait pas, depuis Marseille, de venir avec sa Renault 4 dans les Alpes pour faire des randonnées en montagne jusqu’à 4 000 mètres d’altitude. Sa passion montagnarde lui permettait quelques analogies à propos de ses futures missions impossibles : « Avec toutes ces misères côtoyées à travers le monde, je pourrais avoir une impression de décadence, mais même aux tréfonds des enfers, je ne désespère pas de l’homme… Je trouve toujours espoir ! (…) Des fois, c’est un tout petit côté qui se trouve exposé au soleil de Dieu. C’est comme en montagne, il faut savoir trouver la face qui n’est pas gelée, que l’on peut escalader. Ainsi, de même pour l’homme : dans tout homme, on trouve un côté où il est, si j’ose dire, vulnérable à l’amour et à la tendresse de Dieu. C’est ce qui fait que l’on ne peut pas désespérer, parce que Dieu est présent en tout homme. ».
Des missions impossibles ? Il n’a fait que cela ! Le pape Jean-Paul II appela effectivement Roger Etchegaray à la Curie romaine pour des missions particulières. Il fut ce qu’on a appelé son "ambassadeur du cœur". Roger Etchegaray fut membre du Secrétariat romain pour l’unité des chrétiens en 1979, puis il fut nommé Président du Conseil pontifical Justice et Paix du 8 avril 1984 au 24 juin 1998, et Président du Conseil pontifical Cor unum du 8 avril 1984 au 2 décembre 1995. C’était l’équivalent de deux ministères. Le Conseil pontifical Justice et Paix avait pour but de promouvoir dans le monde la justice et la paix, les droits de l’homme, le respect de la "Création" (l’environnement et l’écologie), ainsi que la doctrine sociale de l’Église catholique. Le Conseil pontifical Cor Unum avait pour but d’aider et soutenir les populations en difficulté, en migration, ainsi que de promouvoir le bénévolat. Ces deux conseils pontificaux, créés par Paul VI, furent fusionnés par le pape François le 1er janvier 2017 dans le dicastère pour le service du développement humain intégral. Roger Etchegaray fut aussi nommé, le 15 novembre 1994, Président du comité central pour le Grand Jubilé de l’an 2000 (président jusqu’en 2001).
Avec ces fonctions officielles, Roger Etchegaray fut un très proche collaborateur de Jean-Paul II pendant une quinzaine d’années, envoyé partout dans le monde pour renforcer la solidarité, la paix et le partage et pour porter un message d’amour et d’espérance dans de nombreux pays en crise. Émissaire du pape, Roger Etchegaray a rempli de nombreuses missions diplomatiques, spirituelles mais aussi politiques, parfois souterraines (officieuses), en particulier dans les endroits les plus "chauds" de la planète : au Rwanda et au Burundi au moment du génocide, en Chine en 1978, à Cuba pour garder contact avec Fidel Castro, au Liban, en Irak et en Iran en 1985, au Vietnam, en Haïti, en Russie, en Corée du Nord, en Birmanie, à Sarajevo pendant la guerre civile en ex-Yougoslavie, à Bethléem, à Bagdad où il a rencontré Saddam Hussein le 16 février 2003 pour tenter d’éviter encore la guerre américaine, il a visité quarante-neuf États africains, il a rencontré Nelson Mandela en 1991, il a rencontré aussi Mouammar Kadhafi, etc. Roger Etchegaray prépara également les premières rencontres d’Assise, la journée mondiale de la prière le 27 octobre 1986 à Assise, réunissant cent trente responsables religieux. Il y a huit cents ans, saint François d’Assise a rencontré le sultan Al-Kamel qu’il a (vainement) tenté de convertir.
À propos du Rwanda, il a expliqué plus tard : « Au creux des misères humaines, j’ai toujours noté avec émerveillement les plus hauts sursauts de l’espérance… Vraiment, l’homme dépasse l’homme. Ses énergies divines sont inépuisables quand elles se mettent au service de la fraternité et de la solidarité. » (Radio Notre Dame, novembre 2007).
À propos de la Chine, dans une conférence tenue le 17 juin 2019 à l’Institut de France, sur les relations internationales de la France et le Vatican, l’historien Philippe Levillain expliqua : « Paul VI, tout au long du Concile, avait en vain espéré obtenir de Pékin la participation d’évêques chinois, comme pour les pays de l’Europe de l’Est. On voit les obstacles. Le pape ne cacha pas ultérieurement son admiration pour l’audace du Général [De Gaulle], auprès du cardinal Etchegaray chargé d’une mission spéciale en Chine en 1978. Aujourd’hui encore, le souverain pontife rêve de s’y rendre. Étonnante fut cette sorte de concurrence entre le pape et le Général. ».
Roger Etchegaray est resté ensuite au Vatican jusqu’au 26 janvier 2017. Il fut élu vice-doyen du Collège des cardinaux (c’est-à-dire le numéro trois du Vatican après le pape et le doyen élu), du 30 avril 2005 au 10 juin 2017. Il a pris sa retraite dans le Pays basque après avoir séjourné pendant trente ans à Rome et avoir passé son temps comme globe-trotter du monde.
Le soir quand le pape François a été élu, le 13 mars 2013, Roger Etchegaray fut très heureux de ce choix des cardinaux (il n’était déjà plus électeur), à tel point que le père Nicolas Buttet, l’un de ses plus proches collaborateurs au Vatican entre 1988 et 1992, apprenant sa mort, le qualifia ainsi : « Une belle personne, un précurseur du pape François ! (…) Ce n’était pas du tout un apparatchik, mais un homme respirant la chaleur humaine, avec un superbe accent du Sud-Ouest, un vrai homme d’Évangile, qui portait particulièrement le souci de l’unité de l’Église en Chine. ».
Le cardinal basque écrivit le soir même ce petit texte (qui fut publié dans son dernier livre, "Avec Dieu chemin faisant", sorti en 2015) : « J’entends que tu te fais appeler François. François d’Assise et de Buenos Aires… et maintenant "évêque de Rome". Mais pourquoi prendre ce nom, toi le premier pape à porter un nom si universel et si fascinant ? (…) Pape François, aide-nous à croire que sur tous les chemins de la résurrection, le Christ nous précède toujours. ».
Élu membre de la section générale de l’Académie des sciences morales et politiques le 28 mars 1994 (dans le même fauteuil que Louis Passy, Louis Marin, député de Nancy, ou encore le diplomate André François-Poncet), il fut décoré des insignes de Grand officier de la Légion d’honneur remises par l’ancien Premier Ministre Pierre Messmer le 7 octobre 2002 à Paris, et des insignes de Grand-croix de la Légion d’honneur remises par le Premier Ministre Manuel Valls le 26 avril 2014 à Rome. Il était également commandeur de l’Ordre national du Mérite.
Roger Etchegaray était un grand chercheur, un grand penseur, il a beaucoup étudié, réfléchi, écrit et animé des séminaires sur les problèmes très brûlants de l’Église, défense des droits de l’homme, chômage, endettement international, logement, problèmes sociaux, etc. Il a ainsi publié un rapport sur les Églises e Europe centrale et orientale cinq ans après la chute du mur de Berlin dans le cadre d’un colloque présidé par Jean Foyer (publié en 1995). Il est l’auteur d’une quinzaine d’ouvrages, en particulier de "J’avance comme un âne : à temps et à contretemps" (1984), "L’Évangile aux couleurs de la vie" (1987), "Qu’ai-je fait du Christ ?" (2001), "Vers les chrétiens en Chine, vus par une grenouille du fond d’un puits" (2004), "J’ai senti battre le cœur du monde" (2007), "L’Homme, à quel prix ?" (2012), etc. Dans son livre de 1984 ("J’avance comme un âne…"), il se parlait à lui-même : « Je te connais comme si je t’avais fait, à vrai dire, c’est bien moi qui t’ai fait comme tu es devenu, un homme masqué. Alors, de grâce, enlève ton masque et souviens-toi que tu es poussière. ».
Lauréat 2003 du Prix Félix-Houphouët-Boigny pour la recherche de la paix, Roger Etchegaray n’hésitait pas, dans son discours de remise de prix, le 21 septembre 2004 à la Maison de l’Unesco, à Paris, à insister qu’il n’était jamais seul dans le dialogue et la recherche de la paix : « Ce prix de l’Unesco, je l’accueille avec d’autant plus de reconnaissance que je le partage avec le docteur Mustafa Ceri, grand mufti de Bosnie. Nous nous sommes déjà rencontrés, d’abord sur sa propre terre au creux de la guerre civile des Balkans, et aussi à Londres, à Davos et ailleurs. Ce prix de l’Unesco, je l’accueille aussi avec d’autant plus d’empressement que le nom d’Houphouët-Boigny me pousse vers cette Afrique, berceau de l’humanité, cette Afrique en douloureux et trop long enfantement pour tenir dans l’histoire mondiale d’aujourd’hui un rôle à la mesure de son génie propre. C’est auprès du sage de Yamassoukro, à l’occasion d’une mission au Libéria, que j’ai appris à ne jamais désespérer des peuples africains, lors même qu’ils descendent aux enfers comme au Rwanda. ».
À cette occasion, il a donné quelques lignes directrices pour tenter la paix : « Aujourd’hui, je discerne mieux le lien qui unit justice et paix (…). Tout se tient : le moindre accroc à la tunique de l’humanité vient défaire la paix. Aujourd’hui, je sais mieux à quel point les droits de l’homme sont indivisibles, exigeant une farouche et égale détermination à ne pas les réduire en monnaie d’échange entre les États (…). Aujourd’hui, je déchiffre mieux le plus vieux nom de la paix, celui de désarmement (…). Aujourd’hui, je découvre mieux la force d’une opinion publique, non anesthésiée, non manipulée, capable d’alerter, de secouer les pouvoirs installés (…). Aujourd’hui, je situe mieux la réconciliation sur le chemin de la paix : elle l’accompagne à tous les pas. Ce concept de réconciliation, d’essence religieuse, est devenu politique, mais il doit garder sa sève primitive sans laquelle la justice blessée ne supportera pas le baume de la miséricorde (…). La paix est possible, même aujourd’hui où la logique de la guerre vient ronger la logique de la paix, où la violence polymorphe aveugle se faufile partout au point de rendre la paix elle-même belliqueuse. Oui, la paix est possible, mais elle ne peut se contenter de discours incantatoires, généraux et généreux. À côté de techniques de plus en plus sophistiquées pour la guerre, la promotion de la paix paraît dérisoire, artisanale, réduite à un bricolage de bons sentiments ; pour dire adieu à la guerre, il ne suffit pas de dire bonjour à la paix. » (21 septembre 2004).
Dans "L’Homme, à quel prix ?", il rappelait ceci : « Certains peuvent vous dire que le choix de la non-violence est, en fin de compte, une acceptation passive des situations d’injustice. Ils peuvent prétendre que ne pas user de violence contre ce qui est mal, ou refuser de défendre les opprimés par la violence est couardise. Rien n’est moins loin de la vérité. Il n’y a rien de passif dans la non-violence quand elle est dictée par l’amour. Choisir les moyens de la non-violence, c’est faire un choix courageux dans l’amour, un choix qui est un engagement ferme envers la justice. » (2012).
Je termine ici par une réflexion et une prière du cardinal Etchegaray qui voulait évoquer le patriotisme à l’occasion d’une traditionnelle "messe pour la France" le 10 juillet 2005 dans la cathédrale de Strasbourg : « Prier pour la France n’a pas cependant de simples accents concordataires. Il s’agit d’une démarche spirituelle que tout chrétien de tout pays accomplit, j’ose dire, finalement à l’égard de sa patrie. Car la patrie n’est pas une abstraction ou un préjugé, mais une réalité bien charnelle ; c’est elle qui permet à chacun d’assumer et d’assurer le premier et nécessaire relais entre la famille, cellule de base et toute la communauté humaine dans l’espace plus ou moins défini d’un peuple ou d’une nation. ».
Et de poursuivre ainsi : « Plus encore que la fidélité familiale, soumise à l’épreuve des générations, la fidélité à l’appartenance nationale est aujourd’hui défiée par les légitimes appels aux solidarités de plus en plus pressantes au niveau soit européen soit intercontinental. De même que, selon saint Jean, "celui qui prétend aimer Dieu qu’il ne voit pas et n’aime point son prochain qu’il voit trompe et se trompe" (I Jn, 4,20), ainsi j’ajouterai qu’il trompe et se trompe celui qui prétend aimer les peuples lointains avec lesquels il ne vit pas et n’aime point son propre pays auquel il se frotte chaque jour. Notre participation active à la communauté nationale avec tous les devoirs qu’elle impose est le meilleur test de notre aspiration à l’universel. (…) Plus que d’un sentiment toujours fragile et parfois aveugle, il s’agit d’une responsabilité collective et constante » (10 juillet 2005).
J’insiste sur cette phrase citée : « Notre participation active à la communauté nationale avec tous les devoirs qu’elle impose est le meilleur test de notre aspiration à l’universel. ». Autrement dit, le cardinal Roger Etchegaray avait compris qu’il n’y avait aucune incompatibilité entre rester patriote, aimer son pays, servir sa patrie, et nourrir de la compassion pour les moins favorisés même s’ils sont très éloignés, car l’un est complémentaire de l’autre. En ce sens, avec une dizaine d’années d’avance, il avait bien senti l’importance que l’identité nationale jouait dans l’esprit des peuples, quels qu’ils soient.
D’ailleurs, il expliquait déjà, le 7 octobre 2002 à Paris : « C’est vers la France que d’abord, je tourne mon regard, comme vers une mère. J’aime ma patrie dans sa réalité bien charnelle, par-delà ou plutôt dedans ses savoureuses différences, voire ses légitimes divergences. Nous lui devons la vérité sur ses faiblesses, mais aussi l’admiration pour ses vertus. Il ne s’agit pas d’une émotion cocardière, mais d’un engagement, d’une solidarité, d’une justice. (…) Dans tous les points chauds du monde où le pape Jean-Paul II m’a envoyé en mission de paix et de charité, jusqu’à la Chine populaire, j’ose dire que j’emportais collée à la semelle un peu de cette terre française… où se reconnaissent quelques grains basques. Notre appartenance active à la communauté nationale est un relais nécessaire à l’authenticité de notre aspiration à la communauté européenne et universelle. ».
C’est en ce sens que, toujours fidèle à ses racines basques, amoureux de la France, Roger Etchegaray a été l’un des meilleurs serviteurs de cette fameuse aspiration à l’universel dans un monde si troublé et si terrible.
Aussi sur le blog.
Sylvain Rakotoarison (09 septembre 2019)
http://www.rakotoarison.eu
Pour aller plus loin :
Mgr Roger Etchegaray.
Notre-Dame de Paris et son avenir.
Maurice Bellet.
Dis seulement une parole et je serai guéri.
La Renaissance de Notre-Dame de Paris : humour et polémiques autour d’une cathédrale.
Allocution du Président Emmanuel Macron du 16 avril 2019 (texte intégral).
Notre-Dame de Paris, double symbole identitaire.
Réflexions postpascales.
Discours du pape François le 24 février 2019 au Vatican (texte intégral).
La protection des mineurs dans l’Église.
Mgr Barbarin : une condamnation qui remet les pendules à l’heure.
Pédophilie dans l’Église : le pape François pour la tolérance zéro.
Document : rapport "Lutter contre la pédophilie" de l'épiscopat français publié en octobre 2018 (à télécharger).
Violences conjugales : le massacre des femmes continue.
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Le pape François demande pardon pour les abus sexuels dans l’Église.
Sœur Emmanuelle : respecter et aimer.
La "peur" de saint Jean-Paul II.
La canonisation de Jean-Paul II et de Jean XXIII.
La canonisation de Paul VI et de Mgr Romero.
Paul VI.
Mgr Oscar Romero.
Jean-Paul II.
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Saint François de Sales.
Le pape Formose.
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Le pape François, une vie d’espérance.
Benoît XVI.
Les saints enfants de Fatima.
La révocation de l’Édit de Nantes.
La laïcité française depuis 1905.
L’encyclique "Fides et ratio" du 14 septembre 1998.
L’infaillibilité papale.
Pâques.
La tunique d’Argenteuil.
Hommage à l'abbé Pierre.
Mère Teresa.
Sœurs de Saint-Charles.
Père Gilbert.
Frère Roger.
Jean XXIII.
Le 14e dalaï-lama.
Jean-Marie Vianney.
Mgr Jean-Marie Lustiger.
Mgr Albert Decourtray.
Le Pardon.
La Passion.
http://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20190904-roger-etchegaray.html
https://www.agoravox.fr/actualites/religions/article/les-mille-missions-d-humanite-du-217814
http://rakotoarison.canalblog.com/archives/2019/09/05/37615587.html