« Il y a un contraste entre ces bons chiffres et le moral des Français qui n’a jamais été aussi bas. » (Ségolène Royal, le 28 janvier 2020 sur LCI).
Il est parfois des déclarations qui ne manquent pas d’audace. Ségolène Royal a habitué ses concitoyens à ce genre de réflexions. Depuis qu’elle a été virée de son très dépensier poste d’ambassadrice aux Pôles, depuis le conseil des ministres du 24 janvier 2020 (celui qui a adopté le texte "précis" de le réforme des retraites), l’ancien candidate perpétuelle à l’élection présidentielle a repris sa liberté. Autant dire qu’elle est incontrôlable depuis longtemps.
D’ailleurs, si elle a été remerciée, c’était justement parce qu’elle avait déjà pris un peu trop sa liberté avec sa hiérarchie. On revient de loin ! Pendant la campagne présidentielle de 2017, Ségolène Royal avait soutenu plus ou moins explicitement la candidature du Président actuel et trouvait même qu’il s’était inspiré de sa campagne de 2007 avec Désirs d’Avenir. Mais voilà, Ségolène Royal a été manuelvallsisée par Emmanuel Macron à partir de mai 2017, c’était aussi le sort réservé à François Bayrou par l’ingrat François Hollande en mai 2012 qui avait négligé son ralliement du second tour pour l’ignorer complètement.
En clair, parce qu’elle n’a pas été employée à sa juste valeur (au moins un ministère d’État, ce qui aurait fait cocasse aux côtés de François Bayrou), elle se jette à fonds perdus dans l’opposition et elle croit même qu’elle a une petite fenêtre d’opportunité. Car qui connaît encore des adhérents du parti socialiste en capacité de se présenter à l’élection présidentielle de 2022 ? Olivier Faure, son premier secrétaire ?! Qui est capable d’en citer un seul, ne serait-ce qu’avec une petite notoriété ?
Maintenant que les formalités d’usage ont été accomplies, Ségolène Royal se lance donc entièrement dans la bataille… Rien ne l’arrêtera, sinon le principe de réalité. Car elle est terriblement seule, encore plus seule que lorsqu’elle était ambassadrice (où elle pouvait compter sur des collaborateurs dont le rôle est en train d’être épluché par la justice, une enquête préliminaire a été ouverte le 15 janvier 2020). Qui croit encore en l’avenir présidentiel de Ségolène Royal ? François Mitterrand avait quatre ans de moins qu’elle en arrivant à l’Élysée et il était autrement plus endurant qu’elle.
Parler de son âge n’est peut-être très galant, alors, parlons de son bilan : qu’a-t-elle laissé de durable pendant ses années au gouvernement ? Pas grand-chose. Sûrement pas une volonté de faire la transition écologique. Quand on laisse les feux de cheminée à Paris, on ne se préoccupe pas beaucoup de la qualité de l’atmosphère francilienne. Quand on s’incline devant quelques "bonnets rouges" et qu’on renonce (au prix de très coûteuses pénalités) à l’écotaxe des camions qui polluent et détruisent les routes de France, de l’Allemagne à l’Espagne, on comprend pourquoi elle critique l’autorité d’Emmanuel Macron. Aucune autorité, mais du populisme à revendre, oui.
Dans la matinale de LCI, ce mardi 28 janvier 2020, elle a en effet déclaré : « Oui, nous sommes dans un régime autoritaire, c’est ce que pensent les Français. ». Évidemment, la volonté ne fait pas partie des outils de gouvernance de Ségolène Royal. Est-ce autoritaire d’être Président de la République, de convoquer un dimanche après-midi un député de sa majorité qui n’aurait jamais été élu sans sa victoire présidentielle et qui lui refuse de rentrer dans le rang pour l’élection présidentielle ? Drôle de régime autoritaire lorsqu’on laisse manifester trois fois par semaine, qu’on laisse les Franciliens privés pendant plus d’un mois des transports publics, que pendant plus d’un an, tous les samedis, des manifestants ont cherché la bagarre, parfois avec violence, et sont prêts, encore très récemment, à vouloir la tête du Président de la République démocratiquement élu…
Mais Ségolène Royal n’est pas à cela près. Il y a deux ans, elle soutenait le candidat Macron et son programme, et maintenant, elle dit, croyant caresser dans le sens du poil une gauche éclatée et sans repère : « La réforme systémique est une très mauvaise idée. (…) Pourquoi casser ce qui marche et précariser ? Le système des retraites actuel est juste. ». Elle a peut-être raison sur le fond, mais pas elle. Ce n’est pas à elle de le dire. Philippe Martinez, oui, mais pas elle, qui retourne sans arrêt sa veste.
Le pire, et c’est aussi un typique populisme de gauche depuis quelques jours, uniquement par idéologie, c’est la réaction face aux "bonnes" statistiques du chômage publiées le lundi 27 janvier 2020 par la Direction de l’animation de la recherche, des études et des statistiques (DARES).
Certaines personnes, pour refuser de s’en réjouir, parlent d’emplois précaires, de gens qui dorment dans leur voiture (qu’ils ont quand même), etc. Alors que les statistiques montrent que la précarisation s’est au contraire réduite, que le nombre de CDI est en hausse, que la durée des CDD est en hausse aussi.
C’est un peu comme les statistiques des créations d’entreprises, 800 000 par an ! C’est énorme. Oui, on peut parler des auto-entrepreneurs, pour qui c’est une activité souvent complémentaire, oui, mais cela représente 400 000, alors retirons-les, cela en fait encore 400 000 créations de (vraies) entreprises, et dans celles-ci, toutes les sortes d’entreprises ont progressé. Rappelons-nous que l’objectif de Jean-Pierre Raffarin, en 2002, objectif qui a été atteint et c’était déjà un exploit à l’époque, et il n’y avait pas encore d’auto-entrepreneurs, c’était 1 million de créations d’entreprises pour le quinquennat de Jacques Chirac, entre 2002 à 2007, soit 200 000 par an. Aujourd’hui, on en est au double. Et qu’on ne me parle pas de faillites, le nombre de faillites après trois ans a justement diminué.
Voilà, l’idéologie de la gauche refuse de croire que l’économie française s’est assainie et s’est améliorée. Alors, quand j’entends Ségolène Royal dire : « Heureusement que le chômage recule, car les aides aux entreprises s’élèvent à 40 milliards d’euros. », je m’étonne. Ah bon ? Et elle ? Ministre entre 2014 et 2017, on attend toujours "l’inversion de la courbe" ! Non seulement le chômage ne baissait pas, mais les aides aux entreprises étaient du même ordre qu’aujourd’hui. Quelle mauvaise foi ! Tout cela parce qu’elle voudrait refaire un tour à la présidentielle, du côté gauche. Je dirais, du côté maladroit.
Soyons au moins heureux de cet élément : jamais le chômage n’a autant baissé depuis la crise de 2008. Le nombre de personnes inscrites à Pôle Emploi (catégories A, B et C) au quatrième trimestre de 2019 s’établit à 5 442 900 personnes (3 308 800 pour la seule catégorie A). Ce nombre a diminué de 87 700 (1,7%) par rapport au trimestre précédent et de 2,9% sur un an. Sur la courbe, la montée du chômage s’est arrêtée vers le printemps/été 2018 et commence à baisser assez sensiblement depuis deux trimestres. On aurait envie que le gouvernement dans lequel travaillait Ségolène Royal ait pu avoir une si belle performance. Pour la catégorie A (3 674 400 demandeurs d’emploi), c’est une baisse de 3,3% sur un an (120 700 demandeurs d’emploi en moins sur un an !).
On pourra toujours tenter de donner des explications, ce sont plusieurs indicateurs qui passent au vert, comme l’attractivité économique de la France qui attire beaucoup d’investisseurs étrangers, comme les créations d’entreprise. D’ailleurs, il suffit de voir que le chômage n’est plus une préoccupation des Français (ce qui est troublant néanmoins car à 8,6% de la population active, on est encore loin de dire qu’il a disparu). Toutes les catégories de demandeurs d’emploi en âge ont baissé : sur un an, 2,1% de moins pour les personnes de 50 ans ou plus, 4,0% de moins pour les 25-49 ans et 1,4% de moins pour les moins de 25 ans (en catégorie A).
Au lieu de s’en réjouir, on fait sa mijaurée (on pourrait dire : sa minorée !), dans un sentiment suicidaire de toujours fustiger son propre pays, même quand il commence à aller mieux (au point que ce n’est pas très patriotique).
On peut aussi parler des inégalités sociales, en hausse c’est vrai, mais attention au mode de calcul. Le problème n’est pas qu’il y ait des riches (au contraire) mais qu’il y ait des pauvres. Il ne faut pas combattre la richesse, il faut combattre la pauvreté. La gauche ne semble toujours pas l’avoir compris au risque de faire passer son idéologie pour de la simple jalousie.
C’est un peu comme le père de ses enfants, François Hollande : on ne peut pas se permettre de donner des leçons de gouvernance quand on a été incapable de bien gouverner la France pendant cinq ans. Un peu d’humilité ne serait donc pas superflue pour ce couple de "has been"…
Aussi sur le blog.
Sylvain Rakotoarison (28 janvier 2020)
http://www.rakotoarison.eu
Pour aller plus loin :
Ségolène Royal et la baisse du chômage…
Ségolène Royal, adepte de la castritude aiguë.
Ségolène Royal et l’écotaxe.
Ségolène Royal avant la primaire socialiste de 2011.
Ségolène Royal et la démocratie participative.
http://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20200128-segolene-royal.html
https://www.agoravox.fr/actualites/politique/article/segolene-royal-et-la-baisse-du-221123
http://rakotoarison.canalblog.com/archives/2020/01/29/37983054.html
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